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Alfred de Musset. Margot

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Учебные материалы знакомят учащихся с жизнью и творчеством Альфреде де Мюссе. Разработка содержит отрывок из романа "Марго".

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«Alfred de Musset. Margot»

I. Lisez le texte, mettez les verbes à la forme convenable :



Alfred de Musset

Issu d’ une famille aristocratique, affectueuse et cultivée, lui ayant transmis le goût des lettres et des arts, il (faire) ses études au collège Henri IV où il remporta de brillants succès. Après quoi, il essaya de faire son droit, puis sa médecine. La chicane et l’anatomie lui (inspirer) une égale horreur et « il (passer) son temps à se promener aux Tuileries et au boulevard ». Paul Foucher le (mettre) en relation avec Victor Hugo. Il (être) admis dans le cénacle romantique et s’y grisa de savoureuses discussions littéraires. Il commença à rimer des poésies qui, tour à tour, étaient du Chénier ou du Victor Hugo et il (traduire) (1828) de la manière la plus inexacte et la plus romantique, les Confessions d’un mangeur d’opium de Thomas de Quincey. En 1830 il publia son premier volume de poésies : Les Contes d’Espagne et d’ItalieDon PaezLes Marrons du feuPortia, la Ballade à la LuneMardoche. Elles (avoir) un grand succès. Les classiques poussèrent des cris d’indignation et les journaux sérieux (être) prodigues de critiques acerbes. Mais Musset (avoir) pour lui tous les jeunes gens et toutes les femmes.

Le succès de Musset eut pour première conséquence de le brouiller avec le cénacle qui (s’apercevoir) que son « Benjamin » avait d’étranges audaces, qu’il dépassait, en hardiesse, le maître lui-même, surtout qu’il méprisait la forme préconisée par lui et qu’en dépit d’exagérations voulues et d’une cinglante ironie il n’était rien moins que romantique.

Musset (se débarrasser) bien de la forme romantique, mais il avait, comme toute sa génération, ressenti trop profondément l’influence des théories du cénacle pour n’en pas garder la marque indélébile. Et c’est ainsi qu’il (rester) romantique jusqu’à son dernier jour, par son impuissance à sortir de lui-même et à s’intéresser à ce qui n’est pas lui ; et c’est ainsi qu’il va étrangement souffrir pour s’être attaché à réaliser sur la matière vivante et vibrante les fausses et dangereuses abstractions de l’amour romantique.

En 1833, il rencontra George Sand. Cette femme bizarre, aux grands yeux noirs si beaux, l’attira violemment. Ils s’aimèrent, avec des emportements furieux ; ils connurent toutes les joies et toutes les misères d’une passion impossible. Pour qu’un  amour (être) heureux et durable, il faut qu’il y (avoir) entre ceux qui s’aiment quelque inégalité. Et l’on conçoit très bien ce que put être l’amour de cette femme de génie et de cet homme de génie, et qui (être), tous deux, littérateurs, habitués à analyser leurs sentiments et leurs sensations, avec l’arrière-pensée instinctive de les traduire en prose ou en vers, de plus, emportés par l’idée de se tenir toujours en dehors de la nature, comme les héros de leur imagination. Ce fut une atroce torture. Les deux amants partirent pour l’Italie. Musset fut atteint d’une fièvre cérébrale grave. Le dévouement de George Sand, les soins d’un jeune médecin, Pagello, le sauvèrent. Mais George Sand s’éprit de Pagello. Musset (revenir) à Paris, où bientôt George Sand amenait son médecin. Tous trois étaient fiers d’être liés « de nœuds sublimes et incompréhensibles aux autres » ! Des crises affreuses bouleversèrent leur vie jusqu’à la rupture définitive (7 mars 1835).

Musset sortit profondément transformé de cette rude épreuve. Au début de sa liaison, il (écrire), encore dans sa première manière, Rolla (1833), où la fausse rhétorique alterne avec des amertumes à la Byron et qui ne laisse pas de produire, par instants, de grands effets. De 1835 à 1837, il (donner) Les Nuits, la Lettre à Lamartine, les plus belles pages lyriques qui existent dans notre langue.

 Et il retombe aussi dans le dandysme de ses débuts pour ne plus produire, en fait de poésies, que de charmantes petites pièces, d’un fin parisianisme comme Une Soirée perdue (1840) ou Après une lecture (1842), des madrigaux, des chansons (FortunioÀ Ninon), des babioles, et Dupont et Durand (1838), un badinage insignifiant. Le Souvenir (1841), dans le note du Lac de Lamartine, ou de la Tristesse d’Olympio de Victor Hugo, dernier écho de la passion de Musset pour George Sand, doit être mis à part. Il renferme, en très beaux vers, la synthèse de son originale philosophie, à savoir que le bonheur n’existe que dans l’amour et qu’il faut toujours le rechercher, non pour le conserver, car l’amour trompe, mais pour l’avoir eu et s’en souvenir.

Le 12 février 1852 il (être) élu membre de l’Académie française.

Les Contes et les Nouvelles sont de charmants récits d’amour, sans prétention, élégamment écrits, dont Le Merle blanc (1842) peut donner une idée achevée.

Musset (débuter) en 1830 (14 décembre) à l’Odéon par une bluette, La Nuit vénitienne, qui, représentée au fort de la bataille des classiques et des romantiques, fut outrageusement sifflée. Cet insuccès dégoûta le poète de la scène. Mais il composa pourtant des comédies qu’il inséra dans la Revue des Deux Mondes (de 1833 à 1850) et qu’il réunit pour la plupart en volume en 1840. Ce théâtre était tout à fait inconnu ou du moins oublié, lorsqu’en 1847 Mme Allan-Despréaux, qui avait joué à Saint-Pétersbourg, avec le plus grand succès, Un Caprice, le (faire) admettre à la Comédie-Française.



II. Répondez aux questions :

1. Qui est Alfred de Musset?

2. Qui étaient ses parents ? Comment était son enfance et sa jeunesse?

3. Quelles sont les dates les plus importantes de son activité littéraire ?

4. Pourquoi s’est-il brouillé avec le cénacle?

5. Qu’est-ce qui le liait avec George Sand ? Comment étaient leurs relations ?

6. Quelle est la philosophie de sa poésie?

7. Qu’est-ce qui l’a aidé à être admis à la scène théâtrale française ?





III. Lisez le texte suivant et choisissez le mot le plus convenable pour chaque espace vide :

‘’Margot’’

a) Mme Duradour, personne de bonne et riche 1__________________, qui fut jeune 2___________ Louis XVI,

a versé sous le poids des années dans une douce et fort humaine dévotion. Au début du 3_____________siècle, elle vit seule dans son vieil hôtel du Marais, avec une dame de compagnie pleine de tact, de respect et de déférence, qui, 4_________________, vole sa bienfaitrice. Celle-ci est contrainte de la renvoyer. Après avoir par deux fois, et deux fois 5________________, essayé de remplacer I'indélicate, Mme Duradour se trouve seule pour aller faire ses dévotions quotidiennes, et elle 6___________ est très affigée. Elle mourrait d'ennui, si elle ne se rappelait 7______________ que ses fermiers beaucerons ont une fille, ni laide ni sotte, instruite par une religieuse et près maintenant de ses seize ans : Margot. 8____________ arrive donc à Paris et s'installe dans le vieil hôtel du Marais : les belles glaces où elle peut contempler à son aise son joli visage la ravissent, les souples étoffes 9____________ on la vêt la flattent, et, du plafond, les amours roses, datant du règne du Bien-Aimé, la protègent. Pas assez cependant pour que son coeur ne 10______________, sans rien en laisser paraître, devant un bel officier de dragons, Gaston, le fils de Mme Duradour, en garnison à Strasbourg, et qui passe quelques semaines de permission 11_____________ de sa mère. Margot, qui est sage, ne peut cependant s'empêcher, 12______________ qu'elle a vu le jeune homme, de mieux peigner ses cheveux, de mieux choisir ses rubans et même de laisser entrebâillés les volets de sa chambre. dans I'espoir d'être aperçue. Las ! Gaston ne prend pas garde à elle.

Mais, quand Mme Duradour, son fils et sa dame de compagnie se sont installés au château de la Honville, près de la ferme qu'13_______________ la famille de Margot, et qu'ils y sont rejoints par deux dames de Paris, Gaston se montre très empressé auprès de la plus jeune. Margot se refuse d'abord à comprendre et continue, sans succès, à accabler de ses gentils artifices l' 14_____________officier. 15__________________ que les deux vieilles dames parlent de domaines et d'intérêts, Gaston et sa jeune amie parisienne parlent de mariage, et, 16__________ un notaire vient à la Honville régler les affaires, Margot doit bien reconnaître que Gaston est 17_____________ pour elle. Elle court à la rivière et s' 18____ jette. Devant le jeune corps glacé, le médecin hausse les épaules, et pense que la mort est 19________trop vite. Mais Pierrot, le jeune valet de la ferme de Margot, pense tout autrement : il donne ses 20______________, quelques francs, et use de tous les stratagèmes pour forcer le médecin à demeurer près du cadavre. 21___________. Mais, la nuit, quand Pierrot, resté seul et qui se refuse à croire à la mort de sa jolie maîtresse, 22 ______________ sur les lèvres de Margot, elle bouge, soupire, s’éveille et court au-devant de ses parents.

Dix ans après, en 1814, Margot est 23_____________ à Pierrot. Alors que l’armée française recule devant les alliés, un officier entre dans la ferme ; c’est Gaston. On le restaure, on le réchauffe : «Et vos anciens amours? demande-t-il enfin. - Ma foi, monsieur, répond Margot, ils sont restés dans la 24_______________ - Et je n’ai pas été les repêcher», conclut Pierrot.

André Durand

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b) Après la lecture du résumé de la nouvelle Margot, répondez aux questions :

1. Où se déroule l’action de la nouvelle ?

2. Quels sont les problèmes qui y sont soulevés ?

3. Qui sont les personnages de la nouvelle ? Caractérisez-les brièvement.

4. Quelle est la philosophie de cette nouvelle ?



Au milieu de la famille des Piédeleu, couple de fermiers cultivant la terre de Madame Doradour était venue au monde une petite créature, pleine de santé, mais toute mignonne ; c’était le neuvième enfant de madame Piédeleu, Marguerite, qu’on appelait Margot. Sa tête ne venait pas au coude de ses frères, et, quand son père l’embrassait, il ne manquait jamais de l’enlever de terre et de la poser sur la table. La petite Margot n’avait pas seize ans ; son nez retroussé, sa bouche bien fendue, bien garnie et toujours riante, son teint doré par le soleil, ses bras potelés, sa taille rondelette, lui donnaient l’air de la gaieté même ; aussi faisait-elle la joie de la famille. Assise au milieu de ses frères, elle brillait et réjouissait la vue, comme un bluet dans un bouquet de blé. — Je ne sais, ma foi, disait le bonhomme, comment ma femme s’y est prise pour me faire cet enfant-là : c’est un cadeau de la Providence ; mais toujours est-il que ce brin de fillette me fera rire toute ma vie.

Madame Doradour, vieille dame de la bonne bourgeoisie avait une dame de compagnie, Ursule, en qui elle avait toute confiance... jusqu'au jour où elle découvrit que la petite protégée était en train d'accumuler un petit pécule en volant sa maîtresse. Madame Doradour, ne voulant pas faire de scandale, la renvoya. Cependant, la solitude lui pesant, elle ne put s'empêcher de prendre à son service une autre demoiselle... aussi peu honnête. En désespoir de cause, elle écrivit à son fils, Gaston, de venir lui tenir compagnie. Il demanda aussitôt un congé qu'il obtint mais c'était sans compter sur ses dulcinées qui ne voulurent pas le laisser partir. Rongée par l'isolement, Madame Doradour tomba malade. Les médecins se voyaient impuissants. Un jour, elle reçut un petit mot de Marguerite Piédeleu, qui n'était autre que sa filleule. Mais bien sûr ! Ce serait elle sa dame de compagnie ! Ragaillardie, la vieille dame exigea alors que la petite, alors âgée de 16 ans, vint la rejoindre. Margot était la dernière de la fratrie. Elle avait huit frères, des forces de la nature. Mais elle était la seule à être toute fine, à savoir lire et écrire, broder... Elle faisait la joie de ses parents et ses derniers mirent bien du temps à se décider. Mais comment refuser à leur patronne ? 

La petite Margot s'habituera très vite à sa nouvelle vie. On s'accoutume vite au luxe. Elle fera fortuitement la connaissance de Gaston et rencontrera toutes les contradictions du coeur et de la raison...


IV. Lisez le fragment de la nouvelle et répondez aux questions :



1. Où et quand se déroule l’action de ces deux chapitres ?

2. Quels sont les problèmes qui y sont soulevés ?

3. Donnez les caractéristiques psycologiques, morales, physiques et sociales des personnages principaux.

4. Quels détails ou faits ont une grande valeur dans la narration ?

5. Quels sentiments éprouvent les personnages de l’extrait ?

6. Décrivez la maison de madame Doradour.

I

Dans une grande et gothique maison, rue du Perche au Marais, habitait, en 1804, une vieille dame connue et aimée de tout le quartier ; elle s’appelait madame Doradour. C’était une femme du temps passé, non pas de la cour, mais de la bonne bourgeoisie, riche, dévote, gaie et charitable. Elle menait une vie très retirée ; sa seule occupation était de faire l’aumône et de jouer au boston avec ses voisins. On dînait chez elle à deux heures, on soupait à neuf. Elle ne sortait guère que pour aller à l’église et faire quelquefois, en revenant, un tour à la place Royale. Bref, elle avait conservé les mœurs et à peu près le costume de son temps, ne se souciant que médiocrement du nôtre, lisant ses heures plutôt que les journaux, laissant le monde aller son train, et ne pensant qu’à mourir en paix.

Comme elle était causeuse et même un peu bavarde, elle avait toujours eu, depuis vingt ans qu’elle était veuve, une demoiselle de compagnie. Cette demoiselle, qui ne la quittait jamais, était devenue pour elle une amie. On les voyait sans cesse toutes deux ensemble, à la messe, à la promenade, au coin du feu. Mademoiselle Ursule tenait les clefs de la cave, des armoires, et même du secrétaire. C’était une grande fille sèche, à tournure masculine, parlant du bout des lèvres, fort impérieuse et passablement acariâtre. Madame Doradour, qui n’était pas grande, se suspendait en babillant au bras de cette vilaine créature, l’appelait sa toute bonne, et se laissait mener à la lisière. Elle témoignait à sa favorite une confiance aveugle ; elle lui avait assuré d’avance une large part dans son testament.

Mademoiselle Ursule ne l’ignorait pas ; aussi faisait-elle profession d’aimer sa maîtresse plus qu’elle-même, et n’en parlait-elle que les yeux au ciel avec des soupirs de reconnaissance.

Il va sans dire que mademoiselle Ursule était la véritable maîtresse au logis. Pendant que madame Doradour, enfoncée dans sa chaise longue, tricotait dans un coin de son salon, mademoiselle Ursule, affublée de ses clefs, traversait majestueusement les corridors, tapait les portes, payait les marchands et faisait damner les domestiques ; mais dès qu’il était l’heure de dîner, et dès que la compagnie arrivait, elle apparaissait avec timidité, dans un vêtement foncé et modeste ; elle saluait avec componction, savait se tenir à l’écart et abdiquer en apparence. À l’église, personne ne priait plus dévotement qu’elle et ne baissait les yeux plus bas ; il arrivait à madame Doradour, dont la piété était sincère, de s’endormir au milieu d’un sermon : mademoiselle Ursule lui poussait le coude, et le prédicateur lui en savait gré. Madame Doradour avait des fermiers, des locataires, des gens d’affaires ; mademoiselle Ursule vérifiait leurs comptes, et en matière de chicane elle se montrait incomparable. Il n’y avait pas, grâce à elle, un grain de poussière dans la maison ; tout était propre, net, frotté, brossé, les meubles en ordre, le linge blanc, la vaisselle luisante, les pendules réglées, tout cela était nécessaire à la gouvernante pour qu’elle pût gronder à son aise et régner dans toute sa gloire. Madame Doradour ne se dissimulait pas, à proprement parler, les défauts de sa bonne amie, mais elle n’avait su de sa vie distinguer en ce monde que le bien. Le mal ne lui semblait jamais clair ; elle l’endurait sans le comprendre. L’habitude, d’ailleurs, pouvait tout sur elle ; il y avait vingt ans que mademoiselle Ursule lui donnait le bras et qu’elles prenaient le matin leur café ensemble. Quand sa protégée criait trop fort, madame Doradour quittait son tricot, levait la tête et demandait de sa petite voix flûtée : Qu’est-ce donc, ma toute bonne ? Mais la toute bonne ne daignait pas toujours répondre, ou, si elle entrait en explication, elle s’y prenait de telle sorte que madame Doradour revenait à son tricot en fredonnant un petit air, pour n’en pas entendre davantage.

Il fut reconnu tout à coup, après une si longue confiance, que mademoiselle Ursule trompait tout le monde, à commencer par sa maîtresse ; non seulement elle se faisait un revenu sur les dépenses qu’elle dirigeait, mais elle s’appropriait, par anticipation sur le testament, des hardes, du linge et jusqu’à des bijoux. Comme l’impunité l’enhardit, elle en était enfin venue jusqu’à dérober un écrin de diamants, dont, il est vrai, madame Doradour ne faisait aucun usage, mais qu’elle gardait avec respect dans un tiroir depuis un temps immémorial, en souvenir de ses appas perdus. Madame Doradour ne voulut point livrer aux tribunaux une femme qu’elle avait aimée ; elle se borna à la renvoyer de chez elle, et refusa de la voir une dernière fois ; mais elle se trouva subitement dans une solitude si cruelle, qu’elle versa les larmes les plus amères. Malgré sa piété, elle ne put s’empêcher de maudire l’instabilité des choses d’ici-bas, et les impitoyables caprices du hasard, qui ne respecte pas même une vieille et douce erreur.

Un de ses bons voisins, nommé M. Després, étant venu la voir pour la consoler, elle lui demanda conseil.

— Que vais-je devenir à présent ? lui dit-elle. Je ne puis vivre seule ; où trouverai-je une nouvelle amie ? Celle que je viens de perdre m’a été si chère et je m’y étais si habituée, que, malgré la triste façon dont elle m’en a récompensée, j’en suis au regret de ne l’avoir plus ; qui me répondra d’une autre ? Quelle confiance pourrais-je maintenant avoir pour une inconnue ?

— Le malheur qui vous est arrivé, répondit M. Després, serait à jamais déplorable s’il faisait douter de la vertu une âme telle que la vôtre. Il y a dans ce monde des misérables et beaucoup d’hypocrites, mais il y a aussi d’honnêtes gens. Prenez une autre demoiselle de compagnie, non pas à la légère, mais sans y apporter non plus trop de scrupule. Votre confiance a été trompée une fois ; c’est une raison pour qu’elle ne le soit pas une seconde.

— Je crois que vous dites vrai, répliqua madame Doradour ; mais je suis bien triste et bien embarrassée. Je ne connais pas une âme à Paris ; ne pourriez-vous me rendre le service de prendre quelques informations et de me trouver une honnête fille qui serait bien traitée ici, et qui servirait du moins à me donner le bras pour aller à Saint-François d’Assise ?

M. Després, en sa qualité d’habitant du Marais, n’était ni fort ingambe ni fort répandu. Il se mit cependant en quête, et, quelques jours après, madame Doradour eut une nouvelle demoiselle, à laquelle, au bout de deux mois, elle avait donné toute son amitié, car elle était aussi légère qu’elle était bonne. Mais il fallut, au bout de deux ou trois mois, mettre la nouvelle venue à la porte, non comme malhonnête, mais comme peu honnête. Ce fut pour madame Doradour un second sujet de chagrin. Elle voulut faire un nouveau choix ; elle eut recours à tout le voisinage, s’adressa même aux Petites Affiches, et ne fut pas plus heureuse.

Le découragement la prit ; on vit alors cette bonne dame s’appuyer sur une canne et se rendre seule à l’église ; elle avait résolu, disait-elle, d’achever ses jours sans l’aide de personne, et elle s’efforçait en public de porter gaiement sa tristesse et ses années ; mais ses jambes tremblaient en montant l’escalier, car elle avait soixante-quinze ans ; on la trouvait le soir auprès du feu, les mains jointes et la tête basse ; elle ne pouvait supporter la solitude ; sa santé, déjà faible, s’altéra bientôt ; elle tombait peu à peu dans la mélancolie.

Elle avait un fils unique nommé Gaston, qui avait embrassé de bonne heure la carrière des armes, et qui en ce moment était en garnison. Elle lui écrivit pour lui conter sa peine et pour le prier de venir à son secours dans l’ennui où elle se trouvait. Gaston aimait tendrement sa mère : il demanda un congé et l’obtint ; mais le lieu de sa garnison était, par malheur, la ville de Strasbourg, où se trouvent, comme on sait, en grande abondance les plus jolies grisettes de France. On ne voit que là de ces brunes allemandes, pleines à la fois de la langueur germanique et de la vivacité française. Gaston était dans les bonnes grâces de deux jolies marchandes de tabac, qui ne voulurent pas le laisser s’en aller ; il tenta vainement de les persuader, il alla même jusqu’à leur montrer la lettre de sa mère ; elles lui donnèrent tant de mauvaises raisons, qu’il s’en laissa convaincre, et retarda de jour en jour son départ.

Madame Doradour, pendant ce temps-là, tomba sérieusement malade. Elle était née si gaie, et le chagrin lui était si peu naturel, qu’il ne pouvait être pour elle qu’une maladie. Les médecins n’y savaient que faire. — Laissez-moi, disait-elle ; je veux mourir seule. Puisque tout ce que j’aimais m’a abandonnée, pourquoi tiendrais-je à un reste de vie auquel personne ne s’intéresse ?

La plus profonde tristesse régnait dans la maison, et en même temps le plus grand désordre. Les domestiques, voyant leur maîtresse moribonde, et sachant son testament fait, commençaient à la négliger. L’appartement, jadis si bien entretenu, les meubles si bien rangés étaient couverts de poussière. — Ô ma chère Ursule ! s’écriait madame Doradour, ma toute bonne, où êtes-vous ? Vous me chasseriez ces marauds-là !

Un jour qu’elle était au plus mal, on la vit avec étonnement se redresser tout à coup sur son séant, écarter ses rideaux et mettre ses lunettes. Elle tenait à la main une lettre qu’on venait de lui apporter et qu’elle Déplia avec grand soin. Au haut de la feuille était une belle vignette représentant le temple de l’Amitié avec un autel au milieu et deux cœurs enflammés sur l’autel. La lettre était écrite en grosse bâtarde, les mots parfaitement alignés, avec de grands traits de plume aux queues des majuscules. C’était un compliment de bonne année, à peu près conçu en ces termes :

« Madame et chère marraine,

« C’est pour vous la souhaiter bonne et heureuse que je prends la plume pour toute la famille, étant la seule qui sache écrire chez nous. Papa, maman et mes frères vous la souhaitent de même. Nous avons appris que vous étiez malade, et nous prions Dieu qu’il vous conserve, ce qui arrivera sûrement. Je prends la liberté de vous envoyer ci-jointes des rillettes, et je suis avec bien du respect et de l’attachement,

« Votre filleule et servante,

« Marguerite Piédeleu. »

Après avoir lu cette lettre, madame Doradour la mit sous son chevet ; elle fit aussitôt appeler M. Després, et elle lui dicta sa réponse. Personne, dans la maison, n’en eut connaissance ; mais, dès que cette réponse fut partie, la malade se montra plus tranquille, et peu de jours après on la trouva aussi gaie et aussi bien portante qu’elle l’avait jamais été.

II

Le bonhomme Piédeleu était Beauceron, c’est-à-dire natif de la Beauce, où il avait passé sa vie et où il comptait bien mourir. C’était un vieux et honnête fermier de la terre de la Honville, près de Chartres, terre qui appartenait à madame Doradour. Il n’avait vu de ses jours ni une forêt ni une montagne, car il n’avait jamais quitté sa ferme que pour aller à la ville ou aux environs, et la Beauce, comme on sait, n’est qu’une plaine. Il avait vu, il est vrai, une rivière, l’Eure, qui coulait près de sa maison. Pour ce qui est de la mer, il y croyait comme au paradis, c’est-à-dire qu’il pensait qu’il fallait y aller voir ; aussi ne trouvait-il en ce monde que trois choses dignes d’admiration, le clocher de Chartres, une belle fille et un beau champ de blé. Son érudition se bornait à savoir qu’il fait chaud en été, froid en hiver, et le prix des grains au dernier marché. Mais quand, par le soleil de midi, à l’heure où les laboureurs se reposent, le bonhomme sortait de la basse-cour pour dire bonjour à ses moissons, il faisait bon voir sa haute taille et ses larges épaules se dessiner sur l’horizon. Il semblait alors que les blés se tinssent plus droits et plus fiers que de coutume, que le soc des charrues fût plus étincelant. À sa vue, ses garçons de ferme, couchés à l’ombre et en train de dîner, se découvraient respectueusement tout en avalant leurs belles tranches de pain et de fromage. Les bœufs ruminaient en bonne contenance, les chevaux se redressaient sous la main du maître qui frappait leur croupe rebondie. — Notre pays est le grenier de la France, disait quelquefois le bonhomme ; puis il penchait la tête en marchant, regardait ses sillons bien alignés, et se perdait dans cette contemplation.

Madame Piédeleu, sa femme, lui avait donné neuf enfants, dont huit garçons, et, si tous les huit n’avaient pas six pieds de haut, il ne s’en fallait guère. Il est vrai que c’était la taille du bonhomme, et la mère avait ses cinq pieds cinq pouces ; c’était la plus belle femme du pays. Les huit garçons, forts comme des taureaux, terreur et admiration du village, obéissaient en esclaves à leur père. Ils étaient, pour ainsi dire, les premiers et les plus zélés de ses domestiques, faisant tour à tour le métier de charretiers, de laboureurs, de batteurs en grange. C’était un beau spectacle que ces huit gaillards, soit qu’on les vît, les manches retroussées, la fourche au poing, dresser une meule, soit qu’on les rencontrât le dimanche allant à la messe bras dessus bras dessous, leur père marchant à leur tête ; soit enfin que le soir, après le travail, on les vît, assis autour de la longue table de la cuisine, deviser en mangeant la soupe etchoquer en trinquant leurs grands gobelets d’étain.

Au milieu de cette famille de géants était venue au monde une petite créature, pleine de santé, mais toute mignonne ; c’était le neuvième enfant de madame Piédeleu, Marguerite, qu’on appelait Margot. Sa tête ne venait pas au coude de ses frères, et, quand son père l’embrassait, il ne manquait jamais de l’enlever de terre et de la poser sur la table. La petite Margot n’avait pas seize ans ; son nez retroussé, sa bouche bien fendue, bien garnie et toujours riante, son teint doré par le soleil, ses bras potelés, sa taille rondelette, lui donnaient l’air de la gaieté même ; aussi faisait-elle la joie de la famille. Assise au milieu de ses frères, elle brillait et réjouissait la vue, comme un bluet dans un bouquet de blé. — Je ne sais, ma foi, disait le bonhomme, comment ma femme s’y est prise pour me faire cet enfant-là : c’est un cadeau de la Providence ; mais toujours est-il que ce brin de fillette me fera rire toute ma vie.

Margot dirigeait le ménage ; la mère Piédeleu, bien qu’elle fût encore verte, lui en avait laissé le soin, afin de l’habituer de bonne heure à l’ordre et à l’économie. Margot serrait le linge et le vin, avait la haute main sur la vaisselle, qu’elle ne daignait pas laver ; mais elle mettait le couvert, versait à boire et chantait la chanson au dessert. Les servantes de la maison ne l’appelaient que mademoiselle Marguerite, car elle avait un certain quant-à-soi. Du reste, comme disent les bonnes gens, elle était sage comme une image. Je ne veux pas dire qu’elle ne fût pas coquette ; elle était jeune, jolie et fille d’Eve. Mais il ne fallait pas qu’un garçon, même des plus huppés de l’endroit, s’avisât de lui serrer la taille trop fort ; il ne s’en serait pas bien trouvé : le fils d’un fermier, nommé Jarry, qui était ce qu’on appelle un mauvais gas, l’ayant embrassée un jour à la danse, avait été payé d’un bon soufflet.

M. le curé professait pour Margot la plus haute estime. Quand il avait un exemple à citer, c’était elle qu’il choisissait. Il lui fit même un jour l’honneur de parler d’elle en plein sermon et de la donner pour modèle à ses ouailles. Si le progrès des lumières, comme on dit, n’avait pas fait supprimer les rosières, cette vieille et honnête coutume de nos aïeux, Margot eût porté les roses blanches, ce qui eût mieux valu qu’un sermon ; mais ces messieurs de 89 ont supprimé bien autre chose. Margot savait coudre et même broder ; son père avait voulu, en outre, qu’elle sût lire et écrire, et qu’elle apprît l’orthographe, un peu de grammaire et de géographie. Une religieuse carmélite s’était chargée de son éducation. Aussi Margot était-elle l’oracle de l’endroit ; dès qu’elle ouvrait la bouche, les paysans s’ébahissaient. Elle leur disait que la terre était ronde, et ils l’en croyaient sur parole. On faisait cercle autour d’elle, le dimanche, lorsqu’elle dansait sur la pelouse ; car elle avait eu un maître de danse, et son pas de bourrée émerveillait tout le monde. En un mot, elle trouvait moyen d’être en même temps aimée et admirée, ce qui peut passer pour difficile.

Le lecteur sait déjà que Margot était filleule de madame Doradour, et que c’était elle qui lui avait écrit, sur un beau papier à vignettes, un compliment de bonne année. Cette lettre, qui n’avait pas dix lignes, avait coûté à la petite fermière bien des réflexions et bien de la peine, car elle n’était pas forte en littérature. Quoi qu’il en soit, madame Doradour, qui avait toujours beaucoup aimé Margot et qui la connaissait pour la plus honnête fille du pays, avait résolu de la demander à son père, et d’en faire, s’il se pouvait, sa demoiselle de compagnie.

Le bonhomme était un soir dans sa cour, fort occupé à regarder une roue neuve qu’on venait de remettre à une de ses charrettes. La mère Piédeleu, debout sous le hangar, tenait gravement avec une grosse pince le nez d’un taureau ombrageux, pour l’empêcher de remuer pendant que le vétérinaire le pansait. Les garçons de ferme bouchonnaient les chevaux qui revenaient de l’abreuvoir. Les bestiaux commençaient à rentrer ; une majestueuse procession de vaches se dirigeait vers l’étable au soleil couchant, et Margot, assise sur une botte de trèfle, lisait un vieux numéro du Journal de l’Empire, que le curé lui avait prêté [A].

[Note A : Ce paragraphe est la description exacte d’un intérieur de ferme que l’auteur avait vu, en 1818, à l’âge de sept ans, et dont le tableau s’était gravé dans sa mémoire.]

Le curé lui-même parut en ce moment, s’approcha du bonhomme et lui remit une lettre de la part de madame Doradour. Le bonhomme ouvrit la lettre avec respect ; mais il n’en eut pas plus tôt lu les premières lignes, qu’il fut obligé de s’asseoir sur un banc, tant il était ému et surpris. — Me demander ma fille ! s’écria-t-il, ma fille unique, ma pauvre Margot !

À ces mots, madame Piédeleu épouvantée accourut ; les garçons, qui revenaient des champs, s’assemblèrent autour de leur père ; Margot seule resta à l’écart, n’osant bouger ni respirer. Après les premières exclamations, toute la famille garda un morne silence.

Le curé commença alors à parler et à énumérer tous les avantages que Margot trouverait à accepter la proposition de sa marraine. Madame Doradour avait rendu de grands services aux Piédeleu, elle était leur bienfaitrice ; elle avait besoin de quelqu’un qui lui rendît la vie agréable, qui prît soin d’elle et de sa maison ; elle s’adressait avec confiance à ses fermiers ; elle ne manquerait pas de bien traiter sa filleule et d’assurer son avenir. Le bonhomme écouta le curé sans mot dire, puis il demanda quelques jours pour réfléchir avant de prendre une détermination.

Ce ne fut qu’au bout d’une semaine, après bien des hésitations et bien des larmes, qu’il fut résolu que Margot se mettrait en route pour Paris. La mère était inconsolable ; elle disait qu’il était honteux de faire de sa fille une servante, lorsqu’elle n’avait qu’à choisir parmi les plus beaux garçons du pays pour devenir une riche fermière. Les fils Piédeleu, pour la première fois de leur vie, ne pouvaient réussir à se mettre d’accord ; ils se querellaient toute la journée, les uns consentant, les autres refusant ; enfin, c’était un désordre et un chagrin inouïs dans la maison. Mais le bonhomme se souvenait que, dans une mauvaise année, madame Doradour, au lieu de lui demander son terme, lui avait envoyé un sac d’écus ; il imposa silence à tout le monde, et décida que sa fille partirait.

Le jour du départ arrivé, on mit un cheval à la carriole, afin de mener Margot à Chartres, où elle devait prendre la diligence. Personne n’alla aux champs ce jour-là ; presque tout le village se rassembla dans la cour de la ferme. On avait fait à Margot un trousseau complet ; le dedans, le derrière et le dessus de la carriole étaient encombrés de boîtes et de cartons : les Piédeleu n’entendaient pas que leur fille fit mauvaise figure à Paris. Margot avait fait ses adieux à tout le monde, et allait embrasser son père, lorsque le curé la prit par la main et lui fit une allocution paternelle sur son voyage, sur la vie future et sur les dangers qu’elle allait courir. — Conservez votre sagesse, jeune fille, s’écria le digne homme en terminant, c’est le plus précieux des trésors ; veillez sur lui, Dieu fera le reste.

Le bonhomme Piédeleu était ému jusqu’aux larmes, quoiqu’il n’eût pas tout compris clairement dans le discours du curé. Il serra sa fille sur son cœur, l’embrassa, la quitta, revint à elle et l’embrassa encore ; il voulait parler, et son trouble l’en empêchait. — Retiens bien les conseils de M. le curé, dit-il enfin d’une voix altérée ; retiens-les bien ; ma pauvre enfant… Puis il ajouta brusquement : Mille pipes de diables ! n’y manque pas.

Le curé, qui étendait les mains pour donner à Margot sa bénédiction, s’arrêta court à ce gros mot. C’était pour vaincre son émotion que le bonhomme avait juré ; il tourna le dos au curé et rentra chez lui sans en dire davantage.

Margot grimpa dans la carriole, et le cheval allait partir, lorsqu’on entendit un si gros sanglot que tout le monde se retourna. On aperçut alors un petit garçon de quatorze ans à peu près, auquel on n’avait pas fait attention. Il s’appelait Pierrot, et son métier n’était pas bien noble, car il était gardeur de dindons ; mais il aimait passionnément Margot, non pas d’amour, mais d’amitié. Margot aimait aussi ce pauvre petit diable ; elle lui avait donné maintes fois une poignée de cerises ou une grappe de raisin pour accompagner son pain sec. Comme il ne manquait pas d’intelligence, elle se plaisait à le faire causer et à lui apprendre le peu qu’elle savait, et comme ils étaient tous deux presque du même âge, il était souvent arrivé que, la leçon finie, la maîtresse et l’écolier avaient joué ensemble à cligne-musette. En ce moment, Pierrot portait une paire de sabots que Margot lui avait donnée, ayant pitié de le voir marcher pieds nus. Debout dans un coin de la cour, entouré de son modeste troupeau, Pierrot regardait ses sabots et pleurait de tout son cœur. Margot lui fit signe d’approcher et lui tendit sa main : il la prit et la porta à son visage, comme s’il eût voulu la baiser, mais il la posa sur ses yeux ; Margot la retira toute baignée de larmes. Elle dit une dernière fois adieu à sa mère, et la carriole se mit en marche.




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