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Discours d'Emmanuel Macron pour une Europe souveraine, unie, démocratique.

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La tautologie (du grec ancien ταὐτολογία / tautología, composé de τὸ αὐτό / tò autó, « la même chose », et λόγος / lógos, « parole » : ce qui dit la même chose) est une phrase ou un effet de style ainsi tourné que sa formulation ne puisse être que vraie. La tautologie est apparentée au truisme (ou lapalissade) et au pléonasme.

En logique mathématique, le mot « tautologie » désigne une proposition toujours vraie selon les règles du calcul propositionnel. On utilise aussi l'adjectif tautologique en mathématiques pour désigner des structures qui émergent naturellement de la définition de certains objets.

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«Discours d'Emmanuel Macron pour une Europe souveraine, unie, démocratique.»



Discours d'Emmanuel Macron pour une Europe souveraine, unie, démocratique.

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Recteur,
Mesdames et Messieurs les Présidents d’université,
Mesdames et Messieurs,

Je suis venu vous parler d’Europe.

« Encore », diront certains.

Ils devront s’habituer parce que je continuerai.

Et parce que notre combat est bien là, c’est notre histoire, notre identité, notre horizon, ce qui nous protège et ce qui nous donne un avenir.



« Déjà ? Est-ce nécessaire ? », diront les autres. Parce que ce n’est pour eux jamais le bon moment pour parler d’Europe.

C’est toujours trop tôt ou déjà trop tard.

Ils se sont habitués à la tactique.

Il est tellement plus simple de ne jamais expliquer où on veut aller, où nous voulons conduire nos peuples et de rester avec des arguments cachés,

parce que simplement on a perdu l’objectif.

Et il est tellement plus confortable de discuter à longueur de séances des instruments, sans savoir exactement où nous allons.



Chacun s’est donc habitué à ne plus dire ce qu’il pensait, ce qu’il voulait, en faisant croire que c’est de la tactique.

L’expérience montre que cela ne conduit à rien.



Et venir en parler à La Sorbonne, Monsieur le Recteur, a beaucoup de sens.

Tous, nous sommes sensibles au prestige de cet amphithéâtre.

Mais La Sorbonne, ce ne fut pas d’abord ce bâtiment prestigieux.

Ce fut d’abord une idée. Une idée portée par quelques érudits et leurs disciples qui construisaient leur avenir assis sur de la paille.



Ce n’est pas cet amphithéâtre qui fait que La Sorbonne existe. Si elle vit aujourd’hui, c’est de l’idée que ses professeurs et ses élèves se font du savoir :

une idée dont la vigueur a déjà traversé huit siècles. L’Europe aussi est une idée.



Une idée portée depuis des siècles par des pionniers, des optimistes, des visionnaires, et que sans cesse, il nous appartient de nous réapproprier.

Car les plus belles idées, celles qui nous font avancer, qui améliorent le sort des hommes sont toujours fragiles.

Et l’Europe ne vivra que par l’idée que nous nous en faisons. A nous de la vivifier, de la rendre toujours plus belle et plus forte, de ne pas nous laisser arrêter par la forme que lui donnent les circonstances historiques.

Car cette forme passe, mais l’idée demeure, et son ambition doit être la nôtre.



Vivre collégialement, c’était l’idéal de Robert de SORBON. Et de partout affluaient les intellectuels et les érudits qui allaient forger la pensée européenne.





A travers les guerres et les crises, à travers toutes ces péripéties de l’Histoire qui ont frappé l’Europe, cette pensée n’a cessé de grandir, de rayonner. Et là où le chaos aurait pu triompher, la civilisation, toujours, l’a emporté.



Nous sommes les héritiers de toute cette histoire. Nous sommes les héritiers de deux déflagrations qui auraient dû jeter la nuit sur notre Europe, celles du siècle passé, des deux guerres mondiales qui ont décimé l’Europe et auraient pu nous engloutir.



Mais ensemble, nous avons surmonté l’épreuve sans jamais en oublier les leçons. L’idée a triomphé des ruines. Le désir de fraternité a été plus fort que la vengeance et la haine.



Ce fut la lucidité des pères fondateurs de transformer ce combat séculaire pour l’hégémonie européenne en coopérations fraternelles ou en rivalités pacifiques. Derrière la Communauté du Charbon et de l’Acier, ou le Marché commun, c’est la promesse de paix, de prospérité, de liberté que le projet forgeait.





Quand la Grèce, l’Espagne, le Portugal entraient dans le Marché commun une génération plus tard, ces mots n’étaient pas techniques.

Ils étaient, pour chacun sortant de la dictature, l’écho de la liberté. Quand ce qu’on appelait alors l’Europe de l’Est, de la Pologne à la Bulgarie, a rejoint ce projet une génération après, c’est ce même souffle d’espoir qui nous animait.



C’était réparer une histoire commencée en 1947, enfin.

Pour nombre de pays qui avaient connu les pires oppressions, rejoindre l’Union européenne apparaissait comme une promesse inédite d’émancipation.

Sans doute alors, ne voyait-on pas assez que cette Europe rêvée grandissait à l’abri. A l’abri du reste du monde d’abord.



Sa sécurité n’était pas son affaire : assurée par l’Amérique. Son économie connaissait déjà le chemin à suivre : rattraper l’Amérique.

A l’abri des peuples aussi. Le projet européen, naissant, était la mission de quelques-uns,

recousant les fils d’un continent déchiré en surmontant les passions populaires.



L’enjeu vital est toujours là. Mais les digues derrières lesquelles l’Europe pouvait s’épanouir ont disparu.

La voici aujourd'hui plus fragile, exposée aux bourrasques de la mondialisation telle qu’elle va, et même ce qui sans doute est pire, à des idées qui se présentent comme des solutions préférables.





Ces idées ont un nom : nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli.



Ces idées qui, tant de fois, ont allumé les brasiers où l’Europe aurait pu périr, les revoici sous des habits neufs encore ces derniers jours.

Elles se disent légitimes parce qu’elles exploitent avec cynisme la peur des peuples.

Trop longtemps, nous avons ignoré leur puissance. Trop longtemps, nous avons cru avec certitude que le passé ne reviendrait pas, nous avons pensé que la leçon était retenue, nous avons pensé que nous pouvions nous installer dans la langueur, l’habitude, abandonner un peu de cette ambition,



de cet espoir que l’Europe devait porter puisqu’elle devenait comme une évidence dont nous aurions perdu le fil.

Mais les passions tristes de l’Europe sont bien là, qui se rappellent à nous, et elles fascinent.



Elles savent faire oublier la cohorte de malheurs qui, dans l’Histoire, les a toujours suivies.



Elles rassurent, et j’ose le dire, elles peuvent demain l’emporter, non parce que les peuples sont crédules !

Non parce que l’idée européenne est morte !



Mais parce que nous avons, par inconscience, faiblesse ou aveuglement, créé les conditions de leur victoire.

Parce que nous avons oublié de vouloir le fil de cette ambition !

Parce que nous avons oublié de défendre l’Europe !

Parce que nous avons oublié de proposer pour l’Europe !

Parce que nous avons laissé s’installer le doute.

Que disent-ils à nos peuples ?

Que, eux, ont la solution.

Que, eux, protègeront.

Mais face à quels défis ?

Tous les défis qui nous attendent - du réchauffement climatique, à la transition numérique, en passant par les migrations, le terrorisme, tout cela, ce sont des défis mondiaux face auxquels une nation qui se rétrécit sur elle-même ne peut faire qu’à peu près et peu de chose.

Ils mentent aux peuples, mais nous avons laissé faire cela, parce que nous avons voulu installer

l’idée

que l’Europe était devenue une bureaucratie impuissante.

Nous avons, partout en Europe, expliqué que quand la contrainte était là, elle était européenne !

Que quand l’impuissance était à la porte, ce n’était pas nous mais Bruxelles ! Oubliant, ce faisant, que Bruxelles, c’est nous, toujours, à chaque instant ! Nous n’avons plus proposé, nous n’avons plus voulu. Je ne laisserai rien, rien à toutes celles et ceux qui promettent la haine, la division ou le repli national. Je ne leur laisserai aucune proposition. C’est à l’Europe de les faire, c'est à nous de les porter, aujourd’hui et maintenant.

Parce que oui, nous ne pouvons pas nous permettre de garder les mêmes habitudes, les mêmes politiques, le même vocabulaire, les mêmes budgets. Nous ne pouvons pas davantage choisir la voie du repli national, qui serait un naufrage collectif. Nous ne devons pas nous laisser intimider par l’illusion du repli ! Et c’est en refusant ce mensonge que nous serons à la hauteur de notre époque, de son urgence, de sa gravité.

La seule voie qui assure notre avenir, celle dont je veux vous parler aujourd'hui, c’est à nous, à vous de la tracer. C’est la refondation d’une Europe souveraine, unie et démocratique. Ayons ensemble l’audace de frayer ce chemin. Comme je l’ai assumé à chaque instant devant les Français, je le dis aujourd'hui avec une conviction intacte : l’Europe que nous connaissons est trop faible, trop lente, trop inefficace, mais l’Europe seule peut nous donner une capacité d’action dans le monde, face aux grands défis contemporains.

L’Europe seule peut, en un mot, assurer une souveraineté réelle, c'est-à-dire notre capacité à exister dans le monde actuel pour y défendre nos valeurs et nos intérêts. Il y a une souveraineté européenne à construire, et il y a la nécessité de la construire. Pourquoi ? Parce que ce qui constitue, ce qui forge notre identité profonde, cet équilibre de valeur, ce rapport à la liberté, aux Droits de l’Homme, à la justice est inédit sur la Planète. Cet attachement à une économie de marché, mais à la justice sociale l’est tout autant. Ce que l’Europe représente, nous ne pouvons pas le confier aveuglement, ni de l’autre côté de l’Atlantique, ni aux confins de l’Asie. C’est à nous de le défendre et de le construire dans cette mondialisation.

Et donc au lieu de concentrer toute notre énergie sur nos divisions internes, comme nous le faisons maintenant depuis trop longtemps, au lieu de perdre nos débats dans une guerre civile européenne - car de débat budgétaire en débat financier, en débats politiques c’est bien de cela dont il s’agit - nous devons plutôt considérer comment faire une Europe forte, dans le monde tel qu’il va. Et comme construire, ainsi, les six clés de la souveraineté indispensables pour y réussir.

Face à chacun de ces enjeux, nous devons désormais engager des actions concrètes. La première clé, le fondement de toute communauté politique, c’est la sécurité. Nous vivons en Europe un double mouvement : un désengagement progressif et inéluctable des Etats-Unis, et un phénomène terroriste durable qui a pour projet assumé de fracturer nos sociétés libres. L’Europe, dans ces domaines, a enfin pris conscience de ses fragilités et de la nécessité d’agit ensemble. Nous devons amplifier les travaux engagés pour lutter contre le financement du terrorisme, et la propagande terroriste sur Internet. Nous avons commencé à le faire, à quelques-uns. Nous devons renforcer notre cybersécurité et créer un espace de sécurité et de justice commun.

En matière de défense, notre objectif doit être la capacité d’action autonome de l’Europe, en complément de l’OTAN. Le socle de cette autonomie a été posé, avec des progrès historiques intervenus ces derniers mois. En juin dernier, nous avons posé les bases de cette Europe de la Défense ; une coopération structurée permanente, permettant de prendre des engagements accrus, d’avancer ensemble et de mieux nous coordonner ; mais aussi un Fonds européen de défense afin de financer nos capacités et notre recherche. Ce socle indispensable, nous sommes en train de lui donner un contenu, à travers les échanges des différents Etats-membres qui souhaitent avancer en cette direction.

Mais il nous faut aller plus loin. Ce qui manque le plus à l’Europe aujourd'hui, cette Europe de la Défense, c’est une culture stratégique commune. Notre incapacité à agir ensemble de façon convaincante met en cause notre crédibilité en tant qu’Européens. Nous n’avons pas les mêmes cultures, parlementaires, historiques, politiques ni les mêmes sensibilités. Et nous ne changerons pas cela en un jour. Mais je propose dès à présent d’essayer de construire cette culture en commun, en proposant une initiative européenne d’intervention visant à développer cette culture stratégique partagée.

Pour créer ce rapprochement, nous avons besoin d’un changement profond. Je propose ainsi à nos partenaires d’accueillir dans nos armées nationales – et j’ouvre cette initiative dans les armées françaises – des militaires venant de tous les pays européens volontaires pour participer, le plus en amont possible, à nos travaux d’anticipation, de renseignement, de planification et de soutien aux opérations. Au début de la prochaine décennie, l’Europe devra ainsi être dotée d’une Force commune d’intervention, d’un budget de défense commun et d’une doctrine commune pour agir.

Je veux que cette culture commune s’étende, dans la lutte contre le terrorisme, à nos services de renseignement. Je souhaite ainsi la création d’une Académie européenne du renseignement pour renforcer les liens entre nos pays, par des actions de formation et d’échanges.

Face à l’internationale du terrorisme, l’Europe de la sécurité doit être notre bouclier. Ils s’infiltrent partout en Europe, leurs ramifications sont là ; c’est donc ensemble que nous nous devons d’agir. De la prévention à la répression. C’est pourquoi nous devons instituer un Parquet européen contre la criminalité organisée et le terrorisme, au-delà des compétences actuelles qui viennent d’être établies.

La sécurité, nous l’avons tragiquement perçu ces derniers jours, ce ne sont pas seulement les bombes et les kalachnikovs. Les bouleversements climatiques menacent eux aussi comme jamais notre sécurité, et chaque semaine en Europe volent des vies humaines. C’est pourquoi je souhaite que nous puissions créer une Force européenne de protection civile qui mettra en commun nos moyens de secours et d’intervention, qui permettra ainsi de répondre aux catastrophes de moins en moins naturelles, des incendies aux ouragans, des inondations aux séismes.

Une Europe qui s’unit pour protéger, intervenir, sauver des vies, c'est une Europe qui retrouve le sens de cette fraternité que nous avons placée en son centre, qui sort de l’incantation pour agir concrètement et démontrer la force de l’action collective.

Assurer notre souveraineté, c’est la deuxième clé, à l’échelle européenne, c’est maîtriser nos frontières en préservant nos valeurs. La crise migratoire n’est pas une crise, c’est un défi qui durera pour longtemps. Il s’est installé sur les inégalités profondes de la mondialisation. Et l’Europe n’est pas une île. Nous sommes là, et notre destin est lié à celui du Proche et Moyen Orient comme à celui de l’Afrique. Face à ce défi, c’est là aussi, au niveau européen, que nous devons répondre. Ca n’est qu’avec l’Europe que nous pourrons efficacement protéger nos frontières, accueillir dignement ceux qui ont droit à l’asile, les intégrer réellement, et dans le même temps renvoyer rapidement ceux qui ne sont pas éligibles à cette protection.

Tant que nous laisserons certains de nos partenaires submergés par des arrivées massives, sans les aider à gérer leurs frontières, tant que nos procédures d’asile resteront lentes et disparates, tant que nous serons incapables d’organiser ensemble le retour des migrants qui n’ont pas le droit d’asile, nous manquerons tout à la fois d’efficacité et d’humanité.

Dans les années qui viennent, l’Europe doit assumer qu’il y a là son défi majeur. Et nous n’avons qu’un choix, qu’une alternative : le repli sur nous frontières, qui serait à la fois illusoire et inefficace, ou la construction d’un espace commun des frontières, de l’asile et de l’immigration.

C’est pourquoi je souhaite que soient adoptés dans l’année qui vient les différents textes en discussion qui réforment notre politique migratoire. Je souhaite que soit créé un véritable Office européen de l’asile, qui accélère et harmonise nos procédures, que l’on ait enfin des fichiers connectés et des documents d’identité biométriques sécurisés, car on traite aujourd'hui en France des dizaines de milliers de demandes d’asile que nos partenaires européens ont déjà refusées ; que l’on établisse progressivement une police des frontières européennes qui garantisse partout en Europe une gestion rigoureuse des frontières et assure le retour de ceux qui ne peuvent rester. Que l’on finance de manière solidaire un large programme de formation et d’intégration pour les réfugiés, car faire une place aux réfugiés qui ont risqué leur vie, chez eux et sur leur chemin, c’est notre devoir commun d’Européen et nous ne devons pas le perdre de vue.

Mais nous devons le faire sans laisser le fardeau à quelques-uns, qu’ils soient pays d’arrivée ou pays d’accueil final. En construisant les termes d’une véritable solidarité, choisie, organisée et concertée. Et c’est à travers ce socle, cet espace commun que je propose que nous y parviendrons.

Cette solidarité, ce souci d’efficacité commence par le travail de chacun. C’est pourquoi j’ai engagé en France un vaste travail de réforme pour mieux accueillir les réfugiés, augmenter les relocalisations dans notre pays, accélérer les procédures d’asile en nous inspirant du modèle allemand, être plus efficaces dans les reconduites indispensables. Ce que je souhaite pour l’Europe, la France commence dès à présent à le faire elle-même.

Il faut aussi voir plus loin et je vous le dis clairement, les plus robustes des frontières, les politiques de sécurité les plus ambitieuses ne pourront pas endiguer les migrations qui durent. Seuls la stabilisation et le développement des pays d’origine les tariront. Ce qui nourrit les grandes migrations contemporaines, ce sont les inégalités qui se sont installées et les crises qui en découlent. Si l’Europe doit avoir une frontière que nous devons protéger et faire respecter, l’Europe se doit avant tout d’avoir un horizon et cet horizon, c’est celui de sa politique étrangère qui se doit d’avoir des priorités claires : la Méditerranée d’abord, le cœur de notre civilisation. Nous lui avons tourné le dos n’osant pas voir les crises. Or, aujourd’hui, elles jalonnent cet espace.

Notre politique commune en Méditerranée et en Afrique doit aujourd’hui se consolider. C’est ce que ces dernières semaines nous avons cherché à faire à quelques-uns en associant constamment l’Union européenne dans les initiatives prises pour la Libye, pour le Sahel. Mais plus largement, notre politique européenne ne doit plus voir l’Afrique comme un voisin menaçant mais comme le partenaire stratégique avec lequel nous avons à affronter les défis de demain : l’emploi de la jeunesse, la mobilité, la lutte contre le changement climatique, les révolutions technologiques.

Je souhaite que notre partenariat avec l’Afrique soit un élément de la refonte du projet européen. L’aide au développement doit augmenter, je m’y suis engagé pour la France et, année après année, nous l’augmenterons à chaque fois, nous l’augmenterons aussi pour faire mieux parce qu’un chiffre à lui seul ne signifie pas une politique et nous avons sur ce sujet bien souvent l’obsession des symboles. Et on pense qu’une politique du développement se réduit à un chiffre. Nous ferons mieux avec les sociétés civiles.

Mais cette aide publique au développement, elle doit aussi être européenne, avec une ambition refondée et je suis prêt à ce titre, je souhaite à ce titre relancer sur de nouvelles bases le projet de taxe sur les transactions financières européennes afin de financer cette politique.

Nous connaissons par cœur le débat. Pourquoi à chaque fois ces initiatives se traduisent-elles par un échec ? Parce que les modalités techniques que nous finissons par retenir pénalisent un pays plutôt que l’autre. J’ai donc une proposition simple. Il y a deux pays en Europe qui ont une taxe sur les transactions financières : la France – et je le dis avec d’autant plus d’humilité que c’est un de mes prédécesseurs qui l’a choisie. Prenons cette taxe, généralisons-la au niveau de l’Europe et je suis prêt, je suis même volontaire pour en donner l’intégralité des ressources à l’aide publique au développement européenne.

Mais il y a un autre pays qui a aussi sa taxe sur les transactions financières, c’est la Grande-Bretagne, bien avant nous, ce qu’on appelle le Stamp Duty. Si d’aucuns craignent une concurrence déloyale parce qu’en effet, si nous venions à mettre une taxe sur les transactions financières incommensurable – ce qui avait été prévu par certains prédécesseurs pour les autres – et qui vient briser votre capacité même à créer de l’activité économique, ça n’est pas soutenable. Mais si nous décidions collectivement d’adopter la taxe britannique, personne ne pourrait nous dire que cela viendrait créer des désagréments ou des biais à la compétitivité de l’Union européenne. Non ! Alors, retenons l’un ou l’autre de ces schémas simples, avec une assiette large, mais enfin, faisons-le. En tout cas, je ferai tout pour.

Vous l’avez compris, la troisième clé de notre souveraineté, c’est cette politique étrangère, ce partenariat avec l’Afrique, cette politique de développement qui doit nous conduire à fonder un vaste projet reposant sur des investissements croisés, sur l’éducation, la santé, l’énergie. Si l’Europe ne saisit pas cette chance, d’autres le feront et si nul ne le fait, l’Europe seule en subira toutes les conséquences.

La quatrième clé de notre souveraineté, c’est d’être capable de répondre à la première des grandes transformations du monde, la transition écologique. Cette transformation complète révolutionne notre manière de produire, de redistribuer, de nous comporter. L’Europe, aujourd’hui, est dans un entre-deux mais notre choix est simple : voulons-nous continuer à produire comme hier et défendre une compétitivité face à des puissances qui sont en train de faire ce choix ou l’ont fait ou souhaitons-nous accélérer et devenir les leaders d’un nouveau modèle productif qui ne sera pas qu’un modèle économique mais qui sera un modèle de société, de civilisation qui permettra aussi de repenser les inégalités, les externalités d’une société dont les principales victimes des déséquilibres sont les plus faibles et les plus fragiles ?

J’ai fait mon choix, je crois très profondément que l’Europe doit être à l’avant-garde de la transition écologique efficace et équitable. Pour cela, il nous faut transformer nos transports, nos logements, nos industries. Pour cela, il faut investir et inciter puissamment à cette transformation. Il faut d’abord donner un juste prix au carbone, suffisamment élevé pour assurer cette transition. Là aussi, ce sera un combat. Là aussi, il y aura des lobbies, des résistances pour dire que c’est une bonne idée mais quelques euros seulement. Si nous n’avons pas, dans les années qui viennent, un prix du carbone à la tonne significatif pour permettre des réorientations profondes de nos économies, alors ce sera inutile.

Les études sont là qui montrent qu’en dessous de 25 à 30 euros la tonne, ça n’est pas efficace. C’est vers cet horizon que nous devons nous destiner et, dès aujourd’hui, nous devons nous organiser pour le faire, c’est indispensable. Un prix plancher significatif, un vrai prix unique, une vraie transition pour engager cette transformation de nos économies, accompagner les secteurs qui en auront besoin, accompagner les territoires qui seront les victimes de ces changements par des contrats pensés au plus près du terrain qui permettront de favoriser les territoires où les modèles productifs passés étaient les plus présents afin de leur faire bénéficier des créations d’emplois nouvelles.

Cette transition, elle impose aussi d’avoir un marché européen de l’énergie qui fonctionne vraiment et donc de vouloir enfin et de favoriser les interconnexions. Longtemps, nous les avons freinées, là aussi, parce que ce n’était pas forcément le cœur de nos intérêts corporatistes. Nous avons besoin, avec l’Espagne, avec le Portugal, avec l’ensemble de nos voisins, de développer ces interconnexions. Pourquoi ? Parce qu’à certaines saisons, là où le renouvelable se produit en masse, nous devons en faire bénéficier toute l’Europe. À d’autres moments, là où l’énergie nucléaire est indispensable, peu carbonée, pas carbonée et à bas coût, nous devons aussi la mutualiser. Nous aurons un marché européen de l’énergie qui fonctionne mieux si nous développons enfin de manière accélérée ces interconnexions.

Il nous faut aussi, pour réussir cette stratégie, assurer pour nos industriels les plus exposés à la mondialisation d’être sur un pied d’égalité avec les entreprises, les industries concurrentes venant d’autres régions du monde qui n’ont pas les mêmes exigences environnementales. C’est pour cela qu’il nous faut une taxe aux frontières de l’Europe sur le carbone, c’est indispensable.

Prix plancher, interconnexions, contrat de transition de territoire, taxe aux frontières sur le carbone, ce sont les quatre piliers de cette ambition énergétique pour l’Europe. Cela ne se fera pas en un jour, je sais les résistances de certains, mais si nous refusons d’en parler ou d’avancer dans cette direction, je sais une chose, cela ne se fera jamais. Alors, donnons-nous un objectif ferme : à cinq ans, à dix ans, construisons les transitions pour le faire mais, dès aujourd’hui, avançons. L’Europe doit être le fer de lance de cette transition énergétique et elle a besoin de cette ambition, de ce marché unifié pour construire ce modèle.

Cette ambition européenne ne doit bien évidemment pas être seulement défensive. C’est la raison pour laquelle je propose aussi la mise en place d’un programme industriel européen de soutien aux véhicules propres et de déploiement d’infrastructures communes afin qu’il soit possible de traverser l’Europe sans l’abîmer. Nous avons besoin de nouveaux grands projets, celui-ci en est un qui réconciliera le cœur de nos ambitions industrielles en la matière.

Une Europe qui garantit notre vision exigeante du développement durable, c’est aussi une Europe de la sécurité et de la souveraineté alimentaires et c’est à dessein que je place ici cette ambition. Nous devons sans tabou nous poser les bonnes questions : est-ce que notre Politique agricole commune protège bien nos agriculteurs et nos consommateurs ? Je regarde les dernières années, je n’en ai pas totalement le sentiment et nous sommes arrivés à cette forme de paradoxe où la PAC est devenue un tabou français alors que nos agriculteurs ne cessent d’en dénoncer le fonctionnement.

La politique agricole ne doit pas être une politique de suradministration de tous les territoires de l’Union européenne, de toutes les filières et, bien souvent, une politique de revenus accompagnant approximativement les transitions, produisant parfois des schémas complexes que nous avons bien du mal à expliquer à nos peuples.

 

La politique agricole européenne doit permettre de faire vivre dignement les agriculteurs de leurs revenus en les protégeant face aux aléas du marché et aux grandes crises, elle doit les aider à évoluer pour construire une agriculture plus responsable. Il y aura toujours en Europe plusieurs modèles agricoles et je souhaite que chaque pays puisse accompagner cette transformation selon ses ambitions et ses préférences. Et cette nouvelle politique agricole commune, pour ne pas être bureaucratique et injuste, doit être l’instrument de la transition agricole, de notre souveraineté face aux grands défis de la mondialisation. Elle doit redonner une vitalité, une ambition à nos territoires ruraux.

En d’autres termes, je souhaite que nous puissions ouvrir de manière décomplexée et inédite une Politique agricole commune qui se pense d’abord avec deux objectifs : nous protéger face à ces grands aléas, à la volatilité des marchés mondiaux qui pourrait mettre en péril la souveraineté alimentaire de l’Europe ; favoriser la grande transition agricole européenne et laisser plus de flexibilité au niveau des pays pour organiser la vie des territoires et des filières, mettre moins de bureaucratie, laisser au niveau régional, accompagner de manière plus souple les filières partout où des choix qui restent des choix collectifs de terrains sont nécessaires.

L’exigence des Européens, c’est d’avoir confiance dans les aliments et les produits qu’ils utilisent au quotidien et cela participe de cette sécurité alimentaire que j’évoquais. Et on voit là aussi que l’échelle européenne est incontournable. Nous l’avons vécu l’été dernier avec ce qu’il convient d’appeler désormais la crise des œufs. Nous avons vu que les dysfonctionnements à un endroit de l’Europe, parce que nous sommes un marché intégré, ont des conséquences partout en Europe qui peuvent jeter le doute sur notre sécurité alimentaire, avec une demande parfaitement légitime de nos concitoyens qui est d’avoir la vérité en temps réel sur tous ces sujets.

Il nous faut donc établir une force européenne d’enquête et de contrôle pour lutter contre les fraudes, garantir la sécurité alimentaire, assurer le respect des standards de qualité partout en Europe. Cette transformation, nous devons aussi la conduire. Et à cet égard, je soutiens le choix du président JUNCKER de mettre fin partout en Europe au double standard alimentaire et de faire que cette force puisse être le garant de cette convergence légitime.

L’exigence des Européens, c’est d’avoir aussi confiance dans les experts qui nous éclairent. Nos récents débats sur le glyphosate, les perturbateurs endocriniens montrent la nécessité d’évaluation scientifique européenne plus transparente, plus indépendante, d’une recherche mieux financée qui permet d’identifier les risques et de proposer des alternatives. C’est indispensable. Nous avons aujourd’hui des débats politiques qui, parfois, cherchent à se substituer au débat scientifique. C’est la science qui doit éclairer la dangerosité mais qui doit ensuite, de manière indépendante, transparente, indiquer les alternatives possibles scientifiquement démontrées. En aucun cas cette science ne doit s’effacer au profit d’engagements politiques qui deviennent à ce moment des paroles de sachants ou des paroles d’autorité ni a fortiori ne doivent accepter de laisser la place à une parole publique qui est celle de lobbies, d’intérêts industriels et qui construisent l’opacité sur des décisions collectives qu’attendent nos concitoyens.

La cinquième clé de notre souveraineté passe par le numérique. Ce défi est aussi celui d’une transformation profonde de nos économies, de nos sociétés, de nos imaginaires même. La transformation numérique, ce n’est pas un secteur d’activité, ça n’est pas une anecdote contemporaine et l’Europe a beaucoup à y perdre comme à y gagner. L’Europe a cet attachement unique à l’équilibre permanent entre la liberté, la solidarité et la sécurité et c’est bien cela qui est en jeu dans la révolution numérique. L’Europe, qui a construit après-guerre un modèle économique de rattrapage, doit prendre la tête de cette révolution par l’innovation radicale. Et donc, oui, partout en Europe, nous devons tout faire pour avoir ces champions du numérique, attirer les talents scientifiques et entrepreneuriaux.

Je sais bien que ça contrarie parfois certains. C’est la politique que je souhaite mener en France sur le plan économique. Le temps n’est plus où nos économies peuvent se construire comme si elles étaient fermées, comme si les talents ne bougeaient plus et comme si les entrepreneurs étaient attachés à un piquet. On peut le déplorer mais c’est là. Cette révolution du numérique est celle des talents et les attirer, c’est en attirer d’autres et c’est bien le sens de ce que le gouvernement conduit, ce que le Premier ministre, le ministre de l’Économie et des Finances et la ministre de l’Innovation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche entre autres mènent au sein du gouvernement.

Nous continuerons à poursuivre ces réformes mais l’Europe a aussi besoin d’une ambition sur ce point. Je souhaite que l’Europe prenne la tête de cette révolution par l’innovation radicale. Créons dans les deux ans qui viennent une Agence européenne pour l’innovation de rupture, à l’instar de ce qu’ont su faire les États-Unis avec la DARPA au moment de la conquête spatiale. Cette ambition doit être la nôtre. Nous avons aujourd’hui une fenêtre unique pour le faire. Prenons cette ambition, finançons les recherches dans les domaines nouveaux comme l’intelligence artificielle, acceptons la prise de risque. Cette agence mettrait l’Europe en situation d’innovateur et non de suiveur.

Et plutôt que de déplorer que les grands champions du numérique soient aujourd’hui américains, demain chinois, mettons-nous en situation de créer des champions européens, sachons inventer dans ce bouleversement global les sécurités justes et les régulations efficaces. Je veux une Europe qui réussisse dans cette transition numérique mais elle bouscule à la fois nos repères et nos organisations économiques et sociales. Et aujourd’hui, ce continent du numérique n’a pas de normes ou, plus exactement, il a une loi, la loi du plus fort. C’est à l’Europe d’en définir le cadre de régulation pour ne pas subir de fait la loi du plus fort qui s’importe chez nous.

Le projet du marché unique du numérique est à ce titre une occasion unique que nous devons saisir pour construire les modalités qui nous permettront de défendre les règles qui protégeront les libertés individuelles et le respect du secret auquel chacun a droit, qui permettra de protéger les données économiques de nos entreprises et qui permettra de créer précisément la régulation européenne qui toute à la fois protégera les personnes, les entreprises de manière légitime, qui permettra aux acteurs européens d’émerger dans un marché loyal et qui permettra aussi de compenser les profondes désorganisations sur l’économie traditionnelle que cette transformation parfois crée. Les grandes plateformes numériques, la protection des données sont au cœur de notre souveraineté à cet égard.

Et il en est de même pour la taxation, nous devons avoir ce débat, pourquoi ? Parce que je crois très profondément dans cette économie de l’innovation, je crois très profondément dans un monde ouvert mais le monde ouvert ne vaut que si la concurrence qui s’y joue est loyale ! Et nous ne pouvons pas accepter d’avoir des acteurs européens qui sont taxés et des acteurs internationaux qui ne le sont pas, des acteurs du numérique qui n’ont aucune taxe et qui viennent concurrencer des acteurs de l’économie traditionnelle qui eux la paient !

A ce titre, la France a commencé avec ses partenaires à pousser au niveau des ministres de l’Economie et des Finances une initiative que je souhaite voir reprendre au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, celle de la taxation de la valeur créée, là où elle est produite, qui nous permettra de revoir profondément nos systèmes fiscaux, de taxer sans complaisance les entreprises qui s’implantent hors d’Europe dans le seul but d’échapper à l’impôt. Cette taxe est juste parce qu’elle taxe partout pour la valeur qui est créée dans un pays et elle rappelle simplement un élément fondamental de nos philosophies communes et démocratiques, c’est qu’il y a des biens communs à financer et que tous les acteurs économiques doivent y contribuer. Il ne peut pas y avoir des acteurs de la nouvelle économie qui sont les passagers clandestins du monde contemporain parce que cette nouvelle économie, on le sait, elle crée aussi des désorganisations, elle crée des inégalités, elle perturbe des territoires et donc elle crée des situations qui supposent des compensations et des accompagnements que la puissance publique doit justement permettre de résoudre. Il est donc juste et légitime qu’accumulant des profits par ailleurs elle participe à cette solidarité là où elle crée de la valeur.

Vous le voyez, ce que je veux pour l’Europe ça n’est pas simplement réussir dans cette transition du numérique mais c’est construire un cadre juste de celle-ci, un cadre qui nous permettra de défendre nos valeurs, les fondamentaux civilisationnels qui sont les nôtres et les équilibres économiques indispensables. C’est pourquoi dans cette Europe du numérique nous devons aussi défendre nos droits d’auteur, nous devons défendre partout où elle existe la valeur créée par celui qui crée vraiment. Ça n’est pas un débat d’un autre âge, ça n’est pas un débat, pardon de cette familiarité, ringard, le droit d’auteur. On stigmatise la France en disant « on sait bien ce que vous allez nous dire, vous allez nous parler de vos droits d’auteur ». Des réalisateurs de talent qui viennent de partout en Europe le savent, si nous n’avons pas l’imaginaire européen, et j’y reviendrai dans quelques instants, l’Europe n’est plus elle-même, mais c’est là aussi un élément de justice.

Le numérique serait donc le seul continent où la valeur créée n’est pas chez celui qui la crée vraiment mais celui qui la transporte, chez celui qui l’achemine jusqu’à son consommateur final ? Allons, si nous sommes là aujourd’hui, si nous avons relevé tous les défis que j’évoquais tout à l’heure, si nous nous tenons droit c'est bien parce que nous avons eu des émotions, une culture commune, parce que ceux qui sont les porteurs étymologiquement de ce qui nous tient vraiment, de la véritable autorité en Europe ce sont les auteurs. Les droits d'auteur doivent donc être défendus dans cet espace numérique contemporain. Et c'est la dignité de l'Europe, c'est sa capacité même à exister et à ne pas se dissoudre dans un continent de semblables qui fait que, pour réussir cette transition, nous devons défendre la juste rémunération de l'ensemble des auteurs et de toutes les formes de création dans le numérique.

La souveraineté, enfin, c'est la puissance économique industrielle et monétaire. Faire du cœur de l'Europe une puissance économique et industrielle, cela passe bien entendu par la politique énergétique et la politique du numérique que je viens d'évoquer. C'est aussi la poursuite d'une politique spatiale ambitieuse et de la consolidation d'une industrie européenne compétitive à l'échelle mondiale. Mais une puissance économique durable ne peut se construire qu'autour d'une même monnaie, c'est pourquoi je suis profondément attaché à l'ambition de la zone euro. Je n'ai pas la zone euro honteuse, je suis désolé de cela et je pense d'ailleurs que ça ne soulage ni ne fait plaisir à aucun membre de l'Union européenne hors de la zone euro que celles et ceux qui partagent cette monnaie n'osent pas dire qu'ils la partagent pour en faire quelque chose.

Parce que c'est à partir de cette Union économique et monétaire, en son sein, que nous pouvons créer le cœur d'une Europe intégrée. J'entends les questions et les préoccupations sur ce sujet et je veux être clair : l'enjeu fondamental ce n'est pas un mécanisme qui par magie résoudrait tous les problèmes, s'il existait nous l’aurions déjà créé. Ce n'est pas de mutualiser nos dettes du passé, ce n'est pas de régler les problèmes de finances publiques d'un Etat ou de l'autre, l’enjeu c'est de réduire le chômage qui frappe encore un jeune sur cinq dans la zone euro. C'est donc une stratégie économique et politique dans la durée dont nous avons besoin, l’enjeu qui est le nôtre au cœur de la zone euro c'est de savoir comment nous arrivons à faire de cette zone une puissance économique concurrente de la Chine et des Etats-Unis et c'est comment nous arrivons à résoudre ce que depuis dix ans nous échouons à faire, de créer de l'emploi et de faire qu’une génération, celle de la jeunesse actuelle, ne soit pas une génération vouée au chômage par nos dysfonctionnements, par nos déséquilibres !

Alors pour ce faire chacun doit prendre dans son pays ses responsabilités, c'est pour cela qu'en France nous avons engagé des réformes inédites, je les avais annoncées, le gouvernement les met en œuvre. Les réformes du marché du travail, de la formation professionnelle, du financement de l'économie permettront justement de créer la croissance, l'emploi et de faire ce que nous devons faire chez nous. Car nous ne serions pas écoutés une seule seconde si nos ambitions européennes n'étaient là que pour régler nos problèmes internes, ça n'est pas de cela dont il s'agit, et je ne permets à personne en Europe compte tenu de ce que nous sommes en train de faire en France d'essayer d'expliquer que la France aujourd'hui n'est pas légitime pour proposer. Nous faisons les réformes, nous transformons notre pays mais nous le faisons aussi avec une ambition européenne. Moi je n'ai pas de ligne rouge, je n'ai que des horizons.

Et cette responsabilité que nous avons dans notre pays, je l'assume et je l'assumerai car c'est l'intérêt de la France et de l'Europe mais nous avons aussi besoin de règles et d'instruments communs. Nous avons besoin de convergence et de stabilité par les réformes nationales, mais aussi par une coordination de nos politiques économiques et un budget commun. Si l'on veut réduire les divergences et développer nos biens communs - tout ce que je viens d’évoquer, la sécurité, la protection face aux migrations, la transition numérique, la transition écologique, une vraie politique de développement et de partenariat - ces biens communs avec le premier d'entre eux la monnaie, nous nous devons de les financer. Et donc nous avons besoin de davantage d'investissements, il nous faut des moyens de stabilisation face aux chocs économiques, un Etat ne peut pas seul faire face à une crise lorsqu'il ne décide plus de sa politique monétaire. Et donc pour toutes ces raisons, oui, nous avons besoin d'un budget plus fort au cœur de l'Europe, au cœur de la zone euro.

Les ressources de ce budget devront refléter cette ambition. Les taxes européennes dans le domaine numérique ou environnemental pourront ainsi constituer une vraie ressource européenne finançant des dépenses communes. Et au-delà nous devons réfléchir à affecter en partie au moins un impôt à ce budget, par exemple l'impôt sur les sociétés une fois son harmonisation réalisée.

La solidarité qu'implique un budget ne peut aller qu'avec une responsabilité accrue qui commence par le respect des règles que nous nous sommes donnés et la mise en œuvre des réformes indispensables.

Un budget ne peut aller aussi qu'avec un pilotage politique fort par un ministre commun et un contrôle parlementaire exigeant au niveau européen. Seule la zone euro avec une monnaie forte et internationale peut offrir à l'Europe le cadre d'une puissance économique mondiale.

Alors prenons le problème dans le bon sens : si l'euro a vocation à devenir la monnaie de tous les Etats de l'Union lorsqu'ils remplissent les critères, construisons sans tarder une zone euro forte, efficace, solidaire et cette puissance bénéficiera demain à tous ceux qui la rejoindront.

C'est au fond la question de l'unité qui est ici posée. Cette unité européenne de la réconciliation franco‑allemande à la réunification entre l'Est et l'Ouest, c'est notre plus belle réussite et notre atout le plus précieux. Aussi, à côté de ces six batailles pour la souveraineté, c'est la bataille pour l'unité que je veux conduire. Nous n'aurons pas d'Europe forte et souveraine si elle n'est pas unie, tenue en elle‑même, cohérente. Perdre cette unité c'est prendre le risque de revenir à nos déchirements mortifères et à l'hégémonie destructrice. Assurer l'unité sans chercher l'uniformité, voilà notre défi.

L'Europe des Vingt-huit ne peut fonctionner comme l'Europe des Six et notre projet, l'avenir de nos peuples ne peut consister à rechercher le plus grand dénominateur commun. C'est en articulant constamment l'ambition motrice de quelques-uns et le respect du rythme de chacun que nous créerons le désir d'avancer et que l'Europe progressera au bénéfice de tous. Pour forger cette unité sans craindre l'avancée des précurseurs nous avons deux ciments, la solidarité et la culture. La solidarité je veux y insister parce que depuis dix ans en Europe nous avons beaucoup parlé de responsabilité, mais nous avons oublié la solidarité entre nous.

L'Europe et même le marché unique qui en est le socle, ce n'est pas la course au moins disant ; ça c'est que nous avons cru au tournant des années 1990 en dénaturant l'ambition du marché commun, en laissant croire que le marché commun c'était la règle du moins disant, c'était la dictature d'un marché qui ne savait plus où il allait ! Non, le marché commun, l'esprit même de l'Europe, c'est, comme le disait Jacques DELORS, « la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit ». En même temps. Il nous faut donc retrouver le sel de cet équilibre, sans quoi la compétition sans règles deviendra la division sans retour.

C'est le sens du combat que je mène aujourd'hui pour réviser la directive sur le travail détaché, elle n'est pas anecdotique au moment où la France se bat pour réformer son marché du travail. Nous devons nous donner plus de vitalité au dialogue social, mais jamais je ne ferai cela en ne sachant pas défendre celles et ceux qui travaillent face au dumping social. Or, aujourd'hui l'Europe ne protège pas face au dumping social, aujourd'hui nous avons laissé s'installer un marché européen contournant la philosophie même de l'unité de notre marché du travail. Nul n'est heureux de cette situation et partout où je me suis déplacé en Europe, j'ai constaté cela.

Et donc ce combat pour revoir cette directive, c'est un combat pour plus de justice et de convergence sociale en Europe. A ce titre, je salue la proposition de Jean-Claude JUNCKER de créer une Autorité européenne de contrôle pour vérifier le respect des règles, c'est une nécessité, mais il faut aller plus loin et construire un véritable projet de convergence fiscale et sociale.

A ce titre, j'ai deux propositions concrètes. La première sur l'impôt sur les sociétés : nous avons commencé, mais nous devons accélérer l'harmonisation des bases de cet impôt ; et entre la France et l'Allemagne les quatre prochaines années doivent permettre de la finaliser. Nous avons l'opportunité d'une mandature claire, achevons-la. Mais au-delà, dans l’Union européenne, nous ne pouvons pas avoir une telle divergence des taux d'impôt sur les sociétés. Cette divergence fiscale elle aussi nourrit une forme de désunion, désagrège nos propres modèles et fragilise toute l'Europe.

C'est pourquoi je souhaite que nous puissions définir d'ici le prochain budget européen en 2020 une fourchette de taux qui engagerait les Etats membres. Le respect de cette fourchette conditionnerait l'accès aux fonds européens de cohésion, car on ne peut pas bénéficier de la solidarité européenne et jouer contre les autres. A cet égard, je salue la Commission européenne qui a commencé ces derniers mois à bouger et qui, par le travail de Margrethe VESTAGER et de Pierre MOSCOVICI, a commencé à bousculer certains acteurs ou certains pays. Nous devons aller plus loin, on ne peut pas avoir des fonds structurels qui financent la baisse des taux d'impôt sur les sociétés. C'est l'Europe qui marche à l'envers, c'est l'Europe qui se désunit.

La deuxième proposition, c'est que nous puissions définir une vraie convergence sociale et rapprocher progressivement nos modèles sociaux, c'est profondément compatible avec notre compétitivité mondiale. Je ne veux pas que nous opposions ces ambitions, pourquoi ? Parce que regardez le monde tel qu'il va, certains il y a quelques années disaient « vous savez, avoir une ambition européenne pour nous c'est une mauvaise idée, nous c'est la compétitivité notre priorité » ; ceux qui l'ont essayé ont perdu leur peuple. Qu’a dit le peuple britannique au moment du Brexit ? Les classes moyennes britanniques ont dit « j'aime bien votre compétitivité mais elle ne me concerne pas, l'attractivité de la place de Londres n'est pas faite pour moi ». Qu’a dit le peuple américain quand on écoute bien ? Cette Amérique ouverte à tous les vents, cette compétitivité que vous nous avez expliquée, elle n'est pas faite pour nous classes moyennes ». Un repli s'opère, qui vient de là, partout où les démocraties ont été au bout de cette ambition unique pour une compétitivité sans justice, elles en ont touché les limites.

Donc en Europe nous avons besoin de reconstruire la grammaire d'un modèle social rénové, pas celui du XXème siècle, pas celui d'une économie de rattrapage, non. Mais nous devons en penser les termes et les construire au niveau européen, c'est pour cela que c'est la bonne échelle pour mener ce combat. Je souhaite donc dès le mois de novembre prochain que nous ayons une discussion concrète sur ce qu'est ce socle social européen et pour le bâtir je souhaite que nous construisions là aussi des règles de convergence. Nous devrions définir un salaire minimum adapté à la réalité économique de chaque pays, mais progressivement rentrer dans cette logique pour les faire converger.

Nos niveaux de cotisations sociales sont aujourd'hui trop disparates ; quand un travailleur est détaché dans un autre pays, aujourd'hui la principale source d'inégalité sont les cotisations. C'est pourquoi, au‑delà de la réforme sur le travail détaché que je souhaite que nous puissions conduire d'ici la fin de l'année, je propose que le niveau le plus élevé de cotisations soit payé, mais au profit du pays d'origine. Cet argent alimentera un fonds de solidarité qui bénéficiera aux pays les moins riches pour les aider à converger.

Nous devons dans les prochains mois définir de manière simple, adaptée, des critères d'une convergence sociale qui permettra d'une part de structurer le débat budgétaire de 2020 pour construire plus de cohérence dans les fonds structurels et, d’autre part, de structurer l’accès au marché et à ce budget du cœur de l’Europe car c’est avec cette convergence que nous devons conjuguer la solidarité que j’évoquais tout à l’heure.

C’est cela la solidarité qui unit : l’Europe juste, protectrice et ambitieuse. « Unir les hommes », disait sobrement MONNET. « Vivre collégialement », disait SORBON. C’est toujours le même objectif. C’est à toujours cela qu’il nous faut revenir.

Et le ciment le plus fort de l’Union sera toujours la culture et le savoir. Car cette Europe où chaque Européen reconnaît son destin dans le profil d’un temple grec ou le sourire de Mona Lisa, qui a pu connaître des émotions à travers toute l’Europe en lisant MUSIL ou PROUST, cette Europe des cafés, dont parle STEINER, cette Europe dont SUARES disait qu’elle est « une loi, un esprit, une coutume », cette Europe des paysages et des folklores, cette Europe dont ERASME, dont on disait qu’il en était le précepteur, disait qu’il fallait demander à chaque jeune, déjà, de « parcourir le continent pour apprendre d’autres langues » et « se défaire de son naturel sauvage », cette Europe, parcourue par tant de guerres, de conflits : ce qui la tient, c’est sa culture.

Notre fragmentation n’est que superficielle. Elle est en fait notre meilleure chance. Et au lieu de déplorer le foisonnement de nos langues, nous devons en faire un atout ! L’Europe doit être cet espace où chaque étudiant devra parler au moins deux langues européennes d’ici 2024. Au lieu de regretter le morcellement de nos contrées, renforçons les échanges ! En 2024, la moitié d’une classe d’âge doit avoir passé, avant ses 25 ans, au moins six mois dans un autre pays européen. Qu’il soit étudiant ou apprenti. Et ici même où quelques pionniers, comme à Bologne, Montpellier, Oxford ou Salamanque ont cru dans le pouvoir de l’apprentissage, de l’esprit critique et de la culture, je veux que nous soyons à la hauteur de ce grand dessein.

Je propose la création d’universités européennes qui seront un réseau d’universités de plusieurs pays d’Europe, mettant en place un parcours où chacun de leurs étudiants étudiera à l’étranger et suivra des cours dans deux langues au moins. Des universités européennes qui seront aussi des lieux d’innovation pédagogique, de recherche d’excellence. Nous devons nous fixer, d’ici à 2024, en construire au moins une vingtaine. Mais nous devons, dès la prochaine rentrée universitaire, structurer les premières, avec de véritables semestres européens et de véritables diplômes européens.

Et ces liens doivent être tissés dès le lycée. Je souhaite que nous engagions un processus d’harmonisation ou de reconnaissance mutuelle de diplômes de l’enseignement secondaire. Comme nous l’avons fait, justement, pour les étudiants avec le processus de Bologne, lançons dès aujourd'hui, un processus de la Sorbonne qui permettra de parachever un vrai cursus permettant les échanges, les changements et les transitions dans tout le système secondaire européen.

Parce que comme le rappelait MOUNIER, « l’universel se parle aux hommes en plusieurs langues, qui chacune en révèle un aspect singulier ». A travers ces initiatives, ce ne sont pas des actes de résistance que je vous propose. Ce sont des actes de conquête pour les générations à venir. Parce que ce qu’il reste à la fin, c’est ce qui unit les hommes ! C’est cette vie collégiale que vous aurez vécue à Paris, à Milan, à Berlin ou à Gdansk ! C’est cela qui compte, ce qui fera ce ciment européen, ce fil insécable qui tient l’Europe, qui fait que quand les gouvernements se brouillent, quand les politiques parfois ne sont plus les mêmes, il y a des femmes et des hommes qui portent les histoires communes.

Mais je veux surtout vous faire toucher du doigt que vos générations ont à conjuguer cette Europe en plusieurs langues ! L’Europe du multilinguisme est une chance inédite. L’Europe, ça n’est pas une homogénéité dans laquelle chacune et chacun devraient se dissoudre. Cette sophistication européenne, c’est cette capacité à penser les fragments d’Europe sans lesquels l’Europe n’est jamais tout à fait elle-même. Mais c’est ce qui fait que partout, quand un Européen voyage, il est un peu plus qu’un Français, qu’un Grec, qu’un Allemand ou qu’un Néerlandais. Il est un Européen parce qu’il a déjà en lui cette part d’universel que recèlent l’Europe et son multilinguisme.

Et l’Europe doit être faite de ces langues et elle sera toujours faite d’intraduisible. Et cela, il faut le porter. Le débat politique et journalistique est nourri de ces intraduisibles. Vous savez, je vais vous faire une confidence : demain, les uns et les autres souhaiteront voir les petites divergences, les discussions qu’il y aura sur ce discours, et ceux qui n’ont pas d’idées essaieront de voir tous les blocages, en disant « regardez, là » … Ces blocages, je l’ai constaté bien souvent, parfois cela existe, mais bien souvent, ce ne sont pas des blocages fondamentaux. Ce sont des parts de cet intraduisible. C’est une différence de langue, de culture. C'est ce qui fait que quand on prononce le mot « dette », il n’a pas tout à fait le même sens et les mêmes implications en France et en Allemagne ! Il faut prendre cela en compte lorsqu’on se parle.

Nos débats politiques sont toujours plus compliqués en Europe que dans le reste du monde. Parce que, en quelque sorte, le Sisyphe européen a toujours son intraduisible à rouler. Mais cet intraduisible, c’est notre chance ! C’est la part de mystère qu’il y a dans chacune et chacun, et c’est la part de confiance qu’il y a dans le projet européen. C’est le fait que, à un moment donné, ne parlant pas la même langue et ayant cette part d’inconnu et d’irréductible différence, nous décidons de faire ensemble, alors que nous aurions dû nous séparer. Je revendique cette part d’intraduisible, d’irréductible différence, parce que je veux imaginer Sisyphe heureux.

Et parce qu’au fond, la circulation des idées et des hommes, ce que la jeunesse européenne aura à porter, à vouloir pour l’Europe, c’est ce qui nous a toujours unis, bien plus que la raideur des règles ou des frontières. C’est pourquoi nous devons faire confiance à l’Europe, à ce que nous avons appris les uns des autres au fil des siècles, pour trouver le chemin de cette unité.

Enfin, l’essence du projet européen, c’est la démocratie. Je dis même que c’est sa force la plus grande, son aliment véritable. A l’instar des années 1930, la démocratie est accusée de faiblesse. Il y a aujourd'hui en Europe, une fascination pour les démocraties « illibérales ». Il y a une fascination pour un unilatéralisme brutal parce que l’Europe serait devenue inefficace et avec elle, la démocratie. C’est le contraire que je défendrai sans relâche.

Souveraineté, unité et démocratie sont, pour l’Europe, indissociables. Et ceux qui pensent qu’on pourrait choisir la souveraineté sans la démocratie se trompent ! Ceux qui pensent qu’on pourrait simplement, de manière anecdotique, donner des « gadgets » démocratiques, sans vouloir un projet de souveraineté et d’unité se trompent tout autant ! C’est ce triptyque indissociable que nous devons porter.

Mais, je vous le dis avec beaucoup de force en cet après-midi, nous avons tourné la page d’une forme de construction européenne. Les pères fondateurs ont construit l’Europe à l’abri des peuples, parce qu’ils étaient une avant-garde éclairée, parce qu’on pouvait peut-être le faire, et ils ont avancé prouvant ensuite que cela fonctionnait. Ils jouissaient peut-être d’une confiance dont les gouvernants n’ont plus l’exclusive, c’est ainsi. Ils vivaient dans d’autres temps où les moyens de communication n’étaient pas les mêmes.

Cette page s’est fracassée sur le doute démocratique européen, celui que les « non » aux referendums français et néerlandais nous ont fait vivre. Et je pense que nous n’avons pas eu raison de faire avancer l’Europe malgré les peuples. Il y a eu un moment où on a pensé qu’on devait, en quelque sorte, bousculer nos démocraties en faisant avancer l’Europe malgré tout. C’était une erreur, et cette erreur s’est doublée d’une absence de propositions : on a forcé la main et on a dit « mais attention, on ne proposera plus et on ne viendra plus vous demander votre avis ». Et nous sommes rentrés dans cette « glaciation » où la France, comme beaucoup d’autres, avait peur de proposer parce qu’elle avait peur d’un indicible, de quelque chose d’affreux : le changement de traité.

L’indicible allemand, c’est le transfert de financement ; l’indicible français, c’est le changement de traité. Si nous voulons l’Europe à terme, nous viendrons aux deux, je veux rassurer tout le monde, mais n’ayons plus peur des peuples. Simplement, en méthode, nous ne devons plus faire notre Europe à l’abri de ces derniers. Mais nous ne devons pas tomber dans le piège des populistes ou des extrêmes qui consistent à dire « allons poser directement la question de manière simpliste : oui ou non ? ». La réponse est connue, c’est toujours « non », quelle que soit la question. Nous devons refonder le projet européen, par et avec le peuple, avec une exigence démocratique beaucoup plus forte qu’une simple question binaire.

C’est pourquoi, si nous voulons avancer à nouveau, je souhaite que nous passions par des conventions démocratiques qui feront partie intégrante de la refondation européenne. Je souhaite qu’une fois que nous aurons défini des termes simples d’une feuille de route partagée par les principaux gouvernements qui seront prêts à aller dans ce sens, nous puissions, pendant six mois, l’année prochaine, dans tous les pays qui le souhaitent, organiser autour des mêmes questions un vaste débat pour identifier les priorités, les préoccupations, les idées qui nourriront notre feuille de route pour l’Europe de demain. Remettre les choses dans le bon ordre, au lieu de demander, en fin de course, perclus de fantasmes et d’incompréhension, si c’est oui ou si c’est non, sur un texte illisible, écrit dans le secret, organisons un débat ouvert, libre, transparent, européen pour construire ce projet qui donner enfin un contenu et un enjeu à nos élections européennes de 2019.

Et je le dis clairement : tous ceux qui ont peur de cela se sont trop habitués à l’idée qu’on construit les projets intelligents dans la complexité et l’opacité : ce n'est pas vrai. Tous ceux qui sont tombés dans le piège de ceux qui détestent l’Europe, allez interroger nombre des agriculteurs qui souffrent aujourd’hui, ils pourront vous dire : « L’Europe, je n’en veux plus ». Le Front national, en France, est nourri de cela ! Mais commencez à rentrer dans la discussion, « d’accord, alors qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce qui va mieux te protéger ? ». Il veut parfois une autre Europe ! Mais il viendra lui-même à l’idée que l’Europe le protégerait mieux qu’une politique nationale absurde.

Ce débat exigeant est celui qui permettra aussi de retrouver le fil et l’exigence de nombre de nos politiques communes ! N’ayons pas peur de celui-ci. Mais surtout, n’ayons pas peur d’avoir, pour les élections de 2019, un débat européen ! Et j’entends déjà toutes celles et ceux, frileux, qui se sont habitués à l’idée que les élections européennes, ce serait uniquement un agrégat de débats nationaux, ce serait de petites habitudes où l’on place nos pions, où l’on ne parle jamais d’Europe, mais toutes nos postures. Alimentons les élections européennes d’un projet et voyons qui est pour et qui est contre ! Et ayons un débat démocratique sur celui-ci.

C’est aussi pour construire cet espace démocratique inachevé que je défends, pour 2019, des listes transnationales qui permettront aux Européens de voter pour un projet cohérent et commun. Comment ? Et je rends ici la paternité de cette idée à quelques-uns et quelques-unes dans cette salle… Les Britanniques ont décidé de nous quitter, libérant 73 postes de députés européens. Nous avons un choix simple : nous répartir les dépouilles, avec élégance et dignité ; et décider que l’Europe, à défaut d’avoir un souffle commun, c’est un syndic de copropriété ; avec une clé de répartition savamment étudiée, nous nous répartirons les postes de députés laissés vacants. Ou vous décidez que ces 73 députés doivent être la réponse européenne au Brexit. Et ce sera une liste transnationale où l’on vote pour les mêmes parlementaires européens partout en Europe. Chiche !

Et à tous les grands partis européens qui nous ont expliqué que ce serait formidable d’avoir un « Spitzenkandidat » pour la Commission européenne, qui voulaient communautariser, européaniser ces élections, je leur dis : « Allez jusqu’au bout du raisonnement ! N’ayez pas peur ! Ayez des vraies élections européennes ! N’ayez pas des calculs au trébuchet pour vos intérêts d’hier ! Allons ! » Mais vous verrez ainsi, les uns et les autres au niveau européen, ce qui est apparu clairement en France en mai dernier, c’est que ce qui vous tient parfois dans des partis communs n’existe plus. C’est que votre rapport à l’Europe n’est plus le même, au sein des mêmes grands partis. C’est que vous ne croyez plus dans les mêmes choses.

Je ne laisserai pas à ces grands partis européens, le monopole du débat sur l’Europe et les élections européennes ! Parce qu’il faut que les citoyens le refondent, par la base, par le bas, par le vrai. Et je souhaite qu’aux élections suivantes, le vrai pas en avant puisse être que la moitié du Parlement européen soit élue sur ces listes transnationales.

Ce Parlement, la France l’a souvent vu comme la seconde division de la politique nationale, et je le dis ici devant plusieurs parlementaires français et parlementaires européens. C’est une faute grave. Si l’on veut construire une Europe souveraine, mettre en commun des compétences pour être plus forts, rendre notre politique commerciale plus transparente, contrôler le budget qu’il nous faut pour la zone euro, ce Parlement des européens doit être le creuset de notre projet commun.

Cette ambition, ce doit être notre projet politique avec un horizon : 2024, en tenant ensemble l’urgence d’agir et le sens du temps long.

En 2019, les Européens éliront leurs députés. Ce sera le moment du Brexit. Ce sera aussi, si nous lançons maintenant la refondation de l’Europe, un moment de confiance retrouvée dans notre avenir. Avec un mandat clair, nos députés européens doivent agir pour transformer l’Europe. Et cinq ans plus tard, c’est une Europe nouvelle qu’ils devront laisser à 500 millions d’Européens.

Quelques semaines après les élections européennes, Paris accueillera les Jeux olympiques. Mais ce n’est pas Paris qui reçoit. C’est la France et avec elle, l’Europe qui feront vivre l’esprit olympique né sur ce continent. Ce sera un moment de rassemblement unique, une occasion magnifique de célébrer l’unité européenne. En 2024, l’Hymne à la joie retentira, et le drapeau européen pourra être fièrement arboré aux côtés de nos emblèmes nationaux.

C’est pour cela que ce débat, cette ambition doivent être portés maintenant. C’est le bon moment. Qu’il doit construit pour les élections européennes de 2019. C’est le bon moment ! Et ce mandat de 2019 à 2024, c’est celui de la transformation européenne. Ceux qui vous disent qu’il faut attendre, disent qu’il faut attendre depuis des années ou des décennies. La procrastination, c’est le cousin de cette langueur que j’évoquais tout à l’heure. Ils veulent encore passer une occasion ! Nous sommes bousculés ! Il y a des menaces ! L’audace est notre seule réponse. L’ambition renouvelée, c’est la seule opposition. N’ayons pas peur, avançons.

A quoi ressemblera cette Europe de 2024 ? Je l’ai dit : l’unité de l’Europe, c’est le socle de cette refondation. L’Union européenne en 2024 sera rassemblée autour de deux piliers à mes yeux. Le premier : les valeurs de la démocratie et de l’Etat de droit. Elles ne sont pas négociables, elles ne sont pas « à la carte ». Sur les valeurs, il ne peut pas y avoir une Europe à deux vitesses. Elles sont le ferment de notre unité et de notre liberté. Et à ce titre, je veux saluer le travail constant de la Commission ces derniers mois, et en particulier de Frans TIMMERMANS.

Le deuxième pilier, c’est le marché unique qui reste la meilleure garantie de notre puissance, de notre prospérité, de notre attractivité. Le travail de simplification engagé depuis trois ans par l’actuelle Commission doit être poursuivi et amplifié. Je souhaite que nous reprenions le débat européen que nous avions lancé avant le vote britannique.

Nous avons besoin à 28, d’une Europe plus simple, plus transparente, moins bureaucratique ! Si la vigueur du droit fait la force de l’Europe, la profusion des normes en précipite le rejet. Avec des chefs d’entreprise, des ONG, des panels de citoyens, passons en revue progressivement les règles européennes pour vérifier qu’elles sont adaptées, comprise, utiles.

Simple, efficace, protecteur, le marché unique doit redevenir cet espace de convergence plus que de concurrence. Et il en est de même pour son miroir extérieur qu’est la politique commerciale. J’entends les ambitions portées par certains, mais je leur dis : « Attention, je suis prêt à vous suivre, mais à condition que cette politique commerciale soit profondément renouvelée, profondément changée. Je ne veux pas de nouvelles discussions commerciales avec les règles d’hier, qui nous ont conduits à ces situations absurdes que nous avons aujourd’hui sur l’accord entre l’Europe et le Canada ». Nous avons besoin d’avoir une transparence des négociations et de la mise en œuvre des accords commerciaux. Nous avons besoin d’une exigence sociale et environnementale dans nos débats commerciaux. Et nous avons besoin d’une réciprocité en créant un procureur commercial européen, chargé de vérifier le respect des règles, par nos concurrents, et de sanctionner sans délais toute pratique déloyale.

Pour fonctionner mieux, cette Union européenne ne pourra échapper à la question de ses institutions. Nous ne pourrons pas continuer avec une Commission à près de 30 membres, comme si chacun devait veiller aux intérêts de son pays. Ce n’est ni le sens, ni l’esprit du projet européen. Une Commission de 15 membres devra être notre horizon et pour avancer, soyons simples : que les grands pays fondateurs renoncent à leurs commissaires pour commencer ! Nous donnerons l’exemple. Cela permettra de rassembler les compétences, plutôt que de les fragmenter.

Cette Union du marché et du droit a vocation à accueillir dans quelques années plus largement. Pourquoi ? Parce que cette Union européenne, fondée sur ces valeurs et ce marché unique, ainsi simplifiée, refondée, plus proche de nos citoyens, plus exigeante en matière commerciale, c’est une Europe dont les frontières ne sont pas parachevées.

Cette Union, lorsqu’ils respecteront pleinement l’acquis et les exigences démocratiques, devra s’ouvrir aux pays des Balkans. Car notre Union reste attractive et son aura est un facteur essentiel de paix et de stabilité sur notre continent. Ils devront respecter les conditions prévues, mais les arrimer à l’Union européenne ainsi repensée, c’est une condition pour qu’ils ne tournent pas le dos à l’Europe pour aller ou vers la Russie, ou vers la Turquie, ou vers des puissances autoritaires qui ne défendent pas aujourd'hui nos valeurs.

De la même façon, dans cette Union recentrée sur des valeurs intransigeantes, un marché efficace, dans quelques années, s’il le souhaite, le Royaume-Uni pourra trouver la place qui est la sienne. C’est pourquoi vous ne m’avez pas entendu parler du Brexit cet après-midi. Les discussions sont en cours qui ne définissent pas le futur de l’Europe. Mais dans cette Union européenne repensée, simplifiée que je propose, je ne m’imagine pas que le Royaume-Uni ne puisse trouver sa place.

Si nous pouvons accepter cet élargissement exigeant, c’est aussi parce que le socle renforcé de l’Union européenne permettra des différenciations plus grandes. Et j'assume pleinement cette philosophie. L’Europe est déjà à plusieurs vitesses alors, n’ayons pas peur de le dire et de le vouloir ! C’est parce que ceux qui vont plus vite n’osent plus aller de l’avant que le goût même de cette ambition s’est perdu, que les autres les ont regardés avancer pour finir par se dire : « ça n’a pas l’air d’être si bien cette avant-garde de l’Europe, ils n’osent même plus se réunir, ils n’osent plus proposer, ils n’osent plus avancer ».

Non, allons vers ces différenciations, vers cette avant-garde, ce cœur de l’Europe dont je parlais tout à l’heure. Sur tous nos grands défis, nous devons avancer en accélérant le rythme et en élevant nos ambitions. Aucun État ne doit être exclu de cette dynamique, mais aucun pays ne doit pouvoir bloquer ceux qui veulent avancer plus vite ou plus loin.

Je le dis ici, reprenant les propositions de Mario MONTI et Sylvie GOULARD faites il y a quelques années, l’idée que celui qui veut le moins peut bloquer les autres est une hérésie. Acceptons ces différences multiples et, comme à chaque moment clé de son histoire, l’Europe avancera d’abord par la détermination de quelques-uns. Cette ambition n’est jamais une source d’exclusion, elle est le ferment de l’unité et de la souveraineté européennes.

Le temps où la France décidait pour l’Europe n’a jamais existé, si ce n’est dans les fantasmes de quelques nationalistes égarés. Le temps où la France prétendait décider pour l’Europe a pu exister, ce n’est pas ce que je souhaite faire. Mais le temps où la France propose pour avancer avec l’Europe et avec tous les Européens qui le souhaitent, ce temps-là est revenu, et je pense à cet instant à Robert SCHUMAN le 9 mai 1950, à Paris, osant proposer de construire l’Europe. Je pense à ses mots saisissants lorsqu’il dit : « L’Europe n’a pas été faite et nous avons eu la guerre. »

Alors, aujourd’hui, je prends la responsabilité de proposer, d’aller plus loin, d’oser parler d’Europe et de retrouver pour elle des mots d’affection et d’ambition. Non pas d’imposer, de forcer, de prétendre tout réinventer – beaucoup de choses ont déjà été dites, mais de prendre le risque de proposer une vision cohérente, ambitieuse, de proposer un chemin, un horizon plutôt que de débattre sur des instruments, de prendre le risque indispensable de l’initiative.

Deux jours après les élections chez notre principal partenaire, je veux féliciter à nouveau la chancelière Angela MERKEL avec laquelle je me réjouis de continuer à travailler car nous partageons le même engagement européen et je sais son engagement européen. Je sais aussi pour elle la blessure de voir des discours nationalistes et haineux avoir emporté tant de suffrages. Mais je sais que sa réponse ne sera ni le repli ni la timidité. Je sais que, comme à chaque fois que son pays a été face à des défis historiques, elle aura la même réaction : l’audace et le sens de l’histoire. Et c’est cela ce que je lui propose.

Aussi je propose en premier lieu à l’Allemagne un partenariat nouveau. Nous ne serons pas d’accord sur tout, ou pas tout de suite, mais nous discuterons de tout. À ceux qui disent que la tâche est impossible, je réponds : vous vous êtes habitués à la résignation, pas moi. À ceux qui disent que c’est trop dur, je dis : pensez à Robert SCHUMAN, cinq ans après une guerre dont le sang séchait à peine. Sur tous les sujets que j’ai évoqués, nous pouvons donner une impulsion franco-allemande décisive et concrète. Pourquoi ne pas commencer ensemble l’Agence de l’innovation de rupture, lancer un programme commun d’intelligence artificielle qui ferait de l’Europe le moteur de la croissance mondiale ? Pourquoi ne pas se donner d’ici à 2024 l’objectif d’intégrer totalement nos marchés en appliquant les mêmes règles à nos entreprises, du droit des affaires au droit des faillites ?

Cet esprit pionnier et concret, c’est celui du Traité de l’Élysée. Alors, travaillons et consignons ces engagements communs dans un nouveau traité de coopération que nous pourrons signer ensemble pour le 55e anniversaire du traité fondateur le 22 janvier 2018. Refaisons un Traité de l’Élysée le 22 janvier prochain.

Cette ambition, nous la partageons aussi avec l’Italie. Dès demain, je serai avec le président du Conseil, Paolo GENTILONI, et nous prendrons ensemble des premiers engagements allant dans ce sens. Mais cette vision, c’est avec l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et tant d’autres partenaires que nous la partageons. J’ai rencontré 22 de mes homologues depuis ces quelques mois, je veux travailler avec chacun d’entre eux, avec humilité mais détermination, parce que c’est notre moment.

Le temps où la France propose est revenu et, au-delà, je proposerai donc à tous ceux qui adhèrent à cette volonté d’une Europe souveraine, autour des axes que j’ai tracés, d’une Europe unie et différenciée, d’une Europe démocratique, en adhérant à la démarche des conventions, de lancer dans les prochaines semaines un groupe de la refondation européenne. Il accueillera les représentants de chaque État membre volontaire et associera les institutions européennes.

Avançons dès maintenant. D’ici l’été 2018, il travaillera pour préciser et proposer les mesures qui mettront en œuvre les six clés de la souveraineté en se nourrissant des débats issus des conventions démocratiques.

Vous le voyez, j’arrive à la fin de mon propos et vous ne m’avez presque pas entendu parler d’outils. Car l’obsession de l’Europe a été de parler de traité, de budget, de capacité, de mécanisme plutôt que de parler de projet. Cette méthode ne permet plus d’avancer. Changer un traité n’est pas une fin en soi, c’est un instrument au service d’une ambition. Et prenons là encore les choses dans le bon sens, thème par thème.

Le groupe pour la refondation européenne identifiera les changements nécessaires, sans tabou. Selon les cas, une coopération renforcée, un accord ad hoc, une nouvelle législation sera requise et, si le projet le nécessite, un changement de traité. Je suis prêt à l’assumer.

De la même façon, ne définissons pas le club fermé de celles et ceux qui pourraient y participer, définissons le chemin, la méthode et toutes celles et ceux qui en auront l’ambition, la volonté, la force en seront, sans bloquer les autres, sans les arrêter.

Ces propositions d’actions que je viens de formuler, ces initiatives que je propose aux partenaires qui le souhaitent, ce cap que j’ai voulu tracer devant vous n’ont qu’une ambition, rendre l’Europe à elle‑même et la rendre aux citoyens européens. Nous devons les convaincre que les 70 années que nous venons de vivre ne sont pas le fruit du hasard mais d’une volonté inflexible ancrée dans un optimisme sans partage.

Cette Europe qui a permis de tourner le dos à la guerre, nous devons en retrouver l’ambition. Nous ne savons presque plus rien aujourd’hui des villes détruites, de ces fils qui séparaient, de ces barbelés au cœur de l’Europe, de ces pères, de ces sœurs, de ces enfants qu’on enterre la gorge serrée par le malheur. Nous ne croisons plus dans nos rues les êtres que la guerre a laissés dans un deuil inconsolable parce que le fanatisme et le nationalisme avaient un temps pris le dessus sur la conscience des peuples.

Mais, déjà, nous voyons poindre de nouveau ce qui pourrait détruire cette paix qui nous berce. Alors je vous le dis, toute cette ambition que nous portons, c’est le sursaut des consciences que nous devons assumer au moment où cet obscurantisme se réveille en Europe un peu partout. Posons-nous sérieusement la question de l’avenir que nous voulons et ayons tous ensemble le courage de le construire.

Et je le dis à tous les dirigeants européens, je le dis à tous les parlementaires en Europe, je le dis à tous les peuples européens : regardez notre époque, regardez-la en face et vous verrez que vous n’avez pas le choix, vous n’avez pas le luxe de la génération qui nous a précédés et qui a pu gérer ce qui était acquis et à peine construit. Vous n’avez pas le luxe de celle-ci. Vous n’avez qu’un choix simple, celui de choisir de laisser un peu plus de place à chaque élection aux nationalistes, à ceux qui détestent l’Europe et, dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans, ils seront là. Nous les avons déjà vus gagner ici !

Ou vous avez le choix de prendre vos responsabilités, partout, et de vouloir cette Europe en prenant tous les risques, chacun dans nos pays, parce que cet attachement au cœur, nous devons l’avoir, parce que les cicatrices qui ont balafré notre Europe, ce sont nos cicatrices !

Alors cette ambition, nous devons la porter maintenant. Maintenant, parce que c’est ce temps-là qui est venu, celui du sursaut de nos concitoyens, mais parce que c’est surtout notre responsabilité pour notre jeunesse partout en Europe. La responsabilité que prennent aujourd’hui les gestionnaires, c’est de laisser notre jeunesse dans la main de tous les extrêmes, c’est d’offrir à notre jeunesse un avenir qui n’aura pas notre luxe, celui de choisir son propre destin, c’est de promettre notre jeunesse à tous les bégaiements de l’Histoire.

Alors je le dis à tous les dirigeants d’Europe, quelles que soient nos difficultés, quels que soient les soubresauts, nous n’avons qu’une responsabilité, celle à laquelle notre jeunesse nous oblige, celle pour les générations qui viennent, celle de gagner leur gratitude sinon nous mériterons leur mépris. J’ai choisi.

Je vous remercie.

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  • 7 mai 2024 Visite d'État de XI Jinping, Président de la République populaire de Chine : deuxième journée dans les Hautes-Pyrénées.


Speech on new initiative for Europe



Ministers,

Members of Parliament,

Prefect,

Dean,

University Presidents,

Ladies and gentlemen,


I have come to talk to you about Europe. “Again”, some might exclaim.


People will j ust have to get used to it,

because I will not stop talking about it. Because this is where our battle lies, our history, our identity, our

horizon, what protects us and gives us a future.


“Already? Is it really necessary? ”, others might say. Because for them it is never the right moment to talk

about Europe. It is always too early or too late.


They have got used to such tactics.

It is so much easier to never

explain where we want to go, where we want to lead our people, and to remain with hidden arguments, because

we have simply lost sight of the objective.

It is so much more comfortable to hold long discussions about

instruments, without knowing exactly where we are going.


We have all therefore got used to not saying what we think, what we want, passing it off as tactics.

Experience

shows that this gets us nowhere.


Broaching this subject at the Sorbonne University makes a lot of sense, as I am sure you will agree, Dean.

We

are all aware of the prestige of this lecture theater. But the Sorbonne did not start out as a prestigious building.

It was first and foremost an idea. An idea supported by a few scholars and their disciples who built their future

sitting on straw.


This lecture theater does not make the Sorbonne, however. The Sorbonne lives today because of the idea that

its professors and students have of knowledge: an idea whose vitality has already lived on through eight

centuries. Europe, too, is an idea.


An idea supported for many centuries by pioneers, optimists and visionaries,

and it is always up to us to claim it for our own. Because the best ideas, those which drive us forward, which

improve people’s lives, are always fragile.

And Europe will only live through the idea that we have of it. It is our

responsibility to bring it to life, make it ever better and stronger, to not stop at the form that historic

circumstances have shaped it into.

Because this form may change, but the idea remains, and its ambition must

be ours.


Living collectively was the ideal of Robert de Sorbon. And the intellectuals and scholars came from across

Europe to forge European thought.


Through wars and crises, through all the vagaries of history that have

impacted Europe, this thought has not stopped growing and spreading. And where chaos could have triumphed,

civilization has always won out.


We have inherited all of this history.

We have inherited the two shock waves which could have brought our

Europe to an end, the shock waves of the last century, the two world wars which decimated Europe and could

have overwhelmed us.

But together, we overcame the challenge without ever forgetting the lessons. The idea

rose from the ruins. The desire for fraternity was stronger than retribution and hate.


It was the lucidity of the founding fathers to transform this age-old fight for European hegemony into fraternal

cooperation or peaceful rivalries.

Behind the Coal and Steel Community, or the Common Market, the project

forged a promise of peace, prosperity and freedom.


When Greece, Spain and Portugal entered the Common Market a generation later, these words were not

technical.

They were the symbol of freedom for those leaving dictatorship behind. When what was then known

as Eastern Europe, from Poland to Bulgaria, joined this project a generation later, it was this same hope that

drove us. We could finally repair the story which started in 1947.

For many countries who had lived through the

worst oppression, joining the European Union was an unprecedented promise of emancipation.


Doubtless, we were not sufficiently aware that this much-desired Europe grew up sheltered. Sheltered firstly

from the rest of the world.

Security was not its business: this was performed by America. Its economy already

knew the path to follow: catch up with America.


Sheltered from the people, too. In its early stages the European

project was a mission carried by a few individuals, sewing a torn continent back together by overcoming

populist passions.


This remains the crucial issue. But the barriers behind which Europe could blossom have disappeared. So,

today, it finds itself weaker, exposed to the squalls of today’s globalization and, surely even worse, the ideas

which offer themselves up as preferable solutions.


These ideas have a name: nationalism, identitarianism, protectionism, isolationist sovereignism.

Many times

have these ideas lit the fires where Europe could have perished, and they are back again today in a new guise.

They claim legitimacy because they cynically exploit the people’s fear.


We have ignored their power for too long.

For too long we were sure in our belief that the past would not come back, we thought that the lessons had

been learned, we thought that we could settle into inertia, habit, putting our ambition somewhat to one side,

this hope that Europe had to carry because we took it for granted and risked losing it from sight.


Because the sad passions of Europe have reared their heads once more and are drawing people in.

They know

how to make us forget the concert of misfortunes which it has survived down the centuries.

They reassure us

and, I dare say, they could tomorrow clinch victory, not because the peoples are gullible! Not because the

European idea is dead!

But because our weakness, blindness or lack of awareness have created the conditions

for their victory.


Because we have forgotten that we must stay behind this ambition!

Because we have forgotten

to defend Europe!

Because we have forgotten to stand up for Europe!

Because we have let doubt take hold.


What do they say to our people?

That they have the solution.


That they will protect.

But what are the challenges

we face?

There are many challenges: from climate change to digital transition, migration and terrorism, global

issues to which an inward-facing country can only hope to offer limited responses.


They are lying to the people, but we have let them do it, because we wanted to establish the idea that Europe

had become a powerless bureaucracy.



Throughout Europe, we explained that when there was a constraint, it

was Europe’s fault! When powerlessness was at the door, it was not us but Brussels! And in doing so, forgetting

that Brussels is us, always, at every moment! We stopped proposing, we stopped wanting. I will not cede

anything, anything to those who promote hate, division and national isolationism. I will not allow them to make

any proposals. It is up to Europe to make them, up to us to support them, here and now.


Because yes, we cannot allow ourselves to keep the same habits, the same policies, the same vocabulary, the

same budgets. We can no longer choose to turn inwards within national borders; this would be a collective

disaster. We must not allow ourselves to be intimidated by the illusion of retreat. Only by refusing this lie will

we be able to meet the demands of our time, its urgency, its seriousness.


It is up to us, to you, to map out the route which ensures our future, the one I wish to talk to you about today.

The route of rebuilding a sovereign, united and democratic Europe. Let us together have the audacity to create

this route. As I have done at every point in front of the French people, I would today like to say with resolute

conviction: the Europe of today is too weak, too slow, too inefficient, but Europe alone can enable us to take

action in the world, in the face of the big contemporary challenges.


Only Europe can, in a word, guarantee genuine sovereignty or our ability to exist in today’s world to defend our

values and interests. European sovereignty requires constructing, and we must do it. Why? Because what

constructs and forges our profound identity, this balance of values, this relation with freedom, human rights and

j ustice cannot be found anywhere on the planet. This attachment to a market economy, but also social j ustice.

We cannot blindly entrust what Europe represents, on the other side of the Atlantic or on the edges of Asia. It is

our responsibility to defend it and build it within the context of globalization.


So instead of concentrating all of our energy on our internal divisions, as we have been doing now for far too

long, instead of losing our debates in a European civil war – because from budgetary debates to financial

debates and political debates we are indeed witnessing a European civil war – we must instead consider how to

make a strong Europe, in the world as it is today. And therefore how to build the six keys to sovereignty that

are essential for success.


Confronted with each of these challenges, we now need to take tangible action. The first key, the foundation of

any political community, is security. In Europe, we are seeing a two-fold movement: gradual and inevitable

disengagement by the United States, and a long-term terrorist threat with the stated goal of splitting our free

societies. In these areas, Europe is at last aware of its fragilities and the need to act in concert. We need to step

up the work under way to combat the financing of terrorism and terrorist propaganda online. We have started

doing so, a few of us. We need to enhance our cyber security and create a common area of security and j ustice.

In the area of defense, our aim needs to be ensuring Europe’s autonomous operating capabilities, in

complement to NATO. The basis for this autonomy has been laid, with historic progress in recent months. In

June, we laid the foundations of Defence Europe: Permanent Structured Cooperation, enabling us to make

enhanced commitments, to progress together and to better coordinate ourselves; and also a European De fence

Fund to fund our capacities and research. We are in the process of giving this essential framework content,

through discussions between the various member states who wish to move forward in this area.


But we need to go further. What Europe, De fence Europe, lacks most today is a common strategic culture. Our

inability to work together convincingly undermines our credibility as Europeans. We do not have the same

cultures, be they parliamentary, historical or political, or the same sensitivities. And that cannot be changed in

one day. But I propose trying, straight away, to build that common culture, by proposing a European

intervention initiative aimed at developing a shared strategic culture.


To create this convergence, we need deep-rooted change. I thus propose to our partners that we host in our

national armed forces – and I am opening this initiative in the French forces – service members from all

European countries desiring to participate, as far upstream as possible, in our operational anticipation,

intelligence, planning and support. At the beginning of the next decade, Europe needs to establish a common

intervention force, a common defense budget and a common doctrine for action.


I want this common culture to be expanded, in the fight against terrorism, to our intelligence services. I thus

want a European Intelligence Academy to be created, to strengthen the ties between our countries through

training and exchanges.


In the face of global terrorism, security Europe needs to be our shield. Terrorists are infiltrating all Europe, and

their networks are there. So we must act together, from prevention through to suppression. That is why we

need to create a European Public Prosecutor’s Office for organized crime and terrorism, above and beyond the

current competences that have j ust been established.


As we have seen tragically in recent days, security is not j ust a matter of bombs and assault rifles. Climate

change too is threatening our security like never before, and is taking lives every week in Europe. That is why I

want us to create a European civil protection force, pooling our resources for rescue and intervention, thus

enabling us to respond to disasters that are less and less natural: from fires to hurricanes, from floods to

earthquakes.


A Europe that unites to protect, intervene and save lives is a Europe that has rediscovered the meaning of this

fraternity that we placed at its heart. It is a Europe that moves beyond words to act tangibly and show the

strength of collective action.


The second key is ensuring our sovereignty, at European level, controlling our borders and preserving our

values. The migration crisis is not really a crisis but a long-lasting challenge. It has emerged from the profound

inequalities of globalization. And Europe is not an island. We are here, and our destiny is bound to that of the

Middle East and of Africa. Faced with this challenge, it is once again at European level that we need to act.

Only with Europe can we effectively protect our borders, take in those eligible for asylum decently, truly

integrate them, and at the same time quickly return those not eligible for such protection.


So long as we leave some of our partners submerged under massive arrivals, without helping them manage

their borders; so long as our asylum procedures remain slow and disparate; so long as we are incapable of

collectively organizing the return of migrants not eligible for asylum, we will lack both effectiveness and

humanity.


In the coming years, Europe will have to accept that its major challenge lies there. And we have only one choice,

one alternative: closing in behind our borders, which would be both illusory and ineffective, or the construction

of a common area for borders, asylum and migration.


That is why, in the coming year, I would like to see the adoption of the various texts that are being discussed for

the reform of our migration policy. I would like a genuine European asylum office to be created that will speed

up and harmonize our procedures. I would like us to at last have interconnected databases and secure biometric

identification documents, for in France we currently process tens of thousands of asylum applications that our

European partners have already refused. I would like a European border police force to gradually be put in place,

to ensure rigorous management of borders across Europe and the return of those who cannot stay. And I would

like us to finance – in solidarity – a large-scale program to train and integrate refugees, for it is our common

duty as Europeans to find a place for refugees who have risked their lives, at home and on their way, and we

must not forget that.

But we need to do that without leaving the burden to the few, be they countries of first entry or final host

countries, by building the terms for genuine, chosen, organized and concerted solidarity. And it is through this

foundation and common area that I propose to achieve that.


This solidarity and care for effectiveness begins with the work of each of us. That is why, in France, I have

launched a vast reform to better handle refugees; increase resettlements within our country; speed up asylum

procedures, drawing on the German model; and be more efficient in necessary returns. France is already

beginning to do itself what I want to see for Europe.


We also need to look further, and I want to say clearly that even the most robust borders and most ambitious

security policy will not suffice to curb long-term migration flows. Only stabilization and development in countries

of origin will dry them up. Today’s great migrations are fuelled by the inequalities that have taken root and the

resulting crises. While Europe needs a border, which we must protect and enforce, Europe must above all have

a horizon. That horizon is its foreign policy, which needs clear priorities: the Mediterranean, the heart of our

civilization, first and foremost. We have turned our backs on it, so as not to see its crises. But they are now

scattered across the region.


Our common policy in the Mediterranean and in Africa now needs consolidating. In recent weeks, a few of us

have sought to do so, constantly involving the European Union in the initiatives taken for Libya and for the

Sahel. More generally, however, our European policy can no longer view Africa as a threatening neighbor, but as

the strategic partner with which we need to confront tomorrow’s challenges: youth employment, mobility,

combating climate change, and technological revolutions.


I would like our partnership with Africa to be an aspect of the overhaul of the European project. Development

aid needs to be increased. I have committed to that, for France, and we will increase it each time, year after

year. We will also do it better, because sums alone do not a policy make, and on this subject we are often

obsessed with symbols. And we tend to think that a development policy boils down to figures. We will work

better with civil society.


But this official development aid also needs to be European, with renewed ambition, and as such I am prepared,

I wish, to relaunch on new foundations the project for a European financial transaction tax, in order to finance

this policy.


We know the debate off by heart. Why do these initiatives always end in failure? Because the technical

arrangements we eventually choose penalize one country rather than another. So I have a simple proposal.

There are two countries in Europe which have a tax on financial transactions. There is France, and I say that

with all the more humility because it is one of my predecessors who established it. So let’s take this tax, and

generalize it across Europe, and I am prepared, even willing to give all its receipts to European official

development aid.


But there is another country that also has a financial transaction tax: the United Kingdom, which long before us

had what is known as stamp duty. Some fear unfair competition because, indeed, if we put in place a financial

transaction tax that is excessive – something that was envisaged by certain predecessors for others – and

damages our very ability to create economic activity, that is unsustainable. But if we decide, collectively, to

adopt the British tax, nobody will be able to say that it creates disturbance or distortion of the European Union’s

competitiveness. No! So we should choose one or the other of these simple systems, with a wide base, but at

last, do it! In any case, I will be doing my utmost.


You have understood that the third key to our sovereignty is this foreign policy, this partnership with Africa, this

development policy that must guide us in founding a far-reaching project based on mutual investment,

education, health and energy. If Europe fails to seize this opportunity, others will and if nothing is done, Europe

alone will face all of the consequences.


The fourth key to our sovereignty is being able to address the first of the major global transformations, the

ecological transition. This total transformation is revolutionizing the way we produce, redistribute and behave.

Today Europe is in a period in between, but our choice is simple: do we want to continue producing as we have

in the past, and defend a competitiveness against powers that are making this choice or have already done so,

or do we wish to push forward and become leaders of a new production model that will not only be a model for

the economy, but also a model for society and civilization, enabling a fresh perspective on inequalities and

externalities of a society whose main victims of imbalances are the weakest and most vulnerable?

I have made my choice: I deeply believe that Europe must be a pioneer of an effective and equitable ecological

transition. For this to happen, we need to transform our transport, our housing, our industries. For this to

happen, we need to invest and provide powerful incentives for this transformation. It is first necessary to

establish a fair carbon price, one that is high enough to ensure this transition. Here too, there will be a fight.

Here too, there will be lobbies, resistance saying that it is a good idea but only a few euros. In the coming years,

if we do not have a significant carbon price per tonne so as to develop very different directions for our

economies, then it will be pointless.


Studies have shown that anything below €25 to €30 per tonne is not effective. It is towards this goal that we

should work, and starting today, we must get organized to do so – this is crucial. A significant floor price, a

genuine single price, a genuine transition to trigger this transformation of our economies, supporting sectors in

need, supporting regions that will be victims of these changes with contracts designed to best address the

needs on the ground that will help to promote regions where outdated production models are the most

prevalent so that they can benefit from the creation of new jobs.


This transition also means having a European energy market that really works, therefore finally wanting and

fostering interconnections. For a long time, we slowed their progress, here too, because it was not necessarily

one of our core corporate interests. We need, with Spain, with Portugal, with all of our neighbors, to develop

these interconnections. Why? Because in certain seasons, when renewable energy is produced in large

quantities, we must ensure that all of Europe benefits. At other times, when nuclear energy is indispensable,

low-carbon – no-carbon – and low-cost, we must also pool the benefits. We will have a European energy market

that functions more efficiently if at last we swiftly develop these interconnections.


If this strategy is to be successful, we must also ensure that our manufacturers that are most exposed to

globalization are on an equal footing with competing companies and industries from other regions in the world

that do not have the same environmental requirements. That is why we should have a European border carbon

tax; it is crucial.


The floor price, interconnections, the regional transition contract and border carbon tax are the four pillars of

this ambition for energy in Europe. All of this cannot be done in a day, I am aware of the resistance of some,

but if we refuse to talk about it or move in this direction, I know one thing: it will never be done. Yet we can

give ourselves a firm goal: in five years, in 10 years, we can build transitions to accomplish this, but starting

today, let’s move forward. Europe must spearhead this energy transition and it needs this ambition, this unified

market to build this model.


This European ambition must of course not be solely defensive. That is the reason I am also proposing that a

European industrial support program be established for clean vehicles and that common infrastructure be

deployed to make it possible to cross Europe without damaging it. We need new large-scale projects and this is

one that will reconcile our core industrial ambitions in the area.


A Europe that ensures our demanding vision of sustainable development is also a Europe of food safety and

sovereignty, and I have deliberately placed this ambition here. We must ask ourselves the right questions,

without taboos: is our Common Agricultural Policy protecting our farmers and our consumers? I look back at

recent years, I do not completely have the feeling that it is, and we have come to this paradoxical situation in

which the CAP has become a French taboo while our farmers continue to criticize the way it works.


Agricultural policy should not be a policy which over-administers all of the European Union regions, all of the

sectors and quite often, an income policy roughly accompanying the transition and producing at times complex

plans that we have trouble explaining to our peoples.


European agricultural policy must make it possible for farmers to make a decent living and protect them from

market vagaries and major crises; it must help them evolve over time and build responsible agriculture. There

will always be several agricultural models in Europe and I would like to see every country be able to support this

transformation on the basis of their ambitions and preferences. And this new Common Agricultural Policy, so as

not to be bureaucratic and unfair, must be the instrument of agricultural transition, of our sovereignty in the

face of the major challenges of globalization. It must restore vitality and ambition to our rural regions.


In other words, I would like us to engage with assurance and originality in a Common Agricultural Policy with

two important objectives: protecting us from these considerable risks and volatile global markets that could

threaten Europe’s food sovereignty; and promoting the major European agricultural transition and giving

countries more flexibility in organizing their regions and sectors, reducing bureaucracy, and, at regional level,

allow for more flexible support for industries, wherever choices – which remain collective choices on the ground

– are necessary.

What Europeans are demanding is to be able to have confidence in the foods and products they use on a daily

basis, and that is part of the food safety I was talking about. And here too we see that acting at European level

is vital. This summer we experienced this with what has been called the egg crisis. We saw that when something

goes wrong somewhere in Europe, because of our integrated market, it has consequences everywhere in Europe

that can cast doubt on our food safety, with a perfectly legitimate demand on the part of our citizens to be

truthfully informed about these topics in real time.


We therefore should establish a European investigation and inspection force to tackle fraud, ensure food safety,

and ensure compliance with quality standards throughout Europe. This transformation, we must also carry it

out. And in this respect, I support the choice of President Juncker to end double food standards throughout

Europe and ensure that this investigation and inspection force is the driver of this legitimate convergence.


What Europeans are demanding is to be able to have confidence in the experts that are providing us

information. Our recent debates on glyphosate and endocrine disruptors have proven the need for European

scientific assessment that is more transparent and more independent, with better-funded research so that risks

can be identified and alternatives proposed. This is crucial. Today we have political debates that, at times, seek

to take the place of scientific debate. Science must provide information on the dangers but also independently

and transparently indicate scientifically proven alternatives. In no case must science be eclipsed to the benefit of

political commitments which then become remarks by “experts” or words of authority; nor must it give way to

public discourse which coincides with that of lobbies or industrial interests and makes the collective decisions

our citizens expect of us less transparent.


The fifth key to our sovereignty concerns digital technology. This challenge is also one of an extensive

transformation of our economies, our societies and our very imaginations. The digital transformation is not a

sector of activity, it is not a contemporary anecdote, and Europe has a great deal to both lose and gain from it.

Europe has this singular attachment to a continuous balance between freedom, solidarity and security, and this

is precisely what is at stake in the digital revolution. Europe, which established a catch-up economic model after

the war, must take the lead in this revolution through radical innovation. So yes, throughout Europe, we must do

everything in our power to have these digital champions, to attract talented scientists and entrepreneurs.


I know that some people do not agree with this. It is the economic policy that I wish to conduct in France. We

are no longer living in times in which our economies can develop as if they were closed, as if talented people no

longer moved around and as if entrepreneurs were tied to a post. We can regret this, but this is how it is. This

digital revolution is being led by talented people and it is by attracting them that we will attract others. This is

the direction the government is taking and what the Prime Minister, the Minister of the Economy and Finance,

and the Minister of Innovation, Higher Education and Research, among others, are advocating within the

government.


We will press on with these reforms, but Europe also needs to have ambition in this area. I want Europe to take

a leading role in this revolution through radical innovation. I propose that, over the next two years, we create a

European agency for disruptive innovation in the same vein as the Defense Advanced Research Projects Agency

(DARPA) in the United States during the conquest of space. This must be our ambition. Today, we have a

unique window to do it. We must drive this ambition, finance research in new areas such as artificial

intelligence, and accept risks. Such an agency would make Europe an innovator and not a follower.


And rather than bemoaning the fact that the current leaders in the digital technology are American, to be

followed by the Chinese, we must create European champions, we must invent in this global upheaval fair

securities and efficient regulations. I want a Europe which succeeds in this digital transition, but it is disrupting

our points of reference and our economic and social organization. And today, this digital continent has no

standards, or more precisely, it has a law: the survival of the fittest. It is Europe’s responsibility to define its

regulatory framework so as not to effectively be subject to the survival of the fittest here.


To this end, the digital single market project is a unique opportunity which we must take to create the methods

which will allow us to defend the rules protecting our individual freedoms and confidentiality to which everyone

is entitled, which will allow us to protect our companies’ economic data and create European regulations which

will at the same time provide legitimate protection to persons and companies, which will allow European actors

to emerge in a fair market and which will help compensate for the deep upheaval in the traditional economy

sometimes created by this change. Major digital platforms and data protection are at the core of our sovereignty

in that regard.


Can the same be said of taxation? This is a debate we must have, because I fully believe in this innovation

economy, I fully believe in an open world, but an open world is only worth having if there is fair competition!

And we cannot accept having European actors who must pay tax, while their international counterparts do not,

and digital actors who pay no tax competing with traditional economy actors who do pay tax!

To that end, France, with its partners, has begun supporting an initiative at the level of economy and finance

ministers which I would like to see extended to heads of state and government level, namely the taxation of

value created, where it is produced, which will allow us to overhaul our tax systems and to stringently tax

companies which relocate outside of Europe for the specific purpose of avoiding tax. This is a fair tax because it

taxes across countries the amount of value which is created in each, and simply recalls a fundamental element

of our common and democratic philosophies: that there are common goods to be financed and that all

economic actors must play their part. In the new economy, there can be no actors who are stowaways from the

contemporary world because, as we know, this new economy also creates upheaval and inequality, disrupts

territories and therefore creates situations which require compensation and support which the public authorities

must be able to resolve. It is therefore fair and legitimate that when they make profits elsewhere, they

contribute to this solidarity where they create value.


As you can see, I do not want Europe to simply succeed at this digital transition, but to build a fair framework

for it, a framework which will allow us to uphold our values, the fundamentals of our civilizations and the

essential economic balances. That is why in this digital Europe we must also defend our copyright, and wherever

it exists, we must defend the value created by those who truly create it. And copyright is not a debate from

another era, it is not an outdated debate. People stigmatize France by saying “we already know what you’re

going to say, you’re going to talk to us about copyright.” As talented directors from around Europe know,

without our European imagination – and I will return to that in a moment – Europe is no longer itself; but this is

also a question of j ustice.


Would the digital continent therefore be the only one where the value created does not lie with whoever truly

creates it, but rather with whoever transports it, whoever brings it to its final consumer? So if we are here

today, if we have addressed all the challenges I have j ust mentioned, if we are still standing, it is because we

have had emotions, a common culture, because the authors are the people who etymologically hold what is

most important to us and who hold true authority in Europe. Copyright must therefore be defended in this

contemporary digital space. And it is the dignity of Europe, its very ability to exist and not to break up into a

continent of similar states that means that, to succeed in this transition, we must defend fair remuneration for

all authors and for all forms of digital creation.


The final key to our sovereignty is industrial and monetary economic power. Making the heart of Europe an

economic and industrial power naturally requires the energy and digital technology policies I have j ust

mentioned. It also means having an ambitious space policy and consolidating a competitive European industry

on a global scale. But long-term economic power can only be built around a single currency, which is why I am

so firmly attached to the ambitions of the eurozone. I am not ashamed of belonging to the eurozone, I’m sorry

if some people are, and I think that it neither relieves nor pleases any non-eurozone EU member state that

those who share the euro are afraid to say that they do so in order to do something with it.


Because it is through this Economic and Monetary Union, at its heart, that we can create the heart of an

integrated Europe. I know there are questions and concerns about this issue, and I want to be clear: the

fundamental goal is not to find a mechanism which will magically solve all our problems, if there were one, we

would have already created it. It is not to pool our past debts, nor to solve public financing problems in one

state or another, it is to reduce unemployment, which still affects one young person in five in the eurozone. So

what we need is a long-term economic and political strategy, and our challenge within the eurozone is to work

out how to make it an economic power which can compete with China and the United States, and how to

achieve what for the past 10 years we have failed to do: to create jobs and ensure that today’s generation of

young people are not destined for unemployment because of our failures and instability!


To achieve this, we must all assume our responsibilities, which is why in France we have begun unprecedented

reforms – I had announced them, and the government is now implementing them. Reforms in the labor market,

vocational training and financing the economy will allow us to create growth and employment and to do what we

need to do in France. Because no one would listen to us for a second if our European ambitions were merely a

means of fixing our domestic problems. That is not their purpose, and in light of what we are doing in France, I

will not allow anyone in Europe say that France now has no legitimacy to propose measures. We are making

reforms, we are changing the face of our country, but we are doing so with a European ambition. I have no red

lines – I only have horizons.

And I am shouldering and will continue to shoulder France’s responsibility, because it is in the interests of

France and Europe, but we also need common rules and instruments. We need convergence and stability

through national reforms, but also by coordinating our economic policies and a common budget. If we want to

reduce our differences and develop our common goods – everything I have j ust mentioned, security, protection

in the context of migration, digital transition, ecological transition, a genuine development and partnership

policy – these common goods, foremost among which is our currency, must be financed. And we therefore need

more investment, we need the means to provide stability in the face of economic shocks, as no state can tackle

an economic crisis alone when it no longer controls its monetary policy. So for all these reasons, yes we need a

stronger budget within Europe, at the heart of the eurozone.


This budget’s resources must reflect its ambition. European taxes in the digital or environmental fields could

thus form a genuine European resource to fund common expenditure. And beyond that, we must discuss partly

allocating at least one tax to this budget, such as corporation tax once it has been harmonized.


The solidarity required for a budget must be combined with increased responsibility, which starts by observing

the rules we have set ourselves and implementing essential reforms.


A budgetmust be placed under the strong political guidance of a common minister and be subject to strict

parliamentary control at European level. Only the eurozone with a strong and international currency can provide

Europe with the framework of a major economic power.


So let’s look at the issue the right way round: if the euro is to become the currency of all EU member states

once they meet the criteria, we must quickly create a strong, efficient, inclusive eurozone, and this strength will

benefit all who join it in the future.


The real issue here is unity. European unity – forged through Franco-German reconciliation and the reunification

of Eastern and Western Europe – is our greatest success and most precious asset. In addition to these six

battles for sovereignty, it is the battle for unity I want to lead. We will never have a strong, sovereign Europe if

it is not united and coherent in itself. If we lose this unity, we risk falling back into our deadly divisions and

destructive hegemony. Our challenge is to remain united without chasing uniformity.


Europe’s 28 nember states cannot operate like the original six-member bloc. Our project, the future of our

peoples cannot be based on the lowest common denominator. If we are to cultivate the desire to push ahead

and ensure Europe’s progress benefits everyone, we need to constantly accommodate the driving ambition of

some while allowing others to move ahead at their own speed. Solidarity and culture are the cement that will

bind us together and keep us from fearing the progress of the precursors. I would like to stress the idea of

solidarity, because while we have talked at length over the past ten years about responsibility in Europe, we

have neglected the solidarity between us.


Europe and its single market – its foundations – are not a race to the bottom, as we thought in the early 1990s,

distorting the ambition of the common market, giving the idea that it was an environment for the lowest bidder:

it was the diktat of a market that had lost its sense of direction! This is not what the common market, Europe’s

essence, is about. As Jacques Delors said, it is meant to “create competition that stimulates, cooperation that

strengthens and solidarity that unites” – all at once. We must strike that balance again, without which unbridled

competition will become unsalvageable discord.


This is the aim of my current combat to revise the Posting of Workers Directive, which is no minor issue at a

time when France is also striving to reform its labor market. We must revitalize labor relations, but I will never

do that if I cannot defend those who work in the face of social dumping. Europe does not currently protect

against social dumping and we have allowed a European market to develop that runs contrary to our labor

market’s very philosophy of unity. No matter where I go in Europe, no one is pleased with this situation.


Reforming this directive is a fight for j ustice and social convergence in Europe. In this respect, I applaud Jean-

Claude Juncker’s proposal to create a European Labor Authority to ensure that rules are enforced. Such an

authority is necessary, but we must go further and establish genuine tax and social convergence.


To do this, I have two concrete proposals. The first is corporate taxation. Efforts are already under way, but we

must work faster to harmonize the tax base. And France and Germany should be able to finalize plans within

the next four years. We have the opportunity of a clear mandate – let’s move forward with this. However, it

goes deeper than this: we cannot have such disparate corporation tax rates in the European Union. This tax

divergence fuels discord, destroys our own models and weakens all of Europe.

This is why I would like to see a binding rate range that member states must commit to ahead of the next

European budget in 2020. Compliance with this corridor would determine access to the European Cohesion

Fund, because members cannot enjoy European solidarity and play against the others at the same time. I

commend the European Commission’s recent initiatives in this regard and, through the efforts of Margrethe

Vestager and Pierre Moscovici, its push for certain players and countries to make changes. We must go further:

we cannot have lower corporation taxes financed by our structural funds. Doing so is to take Europe backwards,

to encourage division.


My second proposal is to develop true social convergence and gradually bring our social models closer together.

Doing so is entirely compatible with our global competitiveness. I don’t see any contradiction between these

ambitions. Because we must see the world as it is. A few years ago, some people would say “you know, a pan-

European ambition is a bad idea; competitiveness is our priority.” Those who tried lost their people’s trust.

What did the British people say ahead of the Brexit vote? The British middle class said “your competitiveness is

all good and well, but it is not for me. The attractiveness of London’s financial center is not for me.” When you

listen closely, what were the American people really saying? “This open America, this competitiveness that you

have sold us, isn’t made for us, the middle classes.” Isolationism is gaining ground, wherever democracies have

taken this no-holds-barred approach to competition as far as it can go.


So in Europe, we need a revamped social model: not one stuck in the twentieth century, and not that of a

catch-up economy. We need to set out the terms at European level, as this is the right scale for this battle. I

would like to begin talks as early as November to define the common minimum European social standards, and

to build that floor I would also like to build rules for convergence. We should establish a minimum wage that

takes into account the economic realities of each country, while gradually moving towards convergence.


Our social contributions are too disparate today, and when workers are posted to other countries, the main

source of inequality among inequality today is these contributions. This is why, above and beyond the reforms

on posted workers I would like to see by the end of the year, I propose that the higher rate of social

contributions should be paid, but to the home country. This money would go into a solidarity fund for the less

wealthy countries to support their convergence.


In the coming months, we need to define simple and relevant social convergence criteria to guide the 2020

budget debate and enhance consistency in the structural funds. We also need to create access conditions to the

market and this budget at the heart of Europe, because it is through this convergence that we must integrate

the solidarity I spoke about earlier.


This is what solidarity that unites is: a fair, protective and ambitious Europe. Monnet wanted to unite people.

Sorbon called on people to live together in harmony. The goal remains the same. That is to what we must

always return.


The strongest cement that binds the European Union together will always be culture and knowledge. This

Europe, where every European recognizes their destiny in the figures adorning a Greek temple or in Mona Lisa’s

smile, where they can feel European emotions in the writings of Musil or Proust, this Europe of cafés that

Steiner described, this Europe that Suares called “a law, a spirit, a custom”, this Europe of landscapes and

folklores, this Europe of Erasmus, the continent’s preceptor, who said every young person should “travel the

continent to learn other languages” and “unlearn their natural boorish ways”, this Europe, which has lived

through so many wars and conflicts: what holds it together is its culture.


Our fragmentation is only superficial. In fact, it is our greatest opportunity. Instead of deploring our many

languages, we should make them an asset. Europe must be a place where all students can speak at least two

European languages by 2024. Instead of lamenting the divisions between our countries, let’s step up

exchanges. In 2024, half of students in a given age group should have spent at least six months in another

European country by the time they are 25, whether they are university students or learning a trade. In this

place where pioneers, like those in Bologna, Montpellier, Oxford or Salamanca, believed in the power of

learning, critical thinking and culture, I want us to be worthy of this grand design.


I believe we should create European Universities – a network of universities across Europe with programs that

have all their students study abroad and take classes in at least two languages. These European Universities will

also be drivers of educational innovation and the quest for excellence. We should set for ourselves the goal of

creating at least 20 of them by 2024. However, we must begin setting up the first of these universities as early

as the next academic year, with real European semesters and real European diplomas.


We should begin creating these ties from high school. I want us to begin harmonizing and mutually recognizing

secondary diplomas. As we have already done for university students through the Bologna Process, let’s launch

a Sorbonne Process to create a programme accommodating exchanges, changes and transitions throughout the

European secondary-school system.

Because as Mounier said, “that which is universal speaks to people in several languages, each of which reveals

its own singularity.” These initiatives are not acts of resistance. They are acts of conquest for future generations.

Because what remains at the end is that which unites people! It is this collegiate life together that you will

experience in Paris, Milan, Berlin or Gdansk. This is what matters, what makes up this European cement, this

unbreakable tie that holds Europe together, so that when governments lock horns, when policies change, there

are women and men who can carry these shared histories on.


But most of all, I want you to understand that it is up to your generations to build this Europe in several

languages. A multilingual Europe is a unique opportunity. Europe is not a homogeneous area into which we

must all dissolve. European sophistication is an ability to see all the many parts without which Europe would not

be Europe. But it is also what makes Europeans, when they travel, more than j ust French, j ust Greek, j ust

German or j ust Dutch. They are European, because they have inside of them this universalism of Europe and its

multilingualism.


Europe must be shaped by these languages and it will always be made of the untranslatable. We must work

hard to keep this. Political and journalistic debate is fueled by untranslatable notions. Let me share with you

something I’ve learned: tomorrow, some people will be seeking out the small divergences and the debates

around this speech, and those without any ideas of their own will be focusing on the sticking points, saying

“look, there. . .”. But I’ve noticed that, while there are indeed sticking points at times, they are often not about

fundamental issues. They are about something untranslatable, something that stems from a difference in

language, in culture. The word “debt” is a perfect example: it does not have the same meaning or implications

in France as it does in Germany. We need to consider this when we speak to each other.


Our political debates are always more complicated in Europe than in the rest of the world. Because, in some

ways, the European Sisyphus always has his untranslatable burden to roll up the hill. But this untranslatable

burden is in fact an opportunity. It is the mysterious part inside each of us, and it is the part of us that trusts in

the European project. It is the fact that at a given moment, despite not speaking the same language and having

these unfamiliar and complex differences, we decide to move forward together instead of letting those things

drive us apart. I champion this untranslatable quality, our complex differences, because I want to imagine

Sisyphus happy.


In the end, it is the young people of Europe who must ensure the movement of ideas and people, who must

want Europe. This is what has always united us, more than rigid rules or borders. This is why we must trust in

Europe, in what all of us have learned over the centuries, to find the path of this unity.


Finally, the essence of the European project is democracy. I would even say that it is its greatest strength, what

really fuels it. As in the 1930s, democracy is being accused of weakness. In Europe today there is a fascination

with “illiberal” democracies. There is a fascination with brutal unilateralism, because Europe has supposedly

become ineffective, and with it democracy. I will tirelessly argue the opposite.


For Europe, sovereignty, unity and democracy are inextricably linked. And those who think we could choose

sovereignty without democracy are mistaken! Those who think we could simply, casually, create democratic

“gimmicks” without wanting a project of sovereignty and unity are equally mistaken! We must promote this

indivisible triangle.


But I am telling you very emphatically this afternoon that we have drawn a line under one form of European

integration. The founding fathers built Europe in isolation from the people, because they were an enlightened

vanguard and perhaps because they could do that, and they made progress by proving subsequently that it

worked. Perhaps they enjoyed a trust that is no longer exclusive to leaders; that is how things are. They lived in

another time, when means of communication were not the same.


European democratic doubt – the doubt which the “no” votes in the French and Dutch referendums made us

experience – put an abrupt end to that chapter. And I think we were wrong to move Europe forward in spite of

the people. There was a time when we thought we had to, in a way, shake up our democracies by pushing

Europe forward despite everything. That was a mistake, and that mistake was compounded by a lack of

proposals: we twisted people’s arms and said, “careful, we’ll no longer be making proposals and we’ll no longer

be coming to ask your opinion.” And we entered that “glacial period” when France, like many others, was afraid

to make proposals because it was afraid of something taboo, something dreadful: a treaty change.


The German taboo is financial transfers; the French taboo is treaty change. Ultimately, if we want Europe, both

will happen, I want to reassure everyone of that, but we must stop being afraid of the people. In terms of our

approach, we must simply stop building our Europe in isolation from them. But we mustn’t fall into the trap of

the populists or extremes, which consists in saying: “let’s ask the question in a simplistic way: yes or no?”. We

know the answer: it is always “no”, whatever the question. We need to overhaul the European project, through

and with the people, with much greater democratic stringency than a mere binary question.

That is why, if we want to move forward again, I’d like us to hold democratic conventions that will be an integral

part of Europe’s radical reform. Once we’ve defined the simple terms of a roadmap shared by the main

governments ready to move in that direction. I’d like us to be able – for six months next year, in all the

countries that so wish – to organize a huge debate on the same issues and identify the priorities, concerns and

ideas that will fuel our roadmap for tomorrow’s Europe. Restore proper order to things instead of asking at the

last minute – gripped by fantasies and incomprehension – whether “yes” or “no” to an opaque text written in

secret; we should organize an open, free, transparent European debate in order to build this project that will

finally give content and purpose to our European elections in 2019.


And let me be clear: anyone who is afraid of this has grown too used to the idea that intelligent plans are drawn

up in a complex, opaque way; that’s not true. Anyone who has fallen into the trap of the Europe-haters should

go and ask some of the farmers who are suffering today. They may tell you: “I don’t want anything more to do

with Europe.” That’s the bread-and-butter of the Front National in France! But when you start getting into a

discussion: “OK, so what do you want? What will best protect you?”. they sometimes want another Europe! But

they themselves will come round to the idea that Europe would protect them better than an absurd national

policy.


It’s this robust debate that will also enable us to rediscover the thread and the stringency of many of our

common policies! Let’s not be afraid of that debate. But above all, let’s not be afraid of having a European

debate for the 2019 elections! And I can already hear all those faint-hearted people who have got used to the

idea that European elections are merely an aggregate of national debates, little routines where we place our

pawns, where we never talk about Europe but instead about all our attitudes. Let’s give the European elections

a project to feed on and see who is for and who is against! And let’s have a democratic debate about it.


Also in order to finish building this democratic area, I’m arguing for transnational lists for 2019 that will enable

Europeans to vote for a coherent, common project. How? And here I acknowledge that this idea originated with

a few of the people in this hall… The British have decided to leave us, freeing up 73 seats in the European

Parliament. We have a simple choice. Sharing out the spoils, in a delicate and dignified manner and deciding

that Europe – for lack of a common spirit – is a syndic of co-owners: using a carefully-considered distribution

key, we’d share out the vacated MEPs’ seats. Or we decide that those 73 MEPs must be Europe’s response to

Brexit. And there will be a transnational list where people vote for the same MEPs throughout Europe. I dare

you!


And to all the major European parties which explained to us that it would be tremendous to have a

“Spitzenkandidat”, a lead candidate, for the European Commission, making the elections more European, I say:

“Take that reasoning to its conclusion! Don’t be afraid! Have genuine European elections! Don’t make finely-

weighed calculations for your erstwhile interests! Let’s do it!” But then you will all see, at European level, what

appeared clearly in France in May: namely that what sometimes keeps you in common parties no longer exists,

because your relationship with Europe is no longer the same, within the same major parties, and you no longer

believe in the same things.


I will not leave those major European parties a monopoly on the debate about Europe and the European

elections! Because citizens must overhaul it, via the grassroots, from the bottom up, on the basis of truth. And

at the following elections, I hope the real step forward will be half of the European Parliament being elected on

these transnational lists.


France has often seen the European Parliament as the second division of national politics, and I say it here to

several French members of parliament and MEPs. That’s a serious mistake. If we want to build a sovereign

Europe, pool our competencies in order to be stronger, make our trade policy more transparent and control the

budget we need for the eurozone, this Parliament of Europeans must be the crucible for our shared project.


This ambition must be our political project, with a goal – 2024 –, while maintaining, together, the urgent need

for action and a sense of the long term.


In 2019, Europeans will elect their MEPs. That will be the time of Brexit. If we start overhauling Europe now, it

will also be a time of regained trust in our future, with a clear mandate: our MEPs must act to transform

Europe. And five years later, they will leave 500 million Europeans with a new Europe.


A few weeks after the European elections, Paris will host the Olympic Games. But it’s not j ust Paris that is

hosting. It’s France and, with it, Europe that will keep alive the Olympic spirit born on this continent. It will be a

unique time of coming together, a magnificent opportunity to celebrate European unity. In 2024, the Ode to

Joy will ring out, and the European flag can proudly be flown alongside our national emblems.

That is why this debate, this ambition must be promoted now. This is the right time. Let it be built for the

European elections of 2019. This is the right time! And this term from 2019 to 2024 is that of Europe’s

transformation. Those who tell you we must wait have been saying we must wait for years or decades.

Procrastination is the cousin of that lethargy I was talking about earlier. They want to miss another opportunity!

We have been shaken up! There are threats! Boldness is our only answer. Renewed ambition is the only way of

responding. Let’s not be afraid, let’s move forward.


What will this Europe of 2024 look like? As I have said, Europe’s unity is the basis of this overhaul. The

European Union in 2024 will be brought together on two pillars, in my view. The first represents the values of

democracy and the rule of law. They’re non-negotiable, there can be no cherry-picking. On values, there can be

no two-speed Europe. They are the catalyst for our unity and freedom. And in this respect, I want to pay tribute

to the ongoing work by the Commission in recent months, and in particular that of Frans Timmermans.


The second pillar is the single market, which is still the best guarantee of our power, prosperity and

attractiveness. The work of simplification undertaken over the past three years by the current Commission must

be continued and broadened. I’d like us to resume the European debate we initiated before the British vote.


The 28 of us need a simpler, more transparent, less bureaucratic Europe! If the vitality of the law is Europe’s

strength, the profusion of standards sparks its rejection. Together with business leaders, NGOs and citizens’

panels, we should gradually review European rules to check they are appropriate, understood, useful.


The single market – simple, effective, protecting – must become, once again, an area of convergence rather

than competition. The same goes for its external mirror image, namely trade policy. I hear the ambitions put

forward by some, but I say to them: “Careful, I’m ready to follow you, but only if this trade policy is radically

updated, radically changed. I don’t want new trade talks with yesterday’s rules, which have led us to the absurd

situations we have today on the agreement between Europe and Canada.” We need to have transparent

negotiations and we need the trade agreements to be implemented. We need environmental stringency in our

trade debates. And we need reciprocity, by creating a European trade prosecutor tasked with verifying

adherence to the rules by our competitors and immediately issuing penalties for any unfair practices.


In order to work better, this European Union cannot escape the issue of its institutions. We won’t be able to

continue with a Commission of nearly 30 members, as if they each had to take care of their country’s interests.

That’s neither the meaning nor the spirit of the European project. A 15-strong Commission will have to be our

goal, and in order to make progress let us be simple: the major founding countries should give up their

commissioners, for a start! We will set the example. This will enable us to bring together skills rather than

fragmenting them.


This EU of the market and law has a remit to open itself up more widely in a few years’ time. Why? Because

this European Union – based on values and this single market, simplified and overhauled in this way, closer to

our citizens and more stringent on trade – is a Europe whose borders are not finalized.


When they fully respect the acquis and democratic requirements, this EU will have to open itself up to the

Balkan countries, because our EU is still attractive and its aura is a key factor of peace and stability on our

continent. They’ll have to respect the conditions stipulated, but securing them to a European Union reinvented

in this way is a precondition for their not turning their backs on Europe and moving towards either Russia or

Turkey, or towards authoritarian powers that don’t currently uphold our values.


In the same way, in a few years’ time the UK will be able to find its place, if it wishes, in this EU refocused on

uncompromising values and an effective market. This is why you haven’t heard me talking about Brexit this

afternoon. The discussions under way will not define Europe’s future. But in this revamped, simplified European

Union that I propose, I cannot imagine that the UK would be unable to find its place.


If we can accept this demanding enlargement, it is also because the European Union’s stronger foundation will

allow greater forms of differentiation. And I take full responsibility for this philosophy. Europe is already moving

at several speeds, so we should not be afraid to say so and want it! It’s because those who go faster no longer

dare to forge ahead that the very essence of this ambition has been lost, that the others watched them move

forward and ended up saying, “being in the vanguard of Europe doesn’t look that good, they dare not even

meet, propose or move forward anymore.”


No, let’s embrace the differentiations, the vanguard, the heart of Europe I was talking about earlier. We’ve got

to make progress on all our major challenges, quickening the pace and setting our sights higher. No State must

be excluded from the process, but no country must be able to block those wanting to make faster progress or

forge further ahead.

Let me say, going back to what Mario Monti and Sylvie Goulard proposed a few years ago: the idea that

whoever wants the least can block the others is a heresy. We must accept these many differences and, as at

every key moment in its history, Europe will move forward first of all through the determination of a few. This

ambition is never a source of exclusion, it is the seed of European unity and sovereignty.


The time when France took decisions for Europe never existed, except in the fantasy world of a few misguided

nationalists. The time when France “sought” to take decisions for Europe may have existed; but that is not what

I want to do. But the time when France makes proposals in order to move forward with Europe and every

European who so wishes – that time has returned, and I’m thinking right now of Robert Schuman who, in Paris

on May 9, 1950, was bold enough to propose building Europe. I remember his powerful words: ‘A united

Europe was not achieved and we had war.’”


So today, I take responsibility for making proposals, forging further ahead, being bold enough to talk about

Europe and finding words of affection and ambition for it again. Not imposing, forcing or seeking to reinvent

everything – many things have already been said – but taking the risk of proposing a coherent, ambitious

vision, proposing a way forward, an objective, rather than discussing instruments, and taking the vital risk of

proposing initiatives.


Two days after our main partner’s elections I want again to congratulate Federal Chancellor Merkel, whom I look

forward to going on working with because we share the same European commitment, and I know her

commitment to Europe. I also know how upset she is to see nationalist, hateful discourse winning so many

votes. But I know that her response will be to adopt neither an inward-looking nor a timid approach. I know

that, like each time her country has faced historic challenges, she will have the same reaction: boldness and a

sense of history. And that’s what I suggest to her.


So first of all I am making the proposal to Germany for a new partnership. We will not agree on everything, or

straightaway, but we will discuss everything. To those who say that is an impossible task, I reply: you may be

used to giving up; I am not. To those who say it is too difficult, I say: think of Robert Schuman five years after a

war, from which the blood was barely dry. On all the issues I have talked about, France and Germany can inject

decisive, practical momentum. Why can we not start a “disruptive innovation agency” and launch a joint

artificial intelligence program, which would make Europe a driver of global growth? Why can we not set

ourselves between now and 2024 the goal of completely integrating our markets by applying the same rules to

our businesses, from business law to bankruptcy law?


This pioneering, practical spirit is found in the Élysée Treaty. So let’s get to work and put these joint

commitments into a new cooperation treaty which we could sign together for the 55th anniversary of that

founding treaty, on January 22, 2018. Let’s produce another Élysée Treaty on January 22 next year.


We share this ambition with Italy too. Tomorrow I will be with Prime Minister Paolo Gentiloni, and together we

will be making initial commitments aimed at this. But we also share this vision with Spain, Portugal, Belgium,

the Netherlands, Luxemburg and so many other partners. I have met 22 of my counterparts over the past few

months; I want to work with every one of them, humbly but with determination, because this is our moment.


France’s time for making proposals has returned, so I will be making proposals to everyone who shares this

desire for a sovereign Europe, based on the central objectives I have mapped out: the desire for a united,

differentiated Europe, for a democratic Europe supporting the conventions initiative, for launching in the next

few weeks a group for the refoundation of Europe. This group will include representatives of each participating

Member State and will involve European institutions.


Let’s move forward right now. Between now and summer 2018, the group will work on detailing and proposing

measures which will implement the six keys to sovereignty, drawing on discussions arising from the democratic

conventions.


As you can see, I am coming to the end of my speech and you have heard me say hardly anything about tools.

Because Europe has obsessively talked about treaties, budgets, capabilities and mechanisms, rather than

projects. This approach no longer moves us forward. Changing a treaty is not an end in itself. It is a means to an

end, an ambition. And here too, let’s go about things in the right order, subject by subject.


The group for the refoundation of Europe will identify the necessary changes, with nothing ruled out. Where

appropriate, enhanced cooperation, an ad hoc agreement or new legislation will be required and, if necessary

for the project, there will be a treaty change. I am ready to take responsibility for this.


In the same way, we should not define a closed club for those who could be members of it, let’s define the way

forward, the method, and all those who have the ambition, desire and power will be in it, without blocking or

stopping the others.

There is only one ambition in these proposals for action which I’ve j ust set out, the initiatives I’m proposing to

those partners who want it and the course I wanted to map out before you: to give Europe back to itself and

give it back to European citizens. We must convince them that the past 70 years did not simply happen by

chance but were the fruit of an unyielding determination anchored in sheer optimism.


We have to rediscover the ambition of a Europe which allowed us to turn our backs on war. Today we know

almost nothing any more about the destroyed towns and cities, the barbed wire which divided, which was at the

heart of Europe, the fathers, sisters, children whom people, with a lump in their throats, buried because of

tragedy. We no longer come across people in our streets whom the war left grief-stricken because fanaticism

and nationalism once gained the upper hand over peoples’ consciences.


But we are already seeing the beginnings once again of what could destroy the peace we blissfully enjoy. So I

say to you, this whole ambition we are championing is about giving people’s consciences a jolt; we’ve got to

take responsibility for this at a time when obscurantism is reawakening j ust about everywhere in Europe. Let us

ask ourselves a serious question about the kind of future we want, and find the courage to build it all together.


And I say this to all the European leaders, to all members of parliament in Europe, to all European people: look

at our times, look at them closely and you’ll see that you have no choice, you don’t have the luxury of the

generation preceding us, which could manage what had been achieved and had scarcely been built. You don’t

have the luxury they had. You have only a simple choice: making a bit more room at each election for

nationalists, for those who hate Europe – and, in 5, 10, 15 years they’ll be there. We have already seen them

win here!


Or you can choose to shoulder your responsibilities, everywhere, and want this Europe, taking every risk, each of

us in our own country, because we must have this heartfelt commitment, because the scars which disfigured our

Europe are our scars!


So we must champion this ambition now. Now, because the time has come, a wake-up call for our fellow

citizens, but also because above all it’s our responsibility to our young people throughout Europe. Those in

charge are taking responsibility today for leaving our young people under the influence of every extreme, for

offering them a future which won’t have the luxury we have had – that of choosing one’s own destiny – and for

consigning our young people to a history that repeats itself.


So I say to all Europe’s leaders that whatever our difficulties, whatever the upheavals, we have only one

responsibility: the one our young people require of us, for the generations to come: that of earning their

gratitude, otherwise we will deserve their scorn. I have made my choice.


Thank you.






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