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George Sand. La petite Fadette

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Разработка посвящена творчеству Жорж Санд. Содержит отрывок и резюме романа "Маленькая Фадетта", а также учебные материалы.

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«George Sand. La petite Fadette»

George Sand. La petite Fadette





1. Lisez le texte et répondez aux questions :



1. Qui est George Sand?

2. Pourquoi luttait-elle contre les préjugés d'une société conservatrice ?

3. Par quoi a-t-elle fait scandale toute sa vie ?

4. Quelles relations l’unissait avec de grandes personnalités de son époque ?

5. Quelles sont les dates les plus importantes de son activité littéraire ?

6. Quels genres a-t-elle abordés ?

7. Quels problèmes a-t-elle soulevés dans son oeuvre ?

George Sand 

George Sand est le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant, romancière, auteur dramatique, critique littéraire française, journaliste, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au châteaude Nohant-Vic le 8 juin 1876.Elle compte parmi les écrivains prolifiques avec plus de soixante-dix romans à son actif, cinquante volumes d'œuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques.

À l'image de son arrière grand-mère par alliance qu'elle admire, Madame Dupin , George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice.

George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode, par son pseudonyme masculin, qu'elle adopte dès 1829, et dont elle lance aussi la mode.  Malgré de nombreux détracteurs comme Charles Baudelaire ou Jules Barbey d'Aurevilly, George Sand contribue activement à la vie intellectuelle de son époque, accueillant au domaine de Nohant ou à Palaiseau des personnalités aussi différentes que Franz Liszt, Frédéric Chopin,  Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Eugène Delacroix, conseillant les uns, encourageant les autres. Elle a entretenu une grande amitié avec Victor Hugo par correspondance, ces deux grandes personnalités ne se sont jamais rencontrées.

Elle s'est aussi illustrée par un engagement politique actif à partir de 1848, inspirant Alexandre Ledru-Rollin, participant au lancement de trois journaux : La Cause du peupleLe Bulletin de la Républiquel'Éclaireur, plaidant auprès de Napoléon III la cause de condamnés, notamment celle de Victor Hugo dont elle admirait l'œuvre et dont elle a tenté d'obtenir la grâce après avoir éclipsé Notre Dame de Paris avec Indiana, son premier roman.

Son œuvre est très abondante et la campagne du Berry lui sert souvent de cadre. Ses premiers romans, comme Indiana (1832), bousculent les conventions sociales et magnifient la révolte des femmes en exposant les sentiments de ses contemporaines, chose exceptionnelle à l'époque et qui divisa aussi bien l'opinion publique que l'élite littéraire. Puis George Sand ouvre ses romans à la question sociale en défendant les ouvriers et les pauvres (Le Compagnon du Tour de France) et en imaginant une société sans classes et sans conflit (Mauprat, 1837 - Le Meunier d'Angibault, 1845).

Elle se tourne ensuite vers le milieu paysan et écrit des romans champêtres idéalisés comme La Mare au diable (1846), François le Champi (1848), La Petite Fadette (1849), Les Maîtres sonneurs (1853).

George Sand a abordé d'autres genres comme l'autobiographie (Histoire de ma vie, 1855) et le roman historique avec Consuelo (1843) où elle brosse, à travers la figure d'une cantatrice italienne, le paysage artistique européen du xviiie siècle, ou encore Les Beaux Messieurs de Bois-Doré (1858) qui multiplie les péripéties amoureuses et aventureuses dans le contexte des oppositions religieuses sous le règne de Louis XIII.



II. Après la lecture du résumé de La Petite Fadette, répondez aux questions :



1. Où se déroule l’action du roman ?

2. Quels sont les problèmes essentiels qui y sont soulevés ?

3. Qui sont les personnages du roman ?

4. Quelle est la philosophie du roman  ?


La petite Fadette

Résumé

Pour préserver la bonne santé financière de la famille, après une série d'années peu fructueuses, le père Barbeau, profitant d'une offre de son voisin de prendre un des deux jumeaux à son service, décide qu'il est temps de les séparer. La nouvelle chagrine fort les bessons, alors âgés de 14 ans, qui se mettent d’accord pour que Landry, légèrement plus fort et moins sensible, soit placé chez le père Caillaud, de la Priche. Landry part secrètement le matin pour ne pas chagriner trop son besson. Le soir, Sylvinet va le voir tout chagriné qu’il ne l’ait pas prévenu. Il le devient encore plus lorsque son frère, ne le serre pas contre lui lors de leurs retrouvailles.

Le temps passe. Landry s’accoutume à sa nouvelle situation, mais l’ennui et le chagrin de Sylvinet augmentent, si bien qu’un jour, il s’enfuit et ne revient pas. Alarmé, Landry part à sa recherche, en vain.

Après avoir visité toutes leurs cachettes d'enfance et épuisé toutes ses idées sur la possible localisation de son frère, Landry se résout à demander de l'aide à la vieille Fadet que la rumeur locale dit sorcière, mais celle-ci refuse de l'aider. Dépité, il envisage de rentrer lorsque Françoise Fadet, une fille laide et mal habillée, l'interpelle. Elle est la petite-fille de la vieille Fadet qui s'occupe d'elle et de son frère depuis que leur mère est partie, vraisemblablement pour suivre une troupe de soldats, et que leur père est mort. Elle est surnommée « la Petite Fadette » ou « Grelet » ou « Fanchon » et également prise pour une sorcière. Elle lui indique l’endroit où son frère se cache en échange de la promesse d'obtenir de Landry ce qu’elle voudra. Landry veut tellement voir son frère qu'il accepte et finit par retrouver son frère en suivant les indications de la petite Fadette.

Les jumeaux rentrent à la maison sans que Landry ne révèle à son frère la peur qu’il lui a causée, pour ne pas risquer d'aggraver son chagrin. Après l’accueil froid des parents pour Sylvinet, Landry rentre à la Priche, soucieux de la promesse faite à la Petite Fadette.

Le Grelet, cependant ne vient pas durant toute la saison réclamer sa récompense à Landry qui, lui, tente de l’éviter. Un an plus tard, par une nuit sombre, Landry, qui veut rentrer chez lui, se trompe de chemin, perturbé par la présence d'un feu follet au niveau du gué, et manque de peu de se noyer. La Petite Fadette l’aide à passer la rivière. Landry, n’étant pas ingrat, la remercie. Fadette lui reproche de ne l’avoir même pas remerciée de son aide lors de l'affaire avec Sylvinet, elle qui ne voulait pas d'argent.

Elle exige de Landry, qui veut réparer son erreur, de danser avec elle sept fois pendant la fête du lendemain, la Saint Andoche, et de ne danser avec aucune autre fille. D'abord heureux de s'en tirer à si bon compte, il réalise qu'il ne va pas pouvoir danser avec la Madelon, la nièce du père Caillaud, qu'il courtise depuis quelque temps. Il tient malgré tout sa promesse et constate que la Madelon ne cherche même pas à comprendre et préfère danser avec d'autres garçons alors qu'il en est lui-même bouleversé. Landry et la Madelon finissent par se disputer et Landry décide d'inviter la petite Fadette à danser au milieu de la place pour montrer à la Madelon qu'il n'a pas besoin d'elle. Les gens se moquent de ce couple, et pour défendre la petite Fadette, qu'il ne trouve pas si mauvaise, Landry réprimande les moqueurs et les commères, puis il danse encore avec elle.

Landry rentre chez ses parents et raconte son aventure de la veille à son besson, qui estime que la Petite Fadette lui a joué un tour de sa sorcellerie pour l’humilier pendant la fête du village en le forçant à danser avec elle. Le soir même pour rentrer à la Priche, il emprunte, suivant le conseil de Sylvinet, un autre chemin qui ne passe pas par le gué près duquel il avait croisé le feu follet, tout proche de la maison de la Petite Fadette. Mais, sur le chemin, il entend tout à coup des pleurs et des gémissements. Courageux, et ne voulant laisser personne en danger, il cherche à savoir si quelqu'un a besoin d'aide et finit par trouver Fanchon qui pleure de honte des malheurs qu’elle lui a causé, notamment de l'avoir brouillé avec la Madelon.

S'ensuit une longue discussion entre Landry et la petite Fadette au cours de laquelle Landry révèle ses défauts au Grelet parce qu'il veut l'aider à se faire des amis au village. Ne s'étant jamais rendu compte des qualités humaines de la petite Fadette et de la méchanceté gratuite que tout le monde lui témoigne, il lui parle en toute honnêteté, ce qui impressionne la jeune fille. Se rendant compte qu'il a oublié d'embrasser la Fanchon à la fête, comme cela était la tradition, il essaie de force mais se repent dès qu'il se rend compte que la Fadette ne veut pas. Ils ne se revoient que le dimanche suivant. Elle a accommodé ses vêtements et paraît plus belle que d’habitude.

Une année passe, pendant laquelle la Petite Fadette, qui n’est pas parvenue à changer l’opinion des gens à son égard, rencontre secrètement Landry. La Madelon, qui les surprend un jour alors qu'elle tente elle-même de cacher ses rapports avec le Cadet Caillaud, tout en restant éloignée de l’affaire, fait savoir dans toute la région l’amitié de Landry et Fanchon par jalousie ou vengeance. La nouvelle arrive aux parents de Landry qui le réprimandent et lui reprochent cette amitié. Sylvinet est très jaloux et tombe malade à cause de cette jalousie.

La Petite Fadette s'en va demeurer en ville pour se faire une autre vie et une autre réputation dans l'espoir de revenir et de pouvoir être considérée plus digne de l’amour qu’elle a pour Landry. Juste avant de partir, Landry demande à Fanchon si elle l'aime, elle lui répond que oui et ils s’embrassent, ils s'aiment tous les deux et ils le savent. Sylvinet, égoïste, se réjouit du départ de la Petite Fadette, mais tombe malade aussitôt que son frère se rapproche de lui. Alors, il est décidé d’éloigner les deux bessons, comme l’a recommandé la mère Sagette, la sage-femme, présente à leur naissance.

Landry est donc envoyé dans une dépendance du père Caillaud à Arthon. Trois mois après le départ de Landry, après un an d’absence, la petite Fadette revient soigner sa grand-mère, atteinte de paralysie, qui meurt peu après en lui laissant une très grande fortune. Elle en informe le père Barbeau à qui elle demande de lui compter sa fortune héritée de sa grand-mère qui a gagné beaucoup, mais très peu dépensé, et aussi de la gérer sans que personne n’en connaisse le propriétaire.

Landry, venu voir sa bien-aimée en cachette, lui présente ses sympathies et lui demande de guérir l’âme de son besson. La mère Barbeau demande elle aussi, selon le conseil de la tante de la Petite Fadette, de guérir Sylvinet de sa fièvre, ce qu'elle fait. Le père Barbeau, peu satisfait de la réputation locale de la petite Fadette, mandate quelques enquêtes secrètes à Château-Meillant, la ville où était partie Fanchon. Les conclusions s'avèrent très favorables à Françoise Fadet. Sachant la sincérité et l’honnêteté de l'amour de la jeune fille pour Landry qui ne connaît rien de la richesse de sa bien-aimée, le père décide de leur accorder le droit de se marier.

Cependant, Sylvinet retombe malade, et la Petite Fadette entreprend de lui révéler ses défauts en le réprimandant et refait de même le lendemain mais avec douceur. Elle arrive ainsi à gagner la confiance et l’amitié de Sylvinet qui retrouve sa bonne santé et consent au mariage. Le mariage de Landry et Fanchon, qui est maintenant riche, se fait en même temps que celui de sa sœur Nanette avec Cadet Caillaud, devenu le meilleur ami de Landry. Le petit Jeanet, le frère de Fanchon, demeure tranquillement avec sa sœur. Sylvinet, qui envie trop son frère, et qui semble avoir développé une passion indicible pour sa belle-sœur, s’engage dans l’armée, espérant mourir au combat, pour laisser vivre tranquillement son besson avec Fanchon.



III. Lisez le fragments du roman « La petite Fadette » et répondez aux questions :


1. Où et quand se déroule l’action de ces deux chapitres ?

2. Quels sont les problèmes qui y sont soulevés ?

3. Quelles étaient les traditions de l’alimentation et de l’éducation dans les familles de paysan ?

4. Quelles étaient les relations entre le mari et la femme ?

5. Donnez les caractéristiques physiques et psycologiques des bessons Sylvinet et Landry.

6. Quels sentiments éprouvent les bessons ?

7. Comment les bessons ont-ils décidé de se soumettre ?

8. Quels détails ou faits ont une grande valeur dans la narration ?



I

 Le père Barbeau de la Cosse n’était pas mal dans ses affaires, à preuve qu’il était du conseil municipal de sa commune. Il avait deux champs qui lui donnaient la nourriture de sa famille et du profit par-dessus le marché. Il cueillait dans ses prés du foin à pleins charrois et, sauf celui qui était au bord du ruisseau et qui était un peu ennuyé par le jonc, c’était du fourrage connu dans l’endroit pour être de première qualité.

La maison du père Barbeau était bien bâtie, couverte en tuile, établie en bon air sur la côte, avec un jardin de bon rapport et une vigne de six journaux. Enfin il avait, derrière sa grange, un beau verger, que nous appelons chez nous une ouche, où le fruit abondait tant en prunes qu’en guignes, en poires et en cormes. Mêmement, les noyers de ses bordures étaient les plus vieux et les plus gros de deux lieues aux entours.

Le père Barbeau était un homme de bon courage, pas méchant, et très porté pour sa famille, sans être injuste à ses voisins et paroissiens.

Il avait déjà trois enfants quand la mère Barbeau, voyant sans doute qu’elle avait assez de bien pour cinq et qu’il fallait se dépêcher, parce que l’âge lui venait, s’avisa de lui en donner deux à la fois, deux beaux garçons ; et, comme ils étaient si pareils qu’on ne pouvait presque pas les distinguer l’un de l’autre, on reconnut bien vite que c’étaient deux bessons, c’est-à-dire deux jumeaux d’une parfaite ressemblance.

La mère sagette, qui les reçut dans son tablier comme ils venaient au monde, n’oublia pas de faire au premier-né une petite croix sur le bras avec son aiguille parce que, disait-elle, un bout de ruban ou un collier peut se confondre et faire perdre le droit d’aînesse. Quand l’enfant sera plus fort, dit-elle, il faudra lui faire une marque qui ne puisse jamais s’effacer ; à quoi l’on ne manqua pas. L’aîné fut nommé Sylvain, dont on fit bientôt Sylvinet, pour le distinguer de son frère aîné, qui lui avait servi de parrain ; et le cadet fut appelé Landry, nom qu’il garda comme il l’avait reçu au baptême parce que son oncle, qui était son parrain, avait gardé de son jeune âge la coutume d’être appelé Landriche.

Le père Barbeau fut un peu étonné, quand il revint du marché, de voir deux petites têtes dans le berceau.

— Oh ! oh ! fit-il, voilà un berceau qui est trop étroit. Demain matin, il me faudra l’agrandir.

Il était un peu menuisier de ses mains, sans avoir appris, et il avait fait la moitié de ses meubles. Il ne s’étonna pas autrement et alla soigner sa femme, qui but un grand verre de vin chaud et ne s’en porta que mieux.

— Tu travailles si bien, ma femme, lui dit-il, que ça doit me donner du courage. Voilà deux enfants de plus à nourrir, dont nous n’avions pas absolument besoin ; ça veut dire qu’il ne faut pas que je me repose de cultiver nos terres et d’élever nos bestiaux. Sois tranquille ; on travaillera ; mais ne m’en donne pas trois la prochaine fois, car ça serait trop.

La mère Barbeau se prit à pleurer, dont le père Barbeau se mit fort en peine.

— Bellement, bellement, dit-il, il ne faut te chagriner, ma bonne femme. Ce n’est pas par manière de reproche que je t’ai dit cela, mais par manière de remerciement, bien au contraire. Ces deux enfants-là sont beaux et bien faits ; ils n’ont point de défauts sur le corps et j’en suis content.

— Alas ! mon Dieu, dit la femme, je sais bien que vous ne me les reprochez pas, notre maître ; mais moi j’ai du souci, parce qu’on m’a dit qu’il n’y avait rien de plus chanceux et de plus malaisé à élever que des bessons. Ils se font tort l’un à l’autre et, presque toujours, il faut qu’un des deux périsse pour que l’autre se porte bien.

— Oui-da ! dit le père : est-ce la vérité ? Tant qu’à moi, ce sont les premiers bessons que je vois. Le cas n’est point fréquent. Mais voici la mère sagette qui a de la connaissance là-dessus et qui va nous dire ce qui en est.

La mère sagette étant appelée répondit :

— Fiez-vous à moi ; ces deux bessons-là vivront bel et bien, et ne seront pas plus malades que d’autres enfants. Il y a cinquante ans que je fais le métier de sage-femme et que je vois naître, vivre ou mourir tous les enfants du canton. Ce n’est donc pas la première fois que je reçois des jumeaux. D’abord, la ressemblance ne fait rien à leur santé. Il y en a qui ne se ressemblent pas plus que vous et moi, et souvent il arrive que l’un est fort et l’autre faible ; ce qui fait que l’un vit et que l’autre meurt ; mais regardez les vôtres, ils sont chacun aussi beau et aussi bien corporé que s’il était fils unique. Ils ne se sont donc pas fait dommage l’un à l’autre dans le sein de leur mère ; ils sont venus à bien tous les deux sans trop la faire souffrir et sans souffrir eux-mêmes. Ils sont jolis à merveille et ne demandent qu’à vivre. Consolez-vous donc, mère Barbeau, ça vous sera un plaisir de les voir grandir ; et, s’ils continuent, il n’y aura guère que vous et ceux qui les verront tous les jours qui pourrez faire entre eux une différence ; car je n’ai jamais vu deux bessons si pareils. On dirait deux petits perdreaux sortant de l’œuf ; c’est si gentil et si semblable, qu’il n’y a que la mère-perdrix qui les reconnaisse.

— À la bonne heure ! fit le père Barbeau en se grattant la tête ; mais j’ai ouï dire que les bessons prenaient tant d’amitié l’un pour l’autre, que quand ils se quittaient ils ne pouvaient plus vivre et qu’un des deux, tout au moins, se laissait consumer par le chagrin jusqu’à en mourir.

— C’est la vraie vérité, dit la mère sagette ; mais écoutez ce qu’une femme d’expérience va vous dire. Ne le mettez pas en oubliance ; car, dans le temps où vos enfants seront en âge de vous quitter, je ne serai peut-être plus de ce monde pour vous conseiller. Faites attention, dès que vos bessons commenceront à se reconnaître, de ne pas les laisser toujours ensemble. Emmenez l’un au travail pendant que l’autre gardera la maison. Quand l’un ira pêcher, envoyez l’autre à la chasse ; quand l’un gardera les moutons, que l’autre aille voir les bœufs au pacage ; quand vous donnerez à l’un du vin à boire, donnez à l’autre un verre d’eau, et réciproquement. Ne les grondez point ou ne les corrigez point tous les deux en même temps ; ne les habillez pas de même ; quand l’un aura un chapeau, que l’autre ait une casquette, et que surtout leurs blouses ne soient pas du même bleu. Enfin, par tous les moyens que vous pourrez imaginer, empêchez-les de se confondre l’un avec l’autre et de s’accoutumer à ne pas se passer l’un de l’autre. Ce que je vous dis là, j’ai grand peur que vous ne le mettiez dans l’oreille du chat ; mais si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour.

La mère sagette parlait d’or et on la crut. On lui promit de faire comme elle disait, et on lui fit un beau présent avant de la renvoyer. Puis, comme elle avait bien recommandé que les bessons ne fussent point nourris du même lait, on s’enquit vitement d’une nourrice.

Mais il ne s’en trouva point dans l’endroit. La mère Barbeau, qui n’avait pas compté sur deux enfants et qui avait nourri elle-même tous les autres, n’avait pas pris ses précautions à l’avance. Il fallut que le père Barbeau partît pour chercher cette nourrice dans les environs ; et pendant ce temps, comme la mère ne pouvait pas laisser pâtir ses petits, elle leur donna le sein à l’un comme à l’autre.

Les gens de chez nous ne se décident pas vite et, quelque riche qu’on soit, il faut toujours un peu marchander. On savait que les Barbeau avaient de quoi payer et on pensait que la mère, qui n’était plus de la première jeunesse, ne pourrait point garder deux nourrissons sans s’épuiser. Toutes les nourrices que le père Barbeau put trouver lui demandèrent donc dix-huit livres par mois, ni plus ni moins qu’à un bourgeois.

Le père Barbeau n’aurait voulu donner que douze ou quinze livres, estimant que c’était beaucoup pour un paysan. Il courut de tous les côtés et disputa un peu sans rien conclure. L’affaire ne pressait pas beaucoup ; car deux enfants si petits ne pouvaient pas fatiguer la mère, et ils étaient si bien portants, si tranquilles, si peu braillards l’un et l’autre, qu’ils ne faisaient presque pas plus d’embarras qu’un seul dans la maison. Quand l’un dormait, l’autre dormait aussi. Le père avait arrangé le berceau, et quand ils pleuraient tous deux à la fois, on les berçait et on les apaisait en même temps.

Enfin le père Barbeau fit un arrangement avec une nourrice pour quinze livres et il ne se tenait plus qu’à cent sous d’épingles, lorsque sa femme lui dit :

— Bah ! notre maître, je ne vois pas pourquoi nous allons dépenser cent quatre-vingts ou deux cents livres par an, comme si nous étions des messieurs et dames, et comme si j’étais hors d’âge pour nourrir mes enfants. J’ai plus de lait qu’il n’en faut pour cela. Ils ont déjà un mois nos garçons, et voyez s’ils ne sont pas en bon état ! La Merlaude que vous voulez donner pour nourrice à un des deux n’est pas moitié si forte et si saine que moi ; son lait a déjà dix-huit mois, et ce n’est pas ce qu’il faut à un enfant si jeune. La sagette nous a dit de ne pas nourrir nos bessons du même lait pour les empêcher de prendre trop d’amitié l’un pour l’autre, c’est vrai qu’elle l’a dit ; mais n’a-t-elle pas dit aussi qu’il fallait les soigner également bien, parce que, après tout, les bessons n’ont pas la vie tout à fait aussi forte que les autres enfants ? J’aime mieux que les nôtres s’aiment trop, que s’il faut sacrifier l’un à l’autre. Et puis, lequel des deux mettrons-nous en nourrice ? Je vous confesse que j’aurais autant de chagrin à me séparer de l’un comme de l’autre. Je peux dire que j’ai bien aimé tous mes enfants mais, je ne sais comment la chose se fait, m’est avis que ceux-ci sont encore les plus mignons et les plus gentils que j’aie portés dans mes bras. J’ai pour eux un je ne sais quoi qui me fait toujours craindre de les perdre. Je vous en prie, mon mari, ne pensez plus à cette nourrice ; nous ferons pour le reste tout ce que la sagette a recommandé. Comment voulez-vous que des enfants à la mamelle se prennent de trop grande amitié, quand c’est tout au plus s’ils connaîtront leurs mains d’avec leurs pieds quand ils seront en sevrage ?

— Ce que tu dis là n’est pas faux, ma femme, répondit le père Barbeau en regardant sa femme, qui était encore fraîche et forte comme on en voit peu ; mais si, pourtant, à mesure que ces enfants grossiront, ta santé venait à dépérir ?

— N’ayez peur, dit la Barbeaude, je me sens d’aussi bon appétit que si j’avais quinze ans, et d’ailleurs, si je sentais que je m’épuise, je vous promets que je ne vous le cacherais pas et il serait toujours temps de mettre un de ces pauvres enfants hors de chez nous.

Le père Barbeau se rendit, d’autant plus qu’il aimait bien autant ne pas faire de dépense inutile. La mère Barbeau nourrit ses bessons sans se plaindre et sans souffrir, et même elle était d’un si beau naturel que, deux ans après le sevrage de ses petits, elle mit au monde une jolie petite fille, qui eut nom Nanette, et qu’elle nourrit aussi elle-même. Mais c’était un peu trop, et elle eût eu peine à en venir à bout si sa fille aînée, qui était à son premier enfant, ne l’eût soulagée de temps en temps en donnant le sein à sa petite sœur.

De cette manière toute la famille grandit et grouilla bientôt au soleil, les petits oncles et les petites tantes avec les petits neveux et les petites nièces, qui n’avaient pas à se reprocher d’être beaucoup plus turbulents ou plus raisonnables les uns que les autres.

II

 Les bessons croissaient à plaisir sans être malades plus que d’autres enfants et, mêmement, ils avaient le tempérament si doux et si bien façonné qu’on eût dit qu’ils ne souffraient point de leurs dents ni de leur croît, autant que le reste du petit monde.

Ils étaient blonds et restèrent blonds toute leur vie. Ils avaient tout à fait bonne mine, de grands yeux bleus, les épaules bien avalées, le corps droit et bien planté, plus de taille et de hardiesse que tous ceux de leur âge, et tous les gens des alentours qui passaient par le bourg de Cosse s’arrêtaient pour les regarder, pour s’émerveiller de leur retirance, et chacun s’en allait disant : « C’est tout de même une jolie paire de gars. »

Cela fut cause que, de bonne heure, les bessons s’accoutumèrent à être examinés et questionnés et à ne point devenir honteux et sots en grandissant. Ils étaient à leur aise avec tout le monde et, au lieu de se cacher derrière les buissons comme font les enfants de chez nous quand ils aperçoivent un étranger, ils affrontaient le premier venu, mais toujours très honnêtement, et répondaient à tout ce qu’on leur demandait sans baisser la tête et sans se faire prier. Au premier moment, on ne faisait point entre eux de différence et on croyait voir un œuf et un œuf. Mais, quand on les avait observés un quart d’heure, on voyait que Landry était une miette plus grand et plus fort, qu’il avait le cheveu un peu plus épais, le nez plus fort et l’œil plus vif. Il avait aussi le front plus large et l’air plus décidé, et mêmement un signe que son frère avait à la joue droite, il l’avait à la joue gauche et beaucoup plus marqué. Les gens de l’endroit les reconnaissaient donc bien ; mais cependant il leur fallait un petit moment et, à la tombée de la nuit ou à une petite distance, ils s’y trompaient quasi tous, d’autant plus que les bessons avaient la voix toute pareille et que, comme ils savaient très bien qu’on pouvait les confondre, ils répondaient au nom l’un de l’autre sans se donner la peine de vous avertir de la méprise. Le père Barbeau lui-même s’y embrouillait quelquefois. Il n’y avait, ainsi que la sagette l’avait annoncé, que la mère qui ne s’y embrouillât jamais, fût-ce à la grande nuit, ou du plus loin qu’elle pouvait les voir venir ou les entendre parler.

En fait, l’un valait l’autre, et si Landry avait une idée de gaieté et de courage de plus que son aîné, Sylvinet était si amiteux et si fin d’esprit qu’on ne pouvait pas l’aimer moins que son cadet. On pensa bien, pendant trois mois, à les empêcher de trop s’accoutumer l’un à l’autre. Trois mois, c’est beaucoup en campagne, pour observer une chose contre la coutume. Mais, d’un côté on ne voyait point que cela fit grand effet ; d’autre part, M. le curé avait dit que la mère sagette était une radoteuse et que ce que le bon Dieu avait mis dans les lois de la nature ne pouvait être défait par les hommes, si bien qu’on oublia peu à peu tout ce qu’on s’était promis de faire. La première fois qu’on leur ôta leur fourreau pour les conduire à la messe en culottes, ils furent habillés du même drap car ce fut un jupon de leur mère qui servit pour les deux habillements, et la façon fut la même, le tailleur de la paroisse n’en connaissant point deux.

Quand l’âge leur vint, on remarqua qu’ils avaient le même goût pour la couleur, et quand leur tante Rosette voulut leur faire cadeau à chacun d’une cravate, à la nouvelle année, ils choisirent tous deux la même cravate lilas au mercier colporteur qui promenait sa marchandise de porte en porte sur le dos de son cheval percheron. La tante leur demanda si c’était pour l’idée qu’ils avaient d’être toujours habillés l’un comme l’autre. Mais les bessons n’en cherchaient pas si long ; Sylvinet répondit que c’était la plus jolie couleur et le plus joli dessin de cravate qu’il y eût dans tout le ballot du mercier et de suite Landry assura que toutes les autres cravates étaient vilaines.

— Et la couleur de mon cheval, dit le marchand en souriant, comment la trouvez-vous ?

— Bien laide, dit Landry. Il ressemble à une vieille pie.

— Tout à fait laide, dit Sylvinet. C’est absolument une pie mal plumée.

— Vous voyez bien, dit le mercier à la tante, d’un air judicieux, que ces enfants-là ont la même vue. si l’un voit jaune ce qui est rouge, aussitôt l’autre verra rouge ce qui est jaune, et il ne faut pas les contrarier là-dessus car on dit que quand on veut empêcher les bessons de se considérer comme les deux empreintes d’un même dessin, ils deviennent idiots et ne savent plus du tout ce qu’ils disent.

Le mercier disait cela parce que ses cravates lilas étaient mauvais teint et qu’il avait envie d’en vendre deux à la fois.

Par la suite du temps, tout alla de même, et les bessons furent habillés si pareillement qu’on avait encore plus souvent lieu de les confondre et, soit par malice d’enfant, soit par la force de cette loi de nature que le curé croyait impossible à défaire, quand l’un avait cassé le bout de son sabot, bien vite l’autre écornait le sien du même pied ; quand l’un déchirait sa veste ou sa casquette, sans tarder, l’autre imitait si bien la déchirure, qu’on aurait dit que le même accident l’avait occasionnée : et puis, mes bessons de rire et de prendre un air sournoisement innocent quand on leur demandait compte de la chose.

Bonheur ou malheur, cette amitié-là augmentait toujours avec l’âge, et le jour où ils surent raisonner un peu, ces enfants se dirent qu’ils ne pouvaient pas s’amuser avec d’autres enfants quand un des deux ne s’y trouvait pas ; et, le père ayant essayé d’en garder un toute la journée avec lui tandis que l’autre restait avec la mère, tous les deux furent si tristes, si pâles et si lâches au travail, qu’on les crut malades. Et puis quand ils se retrouvèrent le soir, ils s’en allèrent tous deux par les chemins, se tenant par la main et ne voulant plus rentrer, tant ils avaient d’aise d’être ensemble, et aussi parce qu’ils boudaient un peu leurs parents de leur avoir fait ce chagrin-là. On n’essaya plus guère de recommencer car il faut dire que le père et la mère, mêmement les oncles et les tantes, les frères et les sœurs avaient pour les bessons une amitié qui tournait un peu en faiblesse. Ils en étaient fiers à force d’en recevoir des compliments, et aussi parce que c’était, de vrai, deux enfants qui n’étaient ni laids, ni sots, ni méchants. De temps en temps, le père Barbeau s’inquiétait bien un peu de ce que deviendrait cette accoutumance d’être toujours ensemble quand ils seraient en âge d’homme et, se remémorant les paroles de la sagette, il essayait de les taquiner pour les rendre jaloux l’un de l’autre, s’ils faisaient une petite faute il tirait les oreilles de Sylvinet, par exemple, disant à Landry : Pour cette fois, je te pardonne à toi, parce que tu es ordinairement le plus raisonnable. Mais cela consolait Sylvinet d’avoir chaud aux oreilles, de voir qu’on avait épargné son frère, et Landry pleurait comme si c’était lui qui avait reçu la correction. On tenta aussi de donner, à l’un seulement, quelque chose dont tous deux avaient envie ; mais tout aussitôt, si c’était chose bonne à manger, ils partageaient ; ou si c’était toute autre amusette ou épelette à leur usage, ils le mettaient en commun ou se le donnaient et redonnaient l’un à l’autre, sans distinction du tien et du mien. Faisait-on à l’un un compliment de sa conduite, en ayant l’air de ne pas rendre justice à l’autre, cet autre était content et fier de voir encourager et caresser son besson et se mettait à le flatter et à le caresser aussi. Enfin, c’était peine perdue que de vouloir les diviser d’esprit ou de corps, et comme on n’aime guère à contrarier des enfants qu’on chérit, même quand c’est pour leur bien, on laissa vite aller les choses comme Dieu voulut ; ou bien on se fit de ces petites picoteries un jeu dont les deux bessons n’étaient point dupes. Ils étaient fort malins et quelquefois, pour qu’on les laissât tranquilles, ils faisaient mine de se disputer et de se battre ; mais ce n’était qu’un amusement de leur part et ils n’avaient garde, en se roulant l’un sur l’autre, de se faire le moindre mal ; si quelque badaud s’étonnait de les voir en bisbille, ils se cachaient pour rire de lui, et on les entendait babiller et chantonner ensemble comme deux merles dans une branche.

Malgré cette grande ressemblance et cette grande inclination, Dieu, qui n’a rien fait d’absolument pareil dans le ciel et sur la terre, voulut qu’ils eussent un sort bien différent, et c’est alors qu’on vit que c’étaient deux créatures séparées dans l’idée du bon Dieu, et différentes dans leur propre tempérament.

On ne vit la chose qu’à l’essai, et cet essai arriva après qu’ils eurent fait ensemble leur première communion. La famille du père Barbeau augmentait, grâce à ses deux filles aînées qui ne chômaient pas de mettre de beaux enfants au monde. son fils aîné, Martin, un beau et brave garçon, était au service ; ses gendres travaillaient bien mais l’ouvrage n’abondait pas toujours. Nous avons eu dans nos pays une suite de mauvaises années, tant pour les vimaires du temps que pour les embarras du commerce, qui ont délogé plus d’écus de la poche des gens de campagne qu’elles n’y en ont fait rentrer, si bien que le père Barbeau n’était pas assez riche pour garder tout son monde avec lui, et il fallait bien songer à mettre ses bessons en condition chez les autres. Le père Caillaud, de la Priche, lui offrit d’en prendre un pour toucher ses bœufs, parce qu’il avait un fort domaine à faire valoir et que tous ses garçons étaient trop grands ou trop jeunes pour cette besogne-là. La mère Barbeau eut grand peur et grand chagrin quand son mari lui en parla pour la première fois. On eût dit qu’elle n’avait jamais prévu que la chose dût arriver à ses bessons, et pourtant elle s’en était inquiétée leur vie durant ; mais, comme elle était grandement soumise à son mari, elle ne sut que dire. Le père avait bien du souci aussi pour son compte, et il prépara la chose de loin. D’abord les deux bessons pleurèrent et passèrent trois jours à travers bois et près, sans qu’on les vît, sauf à l’heure des repas. Ils ne disaient mot à leurs parents, et quand on leur demandait s’ils avaient pensé à se soumettre, ils ne répondaient rien mais ils raisonnaient beaucoup quand ils étaient ensemble.

Le premier jour ils ne surent que se lamenter tous deux et se tenir par les bras comme s’ils avaient crainte qu’on ne vînt les séparer par force. Mais le père Barbeau ne l’eût point fait. Il avait la sagesse d’un paysan, qui est faite moitié de patience et moitié de confiance dans l’effet du temps. Aussi, le lendemain, les bessons voyant qu’on ne les taboulait point et que l’on comptait que la raison leur viendrait, se trouvèrent-ils plus effrayés de la volonté paternelle qu’ils ne l’eussent été par menaces et châtiments.

— Il faudra pourtant bien nous y ranger, dit Landry, et c’est à savoir lequel de nous s’en ira ; car on nous a laissé le choix, et le père Caillaud a dit qu’il ne pouvait pas nous prendre tous les deux.

— Qu’est-ce que ça me fait que je parte ou que je reste, dit Sylvinet, puisqu’il faut que nous nous quittions ? Je ne pense seulement pas à l’affaire d’aller vivre ailleurs ; si j’y allais avec toi, je me désaccoutumerais bien de la maison.

— Ça se dit comme ça, reprit Landry, et pourtant celui qui restera avec nos parents aura plus de consolation et moins d’ennui que celui qui ne verra plus ni son besson, ni son père, ni sa mère, ni son jardin, ni ses bêtes, ni tout ce qui a coutume de lui faire plaisir.

Landry disait cela d’un air assez résolu ; mais Sylvinet se remit à pleurer ; car il n’avait pas autant de résolution que son frère, et l’idée de tout perdre et de tout quitter à la fois lui fit tant de peine qu’il ne pouvait plus s’arrêter dans ses larmes.

Landry pleurait aussi, mais pas autant, et pas de la même manière ; car il pensait toujours à prendre pour lui le plus gros de la peine, et il voulait voir ce que son frère en pouvait supporter afin de lui épargner tout le reste. Il connut bien que Sylvinet avait plus peur que lui d’aller habiter un endroit étranger et de se donner à une famille autre que la sienne.

— Tiens, frère, lui dit-il, si nous pouvons nous décider à la séparation, mieux vaut que je m’en aille. Tu sais bien que je suis un peu plus fort que toi et que, quand nous sommes malades, ce qui arrive presque toujours en même temps, la fièvre se met plus fort après toi qu’après moi. On dit que nous mourrons peut-être si l’on nous sépare. Moi je ne crois pas que je mourrai ; mais je ne répondrais pas de toi, et c’est pour cela que j’aime mieux te savoir avec notre mère, qui te consolera et te soignera. De fait, si l’on fait chez nous une différence entre nous deux, ce qui ne paraît guère, je crois bien que c’est toi qui es le plus chéri, et je sais que tu es le plus mignon et le plus amiteux. Reste donc, moi je partirai. Nous ne serons pas loin l’un de l’autre. Les terres du père Caillaud touchent les nôtres et nous nous verrons tous les jours. Moi j’aime la peine et ça me distraira, et comme je cours mieux que toi, je viendrai plus vite te trouver aussitôt que j’aurai fini ma journée. Toi, n’ayant pas grand-chose à faire, tu viendras en te promenant me voir à mon ouvrage. Je serai bien moins inquiet à ton sujet que si tu étais dehors et moi dedans la maison. Par ainsi, je te demande d’y rester.




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