СДЕЛАЙТЕ СВОИ УРОКИ ЕЩЁ ЭФФЕКТИВНЕЕ, А ЖИЗНЬ СВОБОДНЕЕ

Благодаря готовым учебным материалам для работы в классе и дистанционно

Скидки до 50 % на комплекты
только до

Готовые ключевые этапы урока всегда будут у вас под рукой

Организационный момент

Проверка знаний

Объяснение материала

Закрепление изученного

Итоги урока

Marc Levy. Sept jours pour une éternité

Нажмите, чтобы узнать подробности

Марк Леви - один из самых популярных писателей по обе стороны океана.

Просмотр содержимого документа
«Marc Levy. Sept jours pour une éternité»

Marc Levy. Sept jours pour une éternité

I. Lisez le texte et parlez de Marc Levy. Quel était son premier roman ?

Marc Levy est un auteur français né le 16 octobre 1961 à Boulogne-Billancourt et rendu célèbre dès son premier roman, Et si c'était vrai..., adapté au cinéma en 2005.

Son père, Raymond Lévy, connu comme écrivain et résistant, évadé du train de déportés qui les emmenait vers Dachau, est évoqué par Marc Levy dans son ouvrage Les enfants de la liberté. Après guerre, il travaille dans un magasin avant de reprendre les éditions d'art de son beau-père. Sa mère est agente immobilière.

Marc Levy entre à dix-huit ans à la Croix-Rouge, tout d’abord comme secouriste, et y reste six ans en poursuivant des études de gestion et d’informatique à l’université Paris-Dauphine.

En 1983, il crée sa première entreprise avec deux associés (Mickael Bendavid et Xavier Poncin), Logitec France, basée au départ dans les locaux du quai Voltaire à Paris puis à Boulogne-Billancourt (à ne pas confondre avec un certain nombre de sociétés au nom similaire).

En 1988, il ouvre une unité chargée de développer une carte de traitement d'images à Sophia Antipolis avec les ingénieurs de la société américaine Spectrum Holobyte. Le projet échoue, ce qui aboutit en 1989 à la perte de contrôle de la société, qui déposera le bilan quelques mois plus tard.

Repartant de zéro, à 29 ans, il fonde avec son beau-frère (le frère de sa première femme) un cabinet d’architecture de bureau, Eurythmic Cloiselec.

En 2000, après l'immense succès de son premier roman de gare Et si c'était vrai aux Éditions Robert Laffont, Marc Levy démissionne à 38 ans de son cabinet d'architecture et part habiter à Londres pour se consacrer exclusivement à l'écriture. L'ouvrage est traduit dans une quarantaine de langues, publié dans 32 pays et se vend à 5 millions d'exemplaires, restant classé durant deux ans sur les listes de meilleures ventes. DreamWorks SKG en acquiert les droits d'adaptation cinématographique. Le film, intitulé en langue originale Just Like Heaven, réalisé par Mark Waters, interprété par Reese Witherspoon et Mark Ruffalo, se classe premier du box-office américain lors de sa sortie en 2005.

II. Lisez le fragment de son roman Sept jours pour une éternité et répondez aux questions :

1. Où et quand se déroule l’action de ce fragment?

2. Quels sont les problèmes qui y sont soulevés ?

3. Qui sont les héros principaux du fragment ?

4. Dégagez l’idée principale  de ce fragment.

5. Composez les questions sur le contenu de cet extrait et répondez à ces questions.

6. Donnez la caractéristique d’un des personnages.

7. Quels détails ou faits ont une grande valeur dans la narration ?

8. Que pensez-vous, en général, de cet extrait du texte ?



– Si vous voulez bien relever votre main pour que je puisse nettoyer mon comptoir!

Le patron du Fisher's Deli avait tiré Lucas de sa rêverie.

– Pardon?

– Il y a du verre sous vos doigts, vous allez vous couper.

– Ne vous faites pas de souci pour moi. Qui était-ce?

– Une jolie femme, ce qui est assez rare par ici!

– Oui, c'est pour ça que j'aime bien le quartier! coupa Lucas aussi sec. Vous n'avez pas répondu à ma question.

– C'est ma barmaid qui vous intéresse? Désolé, mais je ne donne pas d'information sur mon personnel, vous n'avez qu'à revenir et lui demander vous-même, elle reprend demain à dix heures.

Lucas plaqua sa main sur le comptoir en zinc. Les morceaux de verre explosèrent en mille éclats. Le propriétaire de l'établissement recula d'un pas.

– Je me fous complètement de votre serveuse! Connaissez-vous la jeune femme qui est partie avec elle? reprit Lucas.

– C'est une de ses amies, elle travaille à la sécurité du port, c'est tout ce que je peux vous dire.

D'un geste vif, Lucas s'empara du torchon fiché dans la ceinture du patron. Il épousseta sa paume qui étrangement n'avait pas la moindre égratignure. Puis il lança le morceau de chiffon dans la poubelle placée derrière le comptoir.

Le patron du Fisher's Deli fronça les sourcils.

– T'inquiète pas, mon vieux, dit Lucas en regardant sa main intacte. C'est comme pour marcher sur les braises, il y a un truc, il y a toujours un truc!

Puis il se dirigea vers la sortie. Sur le perron de l'établissement, il ôta un minuscule éclat qui s'était fiché entre son index et son majeur.

Il avança vers le cabriolet, se pencha par-dessus la portière et en desserra le frein à main. La voiture qu'il avait volée glissa lentement vers la bordure du quai et bascula. Dès que la calandre pénétra dans les flots, le visage de Lucas s'éclaira d'un sourire, aussi intense que celui d'un enfant.

Pour lui, le moment où l'eau envahissait l'habitacle en entrant par la vitre (qu'il prenait toujours soin de laisser entrouverte) était un moment de pure joie. Mais ce qu'il préférait le plus, c'étaient les grosses bulles qui s'évadaient du pot d'échappement – juste avant que la combustion ne s'étouffe. Quand elles éclataient à la surface, leurs «blobblob» étaient irrésistibles.

Lorsque la foule se massa pour voir les feux arrière de la Camaro disparaître dans les eaux troubles du port, Lucas marchait déjà loin dans l'allée, mains dans les poches.

– Je crois que je viens de trouver une perle rare, murmura-t-il en s'éloignant. Si je ne gagne pas, ce serait bien le diable.


*


Zofia et Mathilde dînaient face à la baie, devant l'immense vitre qui surplombait Beach Street. «Notre meilleure table», avait précisé le maître d'hôtel eurasien d'un sourire qui ne cachait rien de sa denture proéminente. La vue était magnifique. A gauche, le Golden Gate, fier de ses ocres, rivalisait de beauté avec le Bay Bridge, le pont argenté d'un an son aîné. Devant elles, les mâts des voiliers se balançaient lentement dans l'enceinte de la marina à l'abri des grandes houles. Des allées de gravier parcellisaient les carrés de pelouse qui s'étendaient jusqu'à l'eau. Les promeneurs du soir les empruntaient, jouissant de la température clémente de ce début d'automne.

Le serveur déposa deux cocktails maison et une corbeille de chips de crevettes sur leur table. «Cadeau de la maison», dit-il en présentant les menus. Mathilde demanda à Zofia si elle était une habituée. Les prix lui semblaient très élevés pour une modeste employée de l'administration. Zofia répondit que le patron les invitait.

– Tu fais sauter les PV?

– Juste un service rendu il y a quelques mois, rien du tout, je t'assure, rétorqua-t-elle, presque confuse.

– J'ai un petit contentieux avec tes rien du tout! Quel genre de service?

Zofia avait rencontré le propriétaire de l'établissement un soir, sur les docks. Il y marchait le long du quai, attendant que l'on dédouane une livraison de vaisselle en provenance de Chine.

La tristesse de son regard avait attiré l'attention de Zofia; elle avait redouté le pire quand il s'était penché près du bord, fixant l'eau saumâtre pendant un long moment. Elle s'était approchée de lui et avait engagé la conversation; il avait fini par lui confier que sa femme voulait le quitter apres quarante-trois années de mariage.

– Quel âge a sa femme? demanda Mathilde, intriguée.

– Soixante-douze ans!

– Et on pense à divorcer à soixante-douze ans? questionna Mathilde en réprimant difficilement le rire qui la gagnait.

– Si ton mari ronfle depuis quarante-trois ans, tu peux y penser très fort, voire même toutes les nuits.

– Tu as ressoudé le couple?

– Je l'ai convaincu de se faire opérer en lui promettant que cela ne lui ferait pas mal. Les hommes sont tellement douillets.

– Tu crois qu'il aurait vraiment sauté?

– Il avait jeté son alliance à l'eau!

Mathilde leva les yeux au ciel, elle fut fascinée par le plafond du restaurant entièrement décoré de vitraux de chez Tiffany's. Il donnait à la salle un air de cathédrale. Zofia partageait son avis et lui resservit une bouchée de poulet.

Intriguée, Mathilde se passa la main dans les cheveux.

– C'est vrai, cette histoire de ronflement?

Zofia la regarda et ne résista pas au sourire qui la gagnait.

– Non!

– Ah! Alors qu'est-ce que nous fêtons? demanda Mathilde en levant son verre.

Zofia parla vaguement d'une promotion dont elle avait fait l'objet le matin même. Non, elle ne changeait pas d'affectation et, non, elle n'était pas augmentée, et tout ne se ramenait pas non plus à des considérations matérielles. Si Mathilde voulait bien cesser de ricaner, elle pourrait peut-être lui expliquer que certaines tâches apportaient bien plus que de l'argent ou de l'autorité: une forme subtile d'achèvement personnel. Le pouvoir acquis sur soi-même au bénéfice – et non au détriment – des autres pouvait être très doux.

– Ainsi soit-il! ricana Mathilde.

– Décidément, avec toi, ma vieille, je suis loin d'être au bout de mes peines, répliqua Zofia, dépitée.

Mathilde saisissait la bouteille de saké en bambou pour remplir leurs deux verres, lorsqu'en l'espace d'une seconde le visage de Zofia se métamorphosa. Elle agrippa le poignet de son amie et la souleva pratiquement de son fauteuil.

– Sors d'ici, fonce vers la sortie! hurla Zofia.

Mathilde resta figée. Leurs voisins de table, tout aussi étonnés, regardèrent Zofia qui vociférait en tournoyant sur elle-même, à l'affût d'une menace invisible.

– Sortez tous, sortez aussi vite que vous le pouvez et éloignez-vous d'ici, dépêchez-vous!

L'assemblée hésitante la regardait, se demandant quelle mauvaise farce se jouait. Le gérant de l'établissement accourut vers Zofia, les mains jointes en un geste de supplication pour que celle qu'il considérait comme une amie cesse de perturber le bon ordre de son établissement. Zofia le prit énergiquement par les épaules et le supplia de faire évacuer la salle, sans attendre. Elle le conjura de lui faire confiance, c'était une question de secondes. Liu Tran n'était pas tout à fait un sage, mais son instinct ne lui avait jamais fait défaut. Il frappa deux coups secs dans ses mains et les quelques mots qu'il prononça en cantonais suffirent à animer un ballet de serveurs déterminés. Les hommes en livrée blanche tiraient en arrière les chaises des convives qu'ils guidaient prestement vers les trois sorties de l'établissement.

Liu Tran resta au milieu de la salle qui se vidait. Zofia l'entraîna par le bras vers une des issues, mais il résista, avisant Mathilde, pétrifiée à quelques mètres d'eux. Elle n'avait pas bougé.

– Je sortirai le dernier, dit Liu au moment même où un aide-cuisinier courait hors de la cuisine en hurlant.

Une explosion d'une violence inouïe souffla les lieux. Le lustre monumental fut disloqué par l'onde de choc qui ravagea la salle; il tomba lourdement sur le sol. Le mobilier semblait comme aspiré au travers de la grande baie dont les vitres pulvérisées s'éparpillaient sur la chaussée en contrebas. Des milliers de petits cristaux rouges, verts et bleus pleuvaient sur les décombres. L'âcre fumée grise qui envahissait la salle à manger s'éleva en épaisses volutes par la façade béante. Au grondement qui suivit le cataclysme succéda un silence étouffant. Garé en contrebas, Lucas referma la vitre de la nouvelle voiture qu'il avait volée une heure plus tôt. Il avait une sainte horreur de la poussière et plus encore que les choses ne se passent pas comme il les avait prévues.

Zofia repoussa le buffet massif qui s'était couché sur elle. Elle se frotta les genoux et enjamba une desserte retournée. Elle observa le désordre qui s'étendait autour d'elle. Sous le squelette du grand luminaire, dégarni de tous ses apparats, gisait le restaurateur, la respiration saccadée et difficile. Zofia se précipita vers lui. Liu grimaçait, terrassé par la douleur. Le sang affluait dans ses poumons, comprimant un peu plus son cœur à chaque inspiration. Au loin, les sirènes des pompiers se faisaient écho dans les rues de la ville.

Zofia supplia Liu de tenir bon.

– Vous êtes inestimable, soupira le vieux Chinois.

Elle prit sa main; Liu saisit la sienne et la posa sur son torse qui sifflait comme un pneu percé. Même mal en point, ses yeux savaient lire la vérité. Il trouva quelques forces ultimes pour murmurer que, grâce à Zofia, il n'était pas inquiet. Il savait que, dans son grand sommeil éternel, il ne ronflerait pas. Il ricana, provoquant une quinte de toux.

– Quelle chance pour mes futurs voisins! Ils vous doivent beaucoup!

Un reflux de sang émergea de sa bouche, s'écoulant sur sa joue pour venir se fondre au rouge du tapis. Le sourire de Liu se raidit.

– Je pense qu'il faut vous occuper de votre amie, je ne l'ai pas vue sortir.

Zofia regarda tout autour d'elle mais ne vit aucune trace de Mathilde ni d'aucun autre corps.

– Près de la porte, sous le vaisselier, supplia Liu en toussant une nouvelle fois.

Zofia se releva. Liu la retint par le poignet et plongea ses yeux dans les siens.

– Comment avez-vous su?

Zofia contempla l'homme, les derniers rayons de vie s'échappaient de ses prunelles dorées.

– Vous le comprendrez dans quelques instants.

Alors, le visage de Liu s'éclaira d'un immense sourire, et tout son etre s’apaisa.

– Merci pour cette marque de confiance.

Ce furent là les dernières paroles de Mr. Tran. Ses pupilles devinrent aussi infimes que la pointe d'une aiguille, ses paupières cillèrent et sa joue s'abandonna au creux de la main de sa toute dernière cliente. Zofia lui caressa le front.

– Pardonnez-moi de ne pas vous accompagner, dit-elle en reposant doucement la tête inerte du restaurateur.

Elle se releva, écarta une petite commode qui gisait les quatre pieds en l'air et se dirigea vers le grand meuble couché. De toutes ses forces, elle le repoussa et découvrit Mathilde, inconsciente, une grande fourchette à canard plantée dans la jambe gauche.

Le faisceau de la lampe du pompier balaya le sol, ses pas crépitaient sur les gravats. Il s'approcha des deux femmes et décrocha aussitôt l'émetteur récepteur du holster accroché à son épaule pour annoncer qu'il avait trouvé deux victimes.

– Une seule! reprit Zofia en s'adressant à lui.

– Tant mieux, dit un homme, en veston noir, qui scrutait au loin les décombres.

Le chef des pompiers haussa les épaules.

– C'est probablement un agent fédéral. Maintenant, ils arrivent presque avant nous quand ça explose quelque part, ronchonna-t-il en apposant un masque à oxygène sur le visage de 'Mathilde.

Il s'adressa à l'un de ses équipiers qui venait de les rejoindre:

– Elle a une jambe fracturée, peut-être un bras aussi, elle est inconsciente. Préviens les paramédicaux pour qu'ils l'évacuent tout de suite.

Il désigna le corps de Tran.

– Et lui là-bas, comment est-il?

– Il est trop tard! répondit l'homme au complet veston, depuis l'autre bout de la salle.

Zofia tenait Mathilde dans ses bras et tâchait d'étouffer la tristesse qui noyait sa gorge.

– Tout ça est ma faute, je n'aurais pas dû nous amener ici.

Elle regarda le ciel par la fenêtre éclatée, sa lèvre inférieure tremblotait.

– Ne la reprenez pas maintenant! Elle pouvait y arriver, elle était sur la bonne voie. Nous étions convenus de quelques mois avant de décider de quoi que ce soit. Une parole est une parole!

Étonnés, les deux ambulanciers qui s'étaient approchés d'elle lui demandèrent si tout allait bien. Elle les rassura d'un simple mouvement de la tête. Ils lui proposèrent de l'oxygène, elle n'en voulait pas. Ils la prièrent alors de s'écarter, elle recula de quelques pas et les deux sauveteurs déposèrent Mathilde sur une civière et se dirigèrent aussitôt vers la sortie. Zofia avança jusqu'à ce qui restait de la baie vitrée. Elle ne quitta pas des yeux le corps de son amie qui disparaissait dans l'ambulance. Les tourbillons des gyrophares rouges et orange de l'unité 02 s'estompèrent au son de la sirène qui s'éloignait vers le San Francisco Memorial Hospital.

– Ne culpabilisez pas, ça nous arrive à tous d'être au mauvais endroit et au mauvais moment, c'est le destin!

Zofia sursauta. Elle avait reconnu la voix grave de celui qui tentait de la réconforter aussi gauchement. Lucas s'approchait d'elle en plissant les yeux.

– Qu'est-ce que vous faites là? demanda-t-elle.

– Je croyais que le commandant des pompiers vous l'avait déjà dit, répondit-il en ôtant sa cravate.

– … Et comme tout semble indiquer qu'il s'agit d'une banale explosion de gaz en cuisine ou au pire d'une affaire criminelle, le gentil agent fédéral va pouvoir rentrer chez lui et laisser faire les généralistes. Les milieux terroristes n'ont aucune raison de chasser le canard à l'orange!

La voix aussi éraillée que bourrue de l'inspecteur de police avait interrompu leur conversation.

– A qui avons-nous l'honneur? demanda Lucas d'un ton persifleur qui trahissait son agacement.

– A l'inspecteur Pilguez de la police de San Francisco, lui répondit Zofia.

– Je suis content que cette fois vous me reconnaissiez! dit Pilguez à Zofia, ignorant totalement la présence de Lucas. À l'occasion, vous m'expliquerez votre petit numéro de ce matin.

– Je ne souhaitais pas que nous ayons à expliquer les circonstances de nos premières rencontres, pour proteger Mathilde, ajouta Zofia. Les ragots se diffusent plus vite que la brume sur les docks.

– Je vous ai fait confiance en la laissant sortir plus tôt que prévu, alors je vous remercierais d'en faire autant à mon sujet. Le tact n'est pas forcément interdit dans la police! Cela étant dit, vu l'état de la petite, on aurait peut-être mieux fait de la laisser purger sa peIne.

– Jolie définition du tact, inspecteur! reprit Lucas en les saluant tous deux.

Il traversa l'ouverture béante où gisaient les restes de la double porte monumentale expédiée d'Asie à grands frais.

Avant de regagner son véhicule, Lucas apostropha Zofia de la rue.

– Je suis désolé pour votre amie.

Sa Chevrolet noire disparut quelques secondes plus tard à l'intersection de Beach Street.

Zofia ne pouvait fournir aucun éclaircissement à l'inspecteur. Seul un terrible pressentiment l'avait conduite à presser tous les occupants de quitter l'établissement. Pilguez lui fit remarquer que ses explications étaient un peu légères au regard du nombre de vies qu'elle venait de sauver. Zofia n'avait rien d'autre à ajouter. Peut-être avait-elle détecté inconsciemment l'odeur de gaz qui s'échappait dans le faux plafond de la cuisine. Pilguez grogna: les dossiers tordus où l'inconscient avait son mot à dire avaient une fâcheuse tendance à s'attacher à lui ces dernières années.

– Prévenez-moi quand vous aurez établi les conclusions de votre enquête, j'ai besoin de savoir ce qui s’est passe.

Il la laissa libre de quitter les lieux. Zofia retourna à sa voiture. Le pare-brise était fendu de part et d'autre, et la carrosserie marron repeinte d'un gris poussière parfaitement uniforme. Sur la route qui la conduisait vers les urgences, elle croisa plusieurs camions de pompiers qui continuaient à affluer vers les lieux du drame. Elle gara la Ford, traversa le parking et entra dans le sas. Une infirmière vint à sa rencontre et lui indiqua que Mathilde était en salle d'examen. Zofia remercia la jeune femme et prit place sur une des banquettes vides de la salle d'attente.


*


Lucas klaxonna de deux coups impatients. Assis dans sa guérite, le gardien appuya sur un bouton sans détourner le regard du petit écran: les Yankees menaient confortablement. La barrière se souleva et la Chevrolet avança, feux éteints, jusqu'au bord de la jetée. Lucas ouvrit sa fenêtre et jeta le mégot de sa cigarette. Il amena le levier de vitesse sur la position neutre et sortit du véhicule en laissant tourner le moteur. D'un coup de pied sur le pare-chocs arrière, il donna l'impulsion juste nécessaire pour que la voiture glisse en avant et bascule du quai. Les mains sur les hanches, il contempla la scène, ravi. Quand la dernière bulle d'air eut éclaté, il se retourna et marcha joyeusement en direction du parking. Une Honda couleur olive semblait n'attendre que lui. Il en crocheta la serrure, ouvrit le capot, arracha la trompe de l'alarme et la lança au loin. Il s'installa et contempla, peu enthousiaste, l'intérieur en plastique. Il sortit son trousseau de clés et choisit celle qui lui paraissait le mieux convenir. Le moteur au son aigu se mit à tourner aussitôt.

– Une japonaise verte, on aura tout vu! maugréa t-il en desserrant le frein à main.

Lucas regarda sa montre, il était en retard et il accéléra. Assis sur un plot d'amarrage, un clochard nommé Jules haussa les épaules en regardant la voiture s'éloigner, un ultime «blob» mourut à la surface.




Скачать

Рекомендуем курсы ПК и ППК для учителей

Вебинар для учителей

Свидетельство об участии БЕСПЛАТНО!