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Prosper Mérimée. Colomba

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Разработка посвящена творчеству Проспера Мериме. Содержит отрывок и резюме новеллы "Коломба", а также учебные материалы

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«Prosper Mérimée. Colomba»

Prosper Mérimée. Colomba



I. Lisez le texte et répondez aux questions :

1. Qui est Prosper Mérimée ?

2. Quelle était le domaine d’intérêt professionnel de Mérimée ?

3. Par quoi se caractérisent l’écriture et l’œuvre littéraire de Prosper Mérimée ?

4. Quels étaient les reproches à l’égard de son styl ?

5. Comment s’appelle son seul roman ?

6. Par quoi est influencée son oeuvre ?

7. Quelles étaient les sources d’inspiration de l’auteur ?

8. Quels ouvrages de Mérimée étaient attribués à des auteurs imaginaires ?

9.  Quels ouvrages étaient publiés sous le voile de l’anonyme ?

10. Par quoi se caractérisent les récits de Prosper Mérimée ?

11. Nommez les ouvrages les plus connus de Prosper Mérimée. 

Prosper Mérimée

Prosper Mérimée, né le 28 septembre 18031 à Paris et mort le 23 septembre 1870 à Cannes2, est un écrivain, historien et archéologue français. Issu d'un milieu bourgeois et artiste, Prosper Mérimée fait des études de droit avant de s'intéresser à la littérature et de publier dès 1825 des textes, en particulier des nouvelles, qui le font connaître et lui vaudront d'être élu à l'Académie française en 1844.

En 1831, il entre dans les bureaux ministériels et devient en 1834 inspecteur général des Monuments historiques. Il effectue alors de nombreux voyages d'inspection à travers la France et confie à l'architecteEugène Viollet-le-Duc la restauration d'édifices en péril comme la basilique de Vézelay en 1840, laCathédrale Notre-Dame de Paris en 1843 ou la Cité de Carcassonne, à partir de 1853. Proche de l'impératrice Eugénie, il est fait sénateur en 1853 et anime les salons de la cour, par exemple avec sa fameuse dictée en 1857. Il publie alors moins de textes littéraires, pour se consacrer à des travaux d'historien et d'archéologue et initiant, à partir de 1842, un classement des monuments historiques auquel la Base Mérimée créée en 1978 rend hommage.

L’œuvre littéraire de Prosper Mérimée relève d'« une esthétique du peu3 » et son écriture se caractérise par la rapidité et l'absence de développements qui créent une narration efficace et un réalisme fonctionnel adaptés au genre de la nouvelle, mais ce style a parfois disqualifié les œuvres de Mérimée auxquelles on a reproché leur manque de relief, ainsi Victor Hugo qui écrit : « Le paysage était plat comme Mérimée ». Si le Théâtre de Clara Gazul n'a pas marqué l'époque, il n'en va pas de même pour ses nouvelles qui jouent sur l'exotisme (la Corse dans Mateo Falcone et Colomba ou l'Andalousie dans Carmen, que popularisera l'opéra de Georges Bizet en 1875), sur le fantastique (Vision de Charles XI, La Vénus d'Ille,Lokis) ou sur la reconstitution historique (L'Enlèvement de la redoute, Tamango). L'Histoire est d'ailleurs au centre de son seul roman : Chronique du règne de Charles IX (1829).

Les honneurs lui vinrent au milieu de l’existence littéraire d’un homme ayant fait, pendant quarante ans de l’archéologie, de l’histoire et surtout des romans. Mérimée aime le mysticisme, l’histoire et l’inhabituel. Il a été influencé par la fiction historique popularisée par Walter Scott et par la cruauté et les drames psychologiques d’Alexandre Pouchkine. Les histoires qu’il raconte sont souvent pleines de mystères et ont lieu à l’étranger, l’Espagne et la Russie étant des sources d’inspiration fréquentes. Une de ses nouvelles a inspiré l’opéra Carmen.

Cultivant à la fois le monde et l’étude, Prosper Mérimée, qui travaillait, à ses heures et suivant ses goûts, de courts écrits, bien accueillis dans les revues avant de paraître en volumes, avait conquis la célébrité, dès ses débuts, avec deux ouvrages apocryphes, attribués à des auteurs imaginaires : le Théâtre de Clara Gazul, comédienne espagnole (1825) de Joseph Lestrange, et la Guzla, recueil de prétendus chants illyriens d’Hyacinthe Maglanovitch (1827).

La première de ces publications, l’une des plus complètes mystifications littéraires, précipita la révolution romantique en France, en stimulant les esprits par l’exemple de productions romantiques étrangères. Toutefois, les pièces de Clara Gazul ne paraissaient pas faites pour la scène et, lorsque plus tard Mérimée fut en position d’y faire accepter l’une d’elles, le Carrosse du Saint-Sacrement, elle n’eut pas de succès (1850).

Mérimée publia aussi sous le voile de l’anonyme : la Jacquerie, scènes féodales, suivie de la Famille Carvajal(1828), et la Chronique du règne de Charles IX (1829) ; puis il signa de son nom les nouvelles, petits romans, épisodes historiques, notices archéologiques ou études littéraires, d'abord dans la Revue de Paris puis dans laRevue des deux Mondes, et qui formèrent ensuite un certain nombre de volumes, sous leurs titres particuliers ou sous un titre collectif.

On citera : Tamango, la Prise de la Redoute, la Vénus d'Ille, les Âmes du purgatoire, la Vision de Charles XI, la Perle de Tolède, la Partie de trictrac, le Vase étrusque, la Double méprise, Arsène Guillot, Mateo Falcone, Colomba (1830-1840) ; puis à un plus long intervalle : Carmen, (1847, in-8°) ; Épisode de l’histoire de Russie, les Faux Démétrius (1852, in-18) ; les Deux héritages, suivis de l’Inspecteur général et des Débuts d’un aventurier (1853, in-8°).

Tous ces récits, pleins de mouvement, d’intérêt et d’originale invention, plaisaient surtout aux lecteurs délicats par la forme sobre et élégante dont l’auteur s’était fait une manière définitive.

Il faut citer encore, outre les Voyages ou Rapports d’inspection archéologique, réimprimés en volumes : Essai sur la guerre sociale (1841, in-8, avec pl.) ;Histoire de don Pédre Ier, roi de Castille (1843, in-8°) ; un volume de Mélanges historiques et littéraires (1855, in-18), contenant douze études diverses, puis des Notices, Préfaces et Introductions, entre autres ; Notice sur la vie et les ouvrages de Michel Cervantes (1828) et Introduction aux contes et poèmes de Marino Vreto (1855), etc. ; enfin, sans compter un certain nombre d’articles de revue non réimprimés, le recueil posthume de Lettres à une Inconnue (1873, 2 vol. in-8), qui excita une grande curiosité et qui fut suivie de Lettres à une Nouvelle inconnue (1875).



II. Après la lecture du résumé de Colomba, répondez aux questions :

1. Où se déroule l’action de la nouvelle ?

2. Quels sont les problèmes essentiels qui y sont soulevés ?

3. Qui sont les personnages de la nouvelle ?

4. Quelle est la philosophie de la nouvelle ?


Résumé de Colomba

Le colonel Nevil et sa fille Lydia reviennent déçus d'un voyage en Italie et séjournent à Marseille. Ils rencontrent une ancienne connaissance du colonel, qui leur raconte des histoires étonnantes sur la Corse, notamment celle d'une vendetta. Le colonel apprend également que l'île offre de belles opportunités en terme de chasse. Le colonel et sa fille Lydia, séduits par la réputation de la Corse décident de changer de cap et d'aller y passer quinze jours. Ils affrètent un bateau pour la traversée.

Le jour du départ, le colonel et sa fille acceptent suite à la demande du capitaine du bateau de prendre un jeune lieutenant corse à bord.

Sur le bateau, la conversation s'engage entre Orso della Rebbia, ce jeune lieutenant et les touristes anglais. Ils apprennent que le père du brillant officier corse a été assassiné il y a deux ans.

L'attitude mystérieuse du jeune homme suscite l'intérêt de Lydia. Elle croit deviner qu'il est impliqué dans une histoire de vendetta et éprouve secrètement de l'admiration pour ce jeune Corse qui a une âme de héros.

Le bateau arrive à Ajaccio. Le colonel et Orso passent leurs journées à la chasse. Miss Nevil, elle, s'ennuie. Elle entreprend de séduire le jeune officier corse.

A Ajaccio, le colonel Nevil et sa fille Lydia, reçoivent la visite du préfet. Celui-ci, est inquiet du retour d'Orso. Il évoque certaines coutumes corses, notamment la vendetta, et demande au jeune homme d'y renoncer. Après le départ du préfet, Miss Nevil entreprend elle aussi de dissuader Orso d'accomplir sa vengeance. Le jeune homme donne l'impression de vouloir s'y résoudre.

Le lendemain, une jeune femme, habillée de noir, s'arrête devant l'hôtel où sont descendus le colonel et Lydia. Orso et le colonel rentrent de la chasse. La belle inconnue se présente : c'est Colomba, la sœur d'Orso. Lorsque celui-ci l'avait quittée, elle n'était qu'une enfant.

L'attitude étrange de Colomba intrigue Miss Lydia. Invitée à dîner et à dormir à l'hôtel, la sœur d'Orso partage la chambre de Lydia. Celle-ci remarque que Colomba cache un petit poignard sous ses vêtements.

Puis l'auteur retrace l'histoire des della Rebbia et des Barricini et les raisons de l'ancien conflit entre les deux familles. Le dernier épisode tragique de cet affrontement a été l'assassinat du père d'Orso et de Colomba, le colonel della Rebbia. Bien que la culpabilité des Barricini n'ait jamais pu être prouvée, Colomba est persuadée que c'est l'un des fils Barricini qui en est l'auteur. Depuis deux ans Colomba ne cesse d'écrire à son frère pour lui demander de venger leur père. Orso n'est pas convaincu de la culpabilité de Barricini, et s'il est rentré en Corse, c'est pour marier sa sœur et vendre ses propriétés et non pour tuer l'improbable assassin.

Orso annonce à Lydia qu'il retourne, le lendemain, avec sa sœur, à Pietranera, leur village natal. Il lui confie qu'il redoute les desseins de sa sœur. Lydia le rassure en plaisantant et lui offre une bague trouvée dans une pyramide d'Egypte. "Avec ce porte-bonheur, lui dit-elle, tu ne seras pas tenté de se venger".

Avant de partir Colomba offre à Lydia son petit poignard. Après avoir hésité, Miss Nevil l'accepte. Après le départ d'Orso, la jeune fille est songeuse. Elle pressent dans le comportement de Colomba de forts mauvais présages. Elle médite également sur son amour naissant pour Orso.

Durant le voyage Colomba indique à Orso qu'elle ne verrait pas d'un mauvais oeil qu'il demande la main de la jeune anglaise. Cette union permettrait de restaurer le prestige de leur famille. Lors de leur arrivée à Pietranera Orso et Colomba constatent que la maison des Barricini est barricadée. Ceci est de mauvais augure...

Orso est soucieux. Il se souvient que Lydia lui a promis de venir lui rendre visite. Il a peur qu'elle soit déçue par la pauvreté des lieux. Le soir, il découvre que Colomba fournit à Chilina, la nièce d'un bandit, du pain et des munitions.

Le lendemain, Orso offre à sa sœur les cadeaux qu'il a apportés du continent. Colomba, à son tour, lui fait cadeau d'un costume corse pour la chasse. Elle lui confectionne également des cartouches pour le fusil que le colonel Nevil lui a donné.

Un matin, Colomba conduit Orso à l'extérieur du village, et lui montre l'endroit où leur père a été assassiné. De retour à Pietranera, elle lui montre la chemise ensanglantée et criblée de balles de leur père. Elle supplie Orso de venger la famille.

Orso est désemparé. Si cette vengeance est dans la logique des traditions corses, elle est contraire à l'éducation qui lui a été enseignée sur le continent. Il choisit une solution intermédiaire. Plutôt que d'assassiner Barricini, il va provoquer en duel son fils, ce qui lui permettra de le tuer.

Colomba demande à son frère de l'accompagner à une veillée funèbre, chez les Pietri. Ce voisin vient de mourir et elle a promis d'y chanter une ballata. Orso accepte malgré lui. L'ambiance de la veillée est grave et solennelle. Le chant, beau et triste, de Colomba suscite l'émotion. Mais la veillée est troublée par l'irruption du préfet et des Barricini, le père, maire du village, et ses deux fils. Colomba poursuit sa ballata, avec de la haine et de la violence dans sa voix et son regard. Les membres des deux familles quittent précipitamment les lieux.

Tard dans la soirée, le préfet se rend chez les della Rebbia. Il indique son souhait de voir les deux familles se réconcilier.

Orso est sensible aux arguments du préfet, mais Colomba ne désarme pas. Pour elle les Barricini sont les responsables de l'assassinat de son père. Elle supplie Orso de ne pas se rendre immédiatement chez eux. Elle souhaite une dernière fois consulter les papiers de son père. Orso accepte de différer sa visite au lendemain.

Le préfet fait remettre à Orso une lettre de Lydia. Elle le supplie d'écouter les conseils du préfet. Elle l'informe qu'elle va lui rendre visite très bientôt.

Le lendemain matin, Colomba tend un piège au préfet et aux frères Barricini. Elle leur fait croire que son frère ne peut marcher, si bien que ce sont eux qui se rendent chez les della Rebbia.

Orso est en fait en pleine forme et lorsqu'il apparaît, les deux fils Barricini sont furieux. Orso est obligé de s'excuser. Le préfet reprend l'initiative et indique aux Barricini que le quiproquo entre les deux familles est résolu.

C'est alors que Colomba s'interpose et apporte la preuve de la culpabilité des Barricini. La situation s'envenime. Les frères Barricini deviennent menaçants. Le préfet est indigné d'être mêlé à ces deux bandits ; Orlanduccio, l'un des frères Barricini se jette sur Orso. Colomba parvient à le sauver. Après le départ des Barricini, le préfet conjure Orso d'attendre l'arrivée du procureur et de ne pas se venger lui-même.

Après le départ du préfet, Orso est décidé à se battre en duel contre Orlanduccio. De son côté, Colomba sollicite l'aide de bergers pour défendre la maison.

Le lendemain, Colomba reçoit une lettre de Lydia lui annonçant sa visite. Orso part avec une escorte de bergers à la rencontre de son amie anglaise et de son père.

En route, une jeune femme met en garde Orso et l'informe que les frères Barriccini lui ont tendu une embuscade. Il avance prudemment dans le maquis. Tout à coup, il aperçoit les deux frères. Ceux-ci font feu. L'un blesse Orso au bras et le second à la poitrine. Orso riposte immédiatement de deux coups de fusil contre ses deux agresseurs. Le deux frères meurent sur le coup. Orso hésite entre le maquis et le fait de se constituer prisonnier.

Le colonel et sa fille arrivent à Pietranera. Colomba est inquiète de voir qu'Orso n'est pas avec eux. Elle informe ses invités de la situation. Ceux-ci, alors qu'ils se dirigeaient vers Pietranera ont entendu quatre coups de fusil .

Durant le déjeuner tous sont inquiets. C'est alors qu'une jeune femme arrive sur le cheval d'Orso. Elle annonce à Colomba , à Lydia et à son père la mort des fils Barricini et la blessure d'Orso.

Les corps des Barricini sont ramenés au village. Le lendemain matin, Lydia reçoit une lettre d'Orso. Il lui demande de ne pas le rejeter. Le préfet arrive et commence son enquête. Lydia et le colonel prennent la défense d'Orso : ils ont entendu quatre coups de feu. Seuls les deux derniers provenaient du fusil d'Orso. Ceci prouve qu'il n'a fait que se défendre.

Un chirurgien apporte les premiers soins à Orso dans le maquis. Colomba entraîne alors Lydia hors du village. Puis, elle lui avoue qu'elles se trouvent à proximité de la cachette d'Orso, et qu'elle désire revoir son frère.

Lydia accepte après quelques réticences de rendre visite au blessé. Orso qui a vu sa sœur mais qui ne sait pas qu'elle est accompagnée de la jeune Anglaise, se laisse aller à des confidences et il avoue qu'il aime Lydia. Celle-ci s'approche et Colomba glisse la main de Lydia dans celle d'Orso.

Ce moment de tendresse est de courte durée, car Colomba, qui montait la garde annonce l'arrivée des gendarmes. Orso, qui ne peut marcher, est prêt à se rendre, mais l'un des bergers l'emporte sur ses épaules, puis les deux hommes s'enfuient à cheval. Colomba s'enfuit elle aussi dans le maquis.

Lydia, elle, se fait capturer par les gendarmes. Colomba vient alors à son secours et tout en se moquant des gendarmes, réconforte la jeune anglaise.

Le groupe prend la direction de Pietranera. Alerté, le préfet fait libérer les deux femmes. Il informe également Colomba que son frère ne sera pas poursuivi. Le colonel Nevil , heureux de revoir sa fille, donne son accord à l'union de Lydia et d'Orso.

Quelques mois plus tard, Orso et Lydia, récemment mariés, voyagent en Italie . Ils visitent Pise, en compagnie de Colornba et du colonel.

Au détour d'une allée Colomba aperçoit un vieillard très affaibli. Une fermière demande à Colomba de lui parler en corse, car ce pauvre homme rêve d'entendre une dernière fois la langue de son pays.

Colomba s'approche et reconnaît le père Barricini. Celui-ci, après la mort de ses deux fils, a été recueilli par une cousine italienne et a sombré dans la sénilité. Il demande grâce à la jeune femme. Colomba, inflexible, adresse au vieil homme un regard victorieux et impitoyable ; un regard de jubilation et de triomphe.



III. Lisez le fragment de la nouvelle et répondez aux questions :


1. Où et quand se déroule l’action de ces deux chapitres ?

2. Quels sont les problèmes qui y sont soulevés ?

3. Quelles étaient les impressions de Lydia sur les monuments culturels de l’Italie ? Pourquoi comme ça ?

4. Quel désappointement a eu Lydia A l'hôtel Beauvau ?

5. Est-ce que le colonel Nevil partageait les dispositions de sa fille ? Pourquoi ?

6. Qu’est-ce que le colonel a appris du capitaine Ellis ?

7. Quel désir manifesté par le colonel a obtenu l'approbation de sa fille ? Pourquoi ?

8. Qu’est-ce qui s’est passé avant le départ ?

9. Qu’est-ce que le compagnon de voyage leur a fait savoir de lui- même ? Comment s’est-il présenté ?

10. Quels deux avis a donné le jeune homme au colonnel ?

11. Quel malentendu a eu lieu ?

12. Que s’est rappelé le colonel Nevil ?

13. Donnez les caractéristiques physiques et psycologiques des personnages de ces chapitres.

14. Quels détails ou faits ont une grande valeur dans la narration ?



I
Dans les premiers jours du mois d'octobre 181., le colonel Sir Thomas Nevil, Irlandais, officier distingué de l'armée anglaise, descendit avec sa fille à l'hôtel Beauvau, à Marseille, au retour d'un voyage en Italie. L'admiration continue des voyageurs enthousiastes a produit une réaction, et, pour se singulariser, beaucoup de touristes aujourd'hui prennent pour devise le nil admirari d'Horace. C'est à cette classe de voyageurs mécontents qu'appartenait Miss Lydia, fille unique du colonel. La Transfiguration lui avait paru médiocre, le Vésuve en éruption à peine supérieur aux cheminées des usines de Birmingham. En somme, sa grande objection contre l'Italie était que ce pays manquait de couleur locale, de caractère. Explique qui pourra le sens de ces mots, que je comprenais fort bien il y a quelques années, et que je n'entends plus aujourd'hui. D'abord, Miss Lydia s'était flattée de trouver au-delà des Alpes des choses que personne n'aurait vues avant elle, et dont elle pourrait parler avec les honnêtes gens, comme dit M. Jourdain. Mais bientôt, partout devancée par ses compatriotes et désespérant de rencontrer rien d'inconnu, elle se jeta dans le parti de l'opposition. Il est bien désagréable, en effet, de ne pouvoir parler des merveilles de l'Italie sans que quelqu'un ne vous dise : “ Vous connaissez sans doute ce Raphaël du palais ***, à*** ? C'est ce qu'il y a de plus beau en Italie.”
- Et c'est justement ce qu'on a négligé de voir. Comme il est trop long de tout voir, le plus simple c'est de tout condamner de parti pris.

A l'hôtel Beauvau, Miss Lydia eut un amer désappointement. Elle rapportait un joli croquis de la porte pélasgique ou cyclopéenne de Segni, qu'elle croyait oubliée par les dessinateurs. Or, Lady Frances Fenwich, la rencontrant à Marseille, lui montra son album, où, entre un sonnet et une fleur desséchée, figurait la porte en question, enluminée à grand renfort de terre de Sienne. Miss Lydia donna la porte de Segni à sa femme de chambre, et perdit toute estime pour les constructions pélasgiques.

Ces tristes dispositions étaient partagées par le colonel Nevil, qui, depuis la mort de sa femme, ne voyait les choses que par les yeux de Miss Lydia. Pour lui, l'Italie avait le tort immense d'avoir ennuyé sa fille, et par conséquent c'était le plus ennuyeux pays du monde. Il n'avait rien à dire, il est vrai, contre les tableaux et les statues ; mais ce qu'il pouvait assurer, c'est que la chasse était misérable dans ce pays-là, et qu'il fallait faire dix lieues au grand soleil dans la campagne de Rome pour tuer quelques méchantes perdrix rouges. Le lendemain de son arrivée à Marseille, il invita à dîner le capitaine Ellis, son ancien adjudant, qui venait de passer six semaines en Corse. Le capitaine raconta fort bien à Miss Lydia une histoire de bandits qui avait le mérite de ne ressembler nullement aux histoires de voleurs dont on l'avait si souvent entretenue sur la route de Rome à Naples. Au dessert, les deux hommes, restés seuls avec des bouteilles de vin de Bordeaux, parlèrent chasse, et le colonel apprit qu'il n'y a pas de pays où elle soit plus belle qu'en Corse, plus variée, plus abondante. “ On y voit force sangliers, disait le capitaine Ellis, et il faut apprendre à les distinguer des cochons domestiques, qui leur ressemblent d'une manière étonnante ; car, en tuant des cochons, l'on se fait une mauvaise affaire avec leurs gardiens. Ils sortent d'un taillis qu'ils nomment maquis, armés jusqu'aux dents, se font payer leurs bêtes et se moquent de vous. Vous avez encore le mouflon, fort étrange animal qu'on ne trouve pas ailleurs, fameux gibier, mais difficile. Cerfs, daims, faisans, perdreaux, jamais on ne pourrait nombrer toutes les espèces de gibier qui fourmillent en Corse.

Si vous aimez à tirer, allez en Corse, colonel ; là, comme disait un de mes hôtes, vous pourrez tirer sur tous les gibiers possibles, depuis la grive jusqu'à l'homme. ” Au thé, le capitaine charma de nouveau Miss Lydia par une histoire de vendetta transversale, encore plus bizarre que la première, et il acheva de l'enthousiasmer pour la Corse en lui décrivant l'aspect étrange, sauvage du pays, le caractère original de ses habitants, leur hospitalité et leurs moeurs primitives. Enfin, il mit à ses pieds un joli petit stylet, moins remarquable par sa forme et sa monture en cuivre que par son origine. Un fameux bandit l'avait cédé au capitaine Ellis, garanti pour s'être enfoncé dans quatre corps humains. Miss Lydia le passa dans sa ceinture, le mit sur sa table de nuit, et le tira deux fois de son fourreau avant de s'endormir. De son côté, le colonel rêva qu'il tuait un mouflon et que le propriétaire lui en faisait payer le prix, à quoi il consentait volontiers, car c'était un animal très curieux, qui ressemblait à un sanglier, avec des cornes de cerf et une queue de faisan.
“ Ellis conte qu'il y a une chasse admirable en Corse, dit le colonel, déjeunant tête à tête avec sa fille ; si ce n'était pas si loin, j'aimerais à y passer une quinzaine.

- Eh bien, répondit Miss Lydia, pourquoi n'irions-nous pas en Corse ? Pendant que vous chasseriez, je dessinerais ; je serais charmée d'avoir dans mon album la grotte dont parlait le capitaine Ellis, où Bonaparte allait étudier quand il était enfant. ”

C'était peut-être la première fois qu'un désir manifesté par le colonel eût obtenu l'approbation de sa fille. Enchanté de cette rencontre inattendue, il eut pourtant le bon sens de faire quelques objections pour irriter l'heureux caprice de Miss Lydia. En vain il parla de la sauvagerie du pays et de la difficulté pour une femme d'y voyager : elle ne craignait rien ; elle aimait par-dessus tout à voyager à cheval ; elle se faisait une fête de coucher au bivouac ; elle menaçait d'aller en Asie Mineure. Bref, elle avait réponse à tout, car jamais Anglaise n'avait été en Corse ; donc elle devait y aller. Et quel bonheur, de retour dans Saint-James Place, de montrer son album !

“ Pourquoi donc, ma chère, passez-vous ce charmant dessin ? - Oh ! ce n'est rien. C'est un croquis que j'ai fait d'après un fameux bandit corse qui nous a servi de guide.

- Comment ! vous avez été en Corse ?... ”

Les bateaux à vapeur n'existant point encore entre la France et la Corse, on s'enquit d'un navire en partance pour l'île que Miss Lydia se proposait de découvrir. Dès le jour même, le colonel écrivait à Paris pour décommander l'appartement qui devait le recevoir, et fit marché avec le patron d'une goélette corse qui allait faire voile pour Ajaccio. Il y avait deux chambres telles quelles. On embarqua des provisions ; le patron jura qu'un vieux sien matelot était un cuisinier estimable et n'avait pas son pareil pour la bouillabaisse ; il promit que mademoiselle serait convenablement, qu'elle aurait bon vent, belle mer.

En outre, d'après les volontés de sa fille, le colonel stipula que le capitaine ne prendrait aucun passager, et qu'il s'arrangerait pour raser les côtes de l'île de façon qu'on pût jouir de la vue des montagnes.


II

Au jour fixé pour le départ, tout était emballé, embarqué dès le matin : la goélette devait partir avec la brise du soir.
En attendant, le colonel se promenait avec sa fille sur la Canebière, lorsque le patron l'aborda pour lui demander la permission de prendre à son bord un de ses parents, c'est-à-dire le petit-cousin du parrain de son fils aîné, lequel retournant en Corse, son pays natal, pour affaires pressantes, ne pouvait trouver de navire pour le passer.

“ C'est un charmant garçon, ajouta le capitaine Matei, militaire, officier aux chasseurs à pied de la garde, et qui serait déjà colonel si l'Autre était encore empereur.

- Puisque c'est un militaire ”, dit le colonel.., il allait ajouter : “ Je consens volontiers à ce qu'il vienne avec nous... ” mais Miss Lydia s'écria en anglais :

“ Un officier d'infanterie !... (son père ayant servi dans la cavalerie, elle avait du mépris pour toute autre arme)... un homme sans éducation peut-être, qui aura le mal de mer, et qui nous gâtera tout le plaisir de la traversée ! ” Le patron n'entendait pas un mot d'anglais, mais il parut comprendre ce que disait Miss Lydia à la petite moue de sa jolie bouche, et il commença un éloge en trois points de son parent, qu'il termina en assurant que c'était un homme très comme il faut, d'une famille de caporaux, et qu'il ne gênerait en rien monsieur le colonel, car lui, patron, se chargeait de le loger dans un coin où l'on ne s'apercevrait pas de sa présence. Le colonel et Miss Nevil trouvèrent singulier qu'il y eût en Corse des familles où l'on fût ainsi caporal de père en fils ; mais, comme ils pensaient pieusement qu'il s'agissait d'un caporal d'infanterie, ils conclurent que c'était quelque pauvre diable que le patron voulait emmener par charité. S'il se fût agi d'un officier, on eût été obligé de lui parler, de vivre avec lui ; mais, avec un caporal, il n'y a pas à se gêner, et c'est un être sans conséquence, lorsque son escouade n'est pas là, baïonnette au bout du fusil, pour vous mener où vous n'avez pas envie d'aller.
“ Votre parent a-t-il le mal de mer ? demanda Miss Nevil d'un ton sec

- Jamais, mademoiselle ; le coeur ferme comme un roc, sur mer comme sur terre.

- Eh bien, vous pouvez l'emmener, dit-elle.

- Vous pouvez l'emmener ”, répéta le colonel, et ils continuèrent leur promenade.

Vers cinq heures du soir, le capitaine Matei vint les chercher pour monter à bord de la goélette. Sur le port, près de la yole du capitaine, ils trouvèrent un grand jeune homme vêtu d'une redingote bleue boutonnée jusqu'au menton, le teint basané, les yeux noirs, vifs, bien fendus, l'air franc et spirituel. A la manière dont il effaçait les épaules, à sa petite moustache frisée, on reconnaissait facilement un militaire ; car, à cette époque, les moustaches ne couraient pas les rues, et la garde nationale n'avait pas encore introduit dans toutes les familles la tenue avec les habitudes de corps de garde.

Le jeune homme ôta sa casquette en voyant le colonel, et le remercia sans embarras et en bons termes du service qu'il lui rendait.

“ Charmé de vous être utile, mon garçon ”, dit le colonel en lui faisant un signe de tête amical. Et il entra dans la yole.

“ Il est sans gêne, votre Anglais ”, dit tout bas en italien le jeune homme au patron.

Celui-ci plaça son index sous son oeil gauche et abaissa les deux coins de la bouche. Pour qui comprend le langage des signes, cela voulait dire que l'Anglais entendait l'italien et que c'était un homme bizarre. Le jeune homme sourit légèrement, toucha son front en réponse au signe de Matei, comme pour lui dire que tous les Anglais avaient quelque chose de travers dans la tête, puis il s'assit auprès du patron, et considéra avec beaucoup d'attention, mais sans impertinence, sa jolie compagne de voyage.

“ Ils ont bonne tournure, ces soldats français, dit le colonel à sa fille en anglais ; aussi en fait-on facilement des officiers. ” Puis, s'adressant en français au jeune homme :

“ Dites-moi, mon brave, dans quel régiment avez-vous servi ? ” Celui-ci donna un léger coup de coude au père du filleul de son petit-cousin, et, comprimant un sourire ironique, répondit qu'il avait été dans les chasseurs à pied de la garde, et que présentement il sortait du 7e léger.

“ Est-ce que vous avez été à Waterloo ? Vous êtes bien jeune.

- Pardon, mon colonel ; c'est ma seule campagne.

- Elle compte double ”, dit le colonel.

Le jeune Corse se mordit les lèvres.

“ Papa, dit Miss Lydia en anglais, demandez-lui donc si les Corses aiment beaucoup leur Bonaparte ? ” Avant que le colonel eût traduit la question en français, le jeune homme répondit en assez bon anglais, quoique avec un accent prononcé :

“ Vous savez, mademoiselle, que nul n'est prophète en son pays. Nous autres, compatriotes de Napoléon, nous l'aimons peut-être moins que les Français. Quant à moi, bien que ma famille ait été autrefois l'ennemie de la sienne, je l'aime et l'admire.

- Vous parlez anglais ! s'écria le colonel.

- Fort mal, comme vous pouvez vous en apercevoir. ”

Bien qu'un peu choquée de son ton dégagé, Miss Lydia ne put s'empêcher de rire en pensant à une inimitié personnelle entre un caporal et un empereur. Ce lui fut comme un avant goût des singularités de la Corse, et elle se promit de noter le trait sur son journal.

“Peut-être avez-vous été prisonnier en Angleterre ? demanda le colonel.

- Non, mon colonel, j'ai appris l'anglais en France) tout jeune, d'un prisonnier de votre nation. ” Puis, s'adressant à Miss Nevil :

“ Matei m'a dit que vous reveniez d'Italie. Vous parlez sans doute le pur toscan, mademoiselle ; vous serez un peu embarrassée, je le crains, pour comprendre notre patois.

- Ma fille entend tous les patois italiens, répondit le colonel ; elle a le don des langues. Ce n'est pas comme moi.
- Mademoiselle comprendrait-elle, par exemple, ces vers d'une de nos chansons corses ? C'est un berger qui dit à une bergère :

“ S'entrassi 'ndru Paradisu santu, santu,

E nun truvassi a tia, mi n'esciria. ”

“ Si j'entrais dans le paradis saint, saint,

et si je ne t'y trouvais pas, j'en sortirais. ”

(Serenata di Zicavo.)

Miss Lydia comprit, et trouvant la citation audacieuse et plus encore le regard qui l'accompagnait, elle répondit en rougissant : “ Capisco. ” “ Et vous retournez dans votre pays en semestre ? demanda le colonel.
- Non, mon colonel. Ils m'ont mis en demi-solde probablement parce que j'ai été à Waterloo et que je suis compatriote de Napoléon. Je retourne chez moi, léger d'espoir, léger d'argent, comme dit la chanson. ” .
Et il soupira en regardant le ciel.

Le colonel mit la main à sa poche, et retournant entre ses doigts une pièce d'or, il cherchait une phrase pour la glisser poliment dans la main de son ennemi malheureux.

“ Et moi aussi, dit-il, d'un ton de bonne humeur, on m'a mis en demi-solde ; mais... avec votre demi-solde vous n'avez pas de quoi vous acheter du tabac. Tenez, caporal. ” Et il essaya de faire entrer la pièce d'or dans la main fermée que le jeune homme appuyait sur le rebord de la yole.

Le jeune Corse rougit, se redressa, se mordit les lèvres, et paraissait disposé à répondre avec emportement, quand tout à coup, changeant d'expression, il éclata de rire. Le colonel, sa pièce à la main, demeurait tout ébahi.
“Colonel, dit le jeune homme reprenant son sérieux, permettez-moi de vous donner deux avis : le premier, c'est de ne jamais offrir de l'argent à un Corse, car il y a de mes compatriotes assez impolis pour vous le jeter à la tête ; le second, c'est de ne pas donner aux gens des titres qu'ils ne réclament point. Vous m'appelez caporal et je suis lieutenant.

Sans doute, la différence n'est pas bien grande, mais...

- Lieutenant ! s'écria Sir Thomas, lieutenant ! mais le patron m'a dit que vous étiez caporal, ainsi que votre père et tous les hommes de votre famille. ”

A ces mots le jeune homme, se laissant aller à la renverse, se mit à rire de plus belle et de si bonne grâce, que le patron et ses deux matelots éclatèrent en choeur.

“ Pardon, colonel, dit enfin le jeune homme ; mais le quiproquo est admirable, je ne l'ai compris qu'à l'instant. En effet, ma famille se glorifie de compter des caporaux parmi ses ancêtres ; mais nos caporaux corses n'ont jamais eu de galons sur leurs habits. Vers l'an de grâce 1100, quelques communes, s'étant révoltées contre la tyrannie des seigneurs montagnards, se choisirent des chefs qu'elles nommèrent caporaux. Dans notre île, nous tenons à l'honneur de descendre de ces espèces de tribuns.

- Pardon, monsieur ! s'écria le colonel, mille fois pardon.

Puisque vous comprenez la cause de ma méprise, j'espère que vous voudrez bien l'excuser. ” Et il lui tendit la main.
“ C'est la juste punition de mon petit orgueil, colonel, dit le jeune homme riant toujours et serrant cordialement la main de l'Anglais ; je ne vous en veux pas le moins du monde.

Puisque mon ami Matei m'a si mal présenté, permettez-moi de me présenter moi-même : je m'appelle Orso della Rebbia, lieutenant en demi-solde, et, si, comme je le présume en voyant ces deux beaux chiens, vous venez en Corse pour chasser, je serai très flatté de vous faire les honneurs de nos maquis et de nos montagnes... si toutefois je ne les ai pas oubliés ”, ajouta-t-il en soupirant.


En ce moment la yole touchait la goélette. Le lieutenant offrit la main à Miss Lydia, puis aida le colonel à se guinder sur le pont. Là, Sir Thomas, toujours fort penaud de sa méprise, et ne sachant comment faire oublier son impertinence à un homme qui datait de l'an 1100, sans attendre l'assentiment de sa fille, le pria à souper en lui renouvelant ses excuses et ses poignées de main. Miss Lydia fronçait bien un peu le sourcil, mais, après tout, elle n'était pas fâchée de savoir ce que c'était qu'un caporal ; son hôte ne lui avait pas déplu, elle commençait même à lui trouver un certain je ne sais quoi aristocratique ; seulement il avait l'air trop franc et trop gai pour un héros de roman.

“ Lieutenant della Rebbia, dit le colonel en le saluant à la manière anglaise, un verre de vin de Madère à la main, j'ai vu en Espagne beaucoup de vos compatriotes : c'était de la fameuse infanterie en tirailleurs.

- Oui, beaucoup sont restés en Espagne, dit le jeune lieutenant d'un air sérieux.

- Je n'oublierai jamais la conduite d'un bataillon corse à la bataille de Vittoria, poursuivit le colonel. Il doit m'en souvenir, ajouta-t-il, en se frottant la poitrine. Toute la journée ils avaient été en tirailleurs dans les jardins, derrière les haies, et nous avaient tué je ne sais combien d'hommes et de chevaux. La retraite décidée, ils se rallièrent et se mirent à filer grand train. En plaine, nous espérions prendre notre revanche, mais mes drôles... excusez, lieutenant, ces braves gens, dis-je, s'étaient formés en carré, et il n'y avait pas moyen de les rompre. Au milieu du carré, je crois le voir encore, il y avait un officier monté sur un petit cheval noir ; il se tenait à côté de l'aigle, fumant son cigare comme s'il eût été au café. Parfois, comme pour nous braver, leur musique nous jouait des fanfares... Je lance sur eux mes deux premiers escadrons... Bah ! au lieu de mordre sur le front du carré, voilà mes dragons qui passent à côté, puis font demi-tour, et reviennent fort en désordre et plus d'un cheval sans maître... et toujours la diable de musique ! Quand la fumée qui enveloppait le bataillon se dissipa, je revis l'officier à côté de l'aigle, fumant encore son cigare. Enragé, je me mis moi même à la tête d'une dernière charge. Leurs fusils, crassés à force de tirer, ne partaient plus, mais les soldats étaient formés sur six rangs, la baïonnette au nez des chevaux, on eût dit un mur. Je criais, j'exhortais mes dragons, je serrais la botte pour faire avancer mon cheval quand l’officier dont je vous parlais, ôtant enfin son cigare, me montra de la main à un de ses hommes. J’entendis quelque chose comme : Al capello bianco ! J’avais un plumet blanc. Je n’en entendis pas davantage, car une balle me traversa la poitrine. – C’était un beau bataillon, monsieur della Rebbia, le premier du 18e léger, tous Corses, à ce qu’on me dit depuis.
- Oui, dit Orso dont les yeux brillaient pendant ce récit, ils soutinrent la retraite et rapportèrent leur aigle ; mais les deux tiers de ces braves gens dorment aujourd'hui dans la plaine de Vittoria.

- Et par hasard ! sauriez-vous le nom de l'officier qui les commandait ?

- C'était mon père. Il était alors major au 18e, et fut fait colonel pour sa conduite dans cette triste journée.
- Votre père ! Par ma foi, c'était un brave ! J'aurais du plaisir à le revoir, et je le reconnaîtrais, j'en suis sûr.

Vit-il encore ?

- Non, colonel, dit le jeune homme pâlissant légèrement.

- Etait-il à Waterloo ?

- Oui, colonel, mais il n'a pas eu le bonheur de tomber sur un champ de bataille... Il est mort en Corse... il y a deux ans... Mon Dieu ! que cette mer est belle ! il y a dix ans que je n'ai vu la Méditerranée.
“ Ne trouvez-vous pas la Méditerranée plus belle que l'Océan, mademoiselle ?

- Je la trouve trop bleue... et les vagues manquent de grandeur.

- Vous aimez la beauté sauvage, mademoiselle ? A ce compte, je crois que la Corse vous plaira.

- Ma fille, dit le colonel, aime tout ce qui est extraordinaire ; c'est pourquoi l'Italie ne lui a guère plu.

- Je ne connais de l'Italie, dit Orso, que Pise, où j'ai passé quelque temps au collège ; mais je ne puis penser sans admiration au Campo-Santo, au Dôme, à la Tour penchée... au Campo-Santo surtout. Vous vous rappelez la Mort, d'orcagna... Je crois que je pourrais la dessiner, tant elle est restée gravée dans ma mémoire. ” Miss Lydia craignit que monsieur le lieutenant ne s'engageât dans une tirade d'enthousiasme.
“ C'est très joli, dit-elle en bâillant. Pardon, mon père, j'ai un peu mal à la tête, je vais descendre dans ma chambre. ” Elle baisa son père sur le front, fit un signe de tête majestueux à Orso et disparut. Les deux hommes causèrent alors chasse et guerre.

Ils apprirent qu'à Waterloo ils étaient en face l'un de l'autre, et qu'ils avaient dû échanger bien des balles. Leur bonne intelligence en redoubla. Tour à tour ils critiquèrent Napoléon, Wellington et Blücher, puis ils chassèrent ensemble le daim, le sanglier et le mouflon. Enfin, la nuit étant déjà très avancée, et la dernière bouteille de bordeaux finie, le colonel serra de nouveau la main au lieutenant et lui souhaita le bonsoir, en exprimant l'espoir de cultiver une connaissance commencée d'une façon si ridicule. Ils se séparèrent, et chacun fut se coucher.






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