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А не мог ли Ковид был вызван повышенным радиационным фоном в мире? Не были ли взорваны грязные ядерные бомбы на территории свалок ядерных отходов?
Война идёт не только на земле, она идёт и в космосе
Interview du Président Emmanuel Macron au think tank américain Atlantic Council Publié le 5 février 2021
Le Président de la République Emmanuel Macron a accordé un entretien au think tank américain Atlantic Council, spécialisé dans les affaires internationales et basé à Washington, au sujet de l’Europe et de l’avenir des relations transatlantiques.
Sous la modération de Benjamin Haddad, directeur du Centre Europe de l’Atlantic Council, le Président Emmanuel Macron a répondu aux questions de plusieurs personnalités américaines et européennes
Il a ainsi développé sa vision d’une Europe forte et souveraine, et a abordé les points de convergence avec la nouvelle administration américaine sur les grands défis mondiaux. Revoir l'entretien :
4 février 2021 - Seul le prononcé fait foi Télécharger le .pdf Interview du Président Emmanuel Macron au think tank américain Atlantic Council.
JOHN F.W. ROGERS : Bonjour à tous,
je suis John Rogers, Président de l’Atlantic Council.
En dépit de l’obligation de tenir cette réunion à distance en raison de la pandémie, c’est un grand plaisir de vous accueillir pour cet événement exceptionnel. J’ai le privilège d’ouvrir l’inauguration officielle du Centre pour l’Europe de l’Atlantic Council en accueillant un invité spécial qui nous fait l’honneur d’être présent, S.E. Emmanuel Macron, Président de la République française. J’ai eu la chance de pouvoir faire sa connaissance lors d’un dîner d’État à la Maison blanche en avril 2018. Force est de constater que les choses ont bien changé depuis.
Comme vous le savez, la relation avec l’Europe est au cœur de la mission historique de l’Atlantic Council qui s’applique à façonner notre avenir commun en traitant des problématiques et des questions mondiales qui nous concernent tous, en lien étroit avec nos alliés stratégiques les plus proches. Alors que l’année 2021 débute, elle fait déjà l’Histoire en ce qu’elle marquera le 60e anniversaire de l’Atlantic Council, et s’inscrit dans une période historique où tous les pays et les sociétés dans le monde affrontent simultanément une crise sanitaire, une crise économique, et même dans certains cas, une crise identitaire, tout en devant faire face à des bouleversements technologiques considérables, à des impératifs liés au climat et à des concurrents stratégiques s’affirmant de plus en plus, tels que la Chine ou la Russie. Dans ce contexte, je pense que tout le monde sera d’accord avec nous pour dire que nous avons atteint un point de bascule propice aux transformations ; c’est le moment où jamais pour les membres de la communauté transatlantique d’aller de l’avant et de contribuer une fois de plus à façonner le futur ordre international. Aussi, au sein de l’Atlantic Council, nous souhaitons prendre toute notre part à ces efforts. Notre programme sur l’Europe a pris un rapide essor ces dernières années, sous la direction de Benjamin Haddad. C’est aussi la raison pour laquelle nous redoublons d’efforts en Europe cette année avec la création d’un nouveau centre. Je tiens à féliciter Benjamin et toute son équipe pour ce qu’ils ont accompli en peu de temps et les remercier par avance de leurs efforts à venir.
À une époque où l’on a tant besoin que les dirigeants soient des instigateurs du changement, l’un d’entre eux s’est affirmé comme une voix audacieuse et innovante en Europe. Je veux parler bien sûr du Président Macron, qui nous fait l’honneur d’être avec nous aujourd’hui. Monsieur le Président, vous avez mené des réformes courageuses en France et vous vous êtes fait le défenseur d’un programme ambitieux pour l’Europe sur la scène internationale. À l’occasion de notre échange aujourd’hui, nous souhaitons tous vivement, y compris le public pris au sens large, que vous nous parliez de votre vision d’une Union européenne influente, puissance mondiale et partenaire international des États-Unis, en prise avec les grands défis de ce siècle.
Je m’arrêterai là en vous remerciant encore pour votre présence à nos côtés aujourd’hui. Je passe à présent la parole à Benjamin, directeur du Centre Europe de l’Atlantic Council, qui introduira et mènera l’entretien avec le Président Macron.
BENJAMIN HADDAD : Merci John. Je suis Benjamin Haddad. C’est un grand honneur pour moi d’être à Paris avec vous aujourd’hui, Monsieur le Président, pour inaugurer le Centre Europe de l’Atlantic Council.
Monsieur le Président, ce n’est pas par hasard que nous souhaitions vous rencontrer aujourd’hui, à un moment clé pour les relations transatlantiques. Nous sommes en pleine pandémie, nous vivons une crise climatique mondiale, une crise économique et nous devons faire face à une Chine qui s’affirme de plus en plus. Cette période requiert plus que jamais un lien transatlantique fort. L’Atlantic Council souhaite contribuer à défendre cette relation, comme nous l’avons toujours fait.
Mais il nous faut aller de l’avant sans occulter l’ampleur des difficultés ni regretter le passé. Aussi le Centre Europe entend-il plaider pour une Europe forte, responsable et sûre d’elle, au cœur de ce partenariat transatlantique. Avec des bureaux à Washington, Varsovie, Stockholm, Belgrade, un réseau de membres associés à travers toute l’Europe, des partenariats stratégiques avec la Conférence de Munich sur la sécurité, GLOBSEC, la chambre de commerce américano-grecque en Grèce, et beaucoup d’autres à venir, nous continuerons à nous faire entendre, pas tant comme des observateurs mais bien comme de véritables acteurs du changement.
Cette année, l’Union européenne sera notre priorité. Nous nous associerons à la Délégation de l’UE à Washington afin de lancer une campagne nationale pour relancer la relation entre l’UE et les États-Unis, expliquer aux Américains ce qu’est l’Union européenne et pourquoi une UE forte et unie constitue une question d’intérêt national pour les États-Unis. Monsieur le Président, vous jouez un rôle moteur en faveur de la transformation de l’Europe pour qu’elle s’affirme davantage sur la scène internationale en tant qu’Europe souveraine à même de faire face à ces grands enjeux. C’est la raison pour laquelle nous sommes si heureux de vous accueillir aujourd’hui. Nous avons réuni plusieurs Américains et Européens, tous horizons et générations confondus, pour vous poser des questions portant sur la politique étrangère, les enjeux économiques mondiaux, et aussi les questions de société, auxquels nos pays sont tous confrontés.
Voici une première question, Monsieur le Président. Joe Biden a été intronisé comme Président il y a deux semaines. Vous vous êtes entretenu avec lui et vous avez souligné la nécessité d’une concertation sur les problématiques communes : de la relance économique mondiale post-COVID-19, en passant par le climat, la Chine, le Moyen-Orient, le Sahel et l’Afrique, la Russie… Par où commencer ?
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : merci beaucoup. Tout d’abord, merci pour votre présence et merci, Monsieur le président, pour votre introduction et vos remarques liminaires. Je suis très heureux d’étrenner, en quelque sorte, le Centre Europe. Je tiens à vous féliciter avant toute chose pour ce projet ambitieux. Je suis profondément convaincu que cette organisation, animée par votre volonté de bâtir un nouveau programme commun, joue un rôle tout à fait essentiel.
Nous allons probablement revenir sur nombre de sujets pendant la discussion, mais pour moi la priorité absolue dans la relation à la nouvelle Administration américaine et dans le travail entre les États-Unis et l’Europe, est de parvenir à un multilatéralisme fondé sur des résultats. Ces dernières années, nous avons travaillé dur pour préserver le cadre multilatéral. Toutes les questions que vous avez mentionnées (la pandémie, la crise économique et sociale, les nouvelles inégalités, les changements climatiques, les enjeux pour la démocratie, etc.), requièrent une plus grande coordination de nos actions. Or, au cours des dernières années, nous avons assisté à une forme de délitement des cadres et enceintes multilatéraux existants.
C’est la raison pour laquelle la priorité absolue est de reconstruire ce multilatéralisme, évidemment en prônant un multilatéralisme solidaire pour être sûrs d’être efficaces et précisément solidaires, mais aussi pour parvenir à un multilatéralisme axé sur des résultats, ce qui signifie parvenir à des résultats concrets pour apporter des solutions aux principales difficultés, ou à tout le moins pour commencer à y apporter des solutions.
Je considère que les tout premiers jours de cette nouvelle Administration sont cruciaux pour s’orienter dans cette voie : la décision du Président Biden de revenir à l’OMS, en tant que contributeur mais aussi en participant à une enceinte multilatérale œuvrant pour la santé mondiale ; en rejoignant également l’initiative « Un monde, une santé » ; en participant à notre initiative ACT-A en faveur non seulement du continent africain mais aussi de tous les pays pauvres et émergents dans le contexte de la pandémie. Nous y reviendrons sans doute. Il faut y ajouter l’engagement pris d’investir au moins 4 milliards dans cette initiative. Il y a évidemment aussi la décision de réintégrer l’Accord de Paris et de rejoindre le cercle des pays en mesure d’atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Il y aura probablement aussi des décisions au sujet de l’Organisation mondiale du commerce et ainsi de suite.
C’est une question prioritaire parce que si le principal acteur, celui chargé de garantir le système en dernier ressort, quitte le navire, c’est évidemment un coup dur porté au multilatéralisme. Et ceux qui viennent à profiter de cette situation sont précisément les éléments perturbateurs ou ceux qui sont en mesure de proposer ou de promouvoir une autre forme de multilatéralisme, qui ne repose pas sur nos valeurs communes et ne constitue pas un multilatéralisme véritable ni équitable.
La deuxième question clé, qui est en lien avec la précédente, est la suivante : comment pouvons-nous, tous ensemble, être inventifs ? Car il est évident qu’il va nous falloir innover afin de trouver des solutions aux nouvelles problématiques. Comment pouvons-nous construire de nouveaux partenariats et bâtir le « nouveau consensus » de notre planète mondialisée, comme nous l’avons baptisé ici à Paris il y a quelques semaines?
Nous sommes face à un monde où la lutte contre les inégalités doit être une priorité. Les inégalités étaient déjà un problème majeur avant la pandémie et elles le seront d’autant plus dans la période post-COVID-19. Nous sommes également confrontés à une réglementation affaiblie en matière de maîtrise des armements, du fait des décisions qui ont été prises. Nous devrons probablement inventer de nouvelles formes de coopération et de nouveaux partenariats pour traiter des questions liées au climat et à la biodiversité ; c’est ce que nous avons fait ces dernières années avec le « One Planet Summit » afin de préserver l’Accord de Paris et de lancer de nouvelles initiatives en faveur de la biodiversité.
Nous devons nous montrer très innovants car ce nouveau type de partenariat implique de mettre en place de nouvelles formes de coopération entre les États, mais aussi avec les acteurs privés, les ONG et certaines entités régionales. Et bien sûr, face aux enjeux numériques et aux crises que vivent nos démocraties, nous devrons nouer une série de nouveaux partenariats afin de donner véritablement corps à ce nouveau consensus. Il s’agit pour moi du deuxième pilier de cette relation essentielle. Et c’est dans ce domaine que, selon moi, l’Union européenne et les États-Unis sont deux acteurs majeurs, qui doivent bien sûr construire ensemble mais également faire preuve d’une grande ouverture vis-à-vis des autres acteurs qui partagent nos valeurs, et plus précisément, ces nouvelles solutions dans le contexte actuel.
Et troisièmement, je crois que nous devons jouer un rôle bien plus important dans les crises régionales et adopter une approche cohérente de ces crises. Le Président Biden et moi-même avons évoqué certaines de ces crises régionales. Mais lorsque nous parlons du Moyen-Orient, de l’Afrique, de la région indopacifique, concept que nous avons essayé de mettre en avant ces dernières années, nous ne pouvons pas laisser de côté le sujet de la relation entre les États-Unis et l’Europe, de notre aptitude à agir ensemble et à préserver ou à rétablir la paix et la stabilité dans certaines de ces régions.
Certaines d’entre elles font partie du voisinage européen. D’autres se trouvent dans des zones clés dans le contexte actuel. Certaines peuvent justement contribuer à redéfinir la relation entre l’Union européenne et la Chine, et entre les États-Unis et la Chine, dans les années à venir. Et le traitement de ces crises régionales met en lumière la façon dont l’Administration américaine souhaite s’y impliquer de nouveau, ainsi que ses priorités. Pour moi, la lutte contre le terrorisme est une priorité absolue, et la paix et la stabilité de cette région du monde sont de la plus haute importance. Cela pose la question de la clarification du rôle de l’OTAN, nous y reviendrons sans doute, et des partenariats existants dans ce cadre.
Mais assez sur ce sujet, nous aurons l’occasion d’y revenir par la suite. Pour terminer, ces trois piliers sont, selon moi, les fondations sur lesquelles nous devons bâtir la relation avec la nouvelle Administration américaine.
BENJAMIN HADDAD : Je voudrais rebondir sur ce dernier point en ce qui concerne la redéfinition du partenariat. Depuis votre élection, l’Europe est au cœur de votre vision. Vous avez prononcé un discours porteur de grandes ambitions à la Sorbonne sur la souveraineté européenne et vous avez porté de nombreuses initiatives au niveau européen. Selon vous, quelle sera l’incidence sur la relation transatlantique de ce programme en faveur de la souveraineté européenne et de l’autonomie stratégique ?
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Une incidence très positive, je pense. Pourquoi cela ?
Parce je crois au fait national, bien sûr.
Nos démocraties sont fondées sur l’expression de nos populations au niveau national. Mais si l’on considère le contexte actuel, face à tous ces changements et aux tensions croissantes, il est évident que l’Union européenne est un acteur crédible et qu’elle agit à l’échelle appropriée.
Depuis le tout début de mon mandat, mon objectif a été de réinventer ou de rétablir une vraie souveraineté européenne. Au cours des dernières décennies, nous avons laissé de l’espace à une approche nationaliste réclamant davantage de souveraineté au niveau national. Mais la véritable souveraineté, la capacité à décider pour nous-même, à élaborer nos propres règles et réglementations et à faire nos propres choix, est pertinente à l’échelle européenne. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’avoir un programme d’action commun en matière de technologie, de défense, de monnaie, de réponse économique et budgétaire à la crise et dans bien d’autres domaines. Et c’est ainsi que nous avons progressivement forgé ce concept d’autonomie stratégique.
Il signifie tout simplement que l’Union européenne doit pouvoir se considérer comme une entité commune adaptée, capable de prendre des décisions seule et d’investir beaucoup plus dans des secteurs clés de sa souveraineté, comme la défense. Cette décision n’est pas seulement compatible avec l’OTAN, mais elle est totalement cohérente. C’est pourquoi je suis fermement convaincu que cette dynamique et cette décision de coopérer davantage à l’échelle européenne correspond complètement, totalement aux intérêts des États-Unis.
Pourquoi en suis-je convaincu ? Parce qu’au cours des dernières décennies, au sein de l’OTAN, les États-Unis étaient d’une certaine manière les seuls responsables de notre sécurité. Et comme certains de nos dirigeants d’aujourd’hui et d’hier l’ont exprimé, les efforts n’étaient pas justement répartis. C’est vrai. Et petit à petit, la relation s’est pervertie car, d’une certaine façon, faire partie de l’OTAN signifiait bénéficier de la protection de l’armée américaine et, en contrepartie, avoir accès aux contrats, fournir des contrats et acheter du matériel américain, et je pense qu’il s’agissait d’une approche perdant-perdant tant pour les pays européens que pour les États-Unis. Pourquoi ?
Tout d’abord, la présence de vos soldats, des soldats américains en Europe et dans notre voisinage, déployés à cette échelle sans que cela ne corresponde à la défense d’intérêts clairs et directs, n’est pas une approche durable. Il arrive un moment où nous devons assumer bien plus de responsabilités concernant notre voisinage. Le caractère durable de la prise de décision dans les sociétés démocratiques était donc en jeu.
Ensuite, la décision de l’Europe de ne pas assurer sa propre défense était selon moi implicite et progressive. Et je ne connais aucune entité politique existante qui n’assure pas la protection de sa population. Si l’on souhaite porter, promouvoir et préserver l’idée et la réalité de l’Union européenne, celle-ci doit être en mesure de protéger sa population.
C’est pourquoi l’autonomie stratégique signifie en premier lieu que les acteurs européens doivent investir beaucoup plus pour eux-mêmes. En ce qui me concerne, j’ai décidé d’accroître le budget consacré à notre défense.
Ensuite, œuvrer activement ensemble pour des projets communs, harmoniser notre organisation et mettre au point de nouvelles technologies et de nouveaux équipements communs. C’est ce que nous avons fait avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, et ce que nous avons aussi lancé au niveau européen.
Troisièmement, mettre en place des programmes d’investissements massifs tout en développant bien plus les interventions conjointes avec une culture commune en matière d’intervention. C’est ce que nous avons mis en avant. Je l’ai proposé le 17 septembre à la Sorbonne. Et à présent, une dizaine de pays rejoignent cette initiative européenne d’intervention, qui est un concept inédit. Elle se traduit par des exemples concrets, je veux dire par une nouvelle approche, par exemple dans le Sahel, où nous coopérons avec beaucoup plus de pays européens dans le cadre de la Task Force Takuba, afin de mieux protéger les pays du Sahel.
Et je pense que cette approche est tout à fait dans l’intérêt des États-Unis car elle permet davantage de concertation et de solidarité au niveau européen et un engagement renforcé des forces armées européennes dans des situations différentes, ce qui diminue la pression sur les autres membres de l’OTAN, et donc sur les États-Unis.
Bien sûr, je souhaite préserver la coordination politique intense qui existe avec les États-Unis pour définir et élaborer le concept politique de l’OTAN. Je veux également préserver l’interopérabilité de nos forcées armées car l’efficacité de nos interventions partout dans le monde en est renforcée. Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, nous avons décidé au printemps 2018 de mettre en place une coopération unique afin de lutter contre l’utilisation des armes chimiques en Syrie. L’OTAN a permis notre interopérabilité. Dans les semaines et les mois à venir, nous vivrons des moments cruciaux car je pense que, sur la base des rapports demandés après les mots durs que j’ai eus fin 2019, l’OTAN se trouve dans une phase de clarification.
Les nouveaux concepts doivent être clarifiés et nous devons exprimer clairement ce que nous voulons.
Qui est l’ennemi ? Au départ, l’OTAN a été créée pour lutter contre l’URSS. Et maintenant, qui est l’ennemi ? Qui sont les terroristes et les principaux ennemis de nos sociétés ?
Comment aborder les nouvelles problématiques liées au Pacifique, à la Chine : la question se pose. C’est un sujet que personne n’ose aborder. Nous devons pourtant en parler très ouvertement. Mon souhait est d’adopter à ce sujet une approche politique car je veux vivre dans un monde stable et en paix. Mais cela veut dire que nous devons parvenir ensemble à nous parler franchement et ouvertement, parfois exprimer des avis divergents. Toutefois, je pense que nous devons affronter ce problème.
Troisièmement, respecter un code de conduite clair entre les États membres. Nous y reviendrons probablement, mais comment peut-on parler de partenariat, en tant que membres de l’OTAN, lorsqu’un partenaire comme la Turquie se comporte comme elle l’a fait en 2019 et en 2020.
Il me semble constater des changements, j’en suis heureux, et je voudrais saluer la récente déclaration du Président Erdogan, mais les États-Unis comme l’Europe se sont heurtés à une agressivité incroyable sur différents théâtres d’opérations au cours des deux années écoulées. Et j’estime qu’il est absolument essentiel de clarifier ce que doit être une attitude solidaire et un bon comportement dans ce cadre.
Tout cela est possible parce que l’Europe est bien organisée, plus efficacement, et justement parce que nous avançons sur ce concept de souveraineté et d’autonomie stratégique. BENJAMIN HADDAD : Je sais que nous allons aborder ces sujets avec nos invités. Je me tourne vers la première d’entre eux, Madame Esther Brimmer, administratrice et présidente-directrice générale de la NAFSA. Madame Brimmer est membre du conseil d’administration de l’Atlantic Council et elle a été secrétaire d’État adjointe aux organisations internationales. Je sais qu’elle souhaiterait évoquer les valeurs communes qui fondent nos démocraties.
QUESTION : Merci beaucoup. Monsieur le Président, nos deux pays sont des républiques. Nous sommes les héritiers et les héritières des Lumières et des grandes révolutions du XVIIIe siècle. Pourtant, le 6 janvier dernier, une foule violente a envahi ces belles avenues rectilignes conçues par L’Enfant pour notre capitale. Le Congrès a été envahi et nos représentants élus menacés. En 2018, l’Arc de triomphe a été endommagé lors d’une manifestation à Paris. La xénophobie et la violence ne rôdent plus seulement aux confins de la politique, elles l’ont investie. Monsieur le Président, où en est la démocratie libérale aujourd’hui ?
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Merci de me poser cette question. Je ne suis pas certain d’être totalement en mesure d’y apporter une réponse complète et exhaustive mais je peux vous donner mon point de vue, car je pense que les deux exemples que vous donnez figurent probablement parmi les plus représentatifs des temps que nous vivons dans deux démocraties fortes et anciennes, unies par une grande solidarité et par des liens d’amitié étroits. Écoutez, je pense tout d’abord que la violence, la haine et la xénophobie sont de retour dans nos sociétés et que c’est une tendance récente. Certains groupes politiques les attisent et les légitiment.
Il s’agit pour moi d’un changement anthropologique majeur.
J’ai récemment eu l’occasion d’en parler plus en détail, mais selon moi, le contrat fondamental en démocratie est que les
citoyens peuvent choisir la personne qui les dirige. Ils l’élisent. Ils élisent les personnes qui vont rédiger les lois.
Ils ont la liberté d’expression et de manifestation. Mais en échange, tout le monde doit se respecter. Il faut accepter que certaines personnes ne soient pas d’accord avec vous et que la violence soit interdite. Et il semble que certains discours politiques ont redonné à la violence une légitimité dans nos sociétés, en prétendant que pour répondre à la violence, entre guillemets, des institutions économiques ou sociales, le fait de descendre dans la rue et de tuer, de blesser ou de détruire était légitime.
Soudain, la violence réapparaît, alors qu’elle disparaissait progressivement, et prend les formes dont vous avez parlé.
Cette tendance m’inquiète beaucoup car elle menace nos démocraties, et nombreux sont ceux qui considèrent qu’elle est inacceptable. Comment y mettre fin ? Les gens comme vous et moi, dans la rue, attendent de nous que nous mettions un terme à cette violence car ils ne pensent pas qu’elle soit acceptable, mais c’est très difficile quand beaucoup d’autres personnes estiment qu’elle est légitime. Et c’est exactement ce que vivent nombre de nos démocraties.
Je suis profondément convaincu que les réseaux sociaux jouent un rôle important dans cette évolution, qui, je le répète, est anthropologique, car ils ont légitimé une certaine désinhibition dans le discours.
Je veux dire qu’ils ont encouragé une culture de l’agressivité et du conflit et, selon moi, cela a modifié progressivement la nature profonde du débat démocratique. C’est la raison pour laquelle nous devons traiter ces problématiques si nous souhaitons préserver nos démocraties.
Vous savez, nous avons fait beaucoup de progrès au cours des trois ou quatre dernières années dans la lutte contre le terrorisme sur les réseaux sociaux et les plateformes internationales. Je m’en souviens, cela a commencé ici avec la question du terrorisme. Après les attentats terroristes du mois de juillet 2017, nous avons lancé une initiative, avant de la promouvoir au sein des Nations Unies. Au tout début, de nombreuses voix se sont élevées, au nom de la liberté d’expression, qui au passage est constitutive de notre culture, contre la régulation de nos réseaux sociaux visant à lutter contre les contenus terroristes. Quelques mois plus tard, un attentat a eu lieu à Christchurch et, encore et toujours ici, nous avons lancé l’Appel de
Christchurch avec la Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, et d’autres dirigeants. Nous avons obtenu des principaux réseaux sociaux et plateformes américains un engagement déterminant, celui de supprimer dans un délai d’une heure tout contenu terroriste identifié par la plateforme, les réseaux sociaux et nos services. Et, je peux vous l’assurer, ils l’ont fait. Ils sont très efficaces et nous ont beaucoup aidés, et nous avons fait adopter il y a quelques semaines une législation à l’échelle européenne poursuivant le même objectif.
Ce que nous avons fait pour lutter contre les attaques terroristes, nous devons le faire également pour lutter contre les discours de haine, la xénophobie et bien d’autres problèmes sur les réseaux sociaux. Le seul moyen de préserver nos démocraties est de rétablir un ordre public et démocratique dans ce nouvel espace de réflexion et de vie, qui abrite de plus en plus d’activités en raison de la pandémie. Cette nouvelle réglementation, je pourrais même dire cette nouvelle gouvernance, doit être démocratique et faire l’objet d’échanges entre nos responsables politiques.
Je pense que c’est très important, qu’il s’agit même de l’un des enjeux clés de notre époque.
Vous savez, j’ai évoqué ces initiatives que nous avons lancées avec succès, mais nous devons renforcer nos efforts. Vous avez mentionné les images très violentes filmées au Congrès, et je dois dire que nous avons été extrêmement choqués ici à Paris. Et j’ai exprimé mon amitié, ma solidarité et la confiance que j’ai dans la force de votre démocratie.
Mais en même temps, nous avons également été très perturbés parce que quelques heures plus tard, toutes les plateformes - et permettez-moi d’être très politiquement incorrect - mais ces mêmes plateformes qui avaient parfois aidé le Président Trump à encourager ces mêmes manifestations de manière si efficace quelques heures auparavant, à la seconde même où elles ont été sûres qu’il n’était plus au pouvoir, ont coupé le micro de manière soudaine et ont désactivé toutes les plateformes sur lesquelles ses partisans et lui avaient la possibilité de s’exprimer. D’accord, à très court terme, c’était la seule réponse efficace, mais ce n’était pas une réponse démocratique. Je ne veux pas vivre dans une démocratie où les décisions clés, où la décision de couper le micro, pour faire en sorte que vous ne soyez plus en mesure de vous exprimer en raison de la nature de votre discours, où ces décisions sont prises par un acteur privé, par un réseau social privé. Je veux qu’elles soient prises en application d’une loi votée par nos représentants ou de réglementations, d’une gouvernance, débattues de manière démocratique et approuvées par des dirigeants démocratiques.
Il s’agit d’une question décisive si nous voulons arrêter cela, parce que 2018 en France et 2021 aux États-Unis ont révélé une nouvelle violence de nos démocraties, largement liée à ces réseaux sociaux et, au fond, à notre nouveau mode de vie.
BENJAMIN HADDAD : Passons maintenant à certains enjeux communs de politique étrangère auxquels nous sommes confrontés. Je prendrai les questions deux par deux, parce que nous avons beaucoup de questions à vous poser, Monsieur le Président.
Je donne d’abord la parole au Dr Adam Tooze, à New York. Il est professeur à l’université de Columbia, directeur de l’Institut européen, et a écrit un ouvrage sur la crise financière. Dr. Tooze, d’abord, et ensuite je donnerai la parole au Professeur Joseph Nye, à Harvard.
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Bonjour.
QUESTION : Monsieur le Président, bonjour, c’est un honneur d’être ici.
Je voudrais vous interroger, de manière un peu poussée, sur cette idée de multilatéralisme axé sur les résultats, parce que je crois qu’il est urgent de nous concentrer sur cette approche. Nous devons évidemment nous adapter à l’enjeu que représente la légitimité par les résultats, adoptée par exemple au sein du régime chinois, mais il s’agit également d’un critère sévère et difficile auquel se mesurer. Il ne suffit pas de montrer que vous avez bien fait les choses. Vous devez véritablement produire des résultats.
Et la question particulière à laquelle je pense est l’une des plus importantes que les Européens ont à l’esprit actuellement, c’est la question du vaccin, la question de savoir comment nous pouvons envisager notre expérience avec le vaccin en tant qu’objectif, projet, modèle, mais également comme un avertissement sur la façon dont nous devons procéder à partir de maintenant.
Parce que c’est une question qui comporte deux faces. Il s’agit, d’une part, d’un immense succès des efforts humains menés en collaboration, de part et d’autre de l’Atlantique, mais d’autre part, cette question prend apparemment les dimensions d’un échec tragique, celui de notre incapacité, à l’échelle globale, à veiller à une répartition équitable du vaccin, ou ne serait-ce que prudente, afin d’être ensuite en mesure de le fournir de manière légitime et crédible, même aux populations aisées d’Europe. J’aimerais donc entendre votre avis sur la situation actuelle et sur la façon dont nous pourrions mettre en place un multilatéralisme véritablement axé sur les résultats sur cette question essentielle de la biosécurité au moyen de la technologie des vaccins.
BENJAMIN HADDAD : Je donne maintenant la parole au Professeur Nye, ancien doyen de la Kennedy School of Government de Harvard, membre du Conseil d’administration de l’Atlantic Council.
QUESTION : Monsieur le Président, j’aimerais revenir sur vos commentaires sur la Chine. Comme vous le savez, de nombreux économistes pensent que d’ici à la fin de cette décennie, l’économie chinoise aura dépassé l’économie américaine. À ce moment-là, comment l’Europe et la France devraient-elles réagir?
Certains dirigeants européens suggèrent que l’Europe devrait trouver une position à égale distance entre les États- Unis et la Chine. D’autres disent qu’au contraire, en considérant les caractéristiques internes de la Chine et de l’économie chinoise, si la Chine parvient à une position dominante selon les normes internationales alors qu’il s’agit d’une société fondée sur la surveillance, cela nuira à nos démocraties ; pour eux, nos démocraties devraient plutôt mettre en place un « T-12 », un groupe de pays technologiques qui auront des arrangements commerciaux particuliers et mettront en place des normes pour éviter d’être exploités par les entreprises chinoises ou par les normes chinoises dans des domaines comme la surveillance, l’intelligence artificielle et les mégadonnées ; en d’autres termes, l’équidistance serait une énorme erreur. Il ne s’agit pas seulement de trouver un équilibre entre deux grandes puissances. Il s’agit de préserver la démocratie.
L’Europe est donc confrontée à des choix importants. Pourriez-vous nous dire comment vous voyez cela, du point de vue français, et du point de vue européen ?
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Merci beaucoup pour ces deux questions, auxquelles je puis aisément répondre. Je commencerai par répondre à la question du Dr. Tooze, sur la façon d’illustrer le multilatéralisme axé sur les résultats. Sur la question des vaccins, je crois que la COVID-19 est en effet un sujet très intéressant pour réfléchir au moyen de parvenir à des résultats grâce au multilatéralisme. Et volontairement, je ne réfléchis pas seulement en termes de vaccins, car je crois que la question est celle de la crise de la COVID-19 et de ses conséquences.
Je pense d’abord, au niveau du G20, au lancement en
mars 2020 de l’initiative ACT-A, alors pilotée par les dirigeants européens, mais dans une construction et un travail communs avec les dirigeants africains ; c’est exactement la façon dont je vois ce nouveau type de partenariats. Nous avons élaboré une stratégie dans laquelle la gestion de la crise de la COVID-19 passait par une aide aux pays africains pour préserver leur système de santé primaire, soigner leur population et faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie. Parce que pour l’instant, l’Afrique est confrontée à des conséquences économiques et sociales, bien plus qu’à des conséquences sanitaires, en raison de la structure de sa population, et probablement d’autres caractéristiques importantes des sociétés africaines.
Nous avons lancé cette stratégie et nous sommes parvenus à de premiers résultats. Nous avons mis en place une organisation commune, l’initiative ACT-A, une gestion commune avec des dirigeants africains et l’Union africaine, ainsi que l’initiative COVAX pour le vaccin.
Si on regarde les derniers mois, je suis d’accord avec vous, la Chine a probablement réussi à convaincre certains pays avec sa diplomatie du vaccin.
Les Chinois sont parvenus à des résultats de manière très efficace, en réaction à cette première initiative solidaire du G20 et de l’Union africaine, tout simplement parce qu’ils étaient en position de produire un vaccin. Récemment, la Chine a été moins affectée par la pandémie que les États-Unis ou l’Union européenne, et elle a fait en sorte d’être en mesure de livrer de nombreuses doses à certains pays, dans les Balkans occidentaux, dans le Golfe, et en Afrique, dans des volumes que nous ne connaissons pas totalement, mais cela représente clairement un succès diplomatique.
Et cela pourrait donner l’idée que l’action de la Chine est plus efficace que la stratégie multilatérale que nous avons menée il y a quelques mois. Mais je crois qu’à long terme, si nous avons une approche globale et coordonnée, nous pouvons être plus efficaces. Et c’est l’idée que je veux défendre. Parce que c’est vrai, à très court terme, nous pouvons être impressionnés par l’efficacité chinoise. C’est un peu humiliant pour les dirigeants que nous sommes, peut-être également pour nos pays. J’ai reçu il y a quelques jours une note intitulée : « Inutile d’aller vers les pays africains ou pauvres ». Le président serbe était là. Pour être très honnête avec vous, il a eu accès à des vaccins grâce à sa coopération avec la Chine. « Les Chinois sont plus efficaces que vos équipes communes de l’Union européenne pour élaborer des vaccins, mes amis »,
a-t-il fait remarquer de manière directe et sincère.
Mais ce que nous observons est, je crois, beaucoup plus compliqué. La réponse à apporter, en particulier pour les pays pauvres et émergents, est plus complexe qu’il n’y paraît. Tout d’abord, traiter le virus avec un vaccin exige d’être sûr d’avoir le vaccin adapté, un vaccin qui est pertinent pour faire face aux différents variants, et de disposer d’informations partagées et transparentes. Et je pense que c’est précisément à ce moment-là de la crise que l’OMS doit jouer un rôle crucial. J’aurai l’occasion la semaine prochaine de m’entretenir avec le Dr. Tedros. Mais le rôle de l’OMS, c’est d’être en mesure d’évaluer, en coopérant avec les différents organismes nationaux et régionaux, l’efficacité et la toxicité éventuelle des différents vaccins contre la souche initiale de COVID et contre ses variants.
À l’heure actuelle, nous ne disposons de données que sur des vaccins américains, des vaccins européens, et des partenariats entre différents acteurs.
Il semble que nous pourrons avoir plus d’informations sur les vaccins russes grâce au numéro de The Lancet paru hier, et sur les initiatives à recenser au niveau européen. Je n’ai absolument aucune information au sujet du vaccin chinois. Je ne ferai pas de commentaires, mais c’est la réalité. Cela signifie qu’à moyen et long termes, si ce vaccin n’est pas adapté, il est presque sûr qu’il facilitera l’émergence de nouveaux variants et ne résoudra absolument pas la situation dans ces pays. Le Brésil est d’ailleurs sans doute un bon exemple de ce qui peut arriver, avec la situation à Manaus, où des personnes déjà infectées et d’autres vaccinées ont contracté une nouvelle forme de COVID-19.
Je pense donc que nous pouvons apporter les meilleures données scientifiques possibles, selon nos critères. Je veux dire par là des données scientifiques transparentes, pertinentes et contrôlées par les meilleurs chercheurs au monde. À ce stade, ce n’est pas le cas pour le vaccin chinois. Et je serais très heureux que la Chine puisse proposer un dispositif similaire. Donc pour moi, dans la situation actuelle,
une efficacité à court terme pourrait nuire à l’efficacité à moyen terme. Voilà pour le vaccin.
Mais au-delà, je pense que notre initiative ACT-A, que je veux promouvoir, est exactement le nouveau type de partenariat dans le cadre duquel nous pouvons parvenir à des résultats collectifs de manière bien plus rapide, parce que nous nous mettons en position de fournir des vaccins à des pays pauvres et émergents. Les vaccins de Pfizer et Moderna ne sont pas pertinents pour ces pays, en raison de leurs caractéristiques principales, notamment en ce qui concerne la température et les exigences logistiques. Mais ceux de Janssen, Johnson & Johnson, AstraZeneca, peut-être Sanofi et d’autres comme Novavax pourraient être beaucoup plus adaptés. Si nous mettons en commun nos financements et nos efforts, nous pouvons fournir à ces pays dans les semaines et les mois à venir un nombre de doses sans comparaison possible avec celles livrées par la Chine. C’est là une première chose. Deuxième chose, notre dispositif prévoit des traitements, car il est possible, avec des traitements adaptés, d’éviter certaines formes graves à de nombreuses personnes. En ce qui concerne les tests, il est tout simplement impossible de lutter contre une pandémie si vous n’avez pas de stratégie de dépistage. Cela signifie qu’en plus de notre approche multilatérale, l’initiative ACT-A, qui pour moi est la meilleure pour cela, vous devez travailler directement avec les gouvernements et les aider à renforcer leur système de santé primaire. Si vous ne disposez pas de structures, de médecins, d’infirmières, etc., il est impossible de mener une campagne de vaccination. Nous le savons parfaitement dans nos pays, et c’est la même chose en Afrique ou en Amérique latine.
Et donc, le fait que nous disposions d’une approche bien plus globale, solidaire, ouverte à tous, et d’ailleurs y compris à la Chine, et solidaire envers les pays dans lesquels la pandémie pourrait être très sévère, à savoir les pays d’Afrique et d’Amérique latine, est justement la façon la plus efficace de parvenir à des résultats. Ce qui est en jeu maintenant, pour reprendre ce que vous disiez, c’est premièrement, l’engagement de l’OMS à être complètement transparente et à appliquer des normes communes, car un des points faibles du multilatéralisme axé sur les résultats est le risque d’avoir une approche « deux poids, deux mesures ». S’il y a deux pays, un riche et un pauvre, qui agissent selon des normes différentes, sans être transparents, cela affaiblit le système. Donc nous avons besoin de l’OMS.
Deuxièmement, il faut plus d’engagements de la part des pays. Et la décision américaine récente au sujet, justement, de l’initiative ACT-A et du COVAX, est décisive. Troisièmement, il faut disposer d’une capacité de mise en œuvre, en associant tous les pays émergents et pauvres, et en ayant cette stratégie globale dont j’ai parlé. Pour moi, il est temps de parvenir à des résultats en étant très pragmatiques. Et il est temps de passer à la mise en œuvre. Vous aurez une réponse parfaite et complète à votre question, Adam, au cours des prochaines semaines et des prochains mois, si nous parvenons à des résultats dans nos propres pays et si nous réussissons à organiser d’importantes campagnes dans les pays émergents et pauvres grâce à notre initiative COVAX pour fournir des vaccins, mais plus largement grâce à la stratégie globale de l’initiative ACT-A que nous avons lancé ensemble. Mais une fois encore, le fait que nous soyons plus exigeants et adoptions une approche plus globale est sans aucun doute une force.
Pour répondre à votre question, professeur Nye, au sujet de la Chine. Je dirais d’abord que nous considérons la Chine à la fois comme un partenaire, un concurrent et un rival systémique. Cela signifie qu’elle est un partenaire pour traiter de certains sujets mondiaux. Par exemple, sur la question des changements climatiques, la Chine est un partenaire. Elle a pris des engagements, elle change le système, elle s’efforce de réduire ses émissions de CO2. Et je dois dire qu’elle a mis en place ces dernières années un marché carbone performant. Elle a pris des engagements clairs et a obtenu des résultats. Mais pour les questions commerciales et industrielles, la Chine est un concurrent. Et elle est un rival systémique, compte tenu de ses ambitions dans la région indopacifique et de ses valeurs, de la question des droits de l’Homme.
La question est donc de savoir comment concilier ces différentes priorités et comment aborder ce que vous avez mentionné. Pour moi, il y a deux scénarios différents, qui doivent être exclus.
Le premier serait de nous mettre en position de nous allier tous contre la Chine. Ce scénario est le plus conflictuel qui soit.
Pour moi, il est contre-productif, car il inciterait la Chine à renforcer sa stratégie régionale et à réduire sa coopération sur les différentes priorités.
Et je crois que cela serait dommageable pour nous tous.
Un deuxième scénario pour l’Union européenne, irrecevable, consisterait à nous affirmer en tant que partenaire clair de la Chine, ce qui nous placerait à égale distance de la Chine et des États-Unis. Cela serait absurde puisque nous ne représentons en aucun cas un concurrent systémique pour les États-Unis. En effet, nous partageons des valeurs et une histoire communes, et devons également relever les défis de nos démocraties et ce qui vient d’être évoqué. La question qui se pose pour nous est celle de comment parvenir à coopérer au sujet de certaines problématiques et de devenir l’acteur clé qui incitera la Chine à respecter ses engagements.
Impossible de savoir ce que l’avenir nous réserve. À dire vrai, les prochains semestres seront sans doute décisifs pour la Chine et ses dirigeants, le pays et son gouvernement. La Chine a décidé d’intégrer le cadre multilatéral, à savoir l’OMS et l’Organisation mondiale du commerce, entre autres. Alors que les États-Unis se réengagent, quelle sera la réaction de la Chine ?
Je pense que nous devons nous efforcer de travailler ensemble en toute bonne foi. C’est pourquoi je demanderai à ce qu’un sommet au format P5 soit organisé dans les prochains mois afin de rétablir une certaine convergence de vues entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de restaurer l’efficacité de cette enceinte, en chute libre ces dernières années.
Deuxièmement, je pense que nous devons amener la Chine à s’engager dans un programme climatique audacieux et efficace. En outre, il me semble que le réengagement des États-Unis offre une bonne occasion d’entamer une discussion proactive à ce sujet. La Conférence de Glasgow en fin d’année permettra bien évidemment d’aborder la question. De plus, elle se déroulera presque en même temps que la COP chinoise sur la biodiversité.
Troisièmement, il nous faut désormais instaurer une initiative mondiale relative au commerce, à l’industrie et à la propriété intellectuelle. À cet égard, je pense que la divergence des États-Unis et de l’Union européenne au cours de ces dernières années a été totalement contre-productive. Il me semble que nous devrions relancer la discussion, au niveau de l’OMC bien entendu, mais aussi de l’OCDE, puisqu’en tant que membres, nous dialoguons avec la Chine. Nous pourrions également introduire de nouvelles formes de discussion afin de régler la question de la propriété intellectuelle, essentielle au même titre que celle de l’accès au marché, dans le but d’instaurer une nouvelle ère de normalisation et de transparence.
Enfin, quatrièmement, se pose la question des droits de l’Homme. Sur ce point, il me semble nécessaire de faire pression, d’être très clairs et de trouver le moyen de renouveler notre engagement sur certains points fondamentaux. À cet égard, je considère l’accord d’investissements signé à la fin de l’année dernière entre l’Union européenne et la Chine comme une occasion favorable.
Soyons honnêtes, cet accord n’est ni particulièrement étendu ni facteur de changement, ni pour la Chine ni pour l’Union européenne. Il présente certes des éléments positifs et significatifs, répond à certaines problématiques relatives à l’investissement et à l’accès aux marchés, mais, restons lucides, il n’aborde pas la question de la propriété intellectuelle. Cependant, pour la toute première fois, la Chine accepte de s’engager dans le cadre des normes de l’OIT, notamment sur des questions relatives au travail qui touchent aux droits de l’Homme. Je trouve cette attitude très intéressante, car elle permet d’évaluer la pertinence d’une telle discussion.
Comme vous le voyez, j’ai essayé de distinguer ces différentes dimensions. Selon moi, notre dialogue avec la Chine nous permet d’établir une stratégie efficace ; il est dans l’intérêt collectif de concrétiser celle-ci, car nous abordons des questions globales en évitant les approches que je qualifierais de controversées. Si nos objectifs sont évidemment très ambitieux, surtout en matière d’économie, je pense qu’il est dans l’intérêt de tous de réduire les conflits, mais je n’ai pas la solution définitive. En ce qui concerne les droits de l’Homme, question très complexe, il convient d’augmenter la pression, de mener des discussions franches et de renouer le dialogue sur certaines questions spécifiques.
Pour y parvenir dans les mois, les années à venir et à long terme, nous devons bien évidemment préserver notre autonomie stratégique et notre capacité à négocier de bonne foi, pour les États-Unis, mais aussi pour l’Union européenne elle-même. Vous l’avez par ailleurs très justement mentionné.
Concernant la technologie, l’intelligence artificielle et les initiatives dans ce domaine (la question de l’espace sera également cruciale), nous devons être en mesure de coopérer si nous le souhaitons. Il nous faut cependant à tout prix éviter de dépendre entièrement de la Chine, mais également des États-Unis, non pas pour des raisons de distance équivalente, mais parce que je ne souhaite pas dépendre entièrement des décisions américaines. À défaut, je ne pourrai plus prendre de décisions dans l’intérêt du continent européen lui-même.
C’est pourquoi j’ai lancé, il y a un an et demi, une initiative pour la 5G afin de disposer d’une solution 100 % européenne. Dans cette optique, nous avons également restreint les solutions françaises. De plus, j’ai décidé de défendre cette initiative lors des discussions bilatérales avec la Chine. Je suis très heureux de constater qu’en mars
2020, la Commission européenne a introduit ses propres normes pour la 5G, pour l’encadrement de nos plateformes et pour la réglementation relative à l’intelligence artificielle.
En outre, je pense qu’il nous est possible de coopérer bien davantage grâce au partenariat mondial pour l’intelligence artificielle, lancé il y a quelques semestres, lors du G7. J’espère que les États-Unis rejoindront cette initiative. Élaborée de concert avec le Canada, elle nous permet de travailler collectivement en évitant toute dépendance en ce qui concerne les décisions techniques et d’instaurer ainsi une gouvernance démocratique commune sur la question de l’intelligence artificielle. La préservation des solutions européennes et de notre capacité décisionnelle est la condition sine qua non de toute discussion avec la Chine à ce sujet.
BENJAMIN HADDAD : Je me tourne à présent vers nos deux prochaines invitées. Tout d’abord, Sophia Besch de Berlin, chargée de recherche au Center for European Reform et directrice de recherche à l’Atlantic Council. Puis Rachel Rizzo de Washington D.C., directrice des programmes du Truman National Security Project.
Sophia.
QUESTION : Monsieur le Président, je vous remercie de nous accorder cette entrevue. Je suis ravie de participer à un tel événement.
J’aimerais revenir sur l’autonomie stratégique et le rôle de l’OTAN. Aux yeux de certains États européens, l’élection du Président Joe Biden relègue l’autonomie stratégique de l’Union en matière de défense au second plan. Pour eux, des arguments essentiels en faveur de cette autonomie étaient la faiblesse politique de l’OTAN ces dernières années, le manque d’harmonisation stratégique et de coordination entre les États-Unis et l’Europe, ou entre la Turquie et d’autres alliés, par exemple. Si le cas de la Turquie reste en suspens, la nouvelle administration américaine place la restauration des alliances, comme l’OTAN, au centre de sa politique étrangère.
Alors, comment assurer la réussite de ce réalignement transatlantique sans compromettre les ambitions européennes en matière de défense ?
Et comment l’OTAN peut-elle contribuer efficacement à votre vision d’une autonomie stratégique européenne ?
BENJAMIN HADDAD : Rachel Rizzo.
QUESTION : Merci, Ben. C’est un honneur de participer à cet échange aujourd’hui.
Monsieur le Président, permettez-moi d’évoquer le cas de la Russie. En début de semaine, un tribunal moscovite a condamné la figure de l’opposition Alexeï Navalny à plus de deux ans de prison. Ces deux derniers week-ends, des milliers de Russes sont descendus dans la rue pour protester contre son arrestation.
Suite à cette condamnation, les manifestations se poursuivront très certainement.
Si des sanctions ont désormais été prises contre la Russie, vous avez également encouragé un dialogue continu avec Moscou. Dans quels domaines d’intérêt commun l’Europe et l’administration Biden peuvent-elles collaborer afin de définir une politique commune à l’égard de la Russie ?
Merci.
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Je pense que vous avez raison. Certains dirigeants, certains acteurs européens, pourraient penser que la remise en conformité du programme d’action avec la nouvelle administration américaine risque d’affaiblir notre autonomie stratégique ou du moins d’amoindrir, d’une certaine manière, la pertinence d’une telle stratégie.
Toutefois, je ne crois pas un seul instant que ce soit le cas. Comme j’ai tenté de l’expliquer au début de notre échange, je pense que plus l’Europe s’investit pour défendre, soutenir et participer à la protection de son voisinage, plus
les États-Unis en bénéficieront car cela contribue à une meilleure répartition des efforts. Reste à déterminer la nature de la coordination au sein de l’OTAN et à clarifier notre projet politique et nos objectifs communs.
Bien sûr, la nouvelle administration ouvrira la voie à une approche plus coopérative. C’est une certitude. Regardons la réalité telle qu’elle est. Le Moyen-Orient et l’Afrique sont nos voisins. Pas ceux des États-Unis. C’est un fait. Je ne parle là que de géographie. Je me souviens de ce que nous disions sur la Syrie il y a quelques années : la décision juste et démocratique de l’administration des États-Unis a finalement consisté à ne pas répondre à l’usage d’armes chimiques par une opération militaire et une attaque. Or, cette décision a privé les Européens de leur capacité à agir d’eux-mêmes. Je pense que la crédibilité de l’OTAN en a souffert et que les Européens eux-mêmes s’en sont trouvés affaiblis, car les enjeux ne portaient pas sur une région très lointaine. En 2013, on parlait de la Syrie pour désigner l’endroit où se sont préparés les attentats terroristes menés à Paris en novembre 2015. Je parle donc de ma propre sécurité.
C’est pour cette raison que les Européens doivent comprendre la nécessité d’une coopération, d’une interopérabilité et d’une collaboration très étroite avec les États-Unis. Mais il ne s’agit absolument pas de nous mettre dans une situation de dépendance vis-à-vis des décisions des États-Unis. En effet, toute décision démocratique prise par ce pays pourrait être motivée par des considérations nationales, par une politique intérieure et, bien entendu, dans une certaine mesure, par les intérêts du pays lui-même, et pourrait donc différer de celle privilégiée par l’Europe, notamment en ce qui concerne nos pays voisins. C’est ainsi que je veux expliquer notre autonomie stratégique. Et je dirais que pour un côté comme pour l’autre, cette approche est la bonne et qu’elle permet de préserver nos intérêts respectifs.
Il s’agit de se défaire d’une mentalité prégnante en Europe, qui découle du concept d’absence de défense européenne, construit sur des décennies.
Dans de nombreux pays, après la Seconde Guerre mondiale, nous avons créé un système, une mentalité, presque un ADN, où il était indispensable de ne pas se démarquer nettement et de ne pas avoir à prendre soi-même des décisions. Nous entrons aujourd’hui dans une nouvelle période où nous devons être en mesure de préparer et de soutenir notre défense européenne. Toutefois, je tiens à insister sur la nécessité d’une étroite coopération avec les États-Unis. En ce qui concerne la Turquie, la situation dans laquelle elle a placé l’Europe et les États-Unis est aberrante. Je dirais que l’absence de régulation
par l’OTAN, d’intervention permettant de mettre fin à l’escalade, nous a nui à tous. Je voudrais rappeler qu’il y a deux ans, la Turquie a lancé une opération dans le Nord-Est de la Syrie sans aucune coordination ni avec l’OTAN, ni avec les États-Unis, ni avec la France. À ce moment-là, nos troupes étaient déployées sur le terrain, car la coalition, menée par les États-Unis, avec le concours de l’OTAN, se trouvait en Syrie.
Cette opération lancée par la Turquie était motivée par des considérations nationales, qui revenaient à dire : « Les Forces démocratiques syriennes représentent une menace terroriste pour moi, car elles sont liées au PKK. » Pour certaines d’entre elles, c’est exact. Mais la Turquie a de facto lancé des opérations militaires dans une région où se trouvait la coalition et contre nos intermédiaires. Les soldats des États-Unis, les soldats de la France et tous nos autres soldats ont combattu Daech sur le terrain à leurs côtés. Soudain, l’un de nos membres a décrété qu’ils étaient terroristes et qu’il fallait les tuer. C’est exactement ce qu’il s’est produit. L’OTAN, les États-Unis et la France ont perdu toute crédibilité dans la région. Comment peut-on vous faire confiance si vous agissez de la sorte, sans aucune coordination ? Or, les opérations menées par la Turquie ont été rendues possibles par la décision des États-Unis, implicite puis explicite, de se retirer de Syrie. Après la Libye, au Haut-Karabagh, en Méditerranée orientale, la Turquie a systématiquement adopté un comportement hostile vis-à-vis de ses différents partenaires, l’Europe ou les membres de l’OTAN, avec la volonté de cadrer la situation avec la Russie.
C’est pour cette raison que j’ai déclaré que l’OTAN était en état de mort cérébrale. En effet, quel en est le concept ? Qui en est l’ennemi ? Quelles sont les règles du jeu dans une organisation où vous êtes censés être alliés, mais où de tels comportements sont tolérés ? En 2020, nous avons accentué la pression et avons obtenu des résultats. Les mois à venir seront décisifs. Je salue avec enthousiasme les récentes déclarations du Président Erdogan : je pense qu’elles sont en grande partie dues à nos accomplissements à l’échelle européenne et au réengagement de la nouvelle administration des États-Unis, bien plus en accord avec l’approche traditionnelle de l’OTAN, c’est-à-dire avec une approche normale et exigeante. Je m’en réjouis sincèrement.
J’espère que nous obtiendrons des résultats, qui seront alors la preuve concrète de notre efficacité. Ainsi, il conviendrait de régler la situation en Libye, de faire partir les troupes Turques de Libye, d’obtenir le départ des milliers de djihadistes envoyés depuis la Syrie vers la Libye par la Turquie elle-même (en violation totale avec la conférence de Berlin), de régler la question syrienne avec le reste de la coalition et, je l’espère, de résoudre la situation au Haut-Karabagh et de diminuer la pression en Méditerranée orientale, lorsque la situation semblera plus favorable.
Ainsi, je pense qu’il est essentiel que dans les prochains mois, les États-Unis, l’Europe et quelques autres membres étudient avec rigueur les rapports qui nous ont été récemment fournis par les experts mandatés il y a un an pour clarifier les nouveaux concepts. Comme je le disais, qui est l’ennemi ? Mon ennemi est-il Daech, par exemple ? Pas nécessairement, ces petits groupes, et ainsi de suite ? Comment réglementer la situation ? Comment identifier l’ennemi pour légitimer toute intervention extérieure ? Quel code, quelles règles faut-il instaurer entre les États membres ?
Nous disposons de règles bien définies concernant la solidarité dont peut bénéficier un État attaqué.
Toutefois, nous ne disposons pas d’une autorité réglementant les interventions dans certains pays, où de nouveaux intérêts peuvent entrer en jeu et où une opération lancée par un autre État membre s’avère contre-productive. Lorsque nous parlons de la mer Méditerranée ou du Moyen-Orient, nous parlons de nos voisins. L’intervention de la Turquie a de réelles conséquences pour nous. Ainsi, je suis convaincu que l’autonomie stratégique revêt toujours une grande importance et que le réalignement et le réengagement des États-Unis dans l’OTAN est nécessaire à ces clarifications et à la réaffirmation de l’OTAN non pas comme une superstructure coordonnant nos forces armées, mais comme un organisme politique nous permettant d’harmoniser nos choix et de coordonner nos politiques.
En ce qui concerne la Russie, je partage complètement votre point de vue sur M. Navalny. J’ai affirmé hier mon désaccord total vis-à-vis de cette décision russe consistant à condamner quelqu’un pour la simple raison qu’il n’a pas respecté son contrôle judiciaire en Russie parce qu’il était soigné à Berlin. Je pense que cette décision constitue l’expression la plus évidente d’une forme d’ironie et d’irrespect à l’égard de M. Navalny et du monde entier. Selon moi, c’est une immense erreur, notamment pour la stabilité du pays. Le cas de M. Navalny est très grave. Nous avons décidé de certaines sanctions. Je regrette et condamne fermement ces décisions.
Cela dit, se pose en outre la question de la situation en Ukraine, pour laquelle des sanctions justifiées et un processus ont été conçus à Minsk en format Normandie.
En décembre 2019, nous avons légèrement progressé sur cette question. Nous travaillons dur pour continuer dans cette voie. Mais dans un tel contexte, pourquoi ai-je décidé de reprendre une partie des discussions avec la Russie ? Je suis en faveur d’un dialogue permanent.
Je pense qu’il faut prendre en compte les dimensions historique et géographique. La Russie fait partie de l’Europe à ces deux égards. Il me semble essentiel, quoi qu’il arrive, d’inclure la Russie dans cet horizon, dans cette grande partie du monde. Premièrement, de toute évidence, l’histoire du Président Poutine et de nombreux dirigeants s’inscrit pleinement dans l’histoire européenne. Ils ont des valeurs, une histoire, une littérature, une culture, une mentalité communes. Et nous devons le prendre en compte.
Deuxièmement, il y a la dimension géographique. La paix et la stabilité en Europe, en particulier à nos frontières aujourd’hui, dépendent de notre capacité à négocier avec la Russie. Pour différentes raisons, en particulier l’agressivité de la Russie et l’extension de l’OTAN, nous avons repoussé nos frontières au maximum du côté est, mais n’avons pas réussi à y réduire les conflits et les menaces.
Je crois que notre objectif pour les années et les décennies à venir consiste précisément à trouver un moyen commun de débattre et de construire la paix et la sécurité à l’échelle du continent entier. Cela passe par un dialogue sur les cyberattaques, et bien entendu sur tous les types d’attaques, et sur notre manière d’aborder les pays vulnérables dans la zone très sensible où se trouvent notamment l’Ukraine et la Biélorussie. Nous devons engager une discussion politique avec la Russie à ce sujet. Autrement, il y aura notre volonté de protéger d’un côté et une volonté de conquérir et de dominer de l’autre. Or, si l’on se penche sur les stratégies mises en œuvre avec l’Ukraine dans le passé, avec la Biélorussie aujourd’hui et avec de nombreux pays, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Nous devons donc recréer un cadre de discussion pour les pays situés dans cette partie de notre continent.
Deuxièmement, en ce qui concerne la maîtrise des armements, nous devons impérativement discuter avec la Russie du retrait unilatéral des États-Unis du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Aujourd’hui, l’Europe n’est plus protégée contre ces missiles russes. Compte tenu du cadre juridique du traité FNI, nous n’étions pas parfaitement protégés, notamment en Pologne, mais nos débats et notre organisation en matière de maîtrise des armements étaient encadrés d’une manière qui n’était pas sans rappeler la guerre froide, par l’intermédiaire d’un dialogue entre les États-Unis et la Russie. En tant qu’Européen, je souhaite ouvrir une discussion entre l’Union européenne et la Russie. Je suis conscient et convaincu que nous avons besoin des États-Unis, et certainement de la Chine, qui est essentielle pour la stratégie des États-Unis, mais nous devons avant tout engager un dialogue plus large sur les accords et les traités en matière de maîtrise des armements pour aborder, surveiller et réduire les conflits dans le monde. Or, la sécurité du continent européen passe indéniablement par un dialogue entre la Russie et l’UE à ce sujet. Cet objectif ne saurait être atteint sans l’instauration des conditions adéquates et l’ouverture d’un dialogue.
Enfin, il y a la question de notre voisinage. Au Moyen-Orient, que ce soit au niveau de l’OTAN ou de l’ONU, nous avons constaté une perte de crédibilité collective ces dernières années, parce que nous avions décidé de ne pas intervenir, tandis qu’eux intervenaient ou envoyaient des groupes agissant par procuration, et s’accommodaient très bien de cette zone grise. C’est d’ailleurs précisément ce nouveau type de guerres qui leur a permis de gagner en efficacité. Or, Européens comme Américains, nous avons aujourd’hui presque disparu et ne sommes donc pas en mesure de définir un cadre international ou multilatéral dans ce domaine. Si nous souhaitons nous réengager, nous devons rétablir le dialogue avec la Russie. Vous me demandiez des exemples de situations critiques dues à une interruption du dialogue, comme celles de l’Ukraine ou de M. Navalny, qui sont extrêmement importantes et où nous devons faire preuve de fermeté avec une grande solidarité. Mais au-delà de ces considérations, nous avons besoin d’un dialogue global.
Cela dit, je reste extrêmement lucide. À très court terme, nos chances d’obtenir des résultats concrets sont très réduites. Je suis lucide. Mais notre devoir est de préserver ou de rétablir ces voies de dialogue, de ne pas prendre la responsabilité de cesser le dialogue de notre côté et de constamment renouer la discussion.
D’après mon expérience, y compris avec les dirigeants actuels de la Russie, plus vous renouez le dialogue, mieux vous parvenez à exercer la pression adéquate pour éviter toute dérive. Au contraire, si vous restez fermé et ne discutez pas de certaines questions, vous laissez une porte ouverte pour agir. Ainsi, en posant des limites, vous établissez votre crédibilité, comme nous l’avons par exemple fait avec notre opération militaire en Syrie, en 2018. Certes, le fait de réengager sans cesse le dialogue ne donne que des résultats limités, mais il permet au moins d’éviter de plus grandes divergences d’opinion. Cela prendra plusieurs années, peut-être même plusieurs décennies, mais nous devons bâtir un tel dialogue pour assurer la paix et la stabilité en Europe.
BENJAMIN HADDAD : Monsieur le Président, si vous me le permettez, je prends deux dernières questions avant de laisser notre président et directeur général Fred Kempe conclure la séance. J’appelle d’abord Fred Smith, président et directeur général de FedEx, puis Monique Dorsainvil, ancienne membre de l’administration Obama et Millenium Leadership Fellow de l’Atlantic Council. Tout d’abord, Fred Smith.
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Bonjour.
QUESTION : Bonjour, Monsieur le Président. Comme vous le savez, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la libéralisation des échanges a joué un rôle majeur dans le renforcement de la prospérité, dont nous bénéficions tous aujourd’hui. Or, l’expansion des échanges transatlantiques revêtait une importance capitale. Ainsi, comment envisagez-vous d’améliorer et de renforcer les relations commerciales entre l’Europe et les États-Unis ?
BENJAMIN HADDAD : Merci.
Monique.
QUESTION : Merci, Ben.
J’aimerais parler de la génération Y et de la génération Z. Dans les contextes sociaux et politiques actuels, toute la jeune génération, touchée de plein fouet par la pandémie de COVID-19, subit les conséquences économiques d’obtenir son diplôme et de chercher un emploi en période de récession. Ces jeunes ont assisté à la montée du populisme et des guerres, dans leurs pays et ailleurs.
Ma question est donc : que dites-vous à ces jeunes du monde entier, dont beaucoup sont isolés chez eux, aux prises avec toutes ces questions, mais qui continuent de persévérer et de redoubler de créativité chaque jour pour innover et rester en contact avec leur entourage ?
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Merci beaucoup. Merci, Fred. Je pense comme vous que la libéralisation des échanges a permis une hausse de la croissance et a ouvert de nombreuses perspectives. C’était une stratégie extrêmement efficace pour réduire la pauvreté dans de nombreuses régions. Cependant, nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation assez différente et nous nous devons d’élaborer un programme d’action plus vaste. D’abord, bien évidemment, nous devons, et devrons une fois que la COVID-19 sera derrière nous, reprendre certains échanges, qui ont perdu en rapidité et en stabilité. Et je pense que la priorité est de préserver et d’améliorer l’accès au marché ainsi que notre capacité à fournir des débouchés et à organiser efficacement notre commerce et nos industries. Nous devons prendre en compte le changement climatique, comme je le disais, et trouver des solutions pour réduire notre empreinte carbone, ce qui implique de repenser notre logistique et de rapprocher la production du marché final. C’est un point très important. Le second aspect est la question des inégalités, sur laquelle je souhaite insister. La libéralisation de nos échanges était principalement axée sur le consommateur et visait à réduire le prix des différents produits et biens. Or, elle a provoqué la disparition de nombreux emplois dans notre société, c’est une réalité. Nous avons réduit la pauvreté dans les pays pauvres et émergents, mais creusé les inégalités dans nos sociétés, ce qui s’inscrit dans la crise démocratique que nous vivons. Je reviens à la question que vous m’avez posée à propos de la crise démocratique. J’ai centré ma réponse sur la violence et la haine, mais les inégalités jouent aussi un rôle crucial dans ce processus, car elles légitiment la montée de la violence. Ainsi, toute stratégie commerciale doit prendre en compte la question des inégalités dans notre société. Pour être très franc, je crois aujourd’hui à un commerce multipartite, qui implique les consommateurs, les travailleurs, les parties prenantes et les citoyens afin de concilier les enjeux liés à l’économie, au climat et aux inégalités.
Ceci explique aussi pourquoi je souhaite qu’aucun accord commercial régional ne soit signé avec un pays ou une région qui ne respecte pas l’Accord de Paris. Toutefois, nous devons également évaluer les avantages et les inconvénients d’une telle stratégie.
Tout ceci doit faire l’objet d’une grande réflexion. Mais bien plus encore, dans les mois et les années à venir, nous devons travailler activement tous ensemble à l’élaboration d’une stratégie commune à l’OMC, à l’OIT et au FMI, qui soit conforme à notre réglementation multilatérale en matière de changement climatique et de biodiversité. Seule l’harmonisation de nos différentes stratégies permettra de construire la stratégie d’ouverture et de commerce durable de demain. Ensuite, pour répondre à la seconde question concernant la jeune génération, je partage entièrement votre inquiétude et votre volonté de lui adresser des messages.
Je suis convaincu que cette génération comprend bien mieux que nous l’importance du changement climatique et qu’elle a pleinement conscience que la solution pour apporter des réponses claires et pertinentes à cette question se trouve dans l’élaboration d’une stratégie globale fondée sur la coopération. Ces jeunes sont ceux qui ont vingt ans en pleine pandémie. Ce sont les étudiants qui, à l’âge des premières amours, sont privés des bars et des restaurants et ne peuvent parfois même pas se rendre à l’école ou à l’université. Cette situation est profondément injuste, sachant que les confinements et autres restrictions que nous décidons visent à protéger nos aînés.
Je commencerai par dire que les jeunes comprennent pleinement la nécessité d’une solidarité entre les générations. Toutefois, ce qu’ils veulent maintenant, ce dont ils ont besoin, à mon avis, ce n’est pas seulement de faire partie d’un monde très organisé et d’avoir la possibilité de gagner de l’argent et de vivre une vie normale.
À mon sens, ils veulent prendre part au processus de réinvention, ils veulent pouvoir recréer un nouveau monde. Ils veulent jouer un véritable rôle dans cette recréation non pas seulement d’un nouveau gouvernement, mais de l’ensemble du système et de notre capacité à vivre ensemble.
Si j’avais un message à transmettre à cette génération, ce serait d’abord celui-ci : merci, vraiment, car je sais que les efforts que nous vous demandons, que nous demandons à votre génération, sont certainement les plus lourds de tous. Parce qu’il ne s’agit pas uniquement de vous protéger et de rester à la maison, entre autres. Il s’agit de renoncer, en substance, à tout ce qui fait les plaisirs de la vie à votre âge. Et pourtant, vous consentez ces efforts justement parce que nous avons sans doute redécouvert, au cours de cette période, ce que signifient la solidarité et la fraternité, parce que toutes les générations ont accepté de s’arrêter pour protéger une partie de la population. Parce que nous avons décidé de faire passer la vie humaine avant les intérêts économiques et avant toute autre chose.
Pourtant, ce que nous devons à votre génération, ce n’est pas un retour à la normale le jour d’après. Tout d’abord, nous devons vous fournir la possibilité d’étudier pendant cette période, pour que vous ayez clairement et pleinement conscience du rôle actif et important que vous jouez dans notre lutte contre le virus et pour vous aider à mettre en œuvre de nouvelles initiatives, au cours de cette période et à l’avenir, à transformer le monde et à construire ce que j’ai appelé, au début de cette discussion, un nouveau consensus. Pour vous aider à innover et à proposer de nouvelles solutions.
Soyons clairs, je suis sûr que notre monde, après cette crise, sera d’abord un monde au sein duquel la vie humaine, la dignité humaine, aura bien plus de valeur qu’auparavant. Un monde au sein duquel la lutte contre les inégalités pour parvenir à un système de santé ambitieux et équitable sera beaucoup plus intense. Un monde au sein duquel nous devrons relancer la croissance de manière à ce qu’elle profite beaucoup plus à tous. Vous avez un rôle à jouer, car vous êtes la génération qui innove. Quand je parle d’innovation, je parle d’innovation technologique, mais également d’innovation sociologique et structurelle. Ce monde est un monde au sein duquel nous pouvons mettre au point et concevoir de nouvelles solutions.
Je voudrais ajouter qu’au cours de cette période, l’impensable a été fait pour lutter contre le virus. Désormais, au fil des jours, l’impensable doit être fait et mis en place afin d’apporter de nouvelles solutions aux changements climatiques, de lutter contre les inégalités et de favoriser une nouvelle croissance qui profite à tous. Je pense que notre rôle et notre devoir, en tant que personnalités politiques, sont de donner aux jeunes la possibilité de faire cela, en veillant à ce qu’ils puissent aller à l’école ou à l’université, en leur assurant la meilleure situation d’après-crise possible et, sans doute, en leur donnant le maximum de possibilités et de chances de contribuer à la solution et à ces innovations.
BENJAMIN HADDAD : Monsieur le Président, avant de donner la parole à Frederick Kempe, notre président et directeur général, pour clore cette discussion, je voudrais vous remercier vivement pour l’opportunité extraordinaire et pour les objectifs ambitieux que vous avez présentés. Je souhaiterais également ajouter que vous avez des amis et des partenaires au sein de l’Atlantic Council aux États-Unis et en Europe pour vous aider à concrétiser ces ambitions au cours des années à venir.
Donnons la parole à Frederick, à moins que vous ne souhaitiez d’abord dire un mot.
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Non, merci beaucoup. Je vous remercie de m’avoir donné la parole.
Nous avons abordé de nombreux sujets et je vous prie de m’excuser si mes réponses ont été trop longues.
Nous n’avons évidemment pas pu débattre de certains sujets essentiels, que j’ai mentionnés très brièvement au début de notre discussion.
Nous pourrons en discuter à nouveau et de manière plus approfondie, mais il est évident que notre entretien, notre rôle et notre nouveau partenariat avec les États-Unis seront d’une importance capitale en Afrique. Nous avons mentionné la COVID-19, évidemment, le vaccin et notre initiative ACT-A. En ce qui concerne le Sahel, nous sommes très investis et nous avons des objectifs que nous poursuivons main dans la main avec les États-Unis. Nous avons besoin de cet engagement. Je pense que, dans les mois à venir, notre partenariat avec les États-Unis au Sahel, tant en matière de sécurité que de développement, sera absolument essentiel.
Nous n’avons pas parlé de l’Iran, ce qui surprendra peut-être de nombreuses personnes, mais nous avons eu une discussion très féconde concernant la Chine et la Russie. J’ajouterai donc, en quelques mots, que je me réjouis de la volonté de renouer le dialogue avec l’Iran. Il s’agit d’un enjeu commun pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour soutenir toute action entreprise par les États-Unis afin de rétablir un dialogue exigeant. Je serai présent et disponible, comme je l’ai été il y a deux ans et un an et demi, pour tâcher d’être un médiateur dévoué et sans parti pris dans ce dialogue. Toutefois, je crois fermement que nous devons en effet achever de nouvelles négociations avec l’Iran. Le président Biden a un rôle essentiel à jouer en la matière. Tout d’abord, parce que le pays est désormais bien plus proche de la bombe nucléaire qu’il ne l’était avant la signature de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015. Ensuite, parce que nous devons également aborder les questions des missiles balistiques et de la stabilité de la région. Ce programme global doit être négocié maintenant, car le moment est opportun. Nous devons en outre trouver un moyen de faire participer l’Arabie saoudite et Israël à ces discussions, car ils font partie des partenaires régionaux de premier plan, directement concernés par les décisions prises, tout comme nos autres amis de la région, évidemment. Toutefois, il est impossible de régler la situation sans être sûr que tous ces pays sont satisfaits de ce nouveau programme.
Je soutiendrai et je soutiens toute reprise des négociations.
Voilà ce que je souhaitais ajouter. Je vous remercie encore une fois pour cette discussion et pour vos questions et je salue à nouveau votre décision d’inaugurer ce Centre pour l’Europe de l’Atlantic Council. BENJAMIN HADDAD : Merci.
FREDERICK KEMPE : Monsieur le Président, merci énormément. C’était saisissant.
Et merci, Benjamin, d’avoir animé cette discussion. Félicitations, également, pour le nouveau Centre pour l’Europe.
Merci, Monsieur le Président, de nous avoir aidés à en donner le coup d’envoi. Vous avez brillamment décrit ce qui, selon vous, est au cœur de la relation entre les États-Unis et l’Europe et vous avez rendu compte tant des difficultés que des possibilités de notre époque : la violence et la xénophobie qui empoisonnent nos démocraties, la diplomatie du vaccin, les enjeux concernant la Chine, la Turquie, la Russie, la jeune génération, le commerce, et pour finir l’Iran.
Au début de cette discussion, vous avez présenté une stratégie en trois volets concernant les relations entre les États-Unis et l’Europe, à commencer par la reconstruction et le renforcement du multilatéralisme que nous avons instauré ensemble après la Seconde Guerre mondiale et qui nous a si bien réussi pendant 75 ans.
Vous avez ensuite affirmé la nécessité d’établir de nouveaux partenariats, afin d’aborder les enjeux nouveaux et futurs en ce qui concerne le climat, la biodiversité et le numérique, partenariats au cœur desquels se trouvent l’Union européenne et les États-Unis.
Enfin, vous avez mis l’accent sur une collaboration nouvelle autour d’enjeux régionaux essentiels : le Moyen-Orient, l’Afrique, la zone indopacifique. À nouveau, l’Europe et les États-Unis sont au cœur de cette collaboration, mais il s’agira également de travailler avec la Chine et de faire participer l’Union européenne et l’OTAN. Vous avez en outre appelé à faire de cette dernière un organe politique pour harmoniser nos choix.
Vous avez présenté vos ambitions pour que l’Union européenne devienne un chef de file et un partenaire mondial influent des États-Unis afin de répondre aux plus grands enjeux de notre siècle : le moment est bien choisi pour faire passer ce message. À l’Atlantic Council, nous estimons que nous nous trouvons à un tournant, un tournant historique aussi important que les périodes qui ont suivi la Première et la Seconde Guerres mondiales. Nous savons qu’à l’époque, la relation transatlantique avait été déterminante, en mal dans le premier cas et en bien dans le second.
Monsieur le Président, je voudrais vous remercier pour vos commentaires utiles dans le cadre du lancement de notre nouveau centre. Pour être honnête, Monsieur le Président, l’Atlantic Council dans son ensemble est un centre pour l’Europe depuis 60 ans. Nous disposons de 14 programmes et centres : des centres régionaux sur l’Afrique, l’Amérique latine et le Moyen-Orient et des centres sectoriels qui travaillent sur les enjeux énergétiques et climatiques, sur la technologie, sur l’économie et la sécurité mondiales. En ce sens, Monsieur le Président, l’Atlantic Council est conçu pour faire avancer précisément les objectifs transatlantiques ambitieux et tournés vers le futur que vous nous avez présentés aujourd’hui, dans la mesure où nous œuvrons pour une cause commune en ce qui concerne toutes les questions que vous avez évoquées.
Monsieur le Président, vous pouvez compter sur l’Atlantic Council et sur sa communauté mondiale de partenaires pour une relation franco-américaine robuste et efficace, pour le renforcement des actions menées par les États-Unis et l’Union européenne, et, évidemment, en tant qu’alliés de longue date de l’OTAN.
Je vous remercie également d’avoir conclu en adressant un message mobilisateur à la jeune génération, grâce à cette magnifique déclaration sur l’après-COVID-19 : la vie aura une plus grande valeur après la crise. C’est une excellente note de fin.
Merci encore, Monsieur le Président. Dans le cadre de la prochaine édition spéciale de l’Atlantic Council au Centre pour l’Europe, nous continuerons à consolider ces objectifs en recevant le président du Conseil européen, Charles Michel, en direct le 10 février à 10 h 30 (UTC-5). Nous espérons vous retrouver tous dans une semaine. Je vous remercie à nouveau, Monsieur le Président, Benjamin Haddad et l’ensemble du personnel du nouveau Centre pour l’Europe.
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Merci beaucoup. | Emmanuel Macron, President of the French Republic, gave an interview to the American think tank Atlantic Council.
Posted on 5 February 2021
The President of the French Republic Emmanuel Macron gave an interview to the American think tank Atlantic Council.
During this interview, he developed his vision of a strong and sovereign Europe and discussed points of convergence with the new American administration on major global challenges. Watch the President's interview:
4 February 2021 - Check against delivery Download pdf Interview given to Atlantic Council by French President Emmanuel Macron.
JOHN F.W. ROGERS: Good afternoon, everyone. My name is John Rogers and I serve as the chairman of the Atlantic Council. And notwithstanding the pandemic requirement that we do this virtually, it’s truly a pleasure to be hosting this extraordinary event.
It’s my privilege to kick off today’s official launch of the Atlantic Council’s Europe Center with the generous participation of our special guest His Excellency Emmanuel Macron, president of the French Republic. I was fortunate to meet President Macron at a state dinner in April of 2018 at the White House. How things have changed since then.
As this audience knows well, the relationship with Europe is at the very heart of the historic mission of the Atlantic Council as we look to shape our collective future, tackling the global challenges and issues that affect us all in lockstep with our closest strategic allies.
As we embark on 2021, a storied year already in its own right as the Atlantic Council celebrates its 60th anniversary, we find ourselves in the midst of a historic moment where countries and societies the world over face simultaneously a health crisis, an economic crisis, and in some cases an identity crisis, while grappling with sweeping
technological changes, climate imperatives, and strategic rivals growing increasingly assertive – such as China and Russia.
Against that backdrop, I think most with us today would agree this is also a pivotal moment for transformation, a unique opportunity for those in the transatlantic community to step up and once again shape the future of international order.
Of course, at the Atlantic Council we take our responsibilities to this effort with earnest. Our Europe program in recent years has grown rapidly under the leadership of our director Benjamin Haddad. And that’s also why we’re doubling down on Europe in 2021 with the launch of the new center.
So I want to congratulate Benjamin and the entire team for this timely achievement and thank them in advance for what’s to come.
In a period in stark need of transformational leadership there is one leader who has established himself as a bold and innovative voice in Europe.
And I am, of course, talking about President Macron, whom we are honored to have with us today. President Macron, you have been a courageous reformer in France and an advocate for an ambitious Europe agenda on the international stage.
And I know I speak for the broader audience when I say we look forward to hearing your vision for the European Union as an impactful, global leader and partner with the United States as we come together today in tackle this century’s biggest challenges so far unfolding before us.
And with that, once again, thank you for joining us.
I’ll now hand it over now to Benjamin, the director of the Atlantic Council’s Europe Center, who will introduce and lead a conversation with President Macron. Thank you.
BENJAMIN HADDAD: Thank you, John. I’m Benjamin Haddad. It’s my honor to be here in Paris with you, President Macron, for the official launch of the Europe Center of the Atlantic Council.
Mr. President, it’s not a coincidence if we wanted to be with you today in this critical time for transatlantic relations.
We’re in the midst of a pandemic, of a global climate crisis, of an economic crisis, facing a more assertive China.
And these times call more than ever for deep transatlantic bond. At the Atlantic Council we want to play a role in advocating for this relationship, as we always have.
But we need to look forward with no denial of the challenges that we face and no nostalgia for the past. And this is why we will advocate, at Europe Center, for strong, responsible, assertive Europe at the core of this transatlantic partnership. With Offices in Washington, in Warsaw, in Stockholm, in Belgrade, with a network of fellows all across Europe, strategic partnerships with the Munich Security Conference,
GLOBSEC, the U.S.-Hellenic Chamber of Commerce in Greece, and much more to come, we will continue to be a strong voice in not observing the problems, but really being actors of change.
This year the EU will be our priority.
We will partner with the EU delegation in Washington to launch a national campaign to reset EU-U.S. relations, explain the European Union to Americans, and explain why a strong and united EU is a core national interest of the United States.
Mr. President, you’ve been a transformational leader for Europe, leading the way to a more sovereign Europe on the international
stage to face these challenges. And this is why we’re so delighted to have you with us today.
We brought a group of Americans and Europeans from all walks of life and generations to ask you questions on the foreign policy issues,
the global economic challenges, but also the societal challenges that our countries face together.
Let me ask you the first question, Mr. President. Joe Biden was inaugurated as president two weeks ago. You spoke to President Biden, stressed the necessity to coordinate on common challenges – from
COVID-19 global economic recovery, the climate, China, the Middle East, the Sahel and Africa, Russia. Where do we start?
PRESIDENT EMMANUEL MACRON: Thank you very much. First of all, thank you for being here and thanks, Mr. Chairman, for your introduction and your first remarks.
And I’m very happy to inaugurate, in a certain way, the Europe Center. And I want to congratulate you first for this ambition. And I’m deeply convinced that this institution and your willingness to build a new common agenda is absolutely core.
We will probably revert on a lot of topics during this discussion, but let me say that for me the number one priority in the relation with the new U.S. administration and for the work between U.S. and Europe is to have and to deliver, I would say, a results-oriented multilateralism. We worked hard during these past few years in order to preserve a multilateral framework. All the issues you mentioned – pandemic, economic and social crisis, new inequalities, climate change, our democratic issues, and so on – all these issues require more coordination.
And during the past few years we experienced a sort of dismantling of the existing multilateral frameworks and fora.
So I think the number-one priority is to rebuild this multilateralism, not only by pushing an inclusive multilateralism to be sure that we are efficient and precisely inclusive, but to have results-oriented multilateralism, which means having
concrete results in order to fix the main challenges,
or at least to start fixing these main challenges.
And for me, the very first days of this new administration are absolutely key in such a move. WHO and this decision of President Biden to go back, first to be a contributor but as well to participate to a multilateral framework for our global health; to be part of the One Health Initiative at the same time; participation
to the ACT-A, our initiative for not just the African continent but poor and emerging countries in the context of the pandemic.
And we will probably revert on that. Plus, the commitment to invest at least 4 billion in this initiative.
Obviously, the decision to come back into the Paris Agreement and to join the club of countries in a situation to deliver carbon neutrality by 2050. And probably the coming decisions regarding World Trade Organization and so on.
This is the very first issue, because when, I would say, the main player, the one in charge to guarantee the system in last resort, is the one to leave it, obviously it does weaken multilateralism. And those who benefit from such a situation are precisely the spoilers or those in a situation to propose or push another kind of multilateralism, which is not based on our common values and actual and fair multilateralism.
The second key issue is – and it’s linked to the very first one –
how precisely to invent all together, because we will have to innovate, very clearly, in order to fix these new challenges.
How to build new partnerships and build what we called a few weeks ago here in Paris the new consensus of our global world?
What we see is clearly a world where inequalities are at the top of the list. Even before the pandemic, and definitely after the COVID-19 period of time, inequalities will be very critical issues.
We have now, I would say, a weaker regulation regarding arms control, largely damaged by the past decisions.
We have probably to invent new
cooperations and partnerships in order to deal with climate and biodiversity issues.
This is what we tried to do during the past few years with the One Planet summit, first to preserve Paris agreement, but to launch new initiatives for biodiversity.
We have to be very innovative, because this type of new partnerships means building new cooperations between governments, but new cooperations with private players as well and NGOs and some regional entities. And obviously, when we look at digital issues, when we look at the crisis of our democracies, we will have to build a series of new partnerships in order to precisely give content to this new consensus. The third – so this is the second pillar for me of the critical relation. And this is where, for me, European Union and the U.S. are the two main players to build together, but by being very inclusive with other players sharing our values,
precisely, these new solutions in the current environment.
And third, I think we have to be much more committed to regional crisis and a consistent approach to these regional crises.
We spoke during – precisely a while with President Biden about some of – some of these regional crises. But when we speak about Middle East, when we speak about Africa, when we speak about Indo-Pacific and this concept we tried to push during the past few years, definitely we speak about the relation between the U.S. and Europe, our ability to work together, our ability to preserve or restore peace and stability in some of these regions.
Some of them are part of the European neighborhood. Some others are part of very critical regions in the current environment. Some of them are part of precisely the way to reshape the EU and –
the EU and China and the U.S. and China relationship in the coming years. And dealing with regional crises means how the U.S. administration wants to reengage in some of them, where are the main priorities. And for me, the fight against terrorism is absolutely critical and peace and stability for this region of this world is absolutely critical.
And this is, as well, how to clarify – and we will probably revert on that – the role of NATO and the existing partnerships in such a framework.
I don’t want to be longer. We will have the occasion to revert on all these issues. But these three pillars are the three main ones for me to frame the relation with the
new U.S. administration.
MR. HADDAD: I want to pick up on your last point in reframing the partnership. Europe has been at the core of your vision ever since your election.
You gave a very ambitious speech on European sovereignty at Sorbonne and you’ve pushed many initiatives on the European level.
What do you think this European sovereignty and strategic autonomy agenda means for the transatlantic relationship?
PRESIDENT MACRON:
For me, very good news.
Why? Because I do believe, obviously, in the national fact. We are democracies based on the expression of our people at the national level. But when you look at the current environment, given all these changes and the increasing tensions, obviously, the European Union is a credible player and the one at the relevant scale, I would say.
So my willingness from the very first days of my mandate has been to try to reinvent or restore an actual European sovereignty. During the past decades, basically, we leave the flow to a nationalistic approach, pushing for more sovereignty at the national level.
But our actual sovereignty, which means deciding for yourself and being able to decide your own rules and regulation and to be in charge of your own choices, is relevant at the European scale. This is why we decided to have a common agenda on tech,
defense, currency,
economic and fiscal answer to the crisis, and so on and so on.
And this is how we’ve progressively framed this concept of strategic autonomy.
This concept means just the European Union has to be able to think itself as a common and relevant entity to decide for itself and to be in a situation to invest much more on the critical items of the sovereign entity, and defense issues are part of them.
This decision is absolutely not just compatible with NATO, but totally consistent with NATO. And this is why I strongly believe that this push and this decision to make more together at the European scale is completely – is definitely in the interests of the United States.
Why? Because when you look at the past decades in NATO, the
U.S. was the only one in charge, in a certain way, of our own security.
And the burden sharing, as some of our former and current leaders pushed the concept, was not fair. This is true. And the relation became progressively insane because, in a certain way, being part of NATO was getting access to the umbrella of the U.S. Army and the counterpart was getting access to the contract and providing contracts and buying U.S. materials, and for me this is a lose-lose approach for European countries and for the United States.
Why?
First, because this is not sustainable to have, I mean, U.S. soldiers being in Europe and in our neighborhood involved at such a scale without clear and direct interests.
At a point of time, we have to be much more in charge of our neighborhood. So sustainability in democratic societies of the decision was at risk.
Second, it was, for me, an implicit and progressive decision of Europe not to be in charge of its own defense.
And there is no political entity which does exist which is not in charge of protecting its people.
If you want to push, promote, and preserve the idea and the reality of the European Union, you want the European Union to be in a situation to protect its people.
This is why the strategic autonomy means, first, having European players investing much more for themselves.
I decided myself an increasing budget for our defense.
Second, working hard together on common projects, streamlining our organization, and developing common new technologies and equipments.
This is what we did with Germany, Spain, Italy, but what we launched at the European scale as well.
Third, having big investment programs,
but as well developing much more common intervention with a
common culture of intervention. This is what we pushed. I proposed it in the September 17 in La Sorbonne.
Now we have a dozen of countries joining this European initiatives of intervention, a brand-new concept. And we are developing concrete illustrations of this, I mean, new approach – for instance in Sahel, where we are engaging much more European countries with us in Takuba, for instance, to better protect Sahelian countries. And I think this approach is definitely in the interest of the U.S. because it creates more consistency and solidarity at the European scale and more involvement of European armies in basically different situations, which decrease the pressure on the rest of NATO players, which means the U.S.
What I want to preserve is, obviously, the strong and political coordination with the United States in order to define and design the political concept of NATO. And what I want to preserve is the interoperability of our armies because it means more efficiency for our interventions everywhere.
We decided, together with the U.S. and U.K., unique cooperation in Syria against the use of chemical weapons in spring ’18. And we delivered, thanks to
NATO, interoperability.
Now, in the coming weeks and months, we will have a very critical time because on the basis of the reports, asked after my tough formula end of 2019, I think we are in a period – in a moment of clarification for NATO. We have to clarify the new concepts and our new willingness.
Who is the enemy? NATO was basically created to fight against USSR. Now who is the enemy? Who are the terrorists and the main enemy now of our societies, obviously?
How to deal with new Pacific issues,
China. This is a question. This is the elephant in the room. We have to speak very clearly about this issue.
My willingness is to have a political approach, because I want a stable and peaceful world.
But it means managing together to have a fair and open discussion, sometimes to share differences.
But I think we have to face this issue.
Third, having a clear rule of conduct between member states.
We will probably revert on that, but how to speak about partnership
as NATO members when you have a partner like Turkey having the behavior we experienced in 2019 and 2020. I’m happy to see, it seems, a change, and I want to welcome the
recent declaration of President Erdogan, but both the U.S. and Europeans experienced an incredible aggressivity during two years in different theaters.
And I think a clarification of the solidarity and the well-behavior – good behavior in such a framework is absolutely critical.
All this stuff are possible because Europe is well and more organized, and precisely because we develop progress even with this concept of sovereignty and strategic autonomy.
MR. HADDAD: So I know that we’ll unpack some of these issues with our guests. I’ll turn to our first guest, which is Dr. Esther Brimmer.
She’s the executive director and CEO at NAFSA. She’s a board director at the Atlantic Council and was a former assistant secretary of state for international organizations, and I know she wants to talk about the common values underpinning our democracies.
Q: Thank you so much.
Monsieur le Président, our two countries are republics. We are heirs to the Enlightenment and the great revolutions of the 18th century. Yet, on January 6th a violent mob marched down those beautifully straight avenues that L’Enfant designed for our capital city. They invaded Congress and threatened our elected leaders. In 2018, protesters marched in Paris and some damaged the Arc de Triomphe. Xenophobia and violence are no longer just at the edge of politics.
Monsieur le Président, what is the state of liberal democracy today?
PRESIDENT MACRON:
Thank you very much for this question. And I’m not sure I will totally be in a situation to provide a complete and comprehensive answer, but I can share some thoughts about the situation because I think especially the two examples you mentioned are probably one of the most tame of the recent period of times in two strong and old democracies with a complete solidarity and friendship.
Look, I think, first, violence, hate,
xenophobia are back in our societies, and I think this is brand new. It is pushed and legitimated by some political groups.
And for me, this is a big anthropological change.
I had the occasion recently to develop this idea, but for me the initial deal of democracy is that you can choose your leader. You elect them.
You elect people in charge of making your laws. You have freedom of speeches, of demonstration. But in exchange of that, in a certain way, you have to respect everybody. You have to accept somebody not to agree with you and violence is forbidden.
And it seems that some political narratives re-legitimated violence in our societies, saying there is such violence, between quotations marks, of the current
economic or social organizations that your decision to go in the streets and to kill, to hurt, or to destroy is legitimate.
So we have suddenly violence is resuming. Violence was progressively vanishing, and now it’s resuming with the different forms you mentioned. And I’m very worried by that because this is a threat for our democracy, because for a lot of people this is unacceptable.
How to stop that? For normal people in the streets this is unacceptable and they wait for us to stop such violence, but it is very hard when this violence is felt as
legitimate by a lot of people.
And this is exactly what we’re experiencing in a lot of our democracies.
My deep conviction is that social networks are definitely part of the roots of this change, which is once again an anthropological change, because they legitimated in a certain way the lack of inhibition in the different speech. They promoted, I mean, the culture of tough words, of conflict, and so on.
And it progressively, according to me, changed the nature – the deep nature of what the democratic debate should be. This is why, if we want to preserve our democracies, we have to address these issues.
You know, we made a lot of progress during the past three to four years in order to fight against terrorism on social networks and global platforms. I remember it started here with terrorism.
After the terrorist attacks of 2017 in the UK, we launched an initiative. We promoted it after a while in the U.N. At the very beginning, a lot of people on behalf of free speech culture – which is, by the way, our culture – were very reluctant to regulate our social networks to fight against terrorist content.
A few months later we had this attack in Christchurch and we launched here again with Prime Minister Ardern and other leaders the Christchurch Call. And we delivered and we got from the main U.S., largely, but U.S. platforms and
social networks to have the commitment of this golden hour; i.e., to withdraw in one-hour time any
terrorist content identified by the platform, the social networks, and our services. And they did it, I can tell you. They are extremely efficient and they helped us a lot, and we just a few weeks ago passed legislation at the European scale to do so.
What we did
on terrorist attack, we have to do it in order to fight against hate speeches, xenophobia on social networks, and so on.
The unique way to preserve our democracies is to reestablish a public and democratic order in this new space where our people think, live, and more and more because of the pandemic as well, I have to say. And this new regulation, this new governance in a certain way, has to be
democratic and discussed between our leaders. And I think this is very important, and for me this is one of the critical challenges of our times.
You know, I mentioned these initiatives and we delivered, but we have now to do much more.
And I think we cannot accept – because you mentioned the very tough images of the Capitol Hill, and I have to say we were very upset here in Paris. And I expressed my friendship and my solidarity and my trusts in the strength of your democracy.
But at the same time, we were very upset, as well, by the fact that a few hours later all the platforms – and let me be very politically incorrect – but all the platforms sometimes which helped President Trump to be so efficient sometimes to promote the same demonstrations a few hours before, at the very
second when they were sure he was out of power, suddenly cut the mic and put the mic on mute and killed all the platforms where it was possible for himself and his supporters to express themselves. OK. On the very short run it was a unique answer to deliver, but it’s not a democratic answer.
I don’t want to live in a democracy where the key decisions and the decision to at the point of them cut your mic, to be sure that Ben, is not in a situation to speak anymore because of his speech, is decided by a private player, a private social network.
I want it to be decided by law voted by your representative or by regulation, governance, democratically discussed and approved by democratic leaders.
This is one of the critical issues if we want to stop that because 2018 in France, 2021 in the U.S., this is, indeed, the new violence in our democracies, largely linked to these social networks and basically our new way of life.
MR. HADDAD: Let’s turn to some of the common foreign policy challenges that we’re facing. I’m going to take questions two at a time because we have a lot of questions for you, Mr. President.
Let me first turn in New York to Dr. Adam Tooze.
He’s a professor at Columbia University, the director of the European Institute, wrote a book on the financial crisis. Dr. Tooze, and then I will turn to Professor Joseph Nye at Harvard.
PRESIDENT MACRON: Hello.
Q: Mr. President, hello. It’s a privilege to be here.
I would like to ask you and push a little bit on this idea of result-orientated multilateralism because I think the need for this focus is urgent.
We, obviously, need to respond, if you like, to the challenge that the output legitimacy generated, for instance, by the Chinese regime, but it is also a cruel and tough standard to measure up against because it’s not enough to simply show that you did things the right way. You actually have to deliver results.
And the specific issue I have in mind is one of the ones which I know is uppermost in the minds of many Europeans right now, and it’s the issue of the vaccine, and how we might think about our
experience with the vaccine as an object, a project, a model, but also in some sense a warning of how we go forward from here.
Because it’s Janus-faced.
It’s, on the one hand, a huge triumph of collaborative, also transatlantic human endeavor, but it has also so easily become, you know – and it’s seemingly taking on the dimensions almost of a tragic failure in our inability, at the macro level, to ensure anything remotely like an equitable or even just prudent distribution of the vaccine, and then to be able to deliver it in a legitimate and credible way, even to the affluent populations of Europe.
So I would love to hear your view on how that’s going and how we might develop a truly results-orientated multilateralism around this critical issue of biosecurity by way of vaccine technology.
MR. HADDAD: Let me turn to Professor Nye, the former dean of the Harvard Kennedy School of Government, a board director of the Atlantic Council.
Q: Mr. President, I’d like to follow up on your comments about China. As you know, many economists believe that by the end of this decade the Chinese economy at exchange rates will be larger than the American economy.
At that point, how should Europe and France respond?
There are some European leaders who’ve suggested that Europe should find a position equidistant between the United States and China. There are others who say, no, if you look at the internal nature of China and the Chinese economy,
if it becomes dominant in the global standards when it’s a society based on surveillance, it’s going to damage our democracies, and instead the democracies should start something called
a T-12, a technology 12 of countries which will have special trading arrangements to set standards so that we’re not prey
to Chinese companies or Chinese standards in areas like surveillance, artificial intelligence and big data; in other words, that equidistance would be a tremendous mistake. This is not just about balancing two large powers.
It’s about preserving democracy.
So these seem to be big choices that Europe faces. I wonder if you could tell us how you see it from the French as well as the European perspective.
PRESIDENT MACRON: Thank you very much for these two easy questions.
Let’s first start with Dr. Tooze’s question about how to illustrate results-oriented multilateralism. I think vaccine –
I would say COVID-19 is indeed a very interesting object in order to think on how to deliver on that.
And on purpose, I don’t just think about vaccine, because I think the question is COVID-19 crisis and the consequences.
I think, first, at the G-20 level, and largely led at that time by the European leaders but in a co-construction and a common work with the African leaders, we launched March 2020 this ACT-A Initiative, which is for me typically how I see the new type of partnerships. We conceived an approach where dealing with COVID-19 crisis was helping the African countries in order to preserve their primary health system, to treat people, and to deal with the economic and social consequences of the pandemic.
Because at this stage the main consequences for Africa, for instance, is much more economic and social than sanitary and health consequence, given basically the structure of the population, probably some other main features of African societies.
And we started this approach, and we delivered first results.
We created the common organization, the ACT-A Initiative, a common governance with African leaders and African Union, and COVAX Initiative for a vaccine.
If you look at the past few months, I agree with you, China probably managed to convince some countries with this diplomacy of the vaccine. They delivered very efficiently as a reaction to this first inclusive and much more
G-20/African Union initiative because they were in a situation, basically, to provide vaccine. They were less impacted by the pandemic during the recent period of time than the U.S. and the European Union, and they put themselves in a situation to provide a lot of doses to some countries, some in Western Balkans, some other in the Gulf, and some African countries – in proportion which are not totally clear to us, but with some clear diplomatic successes.
And it can provide the idea that they are more efficient than the multilateral approach we had a few months ago.
But I think if we have a comprehensive and coordinated approach, I think on the very long run we can be more efficient. And this is what I want to advocate. Because on the very short run, we can be impressed by the Chinese efficiency.
This is true. This is a little bit humiliating for us as leaders, perhaps as countries.
I received a few days ago a note: No need to go to African or poor countries. The Serbian president was here. He get access to vaccines thanks to Chinese cooperation, to be very direct with you. With a clear and genuine remark, these guys are more efficient than your co-vaccination teams in European Union,
my very good friends.
But what we are seeing is, I think, much more complicated.
And the way to address it, especially for poor and emerging countries, is slightly more sophisticated.
Number one, dealing with the virus with vaccine requires, to be sure, that we have the appropriate vaccination, that the vaccine is clearly the relevant one against the different variants, with common and transparent information.
And I think this is where, at the very moment of the crisis, WHO has a very important role.
I will have the opportunity next week to speak with Dr. Tedros. But the role of WHO is to be in a situation to assess, interacting with the different national or regional entities, the efficiency and the potential toxicity of different vaccines against the initial COVID and the variants.
Today we have some evidence about basically U.S. vaccines, some other European vaccines, some partnership made between different players. It seems that we can have more information about the Russian vaccines, with The Lancet publication yesterday, and initiatives to register at the European level. I have absolutely no information about the Chinese one. I will not comment, but this is matter of fact. What it means is that on the medium to long run it is almost sure that if this vaccine is not appropriate it will facilitate the emergence of new variants, it will absolutely not fix the situation of these countries. And Brazil, by the way, is probably a good example of what can happen with Manaus situation – people having been infected, some others being vaccinated, and getting a new form of the COVID-19.
So I think what we can provide is the best possible science with our standard.
I mean, transparent, relevant and, I mean, science being proposed under the scrutiny of, I would say, the best possible researchers in the world. This is not to be the case for the
Chinese vaccine at this point of time.
And I would be very happy if they would provide such initiative. So for me, short term efficiency could be detrimental the mid-term efficiency in this situation. This is for vaccine.
But more than that, I think our ACT-A initiatives that I want to advocate is exactly, for me, the new type of partnership where we can deliver much more rapidly collectively, because we put ourselves in a situation to provide vaccine to poor and emerging countries.
Pfizer and Moderna are not relevant for these countries, given basically their main features, especially in terms of temperature and logistics.
But Janssen, Johnson & Johnson, AstraZeneca, potentially Sanofi, and some others, like Novavax, could be much more relevant.
If we put all together our financing and our commitments, we can provide to these countries a number of doses without any comparison to the one provided by China in the coming weeks and months. This is a very first thing.
Second, in our initiative we included treatments, because you can avoid some severe forms for a lot of people if you basically have the relevant treatments. Testing. It’s impossible basically to deal with a pandemic if you don’t have a testing strategy.
And it means that on top of that where our multilateral approach, so ACT-A, is for me the best one, you have to work directly with the government and to help them to strengthen their primary health system.
If you don’t have structures, doctors, nurses and so on, it’s impossible to have a vaccination campaign.
We perfectly know that in our countries. It will be the same in Africa or Latin America.
So the fact that we have a much more comprehensive approach, inclusive, open to everybody – even China, by the way – and inclusive for basically the countries where the pandemic could be very tough – African or Latin American countries – is the most efficient way to get access to precisely results. Now what is at stake, to follow you, is:
Number one, WHO commitment to a full transparency and common standards, because one of the weakening point of the results-oriented multilateralism is a double standard approach.
If you have one big country, one poor, playing with different standard, no transparency and so on, you are weakened.
So we need the WHO.
Second, more commitments of the country. And the U.S. decision – the recent U.S. decision for precisely ACT-A and COVAX is critical.
And third, implementation capacity by involving precisely all the emerging and poor countries and having this comprehensive approach I mentioned. For me, it’s now the time to deliver by making it very pragmatic. And it’s time to implement it. And I mean the perfect and complete answer to your question, Adam, will be in the coming weeks and months if precisely we deliver ourselves and we manage to organize big campaigns in these countries based on our
COVAX initiative to provide vaccine, but more largely to the comprehensive approach of the ACT-A initiative we launched together. But once again, I think it’s – the fact that we are not demanding more comprehensive is, for me, definitely a strength.
To go to the second question, Professor Nye, about China. First, let me say that our view is that China is altogether a partner, a competitor, and a systemic rival. Which means this is a partner when you have to deal on some global – with some global issues. Like climate change,
China is a partner.
They committed, they are changing the system, they are trying to reduce their CO2 emission. And I have to say, during the past few years they definitely created an efficient carbon market in their country. They took some clear commitments and got some results. This is a competitor when we speak about trade issues and industrial issues. And this is a systemic rival given its ambition in the
Indo-Pacific region and on values, human rights.
So the question is how to reconcile these different agendas and precisely how to deal with what you mentioned. I think we never have to precisely consider that we are – for me, we have two different scenario which are to be excluded. Number one would be a scenario where we put in a situation to join all together against China. This is a scenario of the highest possible conflictuality. This one, for me, is counterproductive because it will push China to increase its regional strategy, it which will push China to precisely diminish its cooperation on the different agenda. And I think this is detrimental to all of us.
The second scenario for the European Union, which is unacceptable, would be to say we should be as a clear partner, at the same distance from the U.S. as from China.
It doesn’t make sense, because we aren’t in any
case a systemic rival with the U.S.
We do share the same values. We do share the same history. And we have to face precisely also challenges regarding our democracies and what was just discussed. But so the question for us is how to precisely team up on some critical issues and try to be the useful player to push
China not to divert anymore.
I don’t know what will happen in the coming years. And to be honest with you, probably the coming semesters will be very critical for Chinese leaders and China, the country and the power. China decided to be part of the multilateral framework – WHO, basically with the World Trade Organization as well, and so on and so on. Now, as the U.S. is reengaging itself, what will be the behavior of China?
I think we have precisely in good faith to try to work all together.
This is why I will try to push in the coming months a P-5 summit in order to try to recreate between the five permanent members of the Security Council some convergence, because we totally lost the efficiency of this forum in the past few years.
Second, I think we have to engage China in a bold and efficient
climate agenda.
And I think the reengagement of the U.S. is a good occasion, as well, to have a proactive and – a discussion on that.
And Glasgow, obviously, will be a rendez-vous at the end of this year on this issue, and the fact that Glasgow will be at the same time more or less and the Chinese COP on biodiversity.
Third, we now have to create a global initiative on trade, industry, and intellectual property.
On this issue, I think the disalignment of the U.S. and the European Union during the past few years was totally counterproductive. I think we have to resume a discussion, obviously at the WTO level but OECD level as well for us, as OECD members discussing afterwards with China,
but by creating as well probably new forms of discussion to try to see how to fix the issue of IP, which is definitely one of the critical issues. IP and market access are the two critical issues in order to, I would say, perhaps, open a new phase of normalization and openness.
And fourth, we have the human rights agenda.
On this issue I think, obviously, we have to put pressure, we have to be very clear, and we have to find the right ways to try to reengage on some critical points. This is where the famous investment agreement signed at the end of last year with China by the European Union was, for me, an opportunity.
This agreement is not, honestly, a huge deal, is not a transformational deal, neither for China nor for the European Union. Let’s be clear and serious. It presents some very important and positive items. It will improve some issues on investment and access to markets. It failed to deal with the IP issue. Let’s be lucid.
But for the very first time, China accepted to engage on ILO regulation and to commit precisely on labor issues, which are part of our human rights package.
And for me, this is very interesting because this is a test of the reality of a good-faith discussion on that.
So you see, I tried to separate these different talks.
For me, we have a series of discussions with China where we can have a positive agenda and our collective interest is to deliver because we speak about global issues without a lot of, I would say, controversial approaches.
We have, obviously, very challenging agenda, largely, on economic issues. But I think our common interest should be to reduce the conflictuality, but this is – I don’t know the final answer. And we have the very complicated human rights agenda, where my willingness is to increase pressure, have direct discussion, and, precisely, trying to reengage on some specific issues.
In order to be in such a situation in the coming months, years, and in the long run, what we have to do,
obviously – the U.S., but the European Union as well, for itself – is to preserve the same strategic autonomy and our ability to negotiate in good faith. And you mentioned that very fairly.
I think on technology,
on artificial intelligence, on the type of initiative – space will be a critical issue as well – we have to put ourself in a situation to cooperate if we decide.
But we have to avoid in any way to depend on a 100 percent Chinese solution. And I have to say, my willingness, as well, is to avoid depending – not because for me this is equivalent distance, but I don’t want to depend on 100 percent U.S. decision. Otherwise, I will be put in a situation not to decide for the European continent itself.
This is why one and a half years ago I launched an initiative on 5G in order to have a 100 percent European solution. This is why we put some restrictions for the French solutions. And I totally basically decided to endorse this decision in my bilateral discussion with China.
And I’m very happy to see that the European Commission in March 2020 decided to put its own standards on 5G; same on the regulation of our platforms; same, for instance, on the regulation we need for artificial intelligence.
And where I think we can cooperate as well much more in this global platform for artificial intelligence we created in the G-7 a few semesters ago is typically an initiative –
and I hope the U.S. will join and participate – but we created largely with Canada, where we can work together to avoid any dependency on technical decision but where we want to build common democratic governance on this issue, but preserving our solutions and our ability to decide for ourselves is a precondition of any agenda on these different fields with China.
MR. HADDAD: Let me turn to our two next guests. From Berlin we have –
Sophia Besch is a research fellow at the Center for European Reform and a senior fellow at the Atlantic Council; and then Rachel Rizzo from Washington, D.C., who is the director of programs at the Truman National Security Project.
Sophia.
Q: Mr. President, thank you for speaking with us today. It’s a great pleasure to be a part of this event.
I would like to come back to the subject of strategic autonomy and the role of NATO. For some European governments, European strategic autonomy in defense has become less urgent with the election of President Biden, because for them a central point in the argument for European strategic autonomy has been NATO’s political weakness in recent years, the lack of strategic alignment and coordination between the U.S. and the Europeans or between Turkey and other allies, for instance. And while Turkey may well remain an issue, the new U.S. administration has made restoring alliances, including NATO, the central theme of its foreign policy.
So how can we make this transatlantic realignment succeed without undermining European defense ambitions?
And how can NATO usefully contribute to your vision of European strategic autonomy?
MR. HADDAD: Rachel Rizzo.
Q: Thank you, Ben. It’s an honor to be part of this conversation today.
Mr. President, I’d also like to shift the conversation a bit to Russia. Earlier this week a Moscow court sentenced opposition leader Alexei Navalny to more than two years in prison. Over the last two weekends, thousands of Russians have taken to the streets to protest his arrest,
and it’s likely that these protests will continue in light of this sentencing.
Now, you’ve adopted sanctions against Russia. However, you’ve also been a proponent of ongoing dialogue with Moscow. What are the areas of overlapping interest where Europe and the new Biden administration can work together to shape a common Russia policy?
Thank you.
PRESIDENT MACRON: I think you’re right. Some leaders, some players in Europe, could be convinced that a realignment of the agenda with new U.S. administration would weaken our strategic autonomy or at least reduces, in a certain way, the relevance of such a strategy.
I don’t believe one second that it is the case. And as I tried to explain it at the very beginning of our discussion, I think the more Europe is committed to defend, invest, and be part of the protection of its neighborhood, the more it is important for the U.S. as well, because this is a more fair burden sharing.
The question is the nature of the coordination at NATO and the clarity of our political concept and our common targets at NATO.
Obviously, with the new administration, we can say we will have a more cooperative approach. This is definitely sure. Let’s look at the reality. Middle East, Africa are our neighbors. It is not the U.S. neighborhood. This is matter of fact. I just speak about geography. I remember a few years ago when we spoke about Syria, the fair and democratic decision of the U.S. administration finally was not to make an operation and attack after the use of chemical weapons.
And this decision left the Europeans without the ability to do it on their own. And I think it definitely weakened the credibility of NATO, but it weakened the Europeans themselves because we were not speaking about the theater and the place very far from us. Speaking about Syria in 2013 was just speaking about the place where the terrorist attacks in Paris November 2015 were prepared. So I speak about my own security.
This is why I think the Europeans have to understand that we do need this cooperation, this interoperability, and this very intimate work with the U.S. But we never – I mean, our duty definitely is not to put ourselves in a situation to depend on U.S. decisions, because any U.S. decision that is democratic could be led by a domestic approach, could be led by a domestic agenda, and obviously the reasonable weight of the U.S. interests, and could not be exactly the same
as the European one, especially when you speak about our neighborhood. And this is the explanation I want to give to our strategic autonomy. And I would say, whoever will be in charge on both sides, I think this is the right approach and our fair interests on both sides.
The point is that you have to change a mindset that is clearly existing in Europe because, during decades, we built the concept of the absence of European defense. And in a lot of countries we created a system, a mindset, almost a
DNA where not having a clear difference, not being in a situation to decide yourself was a precondition after World War II. Now we are opening a new era where we have to put ourselves in a situation to clearly prepare, endorse our European defense.
But I want to insist on the fact that we need the strong cooperation of the U.S.
As for Turkey, when I look at the situation – both for Europe and the U.S. – Turkey put ourselves in a crazy situation. And the absence of any regulation, I would say, by NATO, the absence of intervention to stop the escalation, was detrimental for all of us.
I want to remind you that now two years ago Turkey launched an operation without any coordination with NATO, nor with the U.S., nor with France in northeast Syria.
They launched this operation as our troops were on the ground, as the coalition was present in Syria – a coalition led by the U.S., but with the participation of NATO.
And they launched this operation based on a national approach, which was to say:
“The Democratic Syrian Forces are terrorists to me because they are linked to PKK”.
For some of them, this is true. But de facto they launched military operations in a place where we were present at the coalition level and against our proxies.
The U.S. soldiers, the French soldiers, and all of our soldiers worked together against ISIS on the ground thanks to these guys. And suddenly one of our members decided to kill them – because they became terrorists. This is exactly what happened.
The credibility of NATO, U.S., France was totally destroyed in the region. Who can trust you when you behave in such a way, without any coordination? And this decision was allowed by the implicit and afterward explicit decision of the U.S. to withdraw – (inaudible) – from the Syrian theater. After watching Libya, in Nagorno-Karabakh, in Eastern Mediterranean Sea, we had a systematic Turkish approach which was unfriendly with its different partners – European or NATO members with the decision to basically frame the situation with Russia.
This is why I’ve suddenly declared that NATO was a “braindead” organization, because what is the concept? Who is the enemy? What is the rule of the game when you are supposed to be allies in an organization where such behaviors are tolerated?
We increased pressure during 2020. We got some results. Now the coming months will be critical. I welcome very much the recent declarations of President Erdogan. I think it is largely due to what we did at the European level and the reengagement of a new U.S. administration, much more compliant with the classical approach of NATO, and with such, I mean, demanding and normal approach.
And I’m very happy with that.
I now hope we will deliver results, what will be the concrete evidence of our ability to deliver.
Fix the Libyan situation.
Get rid of Turkish troops from Libya. Get rid of thousands of jihadists exported from Syria to Libya by Turkey itself, in complete breach of the Berlin conference.
Fixing the Syrian approach with the rest of the coalition, and I hope fixing the Nagorno-Karabakh issue and decreasing the pressure in the Eastern Mediterranean Sea, where the situation seems to be better.
So I think in the coming months what we need is the U.S., the Europeans, and a few members to clearly work hard on the basis of the reports recently given to us by the experts, mandated one year ago, to clarify the new concepts. As I told you, who is the enemy? Is the enemy – is ISIS, for instance, my enemy? Not automatically, these small groups, and so on?
And how to regulate, how to define the enemy to legitimate any external intervention? And what are ,I would say, the code, the rules between member states?
We have some rules well established when we need solidarity from others when you are attacked.
But there is a lack of ruling order to regulate interventions in some countries,
where new interests can be basically at stake, and where an intervention is counterproductive and launched by another member. And when we speak about Mediterranean Sea or Middle East, we speak about our neighbors. And this Turkish intervention does have an impact on us. So, this is why I do believe that strategic autonomy is still valued, and that the U.S. realignment and reengagement in NATO is very important to make this clarification and to resume NATO as not just, I would say, a superstructure to coordinate our armed forces,
but a political body to harmonize our choices and to have some political coordination.
On Russia, obviously, I totally share your remarks on Mr. Navalny.
And I expressed yesterday my strong and clear condemnation after this Russian decision to condemn somebody basically for not being compliant with his constraint in Russia as he was being treated in Berlin, which is I think probably the most obvious way to express a sort of irony and disrespect, not just for him but for the rest of the world.
I think this is a huge mistake, even for Russian stability today.
So the Navalny case is a very severe situation. We decided some sanctions. And I do regret, and I do condemn this decision.
Having said that, obviously, we have as well the Ukrainian situation with justified sanctions and a process which was designed in Minsk with a Normandy format. And we got some small progresses in December 19 here in Paris. And we are working hard to get more progresses. But in such a context,
why did I decide indeed to resume parts of discussions with Russia?
I advocate ongoing dialogue.
Because I think you have to deal with your history and your geography.
Russia is part of Europe from a geographical and historical point of view. And I think this is very important, whatever happens, to include Russia on this part of the horizon, big part of the world. And clearly, the history of President Putin and a lot of leaders, is completely a European one.
They have common values, history, literature, culture, mindset. And we have to take that into consideration.
Second, we have our geography. It’s impossible to have peace and stability in Europe, especially at our borders today, if you are not in a situation to negotiate with Russia. And for different reasons, largely due to the Russian aggressivity and the NATO expansion, we created a situation where we pushed our borders to the maximum place at the east, but we didn’t manage to decrease conflictuality and threat at this border.
I think our perspective for the coming years and decades is precisely to find a common way to discuss and build peace and security for the whole continent, which means having a dialogue on cyber aggressivity - obviously on any aggression -, on how we see all the critical countries, I would say, in this very sensitive area where you have
Ukraine, Belorussia, and so on. We need a political discussion with Russia about that. Otherwise, it will be our willingness to protect and the willingness to conquer and dominate. And when I look at the outcomes of the past strategy with Ukraine, with Belorussia now, and with a lot of countries, our results are not positive. So we have to recreate a framework of discussion for these countries in this part of our continent.
Second, when we speak about arms control, definitely we need a discussion with Russia on the U.S. decision, the unilateral decision to leave INF. Now Europe is no more protected from these Russian missiles. We were not perfectly protected, by the way,
in Poland and some other places, given the legal framework of the INF Treaty, but we framed in a certain way our discussion and our organization regarding arms control in a Cold War way; i.e., through a discussion between the U.S. and Russia.
I want, as a European, to build a discussion between the European Union, Russia. Probably we need – and we do need the U.S. and probably China, which is very important for the U.S. agenda, and this is fair and I do approve it.
But we need a broader discussion on the different arms-control agreement and treaties in order to face, monitor,
and reduce the conflictuality of our world. But as we speak about the safety of the European continent, we do need the Europeans to discuss with Russia about these issues. If you don’t create the right conditions and a dialogue to do so, this is impossible.
Last point, our neighborhood. In the Middle East, what we experienced during the past few years was a decrease of our collective credibility, both NATO and U.N., because of the fact that we decided not to intervene, because of the fact that they sent proxies or they intervened and they paid very well with this grey zone. They maximized their efficiency precisely because of this new type of war.
And at this point of time, we almost – us European and Americans, we almost disappeared, and we are not in a situation to basically stabilize an international or multilateral framework on this issue. If we want to reengage, we need to reengage a dialogue with Russia. You asked for examples where stopping any dialogue and being stuck in some critical situations like Ukraine or Navalny,
that are extremely important and where we have to be tough, in full solidarity, which is the case. But beyond these points, we do need a comprehensive dialogue.
Having said that, I’m extremely lucid. In the very short run, our ability to deliver and to have concrete results is very low. I’m lucid. But our duty is to preserve or resume these channels of discussion and not to take the responsibility to stop the dialogue on our side, and to constantly reengage.
And my experience, even with the current people in charge in Russia, is that the more you reengage, the more you put reasonable pressure to avoid any divergence.
It is when you are tough and you don’t deliver, or when you don’t speak about an issue, that they consider that the door is open and they can go. If you put a red line and you deliver, you build your credibility – what we did, by the way, in
2018 with the military operation in Syria. And if you constantly reengage a dialogue, you can get few results, but at least you avoid stronger divergence.
It will take years, perhaps decades, but we do need such a
dialogue for European peace and stability.
MR. HADDAD: Mr. President, with your permission, let me take two last questions before we turn to our CEO and president, Fred Kempe, to close us.
I’ll call Fred Smith, who’s the chairman and CEO of FedEx, and then Monique Dorsainvil, who is a former staffer in the Obama White House and an Atlantic Council Millennium leadership fellow.
Fred Smith first.
PRESIDENT MACRON: Hello.
Q: Hello, Mr. President.
As you know, trade liberalization since the end of World War II was a very big part of the increased prosperity that we all enjoy today.
And the transatlantic expansion of trade was particularly important.
So what are your thoughts on how to reengage Europe and the United States on a more positive and expanded trade relationship?
MR. HADDAD: Thank you.
Monique.
Q: Thanks, Ben.
I want to talk about Gen Y and Gen Z. In the current social and political climate, you have a generation of young people affected
by the COVID-19 pandemic, a generation that feels the economic scars of graduating and job hunting during a recession. You have young people who’ve witnessed populism and the rise of wars, you know, on and off their shores.
So my question to you is what do you say to these young people around the world, many of whom are isolated at home, grappling with these issues, and still working every day to find creative solutions to lead and to stay connected with the people around them?
PRESIDENT MACRON: Thank you very much.
Thank you, Fred. I do agree with you about the fact that trade liberalization did provide a lot of growth and opportunities for people all over the place, and was an extremely efficient strategy to reduce poverty in a lot of places. Here we are in, according to me, a quite different situation, and our challenge is that we need a more comprehensive agenda.
First, obviously, we have, and we will have post- COVID-19, to resume some exchanges, because these were reduced in speediness and in stability to exchange. And I think the critical point is, obviously, to preserve and increase market access, the ability to provide opportunities, and the ability to have an efficient organization of our trade and our industries. We have to take into consideration climate change, as I was mentioning it, and how to reduce our carbon footprint. Which means, how to rethink our logistics, how to be closer in terms of production to the final market, and so on. This is a very important point. The second point is inequalities. And I want to insist on that. Our trade liberalization was focused, I would say, on the consumer side largely, how to reduce the pricing of different products and goods. And we killed a lot of jobs in our societies. And this is true. We reduced poverty in poor and emerging countries, but we increased the gap and inequalities in our societies. And this is part of the democratic crisis we have. And I revert to the previous question about democratic crisis. I focus my answer on violence and hate. But inequalities in our societies are critical because they are legitimating the resuming of violence.
And any new trade agenda should take into consideration the question of inequalities in our societies. So what I do believe in is, I would say, a multi-stakeholders trade, where we have to take into consideration consumers, workers, stakeholders, citizens. And where we have to reconcile economic, climate, and inequality issue. So it is impossible to resume the former framework we had between the U.S. and Europe, because it didn’t take into consideration either the climate change or inequalities issue, to be very frank with you. It explains as well why I do endorse not to have any regional trade agreement with a country or region which doesn’t comply with the Paris agreement.
But we also have to assess the pros and cons of this agenda.
So it should be much more sophisticated.
But more than that, what we should work on very actively altogether in the coming months and years, is to build a common agenda between the World Trade Organization, the ILO, the IMF, and our
multilateral regulation of climate change and biodiversity. Putting in phase our different tracks and agenda is the only way to build the new sustainable openness and trade agenda.
Let me go to the second question about our youth and this new generation. And I totally share your concern and your willingness to address messages to these generations. I have to say that these generations probably understood much more than ours the importance of climate change, with a unique awareness of the fact that our ability to fix this issue and to provide clear and relevant answers was a global agenda based on cooperation. This generation indeed is the one to have 20 years during this pandemic – 20 years old during this pandemic. And it’s one to be students, to have their first love affairs and so on as we live at home without any bars, restaurants, and sometimes without the ability to go to school or to go to university – which is totally unfair in the situation where we are deciding lockdowns or a lot of other restrictions to protect our older people.
My first point is that they totally understand the
solidarity between generations. But what they want now and what they need, it seems to me, is the necessity not just to be part of a very organized world and just to put a place to earn money and to live a normal life, but to be part of the reinvention, I would say, the ability to recreate a new world.
And to have a meaningful part of this ability to create precisely not just a new government, but the whole of the game and our ability to live altogether.
So if I had a message to deliver to this generation, it would first be : Thank you, definitely, because I know that the efforts we are asking you, your
generation, are definitely the highest of our societies. Because it’s not just to protect yourself, and to stay at home and so on, but it’s renouncing to what makes very basically the salt and the pleasure of life during these years. But you do it precisely because we probably rediscovered during this period of time what solidarity and fraternity does mean, because all generations decided to stop to protect some of our people.
Because we decided to put human life on top of
economic interests and anything.
But what we owe to your generation is not to go back to a normal life
the day after. It’s first to provide you the opportunity to study during this period of time, to clearly have a full awareness of the fact that you are an active and important player of our fight against the virus, and to help you build new initiatives in this period of time and for the future, reshape the world, and build what I called at the beginning of our discussion this new consensus.
To help to innovate and provide new solutions.
And let’s be clear, I’m sure that our post-COVID world, first, will be a world where human life, human dignity will be much higher than before. Where the fight against inequalities for an ambitious and fair health-care system will
be much higher. Where we will have to rebuild growth in a much more inclusive way.
And you have a role to play because you are the ones to innovate. And when I speak about innovation, I speak about technological innovation but as well sociological innovation, organizational innovation. This world is the one where we can create and build new solutions.
And I have to say that during this period of time, what was just unthinkable was done to fight against the virus. So day after day, what was considered as unthinkable should be made and organized in order to provide new solutions for climate change, fight against inequalities, and build a new inclusive growth. And I think our role and our duty as politicians is to give them the opportunity to do so by preserving their ability to go to school or university, by providing the best possible post-COVID-19 situation, and probably by giving them the maximum opportunities and chances to be part of the solution and these new innovations.
MR. HADDAD: Mr. President, before we turn to Fred Kempe, our president and CEO, to close this conversation, I really want to thank you for this fascinating chance and the ambitious agenda that you laid out. And I just want to tell you that you have friends and partners at the Atlantic Council in the United States, in Europe to help you implement this vision in the next coming years.
Let’s turn to Fred, but maybe you want to say a word first.
PRESIDENT MACRON: No, thank you very much. Thank you for this opportunity. I mean, we addressed a lot of topics and I’m sorry if I was too long in my answers. Obviously, we didn’t address some of these critical topics. I mentioned them very lightly at the very beginning.
But we can have other and further discussions, but obviously,
our discussion, our role, and our new partnership with the U.S. will be absolutely critical in Africa. We mentioned about COVID-19, obviously, the vaccine and our ACT-A Initiative. But in Sahel, we are very much involved and we have an agenda where we do work hand-in-hand with the U.S., and we need this commitment. And I think in the coming months, our partnership with the U.S. in Sahel both on security but as well on development issues will be absolutely critical.
And we didn’t mention Iran, which is perhaps a surprise for a lot of people, but we had a very useful discussion about China and Russia. But let me say in a few words that I do welcome the willingness to reengage a dialogue with Iran. And this is a common challenge for peace and security in the Middle East.
I will do whatever I can to support any initiative from the U.S. side to reengage a demanding
dialogue, and I will – I will be here and I was here and available two years ago and one-and-a-half year ago, to try to be an honest broker and a committed broker in this dialogue. But I do believe that we do need to finalize, indeed, a new negotiation with Iran,
and President Biden has a critical role, first because they are much closer to the nuclear bomb now than they were before the signature of JCPOA
in July of ’15; second, because we have to address, as well, the ballistic missiles issues; and we have to address the stability of the region. And this comprehensive agenda needs to be negotiated now because this is the right timing. And we have to find a way to involve in these discussions Saudi Arabia and Israel because they are some of the key partners of the region directly interested by the outcomes with our
other friends of the region, obviously.
But this is impossible to fix the situation without being sure that all these countries are comfortable with this new agenda. But I will – and I do support any reengagement of the negotiation.
That’s what I wanted to add by thanking you again for this discussion and your questions, and by welcoming once again your initiative to launch this Europe Center at the Atlantic Council.
MR. HADDAD: Thank you.
FREDERICK KEMPE: Mr. President, thank you so much. That was a tour de force.
And thank you, Ben, for guiding us through that. And congratulations, Ben, on the new Europe Center.
And thank you, Mr. President, for helping us launch it. You brilliantly framed what you see at the heart of the
U.S.-European relationship, and you captured both the drama and the opportunities of our times, from the violence and xenophobia that is infecting our democracies to vaccine diplomacy, issues of
China, Turkey, Russia, next generation, trade, Iran at the end.
You outlined at the very beginning a three-part agenda for U.S.-European relations that can be executed, starting with the rebuilding and strengthening of the multilateralism that we together created after World War II and has
served us so well for 75 years.
You called for new partnerships – number two, you called for new partnerships for our new and future challenges –
climate, biodiversity, digital – with the European Union and United States at the heart.
Third, you focused on new work together on key regional challenges
– the Middle East, Africa, the Indo-Pacific – again with Europe and the U.S. at the heart, but also working
with China, also involving the EU and NATO. And NATO you called the political body to
harmonize our choices.
Your ambitions for the European Union to be an impactful global leader and partner for the United States to tackle this century’s biggest challenges, it’s the right time for that message. At the Atlantic Council, we see ourselves as being in an inflection point – in an historical inflection point as important as the periods of time after World War I and World War II, and we know that at that time the transatlantic relationship was decisive in a negative sense after one and in a positive sense after the other.
Mr. President, I want to thank you for your significant comments in the launching of our new Center. But to be truthful, Mr. President, the entire Atlantic Council has been a Europe center for 60 years. We have 14 programs and centers – regional on Africa, Latin America, and the Middle East. We have functional centers on energy issues, climate issues, technology, global economy, global security.
So in this way, Mr. President, we are designed to promote just the bold and future-oriented transatlantic agenda you’ve outlined for us today as we work in common cause on all the issues that you enumerated.
Mr. President, you can count on us to be there at the Atlantic Council and in our global Atlantic Council community for partners for a robust and effective Franco-American relationship, for stronger U.S.-EU efforts, and of course as longstanding NATO allies.
And thank you for closing, giving such an inspirational message to the next generation with this wonderful quote about post-COVID, how the value of life will be higher than before after COVID. That’s a great way to send us off.
Thanks again, Mr. President. And for our next Atlantic Council Front Page at the Europe Center, we’ll continue to build this agenda by hosting the president of the European Council, Charles Michel, who will be live a week from now on February 10th at 10:30 a.m. Eastern Standard Time. We hope to see you all then. And thank you again, Mr. President and Ben Haddad and everyone at the new Europe Center.
PRESIDENT MACRON: Thank you very much. |
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