I. Lisez le texte A et répondez aux questions:
1. Quel est l’objectif du texte ?
2. Comment était la littérature du Moyen Âge ? Par qui était-elle racontée ?
3. Par quoi se caractérise « le métier» des jongleurs ?
4. En quoi consistaient les tâches des auteurs du Moyen Âge ?
5. Comment étaient les textes de cette époque ?
6. A partir de quel siècle qu'apparaîtra la notion d'écrivain ?
7. Est-ce que l’ écrivain était libre dans son activité littéraire ?
8. Quel était le rôle du public féminin dans le développement de la littérature romanesque au
XIIe siècle ?
9. Qu’est-ce que les chansons de geste racontaient dès le XIe siècle ?
10. Que comprenait l’idéal de la société féodale ?
11. Qu’est-ce que le code d’honneur exigeait du chevalier ?
12. Quelles expéditions ont été entreprises par les seigneurs féodaux à partir du XIe siècle ?
13. Comment les chansons de geste interprètent-elles ces entreprises militaires et religieuses ?
14. Quelle réalité apportaient les croisades ?
15. Comment sont écrites les chansons de geste ?
A. La littérature médiévale de la France
Au Moyen Âge, la littérature comme nous la connaissons aujourd'hui n'existait pas. Il n’y avait même pas de livres. Très peu de gens savaient lire et écrire. La littérature était alors pricipalement orale. Les jongleurs plaisantaient, bavardaient, racontaient des contes, des vers et des récits que le peuple écoutait avec plaisir. La rime permettait aux jongleurs de retenir de grands textes et rendait ces textes « vivants ».
Le passage l'« oralité » à l'écriture a permis aux œuvres de durer, de vivre il a donné aux auteurs le véritable statut d'écrivain.
Même si les genres littéraires n’étaient pas encore réglés, les auteurs apportaient une grande attention à la forme de leurs écrits. Ils devaient suivre la tradition, sans chercher l'originalité. Les oeuvres restaient encore anonymes au Moyen Âge. Les auteurs n'essayaient pas de se démarquer, mais d'intégrer au mieux la tradition, de réécrire des textes antérieurs, d'en rassembler des éléments épars. L'auteur au Moyen Âge se considérait comme un traducteur ou un continuateur plutôt que comme un créateur. Le texte n'appartenait pas à un auteur et il était normal de s'en servir, de le plagier, de le remanier, de le poursuivre ou d'en changer le début.
A partir du XIIIe siècle qu'apparaît peu à peu la notion d'écrivain. Grâce à la protection d'un seigneur, l'écrivain peut bénéficier d'un gîte et de subsides, en même temps que d'un public attentif et cultivé. Il écrit donc pour eux des textes susceptibles de leur plaire. Au XIIIe siècle, l'activité littéraire ne peut être envisagée hors du mécénat. En échange de ses productions, l’écrivain reçoit la protection qui lui permet de vivre et de créer.
C'est ainsi que l'écrivain est appelé à jouer un grand rôle dans le divertissement des cours aristocratiques et surtout du public féminin. Ce sont les femmes qui ont fait le succès de la littérature romanesque au XIIe siècle.
De plus en plus, les puissants seigneurs s'entourent de lettrés dont ils font leurs biographes ou leurs écrivains attitrés qui peuvent embellir excessivement leurs personnages et même leurs sujets. Ces très grands seigneurs deviennent pleins d'élégance, de belles manières et de beau langage.
Dès le XIe siècle, des poèmes, les chansons de geste, racontent les aventures de chevaliers pendant des événements historiques remontant aux siècles antérieurs. Mais c’est bien l’idéal de la société féodale qui est en fait mis en scène : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très exigeant : méprisant la fatigue, la peur, le danger, il est infiniment fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre, il est fier de ses exploits guerriers. La femme n’a pas de place dans cet univers.
Le XIe siècle, c’est l’époque animée d’une très grande ferveur religieuse. Les seigneurs féodaux entreprennent de grandes expéditions militaires en Terre sainte pour libérer le tombeau du Christ des mains de l’envahisseur musulman. Ce sont les croisades. En même temps qu’elles affermissent le régime féodal et consacrent le prestige de la classe aristocratique, les croisades engendrent un idéal humain : celui du chevalier croisé (« qui prend la croix »), sans peur et sans reproche. Le preux chevalier est un modèle de toutes les vertus : homme d’une générosité sans limites, il se montre vaillant au combat, loyal à son seigneur, à sa patrie et à son Dieu. N’oubliez pas qu’en réalité, ces expéditions étaient également l’occasion de libérer, avec la bénédiction de l’Église, des instincts guerriers, de pillage et de tuerie.
Les chansons de geste sont ainsi l’expression littéraire de ces entreprises autant militaires que religieuses. Ce genre littéraire est typiquement médiéval. L’analyse psychologique y importe bien moins que l’exaltation nationale. C’est l’histoire revue et corrigée par la légende et le merveilleux. Les récits aiment exagérer les faits d’arme accomplis. Prouesses physiques, exploits extraordinaires, luttes merveilleuses et parfois même affrontements téméraires contre des monstres et des forces maléfiques mettent en valeur les chevaliers, symboles du bien. Les qualités du héros sont encore magnifiées lorsqu’elles sont mises au service de Dieu, suzerain suprême. D’ailleurs, afin de mettre davantage en relief les qualités exceptionnelles du héros épique, on l’oppose régulièrement à un antagoniste, félon et traître – le félon suprême étant celui qui refuse de se soumettre à Dieu, plus grand des souverains : le musulman, ou Sarrasin (ou Infidèle).
Les chansons de geste sont écrites en vers et sont divisées en strophes de longueur variable, qu’on appelle laisses. Les vers ne riment pas : ils sont plutôt construit sur l’assonance, qui est la répétition de la dernière voyelle accentuée du mot (par exemple : magnes / Espaigne / altaigne / remaigne / fraindre / muntaigne / aimet / recleimet / ateignet). Ces assonances contentent le sens musical d’un public qui ne lit pas, mais entend déclamer le récit en même temps qu’elles permettent au conteur de se rappeler le vers suivant.
La chanson de geste est l’incarnation française du poème épique. Elle
est écrite en vers, divisés en laisses ;
est toujours plus ou moins liée à Charlemagne ;
valorise la vie militaire par l’apologie de la force physique, des exploits, de la bravoure, de la hardiesse, de la loyauté au suzerain ;
développe peu la psychologie des personnages.
II. Lisez le texte B et répondez aux questions:
1. Quand a été créée La Chanson de Roland ?
2. Qu’est-ce qu’elle raconte ?
3. En quoi consiste le sujet de La Chanson de Roland ?
B. La Chanson de Roland
La Chanson de Roland est la plus célèbre des chansons de geste. Créée à la fin du XIe siècle par un poète anonyme – que certains croient être Turolde, dont on peut lire le nom dans la dernière laisse du poème –, elle raconte, en l’amplifiant et le dramatisant, un épisode des guerres menées par Charlemagne contre les Sarrasins : la désastreuse bataille qui se serait déroulée à Roncevaux.
Résumé : Charlemagne fait la guerre en Espagne depuis sept ans. Il rentre en France après avoir soumis Pampelune, mais il a été trahi par un de ses barons, Ganelon. Au passage de Roncevaux, le traître le convainc de placer Roland à la tête de l’arrière-garde. Onze autres barons se joignent à Roland, qui se choisissent seulement 20 000 chevaliers – pour s’opposer aux 100 000 Sarrasins qui vont les attaquer. Avant la bataille, Olivier, son meilleur ami, tente de convaincre Roland d’appeler Charlemagne à la rescousse, mais il refuse, par orgueil. Tout le monde mourra, les 100 000 Sarrasins et les 20 000 Français. Roland meurt le dernier, juste avant l’arrivée de Charlemagne, qui anéantit le reste de l’armée sarrasine (de 300 000 hommes). L’archange Gabriel emporte l’âme de Roland au paradis.
III. Cochez VRAI (А) / FAUX (В) / NON MENTIONNÉ (C).
1. La Chanson de Roland exagère et corrige les faits d’arme accomplis.
2. Elle présente le monde divisé entre le bien et le mal, qui s’opposent.
3. Tous les chevaliers de Charlemagne sont des modèles de toutes les vertus.
4. Les chevaliers de La Chanson de Roland affrontent contre des monstres et des forces maléfiques.
5. L’apparition de La Chanson ne peut être envisagée hors du mécénat.
6. Son auteur a réécrit des textes antérieurs.

Charlemagne retrouve le corps de Roland