© 2023, Ершов Денис Иванович 387 0
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Как известно, диску́рс, или ди́скурс (от позднелат. discursus — рассуждение, довод; изначально — беготня, суета, манёвр, круговорот) представляет собой, как правило, речь, процессы языковой деятельности и предполагающие их системы понятий. Теперь рассмотрим стилистические приёмы и экспрессивные средства, их сходство и отличие применительно к дискурсу. Ю.М. Скребнев определяет стилистические фигуры как «синтаксически образуемые средства выразительности» (Скребнев, 2003: 592). Такими фигурами можно украсить любую речь, как известно.
Les relations entre théories de l’énonciation et analyse du discours n’ont jamais été simples, et la situation ne s’est pas clarifiée avec la mondialisation de la recherche dans ce domaine, qui a eu pour effet de faire des problématiques de l’énonciation une des caractéristiques majeures des courants francophones d’analyse du discours. Dans cet article, je m’intéresse aux relations ambivalentes que l’analyse du discours française a établies depuis le début avec les diverses problématiques qui accordent un rôle central à l’énonciation linguistique ; il est clair en effet que le recours à ces problématiques est étroitement lié à la conception qu’on peut se faire du discours et de l’analyse du discours. On découvre rapidement qu’il n’y a pas de consensus sur le rôle qu’on peut attribuer à l’énonciation dans le dispositif heuristique.
Стилистические приёмы и экспрессивные средства в дискурсе.
Автор: Ершов Денис Иванович
Цикл: элементы теории дискурса
Как известно, диску́рс, или ди́скурс (от позднелат. discursus — рассуждение, довод; изначально — беготня, суета, манёвр, круговорот) представляет собой, как правило, речь, процессы языковой деятельности и предполагающие их системы понятий. Теперь рассмотрим стилистические приёмы и экспрессивные средства, их сходство и отличие применительно к дискурсу. Ю.М. Скребнев определяет стилистические фигуры как «синтаксически образуемые средства выразительности» (Скребнев, 2003: 592). Такими фигурами можно украсить любую речь, как известно.
Les relations entre théories de l’énonciation et analyse du discours n’ont jamais été simples, et la situation ne s’est pas clarifiée avec la mondialisation de la recherche dans ce domaine, qui a eu pour effet de faire des problématiques de l’énonciation une des caractéristiques majeures des courants francophones d’analyse du discours.
Dans cet article, je m’intéresse aux relations ambivalentes que l’analyse du discours française a établies depuis le début avec les diverses problématiques qui accordent un rôle central à l’énonciation linguistique ; il est clair en effet que le recours à ces problématiques est étroitement lié à la conception qu’on peut se faire du discours et de l’analyse du discours. On découvre rapidement qu’il n’y a pas de consensus sur le rôle qu’on peut attribuer à l’énonciation dans le dispositif heuristique.
Разделение истин на непосредственные (интуитивные) и опосредованные (принимаемые на основе последовательных и логичных доказательств) проведено уже Платоном и Аристотелем. Платон проводит различие между всеобщим, целостным, нечастичным и неиндивидуальным единым умом — и дискурсивным умом (рассудком), в своём движении охватывающим и соотносящим отдельные смыслы. Traiter des relations entre analyse du discours et théories de l’énonciation n’est pas chose aisée, ne serait-ce qu’en raison de l’extrême hétérogénéité de ce que peut désigner le terme « analyse du discours ». Cette contribution ne concerne évidemment que les approches d’analyse du discours dont la méthodologie intègre l’étude des faits de langue.
2Une manière efficace de cartographier ce vaste champ de recherche est de considérer quels courants de la linguistique sont mobilisés par les appareils méthodologiques. De prime abord, à l’échelle du monde, trois massifs se détachent la linguistique systémique-fonctionnelle de Halliday, l’analyse des interactions conversationnelles issue de l’ethnométhodologie et des travaux de H. Sacks, et les théories de l’énonciation linguistique. À l’origine ces massifs étaient liés à des frontières nationales (respectivement la Grande-Bretagne, les USA et la France), mais avec la globalisation de la recherche ils sont largement pratiqués dans de nombreux pays. C’est, de fait, une des caractéristiques les plus saillantes de ce que j’ai appelé des « tendances françaises » en analyse du discours que d’exploiter constamment les théories de l’énonciation. Mais, curieusement, ce n’est pas cette caractéristique qui en général retient l’attention de ceux qui réfléchissent sur cette question : ils préfèrent mettre l’accent sur la dimension politique ou plus largement critique de l’analyse, sur le rapport à l’histoire, sur la conception du Sujet ou du sens, etc. Pourtant, il me semble que sans les théories de l’énonciation l’existence d’un courant spécifique d’analyse du discours serait impossible.
3Dans un premier temps, je considérerai la place qu’a occupée l’énonciation dans l’émergence de l’AD française et dans un second temps, beaucoup plus rapidement, on se demandera qu
Фома Аквинский противопоставляет дискурсивное и интуитивное знание, рассматривая дискурсивное мышление как движение интеллекта от одного объекта к другому.
Развитие науки в XVII—XVIII веках привело к построению различных интерпретаций интуитивного и дискурсивного познания. Декарт, Спиноза и Лейбниц считали, что всеобщность и необходимость научного познания гарантируется интеллектуальной интуицией, лежащей в основе доказательства, и обеспечивающей дискурсивному мышлению и созерцанию последовательное доказательство. Гоббс связывал дискурсивность мышления со способностью слов языка быть знаками общих понятий, определяя специфику человеческого понимания как последовательность представлений одного за другим, которое называют речью в уме (в отличие от речи, выраженной словами).
L’émergence en France, dans la seconde moitié des années 1960, d’un champ de recherche caractérisé comme « analyse du discours » ne s’est pas faite à partir d’un fondateur unique et à l’intérieur des frontières d’une discipline bien identifiée. On peut distinguer trois entreprises extrêmement différentes mais qui ont contribué à la constitution de ce champ nouveau : Jean Dubois, linguiste qui dirigeait à la fois le département de linguistique et la revue Langages, Michel Pêcheux, philosophe rattaché à un laboratoire de psychologie sociale, Michel Foucault, philosophe historien des sciences.
5En France, si 1966 a été l’année la plus importante dans le développement du structuralisme, 1969 a été la grande année de l’analyse du discours : c’est le moment où Langages a publié un numéro spécial, dirigé par Dubois et Sumpf, intitulé « l’Analyse du discours », où Pêcheux a publié son Analyse automatique du discours et Foucault son Archéologie du savoir.
Локк полагал, что фундаментальные истины постигаются интуитивно, другие же — через посредство других идей, с помощью демонстрации или последовательного рассуждения, и чем больше шагов в этой последовательности, тем более ясным оказывается вывод. Ясность сложных идей зависит от количества и расположения простых идей, причём существуют три способа образования сложных идей (предметов, отношений и общих понятий).
В немецкой философии эпохи Просвещения сложились две линии в трактовке дискурсивного мышления, одна из которых (Х. Вольф, М. Мендельсон) преувеличивала роль дискурсивного мышления, а другая (Ф. Г. Якоби, И. Г. Гаман) противопоставляла опосредствованному знанию интуицию, чувство, веру. Comme on le voit, deux de ces publications, celles de Dubois et de Pêcheux, revendiquaient explicitement une appartenance à « l’analyse du discours ». Mais le numéro de Langages utilisait le terme « analyse du discours » de manière ambiguë : à la fois comme le titre de l’ensemble du volume et comme le titre de son article majeur, traduction en français d’un long texte (« Discourse analysis », 37 pages) que Harris, avait publié dans Language en 1952. En fait, les autres contributions du numéro ne partageaient pas la même conception du discours et de l’analyse du discours que celle de Harris, qui donnait pourtant son nom à la nouvelle discipline.
7Chez Harris (1952) « discourse » désignait une unité de taille supérieure à la phrase ; comme par ailleurs il était structuraliste, il utilisait « analyse » dans son sens étymologique, celui d’une décomposition. Harris ne faisait pas autre chose qu’étendre à des textes, au « discours », la procédure de commutation, de façon à dégager des régularités qu’il visait mettre en relation avec des phénomènes d’ordre social :
l’analyse distributionnelle à l’ntérieur d’un seul discours, considéré individuellement, fournit des renseignements sur certaines corrélations entre la langue et d'autres formes de comportement. La raison en est que chaque discours suivi est produit dans une situation précise – qu’il s’agisse d’une personne qui parle, ou d’une conversation, ou de quelqu’'un qui se met de temps en temps à son bureau pendant un certain nombre de mois pour écrire un type défini de livres dans une certaine tradition, littéraire ou scientifique. (Harris 1952 / 1969 : 11)
8L’attitude de Harris n’est pas sans faire penser à celle du structuralisme littéraire français des années 1960 qui procédait à une analyse « immanente » du texte pour éventuellement mettre ce dernier en relation avec un hors-texte d’autre socio-historique. On est bien loin des recherches qui aujourd’hui se réclament du discours : elles récusent l’opposition même entre un « intérieur » et un « extérieur » du texte considéré comme une structure monologique close.
9De toute façon, en France cette référence à Harris s’est révélée largement illusoire ; jusqu’à la fin des années 1970 en France la « méthode harrisienne » n’a pas été utilisée pour décomposer des textes mais pour étudier des ensembles de phrases qui avaient été extraites de textes. Dans Langages no 13 comme dans les années qui ont suivi, « analyse du discours » a été compris comme un territoire aux frontières floues où l’on étudiait 1) des textes de toutes sortes (« non littéraires »), 2) avec des outils empruntés à la linguistique, 3) pour améliorer notre compréhension des relations entre les textes et des situations socio-historiques. Dans cet usage le terme « analyse » fonctionnait comme un simple d’équivalent d’« étude ».
10Jean Dubois, le principal responsable du numéro de Langages, a joué dans le développement de l’analyse du discours en France un rôle décisif. Sur le plan institutionnel il a légitimé le nouvel espace de recherche en lui donnant accès à cette revue Langages dont le prestige était alors considérable. Il semble qu’il ait vu dans l’analyse du discours une manière de renouveler les travaux sur les relations entre lexique et société, voie largement balisée déjà par Matoré (1953) ou Wagner (1967-1970). Il était lui-même l’auteur d’une thèse importante sur le vocabulaire social et politique à la fin du XIXe siècle (Dubois 1962) ; le développement d’une analyse du discours lui apparaissait sans doute comme le moyen d’associer ses préoccupations de linguiste de la langue (il a publié à partir de 1965 une série de manuels de linguistique française, d’inspiration d’abord structuraliste puis générativiste) et son intérêt pour l’inscription sociale de la langue. Il a d’ailleurs dirigé des travaux emblématiques de cette vision de l’analyse du discours naissante : en particulier la thèse de Maldidier (1970) sur les journaux pendant la guerre d’Algérie et les travaux de Provost-Chauveau (1969) sur le vocabulaire de Jean Jaurès. On peut considérer qu’à ses débuts la fondation du laboratoire de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud s’inscrivait dans une perspective comparable (Tournier 1969).
11Ce qui importait avant tout à Dubois, c’était d’exploiter avec un éclectisme certain les ressources offertes par la linguistique. C’est ainsi que dans ce numéro même de Langages où il accorde une place centrale à l’approche distributionnaliste de Harris, sa contribution, porte sur les processus d’énonciation ; il entend rompre avec certains présupposés majeurs du structuralisme linguistique :
Jusqu’à maintenant l’accent avait été mis sur l’énoncé comme forme réalisée, mais à moins d’en identifier abusivement la structure avec l’énonciation, on n’a pas tout dit de l’énoncé en en disant la structure achevée. Par tâtonnements successifs on a repris l’analyse de l’énonciation, sur ce qui fait que le texte n’est pas seulement partie intégrante du monde, mais aussi partie du sujet parlant. La substitution du continu au discret dans les images qui servent de support d’analyse témoignait d’un changement dans les perspectives.
Sans doute fallait-il qu’une théorie linguistique modifie entièrement les modes d’analyses en renversant certains des axiomes les mieux établis : celui des niveaux et des rangs, des unités discrètes et de la combinatoire, pour lui substituer l’ordonnancement, la suite des transformations et que place soit laissée à une continuelle intervention du sujet dans l’objet envoie de réalisation, pour que l’énonciation retrouve une place fondamentale dans l’étude linguistique. (Dubois 1969 : 110)
12On trouve par ailleurs dans ce numéro 13 de Langages un article de la psychanalyste Irigaray (« L’énoncé en analyse ») qui met lui aussi au centre l’interaction asymétrique entre les interlocuteurs des séances d’analyse et les processus d’interprétation. Ici le « discours » prend une inflexion très différente, qui met au centre l’énonciation. Quant au long article de Méleuc (« Structure de la maxime »), il est centré sur des phénomènes énonciatifs tels que les déterminants, la négation, les pronoms personnels, les temps verbaux, etc., qui sont intégrés dans une visée typologique. La conclusion est révélatrice :
Cette recherche s’inscrit donc dans une perspective critique générale où, à partir des concepts offerts par la science linguistique et à partir d’un certain corpus, l’on essaye de définir un type de discours, en vue d’une typologie plus générale, et où l’on s’astreint à parler d’un énoncé donné en termes de régularité. (Méleuc 1969 : 98)
13Caractériser un genre de discours par des régularités énonciatives, c’est là une démarche qui par la suite sera largement exploitée par l’analyse du discours francophone.
14Ce numéro de Langages est chronologiquement encadré d’une part par les Problèmes de linguistique générale de Benveniste (1966), de l’autre par un autre numéro spécial de Langages (le 17) « Problèmes d’énonciation », paru juste un an plus tard, en mars 1970. Ainsi, en dépit de la présence ostensible de Harris, l’énonciation « travaille » l’AD naissante. Peu après, en 1973, dans l’ouvrage qu’elle consacre aux relations entre analyse du discours et histoire, Robin pourra écrire : « La plus importante tentative pour dépasser les limites de la linguistique de la langue est sans conteste le champ ouvert par ce qu’il est convenu d’appeler l’énonciation » (Robin 1973 : 9).
Кант в «Критике чистого разума» противопоставляет дискурсивную ясность понятий интуитивной ясности, достигаемой посредством созерцаний, называя дискурсивным мышлением рассудочное познание посредством понятий. Понятие трактуется им как дискурсивная репрезентация того, что является общим для многих объектов. Гегель противопоставляет дискурсивное мышление, отождествляемое им с формальным и рассудочным, спекулятивному мышлению, постигающему единство непосредственного и опосредованного, многообразие абстрактных определений в конкретно жизненном понимании. Трактовка дискурсивного познания в качестве антитезы интуитивному сохранялась и в XX веке. Куда же можно отнести стилистические приёмы: к дискурсивному познанию или к интуитивному? Поскольку «стилистический прием - это целенаправленное использование языковых явлений, включая и выразительные средства. Выразительные средства обладают большей степенью предсказуемости по сравнению со стилистическим приемом. Они используются для усиления выразительности высказывания, они не связаны с переносными значениями слова» (Гегель, 1958: 145), то, очевидно, что это дискурсивная составляющая. Под стилистическим приемом понимают намеренное и осознанное усиление какой-либо структурной или семантической черты языковой единицы (нейтральной или экспрессивной), которое достигает обобщения и типизации и становится таким образом порождающей моделью. Стилистический прием ограничен только одним уровнем языка. К стилистическим приемам относятся стилистические фигуры и тропы, синтаксические или стилистические фигуры, увеличивающие эмоциональность и экспрессивность высказываний за счет необычного синтаксического построения (Гальперин, 2011: 231). On pourrait penser que le cas de Pêcheux est très différent, dans la mesure où sa problématique n’avait pas besoin de l’énonciation. Et il est vrai que dans son ouvrage de 1969 l’énonciation est marginalisée. Chez lui, en effet, le terme « analyse du discours » s’ancrait essentiellement dans la linguistique structurale et dans la psychanalyse : le courant lacano-althussérien était alors à son zénith. De ce point de vue, Pêcheux apparaissait comme une sorte de psychanalyste du discours : la décomposition de la continuité textuelle devait permettre de révéler des processus idéologiques que les textes étaient voués à dissimuler. N’oublions pas que le mot « analyste » désignait aussi les psychanalystes, et « analyse » la psychanalyse.
16Pourtant, quelques mois plus tard dès 1970 il co-signe avec Fuchs et Culioli un fascicule de 50 pages qui est centré sur l’énonciation : Considérations théoriques à propos du traitement formel du langage. Tentative d’application au problème des déterminants. Cette familiarité avec les problématiques culioliennes de l’énonciation se manifestera un peu plus tard quand il s’associe avec Fuchs, élève de Culioli, pour écrire l’essentiel du numéro 37 (1975) consacré à l’analyse du discours. Leur contribution s’intitule « Mise au point et perspectives à propos de l’analyse automatique du discours » (pages 7 à 80). La seconde section a pour titre « La linguistique comme théorie des mécanismes syntaxiques et des processus d’énonciation ». On notera que dans ce même numéro les deux autres articles, de Henry et de Grésillon, sont centrés sur les problèmes d’énonciation posés par les relatives.
17Désormais il place l’énonciation au « centre » de l’analyse du discours qu’il est en train de construire, en s’appuyant sur une conception de la langue d’inspiration nettement culiolienne :
l’étude des marques liées à l’énonciation doit constituer un point central de la phase d’analyse linguistique de l’AAD, et elle induit des modifications importantes dans la conception de la langue. Tout d’abord le lexique ne peut être considéré comme un « stock d’unités lexicales », simple liste de morphèmes sans connexion avec la syntaxe, mais au contraire comme un ensemble structuré d’éléments articulés sur la syntaxe. Deuxièmement, la syntaxe ne constitue plus le domaine neutre de règles purement formelles, mais le mode d’organisation (propre à une langue donnée) des traces des repérages énonciatifs. Les constructions syntaxiques ont donc de ce point de vue une « signification » qu’il s’agit de dégager. (Pécheux 1975 : 20)
18Ce recours massif à l’énonciation soulève néanmoins pour lui des difficultés d’ordre théorique. Le danger est d’introduire, sous le couvert de l’énonciation, le loup de « l’idéalisme » dans la bergerie marxiste :
Si l’on définit l’énonciation comme le rapport toujours nécessairement présent du sujet énonciateur à son énoncé, alors apparaît clairement, au niveau même de la langue, une nouvelle forme de l’illusion selon laquelle le sujet se trouve à la source du sens ou s’identifie à la source du sens : le discours du sujet s’organise par référence (directe, différée), ou absence de référence à la situation d’énonciation (le « moi-ici-maintenant » du locuteur), qu’il éprouve subjectivement comme autant d’origines sur des axes de repérages (axe des personnes, des temps, des localisations). Toute activité de langage nécessite la stabilité de ces points d’ancrage pour le sujet ; si cette stabilité vient à manquer, il y a atteinte à la structure même du sujet et à l’activité de langage. (…) Dans un texte antérieur, M. Hirsbrunner et P. Fiala notaient à ce propos, en commentant les propositions de Benveniste : « (…) En opposant la liberté du sujet individuel à la nécessité du système de la langue, en posant la langue comme médiation du sujet au monde, et le sujet comme s’appropriant le monde par l’intermédiaire de la langue, et la langue par l’intermédiaire de l’appareil de l’énonciation, Benveniste ne fait que transposer en termes linguistiques des notions philosophiques qui, loin d’être neutres, appartiennent directement au courant idéaliste. (Hirsbrunner et Fiala, 1972 : 26-27 ; Pêcheux et Fuchs 1975 : 18).
19Cette défiance incite Pêcheux à proposer une conception de l’énonciation qui soit compatible avec le postulat de la primauté de l’interdiscours sur le discours :
Nous dirons que les processus d’nonciation consistent en une série de déterminations successives par lesquelles l’énoncé se constitue peu à peu, et qui ont pour caractéristiques de poser le « dit » et donc de rejeter le « non-dit ». L’énonciation revient donc à poser des frontières entre ce qui est « sélectionné » et précisé peu à peu (ce par quoi se constitue l’« univers de discours ») et ce qui est rejeté. Ainsi se trouve donc dessiné en creux le champ de « tout ce qu’il aurait été possible au sujet de dire (mais qu’il n’a pas dit) » ou de « tout ce à quoi s’oppose ce que le sujet a dit ». Cette zone du « rejeté » peut être plus ou moins proche de la conscience et il arrive que des questions de l’interlocuteur visant par exemple à faire préciser au sujet « ce qu’il voulait dire » lui fassent reformuler les frontières et réinvestiguer cette zone x. Nous proposons d’appeler cet effet d’occultation partielle « oubli n° 2 » et d’y voir la source de l’impression de réalité de la pensée pour le sujet (« je sais ce que je dis », « je sais de quoi je parle »). (Pêcheux et Fuchs 1975 : 19)
20Il est significatif que deux problématiques majeures de l’énonciation qui ont été exploitées par l’AD sont le préconstruit / présupposition et le discours rapporté, intégrées dans la problématique plus large de l’hétérogénéité énonciative. L’étude de l’énonciation permet ainsi de traduire en termes de méthode le postulat de la primauté de l’interdiscours, dont le lien avec la subjectivité est bien connu à travers la formule de Pêcheux : « ça parle » toujours « avant, ailleurs et indépendamment ». Citant cette formule, Maldidier s’empresse d’ajouter à propos de l’interdiscours :
Le concept introduit par Michel Pêcheux ne se confond pas avec l’intertextualité de Bakhtine, il travaille l’espace idéologico-discursif dans lequel se déploient les formations discursives en fonction des rapports de domination, subordination, contradiction. (Maldidier 1993 : 113)
21Il s’agit de « dé-subjectiver » la notion au profit de la « formation discursive »
Под выразительным (экспрессивным) средством языка мы будем понимать такие морфологические, синтаксические и словообразовательные формы языка, которые служат для эмоционального или логического усиления речи. Эти формы языка отработаны общественной практикой, осознаны с точки зрения их функционального назначения и зафиксированы в грамматиках и словарях. Их употребление постепенно нормализуется. Вырабатываются правила пользования такими выразительными средствами языка.
Сознательная обработка фактов языка нередко понималась как отклонение от общеупотребительных норм языкового общения. Так, А.Бэн пишет: «Фигурой речи называется уклонение от обыкновенного способа выражения, с целью усилить впечатление1».
Трактовка нового видения дискурса в философии XX века выражается в том, что под ним понимается развиваемая в монологе языково-речевая конструкция, например, речь или текст.
Вместе с тем нередко под дискурсом понимается последовательность совершаемых в языке коммуникативных актов. Такой последовательностью может быть диалог, разговор, письменные тексты, содержащие взаимные ссылки и посвящённые общей тематике, и так далее. L’influence de L’Archéologie du savoir de Foucault sur l’analyse du discours française a été beaucoup plus indirecte que celle de Dubois ou de Pêcheux, mais considérable. Lui aussi écrit dans une phase de déprise du structuralisme, c’est-à-dire pour lui de la problématique des Mots et les choses (1966). Si Dubois entendait s’appuyer sur la linguistique, l’auteur de l’Archéologie du savoir la récuse. La démarche de Foucault contraste également avec celle de Pêcheux, qui, fortement marqué par la psychanalyse, brisait la continuité des textes pour révéler le travail d’une sorte d’inconscient textuel. Foucault entendait en effet prendre de la distance à l’égard de ces démarches « allégoriques » dont Pêcheux représente un des courants :
L’analyse de la pensée est toujours allégorique par rapport au discours qu’elle utilise. Sa question est infailliblement : qu’est-ce qui se disait donc dans ce qui était dit ? L’analyse du champ discursif est orientée tout autrement ; il s’agit de saisir l’énoncé dans l’étroitesse et la singularité de son événement ; de déterminer les conditions de son existence, d’en fixer au plus juste les limites, d’établir ses corrélations aux autres énoncés qui peuvent lui être liés, de montrer quelles autres formes d’énonciation il exclut. On ne cherche point, au-dessous de ce qui est manifeste, le bavardage à demi silencieux d’un autre discours ; on doit montrer pourquoi il ne pouvait être autre qu’il n’était (…). (Foucault 1969 : 40)
23Nous avons souligné deux mots (« événement » et « énonciation ») qui apparaissent quand il s’agit de prendre ses distances avec la quête d’un sens dissimulé. Mais pour autant Foucault ne se réfère pas à la linguistique de l’énonciation, à aucune linguistique d’ailleurs. Il parle sans cesse de « discours », mais il n’entend pas s’intéresser à la langue. Ces lignes sont révélatrices :
Ce qu’on décrit comme des « systèmes de formation » ne constitue pas l’étage terminal des discours, si par ce terme on entend les textes (ou les paroles) tels qu’ils se donnent avec leur vocabulaire, leur syntaxe, leur structure logique ou leur organisation rhétorique.
L’analyse reste en deçà de ce niveau manifeste, qui est celui de la construction achevée (…) si elle étudie les modalités d’énonciation, elle ne met en question ni le style ni l’enchaînement des phrases ; bref, elle laisse en pointillé la mise en place finale du texte. (Foucault 1969 : 100)
24Or, ce type d’affirmation est difficilement compatible avec les postulats usuels des analystes du discours, qui ne peuvent que récuser cette conception stratifiée du discours où l’organisation textuelle ne serait qu’un phénomène de surface, où les stratégies interactionnelles seraient réduites au statut d’accessoire : « style », « rhétorique »… En restreignant la linguistique à l’étude de la phrase, l’Archéologie récuse tout apport de la linguistique, que Foucault réduit à une science de la « langue », au sens saussurien, ou de la « compétence » au sens chomskyen. En se donnant une conception aussi pauvre de la linguistique, il se confère le droit de réserver le champ du « discours » à l’archéologie qu’il semble promouvoir, alors que la conjoncture actuelle renforce l’idée qu’on doit étudier le discours en s’aidant des sciences du langage.
25Néanmoins, paradoxalement, l’approche de Foucault mine la conception structuraliste qui prévalait dans Les Mots et les choses. En nouant étroitement discours et institution dans des dispositifs d’énonciation qui à la fois permettent qu’adviennent des événements énonciatifs et qui constituent par leur existence même des événements, Foucault déstabilise ici encore les partages traditionnels. À cet égard, le chapitre central intitulé « la fonction énonciative » est révélateur. Il s’appuie systématiquement, sans qu’aucune référence précise ne soit faite, sur les concepts de l’énonciation linguistique, sans doute à travers les Problèmes de linguistique générale de Benveniste parus dans la même collection.
Un énoncé n’a pas en face de lui (et dans une sorte de tête à tête) un corrélat – ou une absence de corrélat comme une proposition a un référent (ou n’en a pas), comme un nom propre désigne un individu (ou personne). Il est lié plutôt à un « référentiel » qui n’est point constitué de « choses », de « faits », de « réalités » ou d’ « êtres », mais de lois de possibilité, de règles d’existence pour les objets qui s’y trouvent nommés, désignés ou décrits, pour les relations qui s’y trouvent affirmées ou niées. Le référentiel de l’énoncé forme le lieu, la condition, le champ d’émergence, l’instance de différenciation des individus ou des objets, des états de choses et des relations qui sont mises en jeu par l’énoncé lui-même ; il définit les possibilités d’apparition et de délimitation de ce qui donne à la phrase son sens, à la proposition sa valeur de vérité. C’est cet ensemble qui caractérise le niveau énonciatif de la formulation, par opposition à son niveau grammatical et à son niveau logique. (Foucault 1969 : 120-121)
26Le décalage entre 1966, année phare du structuralisme, et 1969, année de l’émergence de l’analyse du discours est symptomatique. L’analyse du discours naît à travers une sorte d’indécision, une zone transitoire qui lui fait adhérer massivement aux théories de l’énonciation sans pour autant en prendre toute la mesure. Qu’il s’agisse du courant d’inspiration linguistique de Dubois ou celui, d’inspiration philosophique de Pêcheux, il apparaît que l’analyse du discours émerge dans un entre-deux, entre la domination du structuralisme et celle des perspectives pragmatiques et énonciatives. À la fin des années 1960 et au tout début des années 1970 l’énonciation est fortement présente, mais elle n’est pas encore au centre du dispositif conceptuel. Quelques années plus tard la chose est acquise.
Считается, что дискурс связан с активностью языка, соответствующей особой языковой сфере, и обладает особой лексикой. Кроме того, продуцирование дискурса осуществляется по определённым правилам (синтаксиса) и с определённой семантикой, откуда вытекает его ограничительный характер. Дискурс тем самым создаётся в определённом смысловом поле и призван передавать определённые смыслы, будучи нацеленным на коммуникативные действия со свойственной им грамматикой. Решающим критерием дискурса оказывается особая языковая среда, в которой создаются языковые конструкции. В соответствии с этим пониманием дискурс — это «язык в языке», то есть определённая лексика, семантика, прагматика и синтаксис, проявляющие себя как идеология в актуализируемых коммуникативных актах, речи и текстах.
В этой связи дискурс в 1960—1970-х годах понимался как связанная последовательность предложений или речевых актов[4]. В таком понимании он может трактоваться как близкий понятию текст. Cette instabilité n’est certainement pas un phénomène contingent. Elle dit quelque chose sur l’AD elle-même. On ne peut en effet que s’interroger sur le fait que la plupart des courants d’analyse du discours dans le monde s’en passent. L’énonciation, loin d’être un instrument que l’AD choisirait librement, semble nécessaire au fonctionnement de ce type d’AD. Or en France il y a eu développement simultané entre les problématiques énonciatives en linguistique et le développement de l’analyse du discours.
28Je vais mettre en évidence quelques traits majeurs qui permettent de comprendre pourquoi les phénomènes énonciatifs ont une telle importance pour l’analyse du discours. Je distinguerai ce qui relève du fonctionnement de la recherche, d’une part, et les raisons d’ordre plus théorique.
Уже к концу 1980-х годов под дискурсом начинают понимать сложное коммуникативное явление, сложную систему иерархии знаний, включающую, кроме текста, экстралингвистические факторы (знания о мире, мнения, установки, цели адресата и др.) как идеологические установки, учёт которых необходим для понимания текста[4]. С этим связана традиция, идущая от М. Фуко, которая требует включения в контекст рассмотрения дискурса властных отношений и других идеологических форм, под действием которых дискурс приобретает социально актуальное значение. В этом смысле и сегодня дискурсы имеют важные социальные последствия для отдельных стран и народов, локальных и корпоративных социальных групп[5].
Эта традиция в настоящее время развилась в социально-конструкционистские подходы к дискурс-анализу. Как отмечают его представители, М. В. Йоргенсен и Л. Дж. Филлипс, под дискурсом нередко понимают при этом «общую идею о том, что язык структурирован в соответствии с паттернами, которые обусловливают высказывания людей в различных сферах социальной жизни. Известные примеры — „медицинский дискурс“, „политический дискурс“»[6], научный дискурс[7]. Стилистический приём выделяется и тем самым противопоставляется выразительному средству сознательной литературной обработкой языкового факта. Эта сознательная литературная обработка фактов языка, включая и такие, которые мы называли выразительными средствами языка, имеет свою историю. Ещё А.А. Потебня писал: « Начиная от древних греков и римлян и с немногими исключениями до нашего времени, определение словесной фигуры вообще (без различия тропа от фигуры) (т.е. то, что входит в понятие стилистических приёмов) не обходится без противопоставления речи простой, употреблённой в собственном, естественном, первоначальном значении, и речи украшенной, переносной2». В. И. Карасик сформулировал следующую стратегию научного дискурса в соотнесении со структурой научного исследования[8][7]: «1) определить проблемную ситуацию и выделить предмет изучения, 2) проанализировать историю вопроса, 3) сформулировать гипотезу и цель исследования, 4) обосновать выбор методов и материала исследования, 5) построить теоретическую модель предмета изучения, 6) изложить результаты наблюдений и эксперимента, 7) прокомментировать и обсудить результаты исследования, 8) дать экспертную оценку проведённому исследованию, 9) определить область практического приложения полученных результатов, 10) изложить полученные результаты в форме, приемлемой для специалистов и неспециалистов (студентов и широкой публики)». Ici on doit bien prendre en compte les contraintes institutionnelles de l’activité de recherche. Un avantage des théories de l’énonciation est qu’elles permettent de constituer une sorte de « koinè » méthodologique, de boîte à outils partagée. Même en s’en tenant à l’espace francophone, il y a bien loin de l’approche communicationnelle de Charaudeau, qui développe une théorie de « l’influence » appuyée sur la psycho-sociologie aux approches dans le prolongement de Pêcheux, en passant par des études qui associent linguistique textuelle et genres de discours ; pourtant, toutes peuvent manier des catégories énonciatives, en mêlant plus ou moins rigoureusement Culioli, Benveniste, Ducrot ou Bakhtine. On a ainsi affaire à une sorte de boîte à outils commune. On sait par exemple que Henry et Pêcheux ont élaboré le concept de préconstruit comme alternative à la présupposition, telle que Ducrot, au début des années 1970, commençait à la travailler dans une perspective pragmatique. Le préconstruit est pensé comme le signe de la présence antérieure de segments de discours « déjà-là » dont les origines sont effacées. Le préconstruit sert ainsi à analyser un assujettissement idéologique. Pourtant, dans l’usage dominant, ce genre de distinction n’est pas fait. C’est le propre d’une koinè méthodologique que de gommer les points d’irréductibilité entre les divers courants. Ce qui est indispensable pour maintenir la stabilité d’un champ, d’une discipline. C’est donc une force de convergence qui vient équilibrer un peu les puissantes forces de divergence qui poussent au tribalisme (cf. Schaeffer).
30Ce phénomène est favorisé par le flou qui entoure la notion même d’énonciation, qui est interprété par certains, Culioli en particulier, dans l’orbite des opérations strictement linguistiques ; par d’autres, à l’opposé l’ensemble de l’activité communicationnelle, dans sa double dimension sociale et psychologique ; par d’autres comme Kerbrat-Orecchioni comme l’association des déictiques et de la modalisation :
La problématique de l’énonciation (la nôtre) peut être ainsi définie : c’est la recherche des procédés linguisti- ques (shifters, modalisateurs, termes évaluatifs, etc.) par lesquels le locuteur imprime sa marque à l’énoncé, s’inscrit dans le message (implicitement ou explicitement) et se situe par rapport à lui (problème de la « distance énonciative »). (Kerbrat-Orecchioni 1980 : 32)
31On retrouve ici la problématique de Dubois (1969), celle précisément dont se défie Pêcheux.
32Il est indéniable que cette déformabilité de la notion d’énonciation contribue à maintenir l’unité relative d’un champ de recherche.
Кроме этого, можно говорить и о варьировании в представлении научной информации в зависимости от этапов введения новой модели видения объекта исследования. В рамках научного дискурса также функционирует целостная система клишированных выражений коммуникативного характера, маркирующая способы ведения диалога как в непосредственной диалогической, так и монологической коммуникации. В этой связи интересно привести следующее высказывание Вандриеса: «Художественный стиль–это всегда реакция против общего языка; в известно мере это–арго, литературный арго, который может иметь различные разновидности.»
Аналогичную мысль высказывает и Сейнсбери: «Истинный секрет стиля состоит в нарушении или пренебрежении правилами, по которым строятся фразы, предложения и абзацы» (Перевод наш И.Г.). Новое понимание дискурса появилось в XX веке во французской философии постмодернизма и постструктурализма; оно характеризуется особым духовным настроем и идеологическими ориентациями, как они выражены в тексте, обладающем связанностью и целостностью и погружённом в социально-культурные, социально-психологические и другие контексты. Le recours privilégié aux problématiques de l’énonciation peut s’expliquer également par le projet même qui sous-tend la conception de l’AD qui prévaut en France, celle qu’on trouve déjà chez Harris : mettre en relation des agencements textuels et des situations d’ordre socio-historique se révèle une impasse dans une approche purement structuraliste, qui en est réduite à invoquer des « isomorphismes ». Une approche ethnométhodologiste, ou plus largement les travaux d’analyse du discours qui sont focalisés sur la construction des identités, n’ont pas du tout cette préoccupation et ne s’appuient pas non plus sur les théories de l’énonciation linguistique.
34En invoquant l’énonciation on peut en effet introduire un niveau d’articulation entre texte et institution. À titre de comparaison, on peut voir que l’autre modèle linguistique qui a eu du succès en AD, celui de Halliday, introduit à côté d’une fonction « idéationnelle » une fonction « interpersonnelle » qui intègre des phénomènes relevant de la modalisation, au sens très large, et d’une fonction « textuelle ». Il est clair que les problématiques de l’énonciation couvrent un espace comparable. Il faut en effet admettre qu’il est beaucoup plus satisfaisant de travailler à partir d’une linguistique de la langue de type énonciatif qu’à partir d’une linguistique (par exemple la grammaire structurale ou la grammaire générative) dont les catégories sont totalement hétéronomes par rapport au discours.
35Si je prends l’exemple de mes propres travaux il est clair que sans une réflexion en termes d’énonciation ils n’auraient pas été possibles. Quand on travaille sur l’enveloppement réciproque de l’institution et du discours, l’énonciation est au cœur du dispositif. Ce n’est pas seulement un instrument commode disponible pour l’analyste, à côté de la syntaxe ou de la lexicologie, mais le moteur même de la réflexion.
36Une seconde raison est plus proprement liée au contexte théorique dans lequel s’est développée l’AD en France. L’une des caractéristiques remarquables de l’AD française est son insistance sur la question du Sujet. Or sur ce point elle se trouve dans une situation très délicate. D’une part, elle hérite du structuralisme le leitmotiv de procès « sans sujet » ; d’autre part, elle se développe dans une conjoncture dominée par ce qu’outre Atlantique on appellera « post-structuralisme » et en ce qui concerne les sciences du langage par le succès des courants pragmatiques. Le problème qui se pose à elle est de se ménager un espace entre une conception immanentiste du texte sans Sujet et une conception de l’activité discursive qui met en relation des « acteurs » stratèges en interaction, dotés d’attributs psychologiques et sociaux. Le recours aux théories de l’énonciation permet de résoudre la difficulté efficacement puisqu’elle permet au chercheur de manipuler des catégories qui sont des frontières, à la fois dans et hors du système linguistique. C’est particulièrement évident pour une catégorie comme celle d’énonciateur, qui désigne un point exorbitant au langage mais qui n’existe que comme support d’une activité énonciative. L’énonciateur n’est pas le sujet parlant hors du langage, ce n’est pas non plus un marqueur dans l’énoncé.
37Les débats très sophistiqués provoqués par le fameux article de Benveniste qui oppose « discours » et « histoire » sont à cet égard significatifs : au niveau du genre de discours, le narrateur peut être massivement présent alors que l’énonciateur est effacé. La déliaison entre Sujet et énonciateur rend possibles toute une série de décalages, de jeux entre le sujet parlant et l’hétérogénéité de l’énonciation. Pour parvenir à gérer ce type de problème, des analystes du discours d’autres courants sont amenés par exemple à raisonner en termes d’ « identités » multiples, mais on voit que cette notion d’identité n’a pas de relation étroite avec les formes linguistiques ; c’est une catégorie d’ordre psycho-sociologique.
Дискурсивное поле — смесь интеллектуального и социального полей, где социальное взаимодействие переходит в определённый тип практики.
Основателем такого понимания дискурсивности можно считать Карла Маркса. Впоследствии в подобном плане стали рассматривать идеи Зигмунда Фрейда.
Процессы, обеспечивающие дискурсивные поля
Воспроизводство общего категориального аппарата — язык общения.
Поддержание границы дискурсивного поля — где границы являются зонами ограниченного понимания или полного непонимания.
Наличие общего теоретического каркаса, представляющего собой единый интеллектуальный поток.
Силовой характер дискурсивного поля.
Тенденция к институализации.
На основе дискурсивного поля формируется дискурсивное сообщество.
Иерархия дискурсивного поля
Основоположники — основатели (в каждом поле свои).
Лидеры-толкователи — последователи-наследники, которые развивают и адаптируют идею к конкретному периоду времени и месту.
Активисты — энергичные деятели дискурсивного поля.
Приверженцы — следуют правилам, рассуждают в категориях, часто просто потребители.
Попутчики — «случайные прохожие».
При этом предполагается, что максимальный интерес к обсуждаемым темам находится в центре полей дискурса, а чем ближе к границам, тем больше ослабевают интерес и интенсивность общения.
Фигу́ра ре́чи (ритори́ческая фигу́ра, стилисти́ческая фигу́ра, оборот речи; лат. figura от др.-греч. σχῆμα) — термин риторики и стилистики, обозначающий различные речевые конструкции, которые придают речи стилистическую значимость, образность и выразительность, изменяют её эмоциональную окраску.
Фигуры речи служат для передачи настроения или усиления эффекта от фразы, что повсеместно используется в художественных целях как в поэзии, так и в прозе. La question de l’énonciation, comme je le disais, se révèle paradoxale puisqu’elle coïncide de facto avec l’espace de l’analyse du discours française, sans pour autant être présentée comme telle. Il faudrait que le problème soit abordé comme tel, plus frontalement. La difficulté est que les théories de l’énonciation sont des théories de linguistes destinées à analyser la langue ; ce ne sont pas des théories du discours, lesquelles pourtant les consomment massivement. L’énonciation apparaît ainsi partagée entre deux tendances :
▪ L’utiliser comme boîte à outils linguistique intégrée à une théorie du discours qui en est indépendante et qui fait appel, comme on le voit par exemple chez Charaudeau, à des catégories communicationnelles d’un autre ordre.
▪ Travailler les catégories de l’énonciation de façon à ce qu’elles jouent aux deux niveaux : celui de la langue et celui du texte et du discours. C’est plutôt la démarche que je suis.
39Mais il est vraisemblable que ces deux options sont destinées à coexister durablement. En effet, tant qu’on demeure dans le cadre strictement linguistique il est sinon possible, du moins nécessaire de penser que l’on peut démontrer la supériorité d’une modélisation en termes énonciatifs par rapport à d’autres. En revanche, au niveau des études de discours qui sont par nature hétérogènes et interdisciplinaires, c’est-à-dire gouvernées par des intérêts qui excèdent largement le cadre linguistique, on peut difficilement imposer une certaine modélisation de la langue plutôt qu’une autre. N’oublions pas qu’il existe des méthodologies d’analyse du discours qui ne s’appuient pas sur la linguistique mais développent leurs propres catégories et qu’elles se trouvent massivement dans les courants hégémoniques.
Античные риторы рассматривали риторические фигуры как некие отклонения речи от естественной нормы, «обыденной и простой формы», некое искусственное её украшение. Современный взгляд, напротив, исходит скорее из того, что фигуры — естественная и неотъемлемая часть человеческой речи.
Среди фигур речи со времён античности выделяют тропы (употребление слов в переносном смысле) и фигуры в узком смысле слова (приёмы сочетания слов) — хотя проблема четкого определения и разграничения того и другого всегда оставалась открытой.
Древнегреческий философ и оратор Горгий (V век до н. э.) настолько прославился новаторским использованием в своих речах риторических фигур, что на долгое время они получили название «горгианские фигуры».
Фигуры речи рассматривал Аристотель (IV век до н. э.) и более подробно разрабатывали его последователи; так, Деметрий Фалерский (IV—III века до н. э.) ввёл разделение на «фигуры речи» и «фигуры мысли».
Риторика активно развивается в древнем Риме: в I веке до н. э. фигуры и употребление слов в переносном значении рассматриваются в анонимном трактате «Риторика к Гереннию» и у Цицерона (который придерживается деления фигур на «фигуры речи» и «фигуры мысли», не стремясь к дальнейшей их систематической классификации)[1]; в I веке н. э. у Квинтилиана появляется деление на четыре вида фигур: прибавление, убавление, замена (одного слова другим), перестановка (слова на другое место)[2].
В эпоху эллинизма, а затем в средние века учёные и схоласты углубляются в детальную классификацию всевозможных тропов и фигур, коих было в результате выделено более 200 разновидностей. Постепенно начинает формироваться дискурс. Так, научный дискурс представляет собой большую совокупность разноплановых дискурсов, определяемых целым рядом причин (параметров)[7]. Первым таким параметром является научная специализация — научные дискурсы разных предметных областей обладают собственной стилистикой, тесно связанной с соответствующей областью, так, например, физические и математические тексты существенно отличаются от гуманитарных. Вторым параметром, задающим стилистическую разноплановость, является жанровая спецификация текстов, обусловливаемая видом представляемой информации и целью представления. Так представление в рамках научно- информационного, научно-образовательного, научно-критического и научно-популярного жанров различается целым рядом вербальных характеристик.
Фигуры речи делятся на тропы и фигуры в узком смысле слова. Если под тропами понимается употребление слов или словосочетаний в несобственном, переносном значении, иносказание, то фигуры представляют собой приёмы сочетания слов, синтаксической (синтагматической) организации речи. При этом разграничение не всегда однозначно, относительно некоторых фигур речи (таких как эпитет, сравнение, перифраз, гипербола, литота) имеются сомнения: относить их к фигурам в узком смысле слова или же к тропам.[3] М. Л. Гаспаров и многие другие литературоведы рассматривают тропы как «фигуры переосмысления» значения слов, поэтому перифраз (фигура детализации значения), гипербола (фигура с усилением значения), литота (фигура с уменьшением значения), а также сравнение и эпитет тропами в строгом смысле не являются[4].
Общепринятой систематики фигур речи не существует, в разных грамматических школах различаются терминология (названия фигур) и принципы их классификации.
Традиционно фигуры речи (по преимуществу фигуры в узком смысле слова) делили на фигуры слова и фигуры мысли. Разница между ними проявляется, например, в том, что замена слова на близкое по значению разрушает фигуры слова, но не фигуры мысли.[5] Фигуры мысли легко поддаются переводу на другой язык, в отличие от фигур слова. В некоторых случаях отнесение фигуры к одному или другому виду не очевидно (например, в случае антитезы).
Вслед за Квинтилианом фигуры (по преимуществу фигуры слова) подразделяли на четыре группы («Quadripartita ratio»), выделяя фигуры, образованные путём: прибавления (adiectio), убавления (detractio), замены (immutatio), перестановки (transmutatio).[6]
Некоторые распространённые фигуры речи в традиционной классификации:
Фигуры:
Фигуры слова:
Фигуры прибавления: разного рода повторы, точные и неточные: анадиплосис, мезархия, анафора, эпифора, симплока, градация, полиптотон, многосоюзие, плеоназм
Фигуры убавления: эллипсис, бессоюзие, зевгма
Фигуры перестановки (размещения): параллелизм (виды: антитеза, изоколон, гомеотелевтон), инверсия (включая гипербатон), хиазм, парентеза
Фигуры замены: «когда одно слово используется вместо другого», например «в случае глагола мы получаем солецизмы рода, времени, лица»[7]: эналлага.
Фигуры мысли:
риторический вопрос, риторическое восклицание, риторическое обращение; умолчание, оксюморон
Тропы:
метафора, катахреза; метонимия, синекдоха, антономасия, ирония
В литературе XX века фигуры нередко делят на семантические и синтаксические. Так, Ю. М. Скребнев называет семантическими фигурами: сравнение, восходящую и нисходящую градацию, зевгму, каламбур, антитезу, оксюморон; синтаксическими: фигуры убавления (эллипсис, апосиопеза, просиопеза, апокойну, асиндетон), фигуры добавления (повтор, анадиплозис, пролепсис — одновременное употребление существительного и заменяющего его местоимения, полисиндетон), различные виды инверсии, риторический вопрос, параллелизм, хиазм, анафору, эпифору, симплоку.[8]
Согласно концепции В. П. Москвина, фигуры систематизируются по их соотношению с теми качествами речи, реализации которых они служат. Качества речи представляют собой параметры её оценки с точки зрения нормы. Все качества речи подразделяются по отношению к норме на два типа: 1. Положительные: благозвучие, богатство, изобразительность, краткость, логичность, однозначность, правдоподобие, правильность, разнообразие, точность, уместность, ясность. Существуют средства, предназначенные для создания положительных качеств речи: так, приёмы ухода от тавтологических повторов (местоименная замена, синонимическая замена, перифразирование и др.) создают разнообразие речи. 2. Отрицательные: алогизм, двусмысленность, неблагозвучие, неправдоподобие, неправильность, неточность, неясность, однообразие. Отрицательные качества речи могут быть: а) случайными, такие качества речи расцениваются как ошибки; б) нарочитыми: существуют классы приёмов построения нарочито алогичной, двусмысленной, неправдоподобной, неясной речи. Как видим, «фигура становится ошибкой, если она не преднамеренна, а случайна», и «сколько есть фигур, столько же есть ошибок»[9]: так, фигура повтора соотносима с тавтологией по признаку мотивированного / немотивированного нарушения требования разнообразия речи. Поскольку все выразительные приёмы предназначены для реализации указанных качеств речи, такие приёмы целесообразно систематизировать по их соотношению с качествами речи.[10]
Учёные из Группы Мю в книге «Общая риторика» (1970) предложили общую классификацию риторических фигур и тропов по уровню языковых операций, разделив их на четыре группы: метаплазмы (уровень морфологии — операции с фонетическим и/или графическим обликом языковой единицы), метатаксис (операции на уровне синтаксиса), метасемемы (операции на уровне семантики — значения языковой единицы) и металогизмы (логические операции). Сами операции они разделили на два основных типа: субстанциальные и реляционные. «Первые операции меняют субстанцию единиц, к которым они применяются, вторые же меняют только позиционное отношение между этими единицами». К субстанциальным операциям относятся: 1) убавление, 2) прибавление и 3) убавление с прибавлением (к каковому сочетанию сводится замена Квинтилиана); единственной реляционной операцией является 4) перестановка.[11]
Источники
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1 Бэн.А. Стилистика и теория устной и письменной речи.М., 1886г., стр.8.
2 Потебня А.А. Из записок по теории словесности. Харьков, 1905г., стр.201.